Calgary HeraldI : Google en Chine et les vrais censeurs de l’Internet

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Les entreprises de médias occidentaux se succèdent en Chine comme toutes les autres. AOL Time Warner Inc., Yahoo! Inc. – une longue liste d’investisseurs de programmes, éditions, films et cyberspace qui négocient des marchés en Chine ou les ont déjà coupés. Particulièrement dans le cas d’opérations Internet, on avance la vague notion que leur présence sur le continent fait partie de la grande ouverture de la Chine, le processus de réforme, la démocratisation ainsi de suite – vous connaissez les slogans.

Le flop de Google devrait nous inciter à y repenser. Il devrait nous faire considérer la question suivante : Est-ce que ce sont les investisseurs étrangers qui changent la Chine ou est-ce plutôt la Chine qui change les investisseurs étrangers ? Lorsque la libre circulation de l’information est en jeu, c’est une question critique.
Google n’a pas d’investissement en Chine, son site Web est immensément populaire parce qu’il permet aux usagers de chercher l’information en utilisant les caractères chinois. Sans filiale locale, Google a simplement donné à 46 millions d’utilisateurs du Web en Chine l’accès au même univers de l’information que partout ailleurs sur la planète.

C’était là la friction, bien sûr. Lors d’une expérience avec grand battage à l'appui, un correspondant du New York Times à Beijing a recherché Jiang Zemin sur Google, apparemment avant la répression et a obtenu 154 000 références , dont des points de vue critiques sur le président chinois portant des titres comme « Exposer les crimes de Jiang Zemin. » Une recherche similaire sur Yahoo n’a donné que six références dont une biographie mise au point par le People's Daily.

Quelle différence peut faire une filiale domestique. Alors que Beijing contrôle l’accès Internet depuis le milieu des années 90, sa récente action contre Google a débuté plus tôt ce mois-ci, lorsqu’il a commencé à automatiquement rediriger les utilisateurs de sites sanctionnés par l’état. Si le web était une entreprise automobile ou une usine de textiles, on appellerait cela une expropriation, si c’était un avion, nous penserions à un piratage officiel.

Cette phase a pavé le chemin à une approche plus subtile, si telle est la formulation. Les utilisateurs chinois peuvent de nouveau accéder à Google, mais ils ne peuvent pas lire les articles que les autorités estiment inappropriés : l’accès a été bloqué électroniquement.

Au bon vieux temps, j’avais l’habitude de me demander où l’Indonésie de Suharto trouvait la main d’œuvre pour vérifier chaque copie de la Revue Economique d’Extrême Orient à l’aéroport et d’appliquer une couche de peinture noire sur toute la couverture de l’Indonésie. Aujourd’hui je me pose la même question à propos de la Chine. Comment Beijing peut-elle possiblement espérer tenir le monde- tel que transmis sur Internet - en échec ?

Une réponse intéressante nous a été donné dans l’édition de l’été 2002 du Washington Quartterly. "L’Internet et Le Pouvoir dans les Etats à Parti unique de l’Asie de l’Est » écrit par Nina Hachigian, ancien officiel du Conseil de la Sécurité Nationale à présent directrice de Rand Corp.'s Center pour la Politique Asie-Pacifique. C’est une étude sérieuse des stratégies Internet de différentes régions et vaut la peine d’être lu à : http://www.twq.com

Bloquer les sites n’est pas le mécanisme primaire de la Chine pour le contrôle du contenu, » écrit Hachigian. [c’est] «plutôt l’auto-censure que le régime encourage parmi les individus et les fournisseurs de contenu Internet [qui] est la manière la plus efficace par lequel le régime contrôle ce que regardent les spectateurs chinois. »


Alors, Google est-t-il jugé “nuisible” par les officiels chinois et la filiale de Yahoo considérée comme “positive” et “responsable” pour nettoyer son site des documents offensants pour les dirigeants chinois ? Ces estimations sont renversés, naturellement.

Yahoo et les autres sites locaux et étrangers opèrent en Chine selon une série de régulations rigides mise au point pour la première fois voici deux ans et élaborées en ce début d’année. […]

"Les fournisseurs de contenu domestique sont avertis que, sous ces règles générales, les forces de sécurité peuvent les faire fermer à tout moment, « écrit Hachigian. « Alors, ils se soumettent soigneusement aux standards des contenus pour éviter un examen minutieux. » cela signifie que les chat rooms sont surveillées pour le contenu controversé et que le logiciel est appliqué pour éliminer les noms et les termes désignés.

Je me demande si la « société civile » fait partie de ces termes. Dans l’analyse finale, empêcher le développement de toute vie publique qui ne soit pas sous le contrôle de l’état ou du parti doit être reconnu comme intention des dirigeants chinois. Un grand « Yahoo » pour Jerry Yang, chef de Yahoo, pour participer à une telle entreprise.

Hachigian divise le monde de l’Internet en “déterministes,” qui déclarent que le Net et le Web finiront pas mettre tous les dictateurs à leurs genoux, et les « instrumentalistes, » qui affirment que les gouvernements autoritaires ne peuvent pas uniquement contrôler le Net mais l’utilisent aussi à leurs propres fins. La Chine est un argument désarmant pour la naïveté du premier et l’acuité du dernier.

La Chine a un choix à faire, pourtant. Elle devra finalement décider entre le contrôle de l’information et le besoin d’être reliée si elle doit participer à l’économie globale. Pour le moment, elle s’efforce de trouver un équilibre entre les deux : encourageant l’utilisation de l’Internet dans les affaires et le contexte économique ( e-commerce et compagnie) – et la répression sur les groupes sociaux et politiques que le Net engendre naturellement.
D’autres dans la région font face au même choix, même s’il est moins brutal. Des entreprises comme Yahoo devaient y réfléchir, aussi.

Je ne suis pas un déterministe sur cette question, mais je ne mets pas non plus en question l’impact positif de la libre circulation de l’information et les droits des Asiatiques et d’autres de le faire.


http://www.canada.com/calgary/calgaryherald/info/business/story.html


Publié le lundi 7 octobre 2002

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