Les réformes chinoises stimulent les prélèvements d'organes illégaux

Facebook Logo LinkedIn Logo Twitter Logo Email Logo Pinterest Logo

David Matas, avocat canadien spécialisé en droits de la personne (Alex Li/La Grande Époque)

SYDNEY – Les prélèvements d'organes illégaux en Chine n'ont pas cessé malgré les réformes mises en place par le Parti communiste chinois (PCC) et la situation serait même pire, selon un avocat canadien spécialisé en droits de la personne.

David Matas était en Australie dernièrement pour présenter un document sur le sujet lors d'une conférence des Nations Unions pour les ONG impliquées dans les questions de santé publique dans les pays en voie de développement.

Il affirme que les autorités chinoises ont, afin de mettre fin aux prélèvements illégaux, établi une base de registres pour les foies et les reins et un programme de don d'organes. Elles ont réduit le nombre d'hôpitaux autorisés à pratiquer les transplantations d'organes à 650 et ont fermé les sites Internet qui annonçaient la possibilité d'obtenir un organe rapidement, a-t-il ajouté.

Cependant, alors que les réformes ont mis un frein au «tourisme de transplantation» effectué par les Occidentaux en quête d'un organe bon marché, elles n'ont pas mis fin au commerce illégal d’organes et n'ont pas amélioré la transparence.

«Le camouflage est pire», a indiqué M. Matas à La Grande Époque.

M. Matas explique que les entrées de données dans les registres d'organes sont sporadiques, que les restrictions imposées aux hôpitaux civils ne s'appliquent pas aux hôpitaux militaires – où de nombreux prélèvements sont pratiqués – et que la vente d’organes s'effectue de manière plus secrète.

David Matas a également salué les initiatives des autorités chinoises qui ont réduit le nombre d'exécutions, mais il souligne que le nombre de transplantations est demeuré le même, environ 10 000 par année. Étant donné que le programme de don d'organes est encore au stade expérimental, les organes doivent provenir d'ailleurs, mentionne-t-il, mais il est dorénavant plus difficile d'identifier la source.

La demande interne alimente le commerce

M. Matas, en nomination pour le prix Nobel de la paix, a coécrit – avec l'ex-secrétaire d'État canadien David Kilgour – deux rapports et un livre sur les prélèvements d'organes forcés sur les pratiquants de Falun Gong en Chine.

Il affirme que même si les autorités chinoises ne l'ont pas admis au départ, les prisonniers exécutés sont depuis longtemps une source d'organes pour les transplantations en Chine.

«La dépersonnalisation du Falun Gong, leur nombre élevé en détention et leur vulnérabilité en tant que population non identifiée ont fait d'eux une cible facile pour devenir la prochaine source d'organes à vendre», explique-t-il.

Le commerce lucratif des organes, basé sur la demande occidentale, a été davantage stimulé par les réformes du Parti communiste qui ont sabré dans la santé publique, créant une situation où les hôpitaux cherchent désespérément des fonds.

«Les transplantations finançaient le système de santé chinois avec des sommes colossales […] Le système était devenu dépendant [du commerce d'organes] pour se financer», affirme M. Matas.

La transition d'un marché international à un marché domestique a ensuite changé la nature de la demande, mais pas la source d'approvisionnement, dit-il, citant des données chinoises indiquant que plus de 2 millions de Chinois sont en attente d'une transplantation.

David Matas explique qu'au moment de son premier rapport en 2006, le ratio d'organes prélevés sur des pratiquants de Falun Gong versus ceux prélevés sur des prisonniers exécutés était d'environ 7500 pour 2500.

Aujourd'hui, avec les réformes réduisant les peines de mort, il estime que le ratio est «d'environ 1000 organes provenant de la peine de mort, et le Falun Gong comble le reste [environ 9000]».

Les prélèvements d'organes forcés sur les pratiquants de Falun Gong en Chine doivent cesser, dit-il, mais sous le régime actuel, il est peu probable que la persécution du Falun Gong prenne fin dans un avenir rapproché. Il est aussi peu probable que le système de camps de travail forcé soit abandonné, ajoute-t-il.

Les autorités chinoises ont cependant déclaré qu'il n'était pas bien de prélever des organes sur des prisonniers exécutés et, dans ce sens, elles disent vouloir mettre fin à cette pratique.

David Matas estime que dans un tel cas, il est peut-être possible de cette manière de mettre fin aux prélèvements forcés sur les pratiquants de Falun Gong.

«S'ils arrêtent de s'approvisionner en organes chez les prisonniers, alors la question de l'approvisionnement est réglée», remarque-t-il. «C'est un objectif atteignable.»


Version originale :
http://www.adresse.htmlIllegal Organ Harvesting Worse Under Chinese Reforms

Sur le même sujet :
http://www.adresse.htmlTouristes en quête d'organes: la Société de transplantation émet une mise en garde

http://www.lagrandeepoque.com/LGE/Header/Les-reformes-chinoises-stimulent-les-prelevements-dorganes-illegaux.html

* * *

Facebook Logo LinkedIn Logo Twitter Logo Email Logo Pinterest Logo

Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.