Nijiati Abudureyimu à la terrasse d’un café à Neuchâtel lundi 26 juillet 2010. (Frédéric Koller/ Le Temps) |
Hanté par des scènes « à vomir » cet ex-policier chinois a pu fuir son pays en 2007. Réfugié en Europe depuis, il a été balloté d'un pays à l'autre comme une patate chaude. Il demande maintenant l'asile en Suisse, pays qui pourrait théoriquement le renvoyer en Chine. Or il veut témoigner devant l'ONU de ce trafic macabre qui selon lui est organisé par le Parti communiste chinois.
Mercredi 28 juillet, alors que la Suisse s'apprêtait à l'envoyer en Italie, Nijiati Abudureyimu a refusé de monter dans l'avion affirmant qu'il y était menacé par des espions de Pékin et en danger de mort. D'origine Ouïghour, sa famille restée au Xinjiang est selon lui l’objet de menaces régulières et son père est mort en 2008 dans des conditions étranges après que Nijiati, alors en Norvège, ait été menacé par des agents chinois.
Début juillet, en vertu de l’Accord de Dublin les autorités suisses ont confirmé à ce demandeur d'asile leur décision de le renvoyer en Italie, pays par lequel il est arrivé en Europe. Après son appel au secours lancé le 27 juillet, les milieux associatifs se sont mobilisés pour sa cause. Un groupe de soutien a été créé sur Facebook: «Non au renvoi de Nijiati Abudureyimu en Italie». Et l'on a appris le 30 juillet qu'il était finalement resté en Suisse.
D'après des propos recueillis par Le Temps, « il y a désormais deux possibilités, explique Michael Glauser, le porte-parole de l’Office fédéral des migrations (ODM). Nous allons d’abord réexaminer la possibilité de faire une demande d’un nouveau délai de renvoi auprès de l’Italie. Si elle accepte nous organiserons un nouveau vol. Si elle refuse, nous entrerons alors dans une procédure d’asile. » S’il n’obtient pas l’asile, Nijiati Abudureyimu pourrait théoriquement être renvoyé en Chine.
Rongé par la peur mais décidé à parler, l'ex policier de la police spéciale d’Urumqi a pu confier son témoignage après son entrée illégale en Suisse, le 9 novembre 2009, à un agent de l’ODM.
Nijiati Abudureyimu a durant quatre ans (de 1993 à 1997) été exposé à des ¬informations ultra-confidentielles sur la façon dont certains condamnés subissaient des prélèvements d’organes destinés à un vaste marché très lucratif pour les autorités locales.
« – Qu’avez-vous observé concrètement ?
– (Pleurs). Il est question de prélèvements d’organes sur des corps vivants. A savoir le cœur, les reins, les yeux, qui sont prélevés et vendus à bon prix. »
– (Traduction de l’allemand : Stéphane Bussard/Le Temps)
Selon Ethan Gutmann, chercheur à la Fondation américaine pour la défense des démocraties « tout témoin provenant de l’appareil sécuritaire est extrêmement rare et précieux, particulièrement s’il provient d’une région sensible comme le Xinjiang et s’il a des informations sur un sujet aussi sensible que les prélèvements d’organes. »
En mars 2006, deux avocats canadiens, David Matas, également chasseur de Nazis, et David Kilgour, ancien secrétaire d'Etat aux Affaires Asie-Pacifique, ont enquêté directement auprès des hôpitaux chinois et compilé un rapport Bloody Harvest selon lequel les gens qui pratiquent le Falun Gong et sont détenus dans des camps extra-judiciaires serviraient de banque d'organes massive aux autorités chinoises dans le cadre de ce même trafic dénoncé par l'ancien policier ouïghour.
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