Un jour, alors qu’il cultivait dans la forêt, un jeune moine questionna son maître " S’il vous plaît maître, j’aimerai savoir ce qu’est Māyā ".
Quelques jours passèrent et un jour le maître demanda à son disciple d’aller lui chercher de l’eau à la rivière.
Arrivé au bord de l’eau, le moine se pencha pour remplir son sceau puis tout à coup, une fille tomba dans l’eau et se mit à crier à l’aide.
Sans attendre, le disciple se jeta à l’eau pour secourir la jeune fille. Après l’avoir ramenée sur la rive, charmé par sa beauté, il commença soudainement à ressentir quelque chose qu’il ne connaissait pas mais cette sensation lui était agréable.
Reconnaissante, la jeune fille invita le moine à la suivre jusqu’à son village pour lui présenter sa tribu. Bien qu’il hésitât au début, il finit par accepter l’invitation.
Arrivé au village, tout le monde lui présenta ses respects et le père de la jeune fille qui n’était autre que le chef de la tribu, demanda qu’une fête soit organisée en l’honneur de celui qui avait sauvé sa fille.
Tout le village mit les mains à la pâte pour préparer le repas mais aussi pour jouer de la musique et chanter en l’honneur du sauveur. La fête dura jusqu’à tard dans la nuit et le jeune moine s’endormit au coin du feu.
Le lendemain matin, il se réveilla avec l’odeur du petit déjeuner, ouvrit les yeux puis vit la jeune fille devant lui qui lui tendait la main pour l’inviter à aller prendre le repas. Il y avait toutes sortes de fruits, du lard grillé, des œufs et toutes sortes de mets sucrés. Quand il finit de manger, le moine eut à peine le temps de s’essuyer la bouche qu’il fut appelé par le chef du village.
Arrivé dans la tente du chef, il vit la jeune fille se tenant au centre et quand il arriva à sa hauteur, le chef lui dit en ces termes : " Tu as sauvé ma fille de la noyade, nous en sommes très reconnaissants. Mais je vois aussi des étincelles qui se forment quand vous êtes ensemble. J’ai donc décidé de vous accorder ma bénédiction pour vous marier ".
D’abord surpris, le petit moine sentit soudainement une chaleur suffocante lui envahir d’abord la poitrine pour ensuite se propager dans tout son corps. Il finit donc par accepter la proposition du chef et d’une voix solennelle il demanda la fille en mariage.
Sept jours s’écoulèrent jusqu’au jour du mariage. Le moine était toujours enivré de son amour envers la jolie fille. Tout le village était en fête et les mariés consommèrent leur mariage. 9 mois plus tard un petit garçon naissait.
Les années passèrent et une petite fille arriva dans la famille. Après une dizaine d’années, l’ancien moine devint à son tour le chef du village et vécut une vie heureuse, remplie tant par l’affection familiale que par ses tâches au sein de la tribu.
Un jour, le ciel se déchaîna et la pluie commença à créer des inondations. Pendant la nuit, la rivière grossit jusqu';au point de déborder et d’inonder tout le village.
Les maisons s’effondrèrent, les hommes et les animaux furent emportés et noyés. Tout se mit à flotter dans la ruée du torrent. L’ancien moine fut contraint de fuir. Alors qu’il tenait d'une main sa femme et de l'autre son fils, sa fille sur ses épaules, il essayait de traverser cette terrible inondation. Après avoir fait quelques pas, il vit que le courant était trop fort, l'enfant qui était sur ses épaules tomba et fut emporté par les eaux.
Il poussa un cri de désespoir tout en essayant de sauver sa fille, son fils fût aussi emporté. Enfin, sa femme, qu'il avait serrée de toutes ses forces, fut engloutie par le torrent, et l’ancien moine fut jeté sur les berges, pleurant et sanglotant d’amères lamentations.
Alors qu’il était accablé par le chagrin, derrière lui, une voix délicate se fît entendre : " Disciple, où est l'eau ? Tu es allé chercher de l'eau et je t'attends. Il y a une demi-heure que tu es parti. "
" Une demi-heure !" s'exclama le disciple. Mais le village, ma femme, mes enfants, tout a été détruit.
Entre chagrin et confusion, le disciple s’éveilla et comprit qu’il pensait avoir vécu 9 ans alors qu’une demi-heure seulement s’était écoulée.
Le maître regardant sereinement son disciple lui dit alors : "Voilà ce qu'est Māyā. C’est l’illusion ".
* * *
Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.