Ces anciens historiens chinois qui consignaient la vérité, quel qu'en fût le prix

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[@CGassie]


Sans des enregistrements consciencieux, une grande partie du passé serait inconnue de notre société actuelle. Les historiens de la Chine ancienne avaient le devoir de consigner les faits, mais ce devoir fidèle était parfois assorti d'un lourd tribut.


Dans la Chine ancienne, l'histoire était considérée comme aussi sacrée que la religion, et les historiens étaient chargés dès leur naissance d'enregistrer méticuleusement les événements de l'État et la vie privée du souverain.


Une tradition positive d'enregistrement consciencieux de l'histoire s'est ainsi établie, qui s'est transmise à travers les nombreuses dynasties chinoises. La valeur du fait d'enregistrer la vérité se reflète dans les sacrifices consentis pour cette tâche importante.


Des historiens de la Chine ancienne ont été tués les uns après les autres pour avoir assumé leur responsabilité

Il y a plus de 2000 ans, pendant la période des Printemps et Automnes (春秋時期, 771 à 476 av. J.-C.), tous les postes et titres officiels étaient héréditaires et transmis de génération en génération.


Dans l'État de Qi, le ministre Cui Zhu (崔杼) a tué le chef de l'État, le duc Zhuang de Qi. Comme tuer le souverain que l'on sert est évidemment considéré comme un crime grave, Cui a tué également l'historien Taishigong (太史公) qui a consigné l'événement. Son frère cadet, Taishizhong (太史仲), succéda au poste d'historien officiel et rapporta également l'incident de manière véridique. Cui Zhu lui demanda de modifier le texte, mais Taishizhong refusa. Cui Zhu l'a alors tué à son tour.


Après avoir hérité de la position de ses aînés, le frère suivant, Taishishu (太史叔), a opposé un refus à Cui Zhu et a été tué à son tour. À ce stade, Cui Zhu avait tué trois frères, mais n'était pas parvenu à modifier le cours de l'histoire. Le poste de Taishi (太史), ou historien, échut alors au troisième frère de Taishigong, Taishiji (太史季).


Cui Zhu menaça Taishiji et lui dit : "Tes trois frères sont tous morts. N'as-tu pas peur de la mort ? Tu ferais mieux d'écrire ce que je t'ai dit et d'enregistrer ceci : 'Le duc Zhuang de Qi est mort d'une grave maladie'.


Taishiji répondit sans hésiter : " Un historien doit consigner l'histoire en fonction des faits. Si je dois sauver mon travail en ternissant ma vie, je préfère mourir. , Tôt ou tard ce que vous avez fait sera connu de tous. Même si je ne l'enregistre pas, cela ne pourra pas être dissimulé et je serai alors ridiculisé par le monde entier."


Cui réalisa alors qu'il ne pouvait pas changer l'histoire en tuant les historiens. Même s'il tuait Taishiji, le prochain historien ferait un compte rendu factuel de ses actes. À bout de nerfs, il renvoya Taishiji chez lui.


Alors qu'il rentrait chez lui, Taishiji rencontra un autre historien nommé Nanshishi. Après avoir appris ce qui était arrivé aux quatre frères, Nanshishi se précipita au Palais de Taishi (太史) ou Palais de l'historien et se prépara à prendre les rênes de l'écriture de l'histoire de l'État de Qi, selon les faits.


Le bien l'emporte sur le mal

Afin de préserver la véracité des événements historiques, les trois frères de la famille de l'historien ont volontairement donné leur vie plutôt que de déformer les faits. Cet esprit de défendre l'intégrité et l'éthique professionnelles au péril de leur vie peut être considéré comme l'épine dorsale spirituelle de l'ancienne nation chinoise.


Pourquoi les frères historiens étaient-ils si vertueux et ne craignaient-ils pas la mort ? Dans la Chine ancienne, les historiens devaient bien connaître l'astronomie et le calendrier. Ils servaient de médiateur entre la volonté du ciel et la société séculière.


Ainsi, ces premiers historiens professionnels jouissaient d'un certain statut social qui transcendait celui des gens ordinaires. Ils respectaient le ciel, portant une plus grande crainte que s'ils déformaient les faits et ne rendaient pas compte de la réalité, ils ne soient condamnés à subir les foudres du ciel. Ils comprenaient que la sévérité de cette punition était plus grande que celle de n'importe quel dirigeant tyrannique dans le monde.


Dans la société moderne, la science est traitée comme une religion, si bien que de nombreuses personnes ne croient plus en l'existence d'une puissance supérieure et que les spécialistes de l'histoire ont perdu leur respect pour les cieux. Certains ont même renoncé à chercher la vérité.


Au fil du temps, les histoires falsifiées finissent par être découvertes. Une fois que les gens connaissent la vérité, ces mensonges soigneusement tissés sont instantanément réduits à néant.


Dans certaines régions du monde, les dirigeants peuvent recourir à la violence pour empêcher la population de parler des crimes odieux qu'ils ont commis pendant un certain temps. Mais comme l'a dit Abraham Lincoln : "on peut tromper tout le monde une partie du temps et une partie du peuple tout le temps, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps".

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