Comment la tristesse peut être vaincue par l'espoir : La ‘Pietà’

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La "Pieta" de Michel-Ange. Marie tient Jésus dans ses bras avec une expression non de chagrin, mais d'espoir. (PhotoFires/Shutterstock)w Médium

Le spectacle le plus tragique que l'on puisse imaginer est celui d'une mère qui a perdu un enfant. En étant témoin d'une telle chose, la plupart des gens reculent devant le sentiment déchirant de la perte, le vide du deuil. Pourtant, lorsque Michel-Ange a dévoilé sa "Pietà" - l'image de la Vierge Marie pleurant le Christ sans vie - il a montré comment la tristesse peut être vaincue par l'espoir.


En 1497, le cardinal Bilhères de Lagraulas a confié à un jeune inconnu de 23 ans, Michelangelo Buonarroti, de réaliser ce groupe de sculptures grandeur nature, la première œuvre publique du jeune Florentin. Il était destiné à la chapelle funéraire du cardinal dans la basilique Saint-Pierre de Rome, qui était alors un bâtiment beaucoup plus petit que l'imposante église moderne. Il devait être placé au-dessus d'un autel, où les générations futures pourraient prier pour l'âme du cardinal.


Michel-Ange a passé un an à chercher et à transporter le bloc de marbre de Carrare et a dévoilé l'œuvre achevée à la stupéfaction générale pendant l'année jubilaire de 1500. L'année du Jubilé était célébrée tous les 50 ans, suivant les sept cycles d'années sabbatiques, et était célébrée comme une année de libération et de repos.


Les spectateurs modernes doivent contempler la sculpture derrière un mur de verre, où elle a été abritée après avoir été attaquée au marteau en 1972. Les blessures et les cassures ont été réparées, mais le bouclier de protection atténue la voix artistique de cette puissante statue.

La « Pietà » de Michel-Ange, 1497. Marbre. Basilique St. Pierre, Rome. (Domaine Public)

Le thème sous un nouveau jour

Le jeune Michel-Ange a été le premier Italien à sculpter le sujet de la Pietà, un thème développé par les artistes allemands au XIVe siècle et adopté ensuite par les Français, qui lui ont donné son nom signifiant "s'apitoyer".


La composition, qui montre Marie tenant le Christ mort avant l'enterrement, n'a aucun fondement scripturaire, et les artistes du Nord ont cherché à susciter la pitié en soulignant les blessures de Jésus et la douleur de Marie. Avec des trous déchiquetés et béants dans les mains, les pieds et le côté du Christ, un corps raidi par la rigidité cadavérique et la couronne d'épines encore attachée à son front, les premières versions étaient destinées à faire reculer le spectateur.


Mais le sculpteur florentin avait d'autres idées. Il a rendu le corps de Jésus avec l'articulation et les proportions parfaites d'un dieu grec, les membres élégants drapés sur les genoux de Marie. Il a rendu les blessures à peine visibles et le visage endormi paisible. Les seules indications de la mort se trouvaient dans les détails minutieusement travaillés du corps : une épaule repliée sous l'oreille, des muscles affaissés dans la chair de la cuisse et une coulée de sang dans la main pendante, tout cela pour suggérer la lourdeur de la mort.


Rediriger notre chagrin


Un détail de Marie dans la « Piétà » de Michel-Ange. (PhotoFires/Shutterstock)

Michel-Ange a utilisé le pathos de la scène pour détourner l'attention du Christ, dont les souffrances sont terminées depuis longtemps, vers le visage de Marie, dont le chagrin doit être à son comble. Cependant, en regardant ce jeune visage, nous ne voyons aucun froncement de sourcils exprimant le ressentiment, ni cri de douleur avec la bouche ouverte, ni sourcils levés indiquant le doute. Son visage calme et solennel évoque la jeune Marie qui, dans l'Évangile de Luc, alors qu'elle était adolescente, a dit à l'ange Gabriel qu'elle ferait ce qu'il lui demandait.


La Marie de Michel-Ange est la femme qui, lorsqu'elle a dit "oui" à Dieu, le pensait vraiment. Qu'il s'agisse d'expliquer sa mystérieuse grossesse à Joseph, son fiancé, de mettre au monde le Fils de Dieu dans une étable rudimentaire ou de fuir rapidement en Égypte en devançant les soldats d'Hérode, le "oui" de Marie a eu des conséquences qui ont changé sa vie.


En ce vendredi, après qu’elle ait investi 33 années d’affection dans son fils ainsi que 33 années d’attente du sauveur, il semblerait excessif de prendre tout cet investissement d'amour et d'espoir et de l'enterrer dans une tombe.


L'espoir malgré les ombres

Un détail de la « Pietà » de Michel-Ange. (PhotoFires/Shutterstock)


L'habileté du ciseau de Michel-Ange accentue les périls de ce sombre moment. Le voile qui entoure le visage de Marie semble pendre librement, laissant un ruban d'ombre autour de son front, se transformant en obscurité sur les côtés de son cou. Les profondes crevasses de son corsage et de sa jupe engloutissent la lumière, formant des poches d'obscurité.


À l'origine, la statue était placée dans une niche peu profonde, où des ombres sinistres se seraient pressées de tous côtés. Sans se laisser décourager par l'obscurité, Marie persévère, les yeux fixés sur le corps du Christ, sculpté par Michel-Ange dans les plans les plus lisses possibles, avec des surfaces pouvant supporter un polissage extraordinairement élevé. Les historiens de l'art s'étonnent que le sculpteur n'ait plus jamais poli le marbre à ce point, mais en prenant du recul par rapport à l'œuvre, on peut comprendre pourquoi.


Malgré toutes les ombres qui jouent autour de la Sainte Vierge, ses yeux sont fixés sur la lumière qui rayonne du corps de son fils. Marie ne perd jamais de vue la lumière, même dans les heures les plus sombres - une leçon intemporelle pour les millions de personnes qui se sont tenues devant l'œuvre en se remémorant leurs propres douleurs et leurs propres peines, tout en voyant Marie porter le fardeau le plus lourd qu'on puisse demander à un être humain. Elle ne perd jamais espoir. La structure pyramidale de la statue renforce le sentiment de sa constance. Son espoir l'ancre dans les moments les plus difficiles.


Un détail de Jésus dans la « Piétà » de Michel-Ange. (PhotoFires/Shutterstock)


Au milieu de toute cette perfection artistique, une anomalie s'insinue dans la scène : Le bas du corps de Marie est disproportionné par rapport au haut de son corps. Le large pan de draperie transforme ses genoux en un écrin pour le corps du Christ, ressemblant à un linceul et rappelant le ventre qui l'a porté pendant neuf mois.


Mais Jésus, étendu sur les jambes de Marie, ne semble pas être fermement installé sur ses genoux ; il s'affaisse vers le bas, comme s'il allait tomber sur l'autel en contrebas. D'une main, Marie tient son fils contre elle. Son autre main s'ouvre vers le spectateur en un geste d'offrande. La lumière et l'espoir qui avaient été la source de la force de Marie ne sont pas gardés pour elle, mais offerts volontiers à quiconque vient chercher du réconfort dans les moments sombres.


Source : The Epoch Times

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