Tagesanzeiger du 22.11.2002 - page 5 – Monde (Zurich – Suisse)

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Hongkong craint de perdre ses libertés.
La Chine exige une loi anti-subversive de Hongkong. Ceci pourrait sonner le glas des libertés politiques dans l’ancienne colonie britannique.

Kai Strittmatter – Pékin

Depuis plusieurs semaines des débats animés font rage à Hongkong. « Il était temps ! » disent de nombreux observateurs qui trouvaient que l’ancienne ville trépidante avait pris récemment un air trop résigné. Mais voilà que Hongkong se trouve à un tournant décisif de sa jeune existence en tant que « annexe» de la Chine. 5 ans ont passé depuis la prise de pouvoir par Pékin, 5 ans durant lesquels le gouvernement de Hongkong a rongé son frein en attendant d’agir, 5 ans que les défenseurs des Droits de l’Homme attendent ce moment avec angoisse. Nous y voilà : Hongkong aura sa loi anti-subversive. Martin Lee, président du parti démocratique l’a qualifie de « dernier clou enfoncé dans le cercueil » des libertés politiques. « Absurdités , les choses vont à peine changer » ripostent les membres du gouvernement. Vraiment ?

Même les rares fêtes de joie en sont affectées. La semaine passée la très conservatrice fondation américaine « Héritage-Foundation Hongkong » s’exprimait pour la neuvième fois sur « la plus libre des économies du marché mondial » tout en déclarant que si la nouvelle loi réfrénait la libre circulation de l’information la ville pouvait dire Adieu à sa situation de premier plan. On pourrait trouver des « excuses » au gouvernement de Hongkong dont le premier ministre (Chief Executive) Tung Chee-hwa a été mis en selle par la Chine, qui a l’obligation de mettre sur pied une telle loi. Cette obligation date de la Basic Law (loi fondamentale de Hongkong) autrefois négociée entre Pékin et Londres.

Ambiance d’alerte et de méfiance.
L’article 23 de cette loi fondamentale exige que soient poursuivis les actes de « haute trahison, séparatisme, incitation à la révolte et la subversion » envers Pékin, ainsi que « le vol de secrets d’état ». En plus il est interdit tout « contact avec des organisations politiques internationales » aux habitants de Hongkong. Il est toutefois stipulé que le gouvernement de Hongkong devra « établir lui-même ces lois ».

Il est vrai que dans d’autres démocraties du monde de telles lois contre la haute trahison et la subversion n’ont rien d’anormal. Mais le gouvernement Tung procède de façon à susciter l’alerte et la méfiance. Fin septembre le gouvernement présentait un avant-projet « pour discussion » qui omettait toute précision quant à la définition des futurs délits ; en outre, des membres du gouvernement admettaient s’être concertés avec Pékin. La Chine exerce des pressions sur Hongkong depuis longtemps. Les critiques craignent que le gouvernement se voie dans l’obligation d’accepter une loi permettant la persécution des pratiquants de Falun Gong ainsi qu’une restriction des libertés de la presse.

Frank Lu et ses semblables qui depuis Hongkong informent le monde sur les émeutes des ouvriers et les violations des Droits de l’Homme en Chine sont en danger. En Chine, des journalistes sont mis en prison pour avoir divulgué des « secrets d’états » aussi banals que des tendances économiques inpubliées – bientôt à Hongkong il sera possible d’être accusé pour « possession non autorisée » de secrets d’état. Il y a tant et tant de questions : témoigner de la sympathie pour Taiwan, cela sera-t-il jugé dans un proche avenir comme de la provocation ? Cette loi doit être présentée au gouvernement en février et être adoptée l’été prochain. Les membres du parlement de Hongkong élus directement sont une petite minorité, la plupart sont des commerçants et des lobbyistes pro-chinois ; ils approuvent tout ce que le gouvernement leur présente. « Voilà la vision Tung du pouvoir de la loi » dit le président de la plus grande organisation des Droits de l’Homme à Hongkong, Mr. Law Yuk-kai qui poursuit : « Mr. Tung accouche d’une nouvelle loi puis il force la main des parlementaires pour la faire passer.

« Des diables au cœur »
Les critiques ont récolté peu de compréhension jusqu’ici. Le vice premier ministre de Chine, Mr. Qian Qichen les a accusé d’avoir « des diables au cœur », ceci signifie pour un chinois : avoir des vilaines arrière pensées. On a atteint le bouquet avec la réponse de la sécretaire du ministère de la sécurité de Hongkong, Mme Régina Ip. Au cours d’une discussion, des étudiants lui ont demandé pourquoi le gouvernement était tellement préoccupé par l’article 23 alors qu’il y en a aussi d’autres, comme par exemple le bel numéro 68 qui promet ni plus ni moins le « droit de vote universel », c’est à dire la démocratie.
Mme Régina Ip a répondu que la démocratie n’était pas non plus la clef de la sagesse : « Adolf Hitler a été élu démocratiquement et il a tué 7 millions de juifs. » « Une compréhension particulière de la démocratie – et peut-être un avant goût du futur », déclarait la sécretaire du ministère de la justice Elsie Leung. Elle reprochait au démocrate Martin Lee, actuellement en voyage en Europe pour des consultations, d’« inviter des gens de l’extérieur à se mêler des affaires intérieures de Hongkong ». C’est exactement ce dont Hongkong a besoin maintenant, dit le défenseur des Droits de l’Homme Mr.Law Yuk-kai : « La Chine est sensible à l’opinion du monde. Les gens qui seraient intéressés à une conversion de la Chine devraient soutenir la défense des libertés à Hongkong. Ce serait une contribution pour une Chine meilleure »

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