Deux ans de prison pour un avocat

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12-08-2011


Zhu Yubiao, un avocat de la ville de Canton qui assurait la défense de membres du mouvement bouddhiste Falun Gong a été accusé «d’empêcher l’application de la loi» et condamné à deux ans de prison. M. Zhu était le premier avocat de la province de Guangdong à avoir ouvertement défendu des membres du groupe spirituel interdit, dont il a défendu trois adhérents.

La condamnation de M. Zhu est la conséquence de la découverte à son domicile de livres et CDrom décrivant la répression sanglante subie par le Falun Gong, documents que l’accusation a décrits comme «assemblés pour créer les conditions à la préparation de crimes».

L’avocat a refusé de signer l’acte de jugement et déclaré son intention de faire appel. Pour sa mère, la «préparation de crimes» est une charge ridicule associée à la simple possession de documents d’information. «Cela prouve qu’il n’a pas commis le moindre crime, et que toutes les charges contre lui sont vides. C’est pour cela que le procureur a refusé le dossier deux fois pour manque d’éléments tangibles.» D’après elle, le bureau 610 – un organe extra-judiciaire créé en 1999 pour coordonner la lutte contre le Falun Gong - a fabriqué des preuves pour accuser son fils. Dans une déclaration contradictoire à l’acte d’accusation, les autorités ont indiqué n’avoir trouvé de trace d’"aucune influence extérieure, excepté que des livres et CD du Falun Gong ont été trouvé à son domicile».

Le parti communiste chinois a commencé en juillet 1999 une campagne d’une ampleur sans précédent pour «éradiquer» le Falun Gong, pratique énergétique traditionnelle dont la popularité avait dépassé celle du parti communiste et dont la capacité de mobilisation inquiétait le dirigeant de l’époque, Jiang Zemin.

La mère de M. Zhu affirme que son fils est innocent et que la sentence contre lui est illégale: «Tout ce qu’il a fait est légal. Défendre des pratiquants du Falun Gong est légal. La liberté de croyance est légale».

Déjà en août l’année dernière, une dizaine de policiers l’avaient arrêté après avoir mis à sac sa maison et confisqué son ordinateur. Avant de l’accuser officiellement, la procurature du district Haizhu de Canton a par deux fois renvoyé le dossier pour manque de preuves. M. Zhu a finalement été secrètement jugé en mai cette année. Les autorités ont refusé à ses proches le droit d’assister au procès.

Avant le procès, le comité de quartier et le bureau 610 ont emmené Mme Zhu en voiture sous le prétexte de vouloir «l’accompagner» jusqu’au procès, pour finalement l’emmener à plusieurs kilomètres de là «boire un thé».

Dans le même temps, l’un des deux avocats de M. Zhu recevait des menaces et la demande insistante d’abandonner l’affaire. En mars, le second avocat, Liu Zhengqing, a lui été détenu un mois complet pour «incitation à la subversion du pouvoir d’État.»

Pour Mme Zhu, la persécution du Falun Gong par le régime chinois a détruit sa famille: «Cela fait onze mois qu’on m’a pris mon fils. Nous ne pouvons ni l’appeler ni le voir. Quand il a été emprisonné pour la première fois, son fils n’avait pas encore un an. Quand ils l’ont arrêté l’année dernière, il venait d’avoir quatre ans. Et sa femme n’a pas d’emploi».

«Mon mari et moi avons 75 ans, et avons besoin que quelqu’un prenne soin de nous, en particulier mon mari qui a des problèmes cardiaques. C’est cher de vivre à Canton, sa femme et son fils ne peuvent pas faire face et ont dû retourner chez ses parents. Nous essayons de l’aider financièrement».

Lors de sa première arrestation en 2007, M. Zhu a été soumis à plus de 20 sortes de torture et a été condamné à 18 mois de travaux forcés pour tentative de «contre-révolution»

Après sa libération, il avait refusé de s’engager à ne plus défendre les pratiquants de Falun Gong. En conséquence, sa licence d’avocat avait été révoquée. Liu Wei, un autre avocat dont la licence a été suspendue pour la même raison en 2009, expliquait récemment: «Un avocat qui accepte un dossier pense seulement à défendre son client – nous n’imaginions pas pouvoir nous-mêmes être persécutés».


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