Suisse - document - Questions du Centre d'Information sur les croyances aux représentants du Falun Gong

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CIC Centre intercantonal d’information sur les croyances
27, bvd Helvétique
1207 Genève
Nathalie Nardel

QUESTIONNAIRE
AUX REPRÉSENTANTS DU FALUN GONG

DOCTRINE
Quelle est votre doctrine ?
Les principes de base tiennent en trois mots. Zhen (vérité, authenticité) implique aussi l’honnêteté, la sincérité, la transparence, la loyauté, la droiture, ne pas mentir... Shan (bienveillance, compassion, bonté) implique de penser d’abord à l’autre, d’être désintéressé… Ren (tolérance, patience, endurance) implique de savoir supporter d’un cœur léger les ennuis, les douleurs, les conflits, les insultes, etc. Ces trois qualités sont le caractère premier de l’univers et sont présentes partout. Le pratiquant se sert des difficultés de la vie quotidienne pour les mettre en pratique, ce qui lui permet d’éliminer progressivement ses comportements négatifs. Le Falun Gong, ou Falun Dafa, enseigne précisément comment y parvenir, en élevant ses qualités morales (Xinxing). Ce travail sur soi-même (ou cultivation), est complété par la pratique de cinq exercices visant à harmoniser les énergies du corps. Le Falun Gong est ainsi une méthode qui « cultive » à la fois l’esprit et le corps.
Cette méthode vise donc le bien-être physique, mental et spirituel. Les exercices aident à débloquer les méridiens, purifier le corps et accroître la concentration. L’élévation du xinxing permet d’éliminer le karma accumulé par ses fautes passées.
Le terme « doctrine » nous semble inapproprié. Il s’agit plutôt d’un enseignement, que chacun comprend et applique selon ses dispositions et son évolution personnelle. La compréhension varie énormément d’une personne à l’autre. « Vous apprenez la Loi* par vous-même. Sur la façon d’être une bonne personne, vous jugez et agissez par vous-même » (Li Hongzhi, Conférence de Francfort, 30-31 mai 1998).
*en chinois Fa, principes, loi.

Qui en est le fondateur ?
Li Hongzhi est né à Gongzhuling dans le Nord-Est de la Chine le 13 mai 1951 dans une famille d’intellectuels. Dès son enfance, il reçoit l’enseignement de nombreux maîtres de différentes disciplines traditionnelles. Après beaucoup d’années de pratique, il atteint un haut niveau de sagesse. Il élabore un système simple, accessible et efficace, permettant de transmettre des connaissances de haut niveau au grand public. Lancée en 1992, sa méthode approuvée officiellement par l’Institut chinois de recherche scientifique sur le qigong connaît un succès rapide. Il reçoit notamment deux distinctions aux Foires de la Santé d’Orient en 1992 et 1993. Autre aspect inhabituel : l’enseignement doit être financièrement désintéressé, l’organisation doit être minime et bénévole. Me Li a été ensuite invité à donner de nombreuses conférences à l’étranger (dont une à Genève en septembre 1998), Me Li n’a jamais fait payer un centime à ses auditeurs, et a refusé tout dédommagement ou donation pour son travail. Il vit de modestes ressources tirées des droits sur ses livres.
Li Hongzhi est marié et père d’une fille. Il vit actuellement aux Etats-Unis.

Quels sont ses écrits ?
Deux ouvrages principaux - Falun Gong, la Voie de l’accomplissement, Favre, Lausanne, 1999 ; Zhuan Falun, la grande loi universelle de l’école de Bouddha, Trédaniel, Paris, 1999 – ainsi que des articles et conférences.

Quels sont les liens avec le bouddhisme et le taoïsme ?
Le Falun Dafa puise de nombreuses références dans le bouddhisme, le taoïsme et les traditions chinoises pour expliquer ses principes. Mais il n’est ni une branche ni une « scission » des religions bouddhistes ou taoïstes. C’est un système indépendant et non religieux. Dans la religion bouddhiste, on vénère principalement le Bouddha Sakyamuni qui a vécu en Inde il y a 2500 ans. Le Falun Dafa se réfère à la « Loi de Bouddha » dans le sens où « Bouddha » signifie « éveillé » en sanskrit.

Une révélation divine est-elle à l’origine de son oeuvre ?
Le Falun (« Roue de la Loi ») est issu d’une tradition qui remonte à la nuit des temps. L’enseignement a été transmis secrètement de maîtres à disciples à travers les siècles, jusqu’en 1992 où Li Hongzhi a décidé, avec l’appui de ses propres maîtres, de le diffuser sous une forme adaptée au monde moderne et accessible au grand public.
Le Falun Dafa n’est pas une religion, mais une pratique spirituelle sans formalisme. Il n’y a pas de rituel, de prière, de temple, de clergé, de hiérarchie. Personne ne prêche et il n’y a aucun culte à l’égard de Me Li :
« L’époque a changé, nous ne pratiquons plus les rituels de salutation et de prosternation, ce genre de rituels ne sert à rien, ce serait comme dans une religion et nous ne le faisons pas. » (Zhuan Falun, p.103)

Annonce-t-il la fin des temps ?
Contrairement à ce qu’affirme la propagande des autorités chinoises, Li Hongzhi a maintes fois répété qu’il ne parlait pas de « fin du monde ». La « période de fin de la Loi » - qui n’a rien à voir avec la fin du monde - à laquelle il se réfère a été annoncée par le Bouddha Sakyamuni comme devant se produire à notre époque, où la majorité des gens ne seraient plus tenus par un cadre moral solide – et n’obéiraient plus à la loi du cœur.

Pensez-vous que notre vie est déterminée ?
Dans les grandes lignes oui, mais il y a une marge de manœuvre dans laquelle un individu peut agir dans un sens positif ou négatif.

Comment définiriez-vous la liberté ?
Le Falun Dafa ne définit pas particulièrement cette notion. Chaque pratiquant a son opinion là-dessus. A contrario, Li Hongzhi affirme dans un article : « La contrainte ne peut changer le cœur de l’homme ». Concernant la pratique, chacun est libre d’appliquer les principes du Falun Gong dans sa vie quotidienne selon ce qu’il comprend, sans être contrôlé ou examiné par qui que ce soit. Chacun est libre de participer ou non aux activités et de cesser de pratiquer le Falun Gong.

Comment définissez-vous le mal ?
Une définition pourrait être : lorsqu’on s’oppose aux principes essentiels de l’univers (vérité, bienveillance, tolérance).

Selon la doctrine du FLG, que se passera-t-il dans l’au-delà ?
L’esprit originel (« âme ») de l’individu ne meurt pas et peut se réincarner soit en être humain, soit en d’autres formes de vie.

Pratiquez-vous une forme de prosélytisme ?
Nous n’avons jamais fait de publicité. La méthode s’est toujours transmise de bouche à oreille.
Cependant, depuis la persécution qui a commencé en Chine en juillet 1999, suivie d’une immense campagne de diffamation en Occident (et dans le monde entier), nous avons été obligés de faire connaître la vérité des faits sur le Falun Gong. Nous essayons d’informer le public et les autorités, en vue de préserver la liberté de conscience. En effet, grâce à des pétitions et des interventions officielles, des vies ont pu être sauvées.

Comment vivez-vous votre engagement spirituel au quotidien ?
La vie quotidienne et ses difficultés sont un « terrain d’exercices » pour améliorer nos qualités morales et notre comportement envers les autres. Il s’agit de respecter et aider autrui. En cas de conflit, on essaie de réduire la tension, d’éviter la colère, en regardant d’abord ce qui ne va pas en soi-même au lieu d’accuser les autres. « Reculez d’un pas et vous verrez l’immensité du ciel et de la mer », dit le proverbe chinois. Ce travail sur soi apporte rapidement sérénité et bienveillance, qui se manifestent en famille, au travail et dans toute relation humaine. Se détacher de l’intérêt égoïste, du prestige, des rivalités, ne signifie pas qu’on doit renoncer à ses biens matériels, mais qu’on prend les possessions et les désirs avec légèreté.


PRATIQUES
Quelles sont vos pratiques de gymnastique ?
Le qigong («exercice d’énergie») n’a rien à voir avec de la gymnastique. Il ne travaille pas sur l’aspect physique ou musculaire du corps, mais sur l’harmonisation des énergies subtiles qui le traversent ou l’entourent. Le Falun Gong comporte cinq exercices : trois en mouvements lents et souples, deux en méditation immobile.

D’où viennent-elles ?
Le qigong est issu de traditions millénaires, notamment taoïstes, permettant d’équilibrer les énergies du corps et de trouver un lien avec les énergies de l’univers (relation entre microcosme et macrocosme). Le Falun Gong représente une synthèse d’exercices simples et accessibles à tous les âges et conditions physiques, néanmoins profonds et puissants.

Avez-vous un manuel de base ?
La description détaillée figure dans Falun Gong, la Voie de l’accomplissement (avec photos). Il y a aussi une vidéo, disponible sur Internet : www.falundafa.org

Comment pratiquez-vous cette gymnastique : dans quel lieu ? à quelle fréquence ? Y a-t-il des degrés de connaissance ?
Elle se pratique dans des parcs, des salles d’école, au bureau, chez soi, etc. Il n’y a pas de normes imposées pour l’heure, la fréquence ou la durée, même s’il est recommandé de pratiquer le plus possible compte tenu de ses disponibilités (p.ex. une fois par jour). Les exercices sont exactement les mêmes quel que soit le niveau. Il n’y a ni examen ni diplôme, chacun constate lui-même les effets et l’évolution.


STRUCTURE
Combien de personnes, selon vos sources, pratiquent le FLG ? Dans le monde ? En Chine ? Aux U.S.A ? En Suisse ?
Comme il n’y a aucune administration, inscription ou cotisation, il est difficile de savoir combien de gens pratiquent. Certains ont même appris tout seuls, sur Internet ou avec un livre, d’autres ne pratiquent que chez eux. La seule indication vient d’estimations officielles chinoises avant l’interdiction du Falun Gong en juillet 1999 : 70 à 100 millions (cité par US News and World Report, 22.02.99). En Occident aucun recensement n’est possible car il n’y a pas une telle surveillance étatique ; on peut supposer que le nombre se situe à quelques dizaines ou centaines de milliers. En Suisse, il atteint peut-être 500 ou 600 pratiquants réguliers, plus quelques centaines d’intéressés ou occasionnels.

Comment est structuré le FLG ?
L’organisation est souple et légère. Elle se conforme aux exigences légales de chaque pays : une association sans but lucratif. L’Association suisse de Falun Gong a été créée au sens des art. 60 et suivants du Code civil. Lorsqu’il est nécessaire d’organiser un événement ou de trouver une salle, des pratiquants prennent l’initiative et demandent à d’autres une aide volontaire et bénévole. Les décisions se prennent par consensus après des discussions ouvertes.
Pour faire face à la persécution en Chine, il a fallu mettre sur pied des moyens d’information, comme le Falun Dafa Information Center : http://faluninfo.net. Au niveau européen : mentionnons www.clearharmony.net/fr (version française) qui donne toutes sortes d’informations sur les événements, les articles de presse et les soutiens extérieurs à la cause du Falun Gong.

Toutes les parties de la société y sont-elles représentées ?
Paysans, ouvriers, employés, fonctionnaires, entrepreneurs, cadres, intellectuels, scientifiques, étudiants, retraités…

Etes-vous engagés sur le plan social ?
En tant qu’association non, à part les activités mentionnées sous 11. Individuellement, bien entendu, les pratiquants sont libres de participer à des activités sociales.

Y a-t-il des comportements que vous réprouvez ?
La violence, l’atteinte à la vie, le suicide, la haine, le mensonge, la malhonnêteté, l’égoïsme, l’intolérance, l’écrasement des autres, la compétition, l’orgueil, l’usage et le trafic de drogues...

Quelle est votre attitude à l’égard de ceux qui quittent le FLG ?
De même que chacun est libre de s’initier à la pratique, tout le monde peut cesser de pratiquer le Falun Gong à tout moment sans avoir de compte à rendre.

Comment l’organisation est-elle financée ?
L’organisation (minime) repose entièrement sur le bénévolat. L’enseignement et la pratique des exercices, ainsi que toutes autres activités sont entièrement gratuites. Salaires, cotisations et donations sont interdits, conformément au vœu de Li Hongzhi. S’il y a des frais pour louer une salle ou organiser un événement ponctuel (réunion, imprimerie, déplacement, etc.), ils sont partagés entre les initiateurs ou entre les personnes concernées. Si tout n’a pas été dépensé, le solde est rendu à chaque contributeur.

Quelle formation est donnée aux enseignants du FLG ?
Il est plus approprié de parler de moniteurs – qui montrent les exercices. Les plus avancés montrent aux débutants. La « formation » résulte de leur pratique personnelle et de leur compréhension des écrits de Li Hongzhi. Mais ils n’ont aucune position hiérarchique, ils sont pratiquants à l’égal des autres.

Votre communauté est-elle représentée dans d’autres cantons ?
Il y a des pratiquants dans une dizaine de cantons (Genève, Vaud, Fribourg, Berne, Bâle, Zurich, Argovie, St-Gall, Tessin…) et des personnes intéressées dans plusieurs autres cantons. A noter que les pratiquants ne vivent pas en communauté et ne représentent aucune communauté.

Faites-vous partie d’une fédération, assemblée, association ?
Il existe une association nationale dans près de 60 pays, mais ces associations ne sont pas fédérées. Certaines ont des contacts informels, souvent entre pratiquants qui se connaissent.

Qu’est-ce que la Société de recherche sur le Falun Dafa ?
Elle a été créée en 1992 en Chine sous les auspices de l’Institut chinois de recherche scientifique sur le qigong (ICRSQ, organisme officiel réglementant les diverses méthodes apparues dès les années 80). Son but était de faciliter l’organisation des stages et la diffusion de l’enseignement de Li Hongzhi, et de montrer la pertinence de sa méthode. Elle a été dissoute en 1995 lorsque les cours donnés par Me Li ont cessé.

Pourquoi ce mouvement d’origine chinoise a-t-il du succès dans les pays occidentaux ?
Si on dépasse les éléments liés à la culture chinoise, le message du Falun Gong a une portée universelle. On trouve notamment des valeurs similaires dans la tradition judéo-chrétienne. Les exercices sont relativement faciles, sans distinction entre débutants et avancés, ils peuvent se pratiquer n’importe où et n’importe quand, selon les disponibilités de chacun, seul ou en groupe, sans structure rigide et sans frais. Une majorité de pratiquants en ressentent assez rapidement les effets. D’autre part nous entrons dans ce fameux « 21e siècle spirituel » que Malraux et d’autres ont annoncé. Beaucoup de gens, en Orient, en Occident et ailleurs cherchent à élargir leur conscience, à développer des valeurs non matérielles, à s’ouvrir à d’autres dimensions, à comprendre le sens de la vie.
Le livre Zhuan Falun offre un pont entre Orient et Occident, entre énergie et matière, spiritualité et science. Il défriche en y mettant de l’ordre toutes sortes de connaissances « mystiques » héritées des traditions anciennes, tout en mettant en garde contre les charlatans, les extrémistes ou le « tourisme » d’une méthode à l’autre. Il explique en langage simple des phénomènes inexpliqués – télépathie, clairvoyance, « possession »… – qui sont d’ailleurs aussi étudiés par la science. En même temps, il propose des réponses concrètes aux problèmes de notre temps, par exemple à la violence.
Un point fort du Falun Dafa est le lien étroit entre la pratique et la vie courante. Même s’il peut être bénéfique pour la santé, son but n’est pas de guérir les maladies. Il s’agit d’élever ses qualités du cœur et de retrouver son vrai moi. Seule une élévation authentique des qualités morales peut permettre réellement le bien-être physique. Ainsi nos actes quotidiens ont des traces « matérielles », en produisant des effets sur notre devenir.
Mais les changements ne résultent pas d’un effort volontariste ni d’une méthode Couë. C’est la pratique elle-même qui agit peu à peu sur la personne et la débarrasse de mauvaises habitudes (alcool, tabac, colère, peurs, allergies, etc.). De même, il n’est pas nécessaire de croire ou comprendre d’emblée tout ce qui est contenu dans l’enseignement de Li Hongzhi. Les choses s’éclairent progressivement et naturellement.
Autre aspect important : chaque personne perçoit le Falun Dafa différemment parce qu’elle se situe à un niveau différent. L’enseignement respecte le chemin personnel en s’écartant des dogmatismes rigides.


RELATIONS EXTÉRIEURES
Décrivez-moi les événements qui ont conduit à votre situation actuelle en Chine ?
On ne connaît pas avec certitude les raisons exactes qui ont conduit à la persécution du Falun Gong, qui avait été au départ vivement encouragé par les autorités. Mais selon de nombreux témoignages de pratiquants chinois, on peut avancer quelques hypothèses.
Lancé à Changchun (Nord-Est de la Chine) en mai 1992, le Falun Gong est devenu le plus grand phénomène populaire du pays d’après 1949. En moins de sept ans, il s’est transmis de bouche à oreille pour atteindre le chiffre de 100 millions de pratiquants (un douzième de la population), touchant tous les secteurs de la société, y compris des membres du parti, de la police et de l’armée. Mais il ne faut pas en déduire qu’il y avait une conspiration ou une « infiltration » au sein du pouvoir. Le Falun Gong ne s’intéresse pas au pouvoir, ni à changer la société. Il vise seulement le cœur de l’individu et son évolution spirituelle. Li Hongzhi a d’ailleurs d’emblée demandé aux pratiquants de ne pas se mêler de politique.
Pourtant, au début, cette méthode a été jugée efficace et vivement encouragée par les autorités, qui ont décerné à Me Li plusieurs distinctions. Ce dernier a été rapidement reconnu comme maître de qigong par l’Institut chinois de recherche scientifique sur le qigong (ICRSQ). Cet organisme officiel était chargé de contrôler et évaluer les milliers de méthodes de qualités inégales qui n’ont cessé de foisonner durant les années 80 et 90. A cette époque, le qigong cesse d’être dénigré comme une « superstition féodale » : il est salué comme une science alternative susceptible de montrer au monde l’extraordinaire potentiel de la culture chinoise.
Au début, les stages de Falun Gong étaient payants comme l’exigeaient les règles de l’ICRSQ, mais Li Hongzhi insistait pour que les prix soient les plus bas possibles (p.ex. 40 yuans, soit 7fr50 pour un stage de 9 jours). D’où les premiers conflits avec d’autres maîtres de qigong qui voyaient d’un mauvais œil les progrès foudroyants de la nouvelle méthode. Fin 1994 sort le livre Zhuan Falun qui rassemble les conférences des stages, et devient un best-seller. Li Hongzhi cesse d’enseigner en public et prend ses distances pour éviter les rassemblements de grandes foules. Il commence à voyager à l’étranger, pour s’établir durablement aux Etats-Unis en 1998 (donc bien avant la répression). Entre temps, malgré son absence fréquente, le nombre de pratiquants se multiplie. L’ICRSQ fait pression pour continuer les stages payants (lucratifs pour l’institution), alors que Li Hongzhi souhaite que les activités soient gratuites et bénévoles. Pour cette raison, il retire le Falun Gong de l’ICRSQ en 1996.
C’est alors que d’autres tensions apparaissent, au niveau politique. Face à l’immense développement du nombre de pratiquants, qui s’exercent chaque matin par milliers dans tous les parcs du pays, il y a trois réactions :
1) positive : le FLG améliore le bien-être des gens et la cohésion sociale, la société se moralise
2) opportuniste : les pratiquants travaillent dur sans revendiquer, cela évite les grèves et les troubles, et l’Etat fait des économies dans le secteur de la santé
3) hostile : ces gens toujours plus nombreux font de l’ombre au parti, il faut étouffer ce mouvement avant qu’il devienne incontrôlable.
Les tracasseries se multiplient, à commencer par le retrait de la vente des livres de Li Hongzhi (pourtant publiés par l’Etat) en 1996. Des pratiquants se font harceler pendant les exercices, le Falun Gong est parfois diffamé dans la presse. Mais certains continuent à le soutenir. A ce jour, les raisons exactes de la décision d’éradiquer le Falun Gong ne sont pas connues. Plusieurs explications sont avancées :
- Le nombre de pratiquants dépasse celui des membres du Parti communiste (56 millions), de nombreux fonctionnaires et membres du PC pratiquent également le Falun Gong, y compris des militaires gradés, et des responsables haut placés dans le gouvernement. Certains ont cru ou fait croire à une « infiltration » ou à un complot.
- Le Parti est divisé, notamment entre « conservateurs » et « libéraux ». Le président Jiang Zemin, soucieux d’asseoir son autorité, et des ambitieux, comme le responsable de la sécurité intérieure Luo Gan, auraient profité du succès du Falun Gong pour faire triompher leur ligne dure.
- Désigner un ennemi public permettait de détourner la colère de la population menacée par les réformes économiques, l’insécurité et les licenciements.
- L’idéologie marxiste, un produit d’importation occidental qui n’a pas réussi sa greffe dans la culture chinoise, est en perte de vitesse. Au contraire, le Falun Gong est profondément enraciné dans cette culture qu’il valorise. Mais ses valeurs non matérialistes agacent certains dirigeants.
La manifestation du 25 avril 1999, qui a rassemblé 10.000 à 15.000 pratiquants à Pékin n’est pas un « accident ». D’après les témoignages, il semble de plus en plus probable qu’elle a été orchestrée par Luo Gan. Tout commence par un article très virulent contre le FLG dans un journal pour la jeunesse. Comme ils le font d’habitude, des pratiquants viennent poliment le 23 avril expliquer leur point de vue à la rédaction, située dans la ville portuaire de Tianjin, près de Pékin. Mais cette fois la police intervient, frappe durement et arrête des pratiquants. A ceux qui viennent demander leur libération, on répond que c’est une affaire qui concerne le gouvernement central, et qu’il faut faire appel à Pékin. Faire appel devant un bureau officiel est une pratique légale et courante qui permet au citoyen de se plaindre au sujet de ses rapports avec l’administration. De bouche à oreille, certains pratiquants de la région se passent l’information et décident, de façon largement spontanée d’aller faire appel à Pékin. Le 25 avril, arrivés d’un peu partout, les appelants sont accueillis par des policiers qui les dirigent vers le siège du pouvoir communiste, le Zhongnanhai.
On connaît la suite. Le monde découvre avec stupéfaction, rassemblé devant l’Olympe du PC, un « mouvement » inconnu : le Falun Gong, auquel on ne sait trop quelle appellation donner. Une manifestation sans précédent depuis les protestations étudiantes de 1989. La ligne dure du pouvoir va exploiter cet événement comme une conspiration contre l’Etat qui justifie une ferme répression.
Plutôt que de se cacher, de nombreux pratiquants ont choisi – décision purement individuelle – de témoigner publiquement, au risque de leur liberté et de leur vie, en disant : « Le Falun Dafa est bon ! Pourquoi une méthode aussi inoffensive et bénéfique est-elle interdite ? » Malgré les dizaines de milliers d’arrestations, enfermement dans des camps, tortures, viols, exécutions, ils continuent à expliquer la vérité à leurs parents et collègues, à coller des affiches, distribuer des tracts, diffuser des cassettes, pirater des programmes TV... Cette résistance totalement pacifique et pleine de compassion a d’ailleurs bouleversé de nombreux policiers, gardiens et co-détenus criminels.

Quels rapports entretenez-vous avec les gouvernements d’autres pays ? Avec les ONG ?
La plupart des gouvernements ont compris la nature pacifique et inoffensive du Falun Gong. Aucune plainte ou comportement répréhensible n’ont été signalés dans les 50 à 60 pays où il est présent. Dans chaque pays, les associations FLG informent régulièrement les autorités sur leurs activités et les persécutions en Chine. Les polices locales sont unanimes pour souligner le comportement impeccable des pratiquants lors de manifestations. Plus de 700 collectivités publiques (villes ou Etats) des Etats-Unis, du Canada, d’Australie, etc., ont décrété des Journées ou Semaines Falun Dafa, ou octroyé la citoyenneté d’honneur à Li Hongzhi pour services rendus à l’humanité. De nombreux dirigeants politiques ont pris position contre les persécutions ou personnellement adressé des lettres de soutien et d’encouragement à des pratiquants (Bill Clinton, Colin Powell, George Bush, Jacques Chirac, Jack Lang, Hubert Védrine, Joschka Fischer, premiers ministres danois, suédois…) (cf. faluninfo.net et clearharmony.net). A Taiwan, le FLG est officiellement proposé en option dans les programmes scolaires… et même pour la formation des policiers.
Par ailleurs, les gouvernements occidentaux subissent d’intenses pressions de la Chine qui présente le FLG comme un « culte hérétique ». En juin 2002, l’Islande a ainsi disposé d’une « liste noire » pour empêcher des voyageurs fichés comme pratiquants du FLG de se rendre à Reykjavik à l’occasion de la visite de Jiang Zemin. En Suisse aussi, les représentants chinois espionnent, photographient et harcèlent sans cesse des pratiquants.
Concernant les ONG, nous entretenons des rapports suivis avec les principales organisations de droits de l’homme: Amnesty International, Human Right Watch, Association pour la prévention de la torture, Organisation mondiale contre la torture, Reporters sans frontières… Ces organisations prennent nos informations très au sérieux et dénoncent unanimement la persécution qui frappe le FLG.

Quels sont vos rapports avec les représentants du bouddhisme et des autres grandes religions historiques, en particulier le christianisme?
Nous avons pris des contacts formels et informels avec la plupart des milieux religieux : Fédération des églises protestantes, évêque de Fribourg, Conseil œcuménique des Eglises, Centre romand de consultation sur les religions (Jean-Claude Basset, Jean-François Mayer, Maya Burger). En général, ces contacts sont informatifs et cordiaux. Le pape a reçu récemment une pratiquante du FLG d’origine polonaise. Le Dalaï Lama a reçu une copie de Zhuan Falun et adopté une attitude positive (même si les causes du Tibet et du FLG restent distinctes). Aux Etats-Unis, le rabbin David Sapperstein, ex président de la Commission pour les libertés religieuses dans le monde, a affirmé que le Falun Gong est devenu un symbole de la liberté de conscience. A noter qu’en Israël existe une association FLG très active. Quant à l’Islam, en Indonésie (à Tangergang près de Djakarta), le Dr. Mohammed Escanda, qui dirige le centre Pesantren Assidiqiyah, a introduit lui-même le FLG à 5000 fidèles.

Bien entendu, les attitudes des responsables religieux varient selon les personnes ; la plupart d’entre eux ont cependant saisi l’universalité du message du Falun Dafa et montré une profonde compassion face aux persécutions. A noter l’attitude très positive d’Interfaith International, qui a organisé à Genève dans le cadre de la Commission des droits de l’homme des séminaires pour présenter la philosophie du FLG. Voir aussi l’avis du Dr Franz Susmann, professeur d’histoire de l’église catholique à Salzburg (cf. doc. : Falun Gong, Historique, Principes, Répression, p.36).

Rapport à l’histoire et à la modernité
Quels rapports entretenez-vous en général avec a) le monde actuel ? b) les médias ? c) la technologie et les progrès scientifiques ? d) la médecine e) la mondialisation.
La plupart d’entre nous avons un travail et sommes insérés dans la vie active et la société. Nous n’avons pas de visée politique pour changer la société, ni d’idéologie sur ce qui se passe dans le monde. Bien sûr, ça ne veut pas dire que nous nous en désintéressons. Certains pratiquants ont des connaissances professionnelles et une culture étendue sur toute une série de problèmes mondiaux. Mais nous privilégions l’amélioration de soi-même. Le Falun Dafa peut certainement apporter des réponses aux problèmes de notre temps ; l’application des principes vérité-bienveillance-tolérance peut contribuer à une société plus humaine et plus épanouissante, moins égoïste et moins violente. Cependant, cela doit passer par un effort individuel pour améliorer ses qualités morales et s’éveiller à des réalités habituellement occultées, comme le poids du karma (l’accumulation de fautes commises dans le passé) dans les relations entre les gens, ou le fait que nos actes ont des conséquences matérielles : les actions positives et négatives reçoivent tôt ou tard leur rétribution.
Nous lisons et écoutons les médias, et nous tentons de les informer sur le Falun Gong et les persécutions en Chine. Les réactions varient beaucoup selon les interlocuteurs. Il semble que peu à peu la connaissance des faits réels progresse parmi les journalistes. A noter le Prix Pullitzer – la plus prestigieuse distinction médiatique – obtenu en mai 2001 par Ian Johnson, correspondant du Wall Street Journal, pour son reportage sur des pratiquants agissant dans la clandestinité en Chine. Quant à Danny Schechter, journaliste réputé aux Etats-Unis pour son indépendance d’esprit – il est directeur de la revue critique mediachannel.org – il a réalisé l’enquête la plus complète à ce jour sur le phénomène : Falun Gong’s Challenge to China : spiritual practice or « evil cult » ?
Le Falun Gong n’est pas contre la science et la technologie, que nous utilisons comme tout le monde (Internet, téléphone portable, ordinateur, voiture, etc.). De nombreux pratiquants sont médecins, biologistes, informaticiens, physiciens, économistes, etc. Ils voient dans le Falun Dafa un élargissement de leurs connaissances, un éclairage nouveau, en particulier la dimension morale et spirituelle qui est d’habitude complètement séparée de la science. Quant à la médecine, Li Hongzhi explique les liens de causalité qui peuvent provoquer des maladies, il dit clairement que le Falun Gong n’a pas pour but de guérir les maladie et qu’il ne doit pas être pratiqué avec cette idée dans la tête – dans ce cas, il vaut mieux aller à l’hôpital. En revanche, on constate, comme effet indirect, de nombreuses améliorations chez ceux qui pratiquent régulièrement et sérieusement. Plusieurs études ont été réalisées à ce sujet par des équipes médicales chinoises avant 1999. Il n’est nulle part dit ou écrit qu’il est interdit d’aller chez le médecin ou de prendre des médicaments. Certains pratiquants ont recours à des soins médicaux, sans que ce soit mal vu par les autres. Cependant, beaucoup affirment se sentir en bien meilleure santé et ne plus avoir besoin de thérapies. Tout cela reste une affaire d’appréciation individuelle.
Concernant la mondialisation, nous n’avons pas d’opinion particulière à ce sujet.

Participez-vous à la vie publique ?
Nous sommes engagés dans les activités mentionnées plus haut : information du public et des autorités, contacts pour alerter les ONG et les milieux internationaux sur la persécution. Nous saisissons ces occasions pour expliquer simplement que vérité, bienveillance et tolérance sont des valeurs dont le monde a grand besoin.

34. Avez-vous une couleur politique ou existe-t-il un parti qui représente vos idées sur le plan politique ?
Non. Le Falun Gong a cependant reçu, en Suisse comme à l’étranger, l’appui de nombreux députés de partis de tous les bords (voir doc. Falun Gong, Historique, Principes, Répression, p.36-37)


CONCLUSION

Comment définiriez-vous le FLG en quelques mots ?
Le Falun Gong est un enseignement spirituel de haut niveau, enraciné dans des traditions et valeurs universelles, adapté aux défis du monde moderne.

Certains de ses textes (traduits du Chinois par des bénévoles) peuvent présenter des aspects étranges, voire déroutants pour un Occidental. Mais ceux qui ont choisi d’apprendre cette méthode – parmi eux beaucoup d’intellectuels, d’artistes et de scientifiques – se rendent compte rapidement de l’immense bienveillance qui s’en dégage. Pacifique, désintéressé, altruiste, tolérant, le Falun Gong ne pose aucun problème à la société. Il se démarque complètement de pratiques telles que des pressions financières, du harcèlement, des manipulations, des secrets, des intrigues, etc.
Le Falun Gong est totalement transparent. Ceux qui le pratiquent sont prêts à discuter ouvertement de toute question que le public ou les autorités pourraient se poser.

Le Falun Gong est tout simplement un moyen pour apprendre à devenir une bonne personne.

Quelques références :
- Danny Schechter : Falun Gong’s Challenge to China – Spiritual Practice or ‘Evil Cult’ ?, Akashic Books, New York, 2001 (enquête journalistique indépendante)
- Harry Wu, Danse pas avec la Chine, éd. indigène, Montpellier, 2000 (le regard d’un syndicaliste dissident chinois)
- Conférence de David Ownby, professeur d’histoire chinoise à l’Université de Montréal :


http://www.ruf.rice.edu/~tnchina/ (en anglais)

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