" Il existe quelque part dans ce pays, aujourd’hui, une personne qui mettra fin à l’état chinois tel qu’il existe à présent. Il ou elle osera exprimer les pensées pour la plupart inexprimées où à demi formées … la Chine est un réservoir d’essence et cet individu, dans quelque petite ville ou cité, n’aura qu’à y jeter une allumette. »
--Gordon G. Chang, L’effondrement qui se profile (“Random House”, 2001)
Aucune société d’importance internationale aujourd’hui n’est autant dans un état de contradiction irréconciliable que la République Populaire de Chine. Une immense nation surpeuplée en pleine transition fiévreuse mais précaire, ses dirigeants ont échoué à articuler un modèle de développement cohérent pour guider la réforme.
En termes concrets, la population en expansion de 1.3 billions d’individus en chine, qui augmente chaque année de 12 ou 15 millions de nouvelles bouches à nourrir, présente un défi si inquiétant qu’il est difficile même d’imaginer une solution. Et ses ressources naturelles et son environnement ont été si dégradés par le développement ultra-rapide nécessaire pour tenir la population tranquille que neuf des villes les plus polluées du monde sont en Chine.
Dans la sphère politique, la Chine est gouvernée par un régime Marxiste-Léniniste autocratique que maintient une idéologie obsolète, elle n’a pas de système durable pour la succession du pouvoir, est rongée par une corruption endémique, et se méfie profondément de la réforme politique ( de crainte qu’elle ne se réforme elle-même de façon incontrôlée). En même temps, elle a donné libre cours à une économie de marché qui crée de telles contradictions sociales qu’un bouleversement tectonique n’est pas plus invraisemblable qu’une évolution pacifique.
Sur le front économique et financier, d’où le gouvernement dérive sa légitimité limitée, les marchés financiers naissants de la Chine ne valent pas beaucoup mieux que les casinos parrainés par l’état dans lesquels prospèrent les spéculateurs et les négociants nationaux. Ses banques sont un peu plus que des caisses enregistreuses géantes qui ont longtemps dispensé des subsides aux entreprises d’état en déficit (SOEs) – on considère que pas moins de 50 % de leurs prêts (actuellement estimés à presque 500 billion) sont non-performants. De plus l’absence d’un capital d’investissement localement produit pour de nouveau projets sains est responsable, en partie, de l’exclusion de millions de travailleurs et de paysans du boom économique de la chine côtière, en en faisant une classe politiquement instable. Comme si ce n’était pas assez, l’accession de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce en 2001 signifie que les SOEs rentreront bientôt en compétition avec les compagnies étrangères et les banques, créant le spectre d’encore plus de chômage et de désaffection. En fait, pour la ligne droite des cinq premières années, les dirigeants désespérés ont du continuer un stimulant programme fiscal coûteux, de dépense publique massive, que personne ne sait comment arrêter.
Et il est rien moins que certain que la technologie seule sauvera la Chine. Avec la réputation du pays pour son exploitation de la transmission de la technologie par le vol de copies et le piratage de la propriété intellectuelle, il est peu probable que l’ IT soit le salut de la Chine. Au lieu de cela, il est bien possible que la Chine demeure un fabriquant de bas étage, exportant à un marché mondial de plus en plus déprimé sans jamais passer au niveau suivant de la chaîne alimentaire.
Victimes de décennies d’extrême révolution qui ont ruiné le système de valeurs et la culture traditionnelles, les chinois ont été plongés dans un état de compétition de marché brutale qui les a laissés socialement et spirituellement désemparés. Et quand bien même l’autorité centrale serait-elle défiée de manière concertée, les tensions entre Beijing et les vastes régions de minorité bouddhiste du Tibet, les régions musulmanes du Xinjiang Uygur, et toute la Mongolie intérieure pourraient conspirer avec la régionalisation économique pour fracturer la Chine. En attendant, les relations de la Chine avec ses deux plus importants partenaires économiques, le Japon et les Etats-Unis, demeurent compromises par des sentiments complexes d’ambivalence qui se manifestent souvent dans des expressions de nationalisme musclé et de franche xénophobie, qui pourraient facilement être dirigées de la manière la plus destructrice contre les compagnies étrangères nouvellement arrivées, comme ce qui s’est si souvent passé cette dernière décennie (Voir "Defeated and Retreated" at http://www.redherring.com/insider/2002/11/defeated111202.html
En dépit des efforts d’isoler la population chinoise de la contagion des idées étrangères et des “ismes” politiques, la “Grande muraille” érigée par le Parti Communiste est de plus en plus fissurée par l’Internet, la radio, la télévision, et la globalisation, accroissant la difficulté du parti de demeurer politiquement souverain. Mais, comme il est aussi peu probable que le parti accepte de ne plus être réélu au pouvoir, ou autrement mis de côté, une collision destructrice entre lui et ces forces centrifuges paraît quasi inévitable.
Le miracle économique de la Chine est comparable de bien des façons au bouillonnement de l’Internet. Phénomène enflant artificiellement et accomplissant l’extravagante croissance – pour autant que les investisseurs croient à une pyramide de rêves. Mais […] les fondements de l’économie en Chine ne sont tout simplement pas suffisamment solides pour assurer une croissance soutenue à long terme. Et les investisseurs devraient ils perdre cette impression vertigineuse mais irréaliste que la chine est un marché immense et lucratif incontournable, l’effondrement de la confiance et la fuite du capital pourraient être terriblement rapides et incomparablement destructeurs.
http://www.redherring.com/insider/2002/11/coming-china-collapse-110702.html
Published : Thursday, 14 November 2002
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