Far Eastern Economic Review Plus rien à perdre.

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""Heureux Heureux allez travailler. A l’abri, à l’abri, rentrez chez vous," exhortent les slogans de l’époque de Mao Zedong au-dessus des grilles fermées des usines. La plupart des hommes et des femmes qui travaillaient dans les usines d’extraction, de cartonnage et les autres usines du district de Tiexi dans la ville de Shenyang pendant des décennies ont perdu leur travail. Des constructions délabrées donnent du poids aux estimations des résidents locaux selon lesquels 70% des travailleurs du district sont sans emploi. Ils ne sont qu’une petite partie de l’énorme vague de pauvres citadins sans emploi apparus dans les cinq dernières années.

En tant qu’ouvriers industriels des villes, ils ont été en leur temps les valeureux pionniers du prolétariat – à la différence des pauvres ruraux qui ont toujours manqué d’argent et de statuts. Sous l’organisation centrale communiste, ces ouvriers de l’industrie sidérurgique et pétrolière ont gagné le respect et de grands avantages de logements, santé et éducation pendant un demi siècle. Aujourd’hui, ils sont abandonnés, jetés sur le tas de scories de l’histoire de la même manière que les travailleurs de l’industrie lourde rejetés dans la Russie post-soviétique. » Pendant ce temps les cadres mangent et boivent dans les hôtels en discutant de stupidités, » dit Xu-Ming, 63 ans et au chômage après avoir travaillé 40 ans dans une usine de Tiexi. "Nous ne sommes plus dans un pays soviétique – le fossé entre riches et pauvres est trop grand."

La racine du problème c’est le mouvement de réforme. La Chine peut être l’atelier du monde, mais dans le processus de fabriquer des marchandises moins chères, elle purge les ouvriers de la nation des industries du soleil couchant.

Au dernier congrès du Parti Communiste en septembre 1997, le Président Jiang Zemin ordonnait la réforme du secteur d’état boursouflé. Des dizaines de millions d’ouvriers ont perdu leur emploi avec des compagnies dirigées par l’état – surtout dans les villes, en particulier dans ce qui est connu comme la ceinture de la rouille du nord est de la Chine. Shenyang, la plus grande ville du nord est, est la boucle de la ceinture. Certains de ceux qui furent un jour des travailleurs modèles cherchent aujourd’hui du travail sur le bord des routes avec des signes autour du cou disant ce qu’ils faisaient alors, électricien, charpentier, plombier. Les chiffres officiels ne sont pas du tout fiables et les analystes disent que le chômage est sérieusement passé sous silence. Le Ministre du travail Zhang Zuoji disait le 25 octobre que depuis 1998 un total de 26.11 million de travailleurs avait été licencié et il prétendait que 17.26 millions avait été réemployés depuis.
Dans les débuts des révocations, il était relativement facile de trouver de nouveaux emplois. Plus maintenant. Le Centre de Développement de la Recherche, qui est lié au Conseil d’Etat, le cabinet de la Chine, évalue à 10% le chômage urbain et avertit qu’il pourrait atteindre 15% dans les quelques années à venir. Le DRC et la Banque du Développement estiment qu’il y 37 millions de citadins pauvres – 12% de la population urbaine. L’appartenance à Organisation Mondiale du Commerce et la Compétition ont apporté de nouvelles pressions. La situation de l’emploi est « vraiment sinistre » a admis le Ministre Zhang s’adressant aux législateurs, ajoutant qu’avec la croissance de la population le nombre des nouveaux arrivés sur le marché du travail en Chine atteindrait un sommet d’ici 2005.

Il pourrait en résulter des grèves plus fréquentes et un désordre social croissant. Les ouvriers avec des griefs de retards de salaires, de paiements de pensions ou de chômage – ne se contentent plus d’être furieux, ils sont organisés. Pour la première fois dans l’histoire récente, les ouvriers, dans la première moitié de cette année ont initié un séries de grèves apparemment coordonnées et des manifestations dans plusieurs vieux centres industriels allant du nord est au sud ouest. Des analystes disent que les protestations n’ont aboutit à rien seulement parce que les autorités ont reçu l’ordre de les calmer avant qu’ils ne puissent troubler le congrès du parti.

Il n’est pas surprenant que les masses urbaines dans le centre industriel ruiné soient en colère avec les services de santé en lambeaux et l’éducation en déclin. Ils ne voient pas grand chose qui reste à part son organisation massive de sécurité qui permette encore de définir le parti comme un parti communiste. Le pouvoir sait qu’il a besoin de promouvoir la croissance du secteur privé et l’investissement étranger pour engendrer de nouveaux emplois et que c’est la clé du maintien de la stabilité sociale et pour demeurer au pouvoir. Mais la plupart des nouveaux emplois vont aux travailleurs migrants dans les nouvelles usines qui poussent comme des champignons dans les cités du sud et de l’est. La création d’emploi est par conséquent une priorité pour les planificateurs au décisif 16ème congrès du parti, qui commence le 8 novembre

Le risque pourrait augmenter une fois le congrès terminé

“Développer l’emploi et encourager le ré-emploi … n’est pas le problème économique majeur, c’est aussi un problème politique majeur,” a dit Jiang le chef du parti en septembre. L’échelle de la tâche est impressionnante – même pour l’économie la plus dynamique du monde. Le rapport d’une Banque Mondiale estimait à la fin de l’année dernière que la Chine avait besoin de créer pas loin de 100 millions d’emplois la prochaine décennie pour absorber les employés licenciés, ceux qui sortent de l’école et les travailleurs itinérants.

Mais même alors que de plus en plus d’industries d’état rognent sur le personnel pour devenir compétitives, il devient de plus en plus dur pour eux de trouver de nouveaux emplois. « Le taux de réemploi a décliné graduellement une année après l’autre, de 50% en 1998 à 42% en 2000, 30%M en 2001 et 9% dans la première moitié de cette année, »a dit Zhao Xiaojian, un vice-ministre pour le travail et la sécurité sociale au magazine financier Caijing en Septembre.

[…] La Chine pourrait bien entrer dans une période de plus hauts risques. Et c’est une société largement différente de l’uniformité socialiste d’il y a 20 ans. Il y a un écart de prospérité béant qui s’élargit encore au sein des cités et entre cités. Ce n’est plus une poignée de super riches qui se distinguent des masses. Au lieu de cela, la classe moyenne est prête d’atteindre les 200 millions d’ici 2006, selon les médias d’état. Le nombre de pauvres augmente encore plus vite.

Si on regarde de plus près la région du district Tiexi, les divisions sont distinctes. La zone des affaire grouille de gens, des éventaires de marché occupent la chaussée et des boutiques et des restaurants débordent sur les trottoirs passants. Mais marcher du côté que les autochtones appellent encore le côté des usines de Tiexi c’est entrer dans un monde de silence. Hors des principales artères, il est rare de voir ne serait-ce qu’une poignée de gens.
Cela fait penser aux banlieues industrielles flétries d’Europe et des Etats-Unis dans les années 80. Les usines s’écroulent, les gardes de sécurité regardent à travers des grilles enchaînées et les trottoirs sont déformés par les racines des arbres plantés lorsque Tiexi était à la pointe de l’effort d’industrialisation dans les années 60. Même dans ce point noir du chômage, les autorités locales économisent de l’argent en utilisant les travailleurs des prisons pour entretenir les routes. « La vie est meilleure dans les villages qu’elle ne l’est ici, » dit Wang Xiaotang, portant le regard au-dehors, à travers le trou du mur du restaurant infesté de rats où un repas revient à 18 cents.

Le désespoir causé par le chômage en rend beaucoup furieux et la corruption officielle verse de l’huile sur le feu, en particulier lorsqu’elle implique des salaires impayés et des duperies sur des accords de licenciement. Ce n’est pas une coïncidence que les deux provinces avec les plus haut arriérés de salaire dans le pays, Liaoning et Heilongjian – ont été secouées par l’agitation cette année. Plus de 1 million de dollars d’arriérés de salaires était dus aux travailleurs de l’état dans ces provinces en 2001, écrivait John Chen, un chercheur dans le domaine de l’emploi, dans le Bulletin du Travail de Chine en août.

Plutôt que d’être organisées par quelques intellectuels ou des activistes politiques, les protestation étaient – à l’alarme du parti – à propos de questions de pain et de beurre et avaient un vaste soutien. Les protestations des travailleurs de masse qui ont eu lieu au printemps 2002 étaient toutes économiquement provoquées et l’organisation était basée sur les lieux de travail,” disait le chercheur Trini Leung en juin dans le Bulletin, qui est publié à Hong Kong.

Le gouvernement a répondu à la fois avec une poigne de fer en écrasant les manifestations et arrêtant les leaders - et un gant de velours en faisant des remboursements à court terme et développant rapidement un système social élémentaire. Vingt million de gens reçoivent maintenant l’allocation vitale minimum, jusqu’à 2.8 million en 1999. L’allocation, donnée aux chefs de famille avec un revenu en dessous d’une ligne de pauvreté fixée localement, varie en importance – à Shennyang elle est de 36 dollars par moi. On la considère comme la dernière ligne de défense contre la pauvreté urbaine et elle devra probablement continuer à augmenter, particulièrement dans les déserts du nord est, en une tentative d’enrayer d’une certaine façon la montée de l’agitation.

Il n’y a pas de récentes statistiques officielles sur les manifestations les grèves et les conflits du travail. En 1995, le comité d’arbitrage gouvernemental du travail traitait 23 000 cas. En 1999 cela avait fait un bond à 120 000. Leung estime que le chiffre pour 2002 pourrait approcher les 200 000.

Le gouvernement concentre ses efforts de secours sur des sédentaires urbains enregistrés. Mais composant le potentiel d’instabilité, de larges populations itinérantes de travailleurs ruraux sont une caractéristique permanente en augmentation des cités chinoises. Les itinérants sont concentrés dans des emplois sous-payés ou temporaires, aussi le DRC et l’ADB évaluent-ils dans un rapport le taux de pauvreté parmi eux à 50% de plus que pour les travailleurs urbains.

Prenez Liang Xiaomin, un minuscule gosse de 13 ans de la province de Hunan, qui vivote en vendant des roses dans les rues chics des quartiers est de Beijing. Aux alentours de minuit il fait ses 10 kilomètres sur sa bicyclette cabossée jusqu’à une chambre de briques près de la gare de l’ouest qu’il partage avec deux autres enfants et le couple adulte qui les emploie. Quand on lui demande pourquoi il est venu à Beijing, il dit : “Parce que ma famille n’a pas d’argent.” En plus “on s’amuse ici” comparé au travail à la ferme familiale d’un sixième d’hectare chez lui.

Liang est un des dizaines de millions d’itinérants ruraux affluant dans les cités. Ces itinérants fournissent une manœuvre bon marché aux usines qui mettent des produits manufacturés en chine sur les étagères du monde. Ils mènent une vie de bas salaires, de peu de bénéfices et de contrats à court terme , loin de la sécurité du berceau à la tombe promise aux précédentes générations des ouvriers d’usine. Le gouvernement compte encore maintenant les itinérants qui vivent dans les régions urbaines comme des ruraux, ce qui les empêche de recevoir des prestations incluant les aides sociales. Cela ne les empêche pas de venir. En partie pour tenir les fermiers dans des régions éloignées chez eux, la province relativement prospère de Zhejiang et la municipalité de Shangai ont étendu les prestations sociales à la population rurale. Mais la plupart des cités ne peut tout simplement pas se le permettre.

De plus le fait de dépendre du secteur privé pour la plupart des créations d’emploi expose le parti à des chocs potentiels hors de son contrôle. L’industrie d’exportation, par exemple, est un otage pour le commerce global. Des problèmes étrangers comme la fermeture du port sur la côte ouest des Etats-Unis en octobre et l’augmentation des prix du pétrole à cause des tensions dans le golfe persique dépassent le pouvoir du parti d’y porter remède. Ses patrons comprennent que l’interdépendance avec le monde apportera à la fois d’énormes récompenses et des risques à venir.

Aussi peu de travailleurs licenciés accordent-ils beaucoup d’attention au congrès du parti. Pour eux, comme pour la plupart des chinois ordinaires, l’événement qui a lieu deux fois en une décennie ne signifie rien et ils se soucient peu de la spéculation à propos des dirigeants comme Jiang et son présumé successeur le Vice-Président Hu Jintao.”ça n’a pas d’importance que Jiang descende ou monte. C’est inutile,” dit Xu, tirant sur une cigarette Jiqing bon marché. “Il n’y aura pas changement.”

Le meeting des cadres du parti pour fixer les priorités des cinq prochaines années, toutefois, doit penser sérieusement aux problèmes de la pauvreté urbaine.


Traduit de l'anglais
http://www.clearharmony.net/articles/200211/8093.html

Published : Thursday, 7 November 2002

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