Propagande et censure de l’information: le communisme ne passera pas!

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De g. à d. : Isabelle Chaigneau, déléguée France de NTDTV, Lionnel Luca, député des Alpes-Maritimes et président du groupe d’études sur la question du Tibet à l’Assemblée nationale, Philippe Vitel, député du Var et membre du groupe d’études sur la question du Tibet à l’Assemblée nationale, Michel Ching-long Lu, ambassadeur de Taiwan et Jampal Chosang, représentant de Sa Sainteté le Dalaï-Lama (Zhang Yue/ La Grande Époque)

Depuis le 16 juin, les Chinois ne peuvent plus capter la chaîne de télévision NTDTV et la station de radio SOH non contrôlées par l’État. NTDTV et SOH, jusque-là diffusées par satellite grâce à Eutelsat en dépit du désaccord menaçant du régime chinois, viennent de se voir expulsées sous couvert de «problème technique» par l’opérateur Eutelsat, incapable de résister plus longtemps au chantage de Pékin.

A Paris, où Eutelsat est basée, la mobilisation grandit à mesure que les Jeux olympiques approchent. Bien déterminés à ne pas relâcher la pression jusqu’à réparation du dommage causé, des sympathisants de NTDTV et SOH en France se relaient pour manifester tous les jours depuis le 16 juin au 70, rue Balard, à Paris devant le siège d’Eutelsat.

Le 17 juillet, des sympathisants ont même fait le voyage d’Allemagne, d’Angleterre et de Belgique montrant qu’il ne s’agissait pas seulement d’une question entre la France et la Chine. En effet, NTDTV et SOH diffusent sur quatre continents à destination de toutes les communautés chinoises du monde, grâce au satellite. Mardi 22 juillet, la mobilisation devenait internationale avec le représentant de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, l’ambassadeur de Taiwan, des parlementaires français, ainsi que des dissidents chinois qui se sont réunis pour une conférence de presse à l’Assemblée nationale.

Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes et président du groupe d’études sur le Tibet, a tenu à présider cette conférence de presse pour «alerter l’opinion publique française – mais aussi internationale – sur des incongruités, des bizarreries techniques qui frapperaient le satellite d’Eutelsat, et empêcheraient la liberté de l’information…». Lionnel Luca a qualifié de «désolantes» les explications fournies par la société européenne Eutelsat quant à l’arrêt soudain de la diffusion de NTDTV, qui, selon la déléguée de la chaîne en France, est «la seule chaîne de télévision indépendante du régime de Pékin qui diffuse ses programmes en Chine dans la langue du pays».

Saluant l’enquête de Reporters sans frontières, le député estime également que «le PDG d’Eutelsat a décidé délibérément de couper toute possibilité d’émission vers l’Asie . Connu pour son franc-parler et son caractère insoumis face aux régimes autoritaires, Lionnel Luca n’a pas mâché ses mots et qualifié le régime chinois d’ «infréquentable» et de «régime à abattre», le député a défié le PDG d’Eutelsat, Giuliano Berretta: «… il n’y a jamais d’avenir pour les collabos, il n’y a d’avenir que pour les résistants…».

Tandis que Lionnel Luca fait allusion à l’esprit «très, très particulier» en France, selon lequel «parce que vous êtes forcément vendu à l’Occident ou à la CIA si vous n’êtes pas communiste», Michel Wu, de son côté, a déploré que «d’aucuns en France et en Europe fantasment toujours sur la longue marche, l’étoile rouge ou bien la nouvelle Chine proclamée par un Mao sur le podium de la place Tian An Men…»

D’après cet ancien rédacteur en chef de la section chinoise de RFI, fervent défenseur de la liberté d’expression, la violence de la répression contre le mouvement spirituel bouddhiste Falun Gong – qui dure depuis déjà 9 ans – a fait naître une nouvelle forme de résistance «atypique» qui a «fait ses preuves». Pour dépeindre la douleur extrême du peuple chinois, Michel Wu évoque les catholiques chinois fidèles à Rome, les paysans et les citadins qui se débattent dans «la misère et l’injustice» sans oublier les journalistes et les avocats défenseurs des droits ainsi que toutes les autres victimes tout au long de l’histoire qui ont convergé vers le même objectif, «le changement du régime».

«… il n’y a jamais d’avenir pour les collabos, il n’y a d’avenir que pour les résistants…»

Voisine de NTDTV sur le satellite W5, la radio SOH qui diffusait dans toute la Chine, semble dire: «Ne m’oubliez pas!». En effet, la directrice régionale de la radio SOH section française, Marie Tchen, Taiwanaise qui a grandi dans une Chine démocratique s’interroge: «Comment une entreprise occidentale peut-elle sacrifier les principes fondateurs de sa culture pour des intérêts à court terme?»

Paradoxalement, fait remarquer Marie Tchen, alors qu’une grande partie des Chinois abandonnent le régime communiste, Eutelsat choisit de bloquer l’accès à l’information pour les peuples d’Asie. «Cela revient à se positionner du mauvais côté de l’histoire. Lorsque cette page sera tournée, ils n’auront pas seulement vendu leurs propres principes, ils seront aussi passés à côté des bénéfices à long terme en Chine», a-telle ajouté.

À ceux qui penseraient que la coupure de ces deux médias de langue chinoise ne concerne pas l’Occident, Françoise Hostalier, députée du Nord, ancienne ministre et membre du groupe d’études sur la question du Tibet à l’Assemblée nationale répond que «tout ce qui nuit à la liberté de la presse dans le monde porte atteinte à notre propre liberté».

Selon elle, «les démocraties ont le devoir d’être la voix des sans-voix». Comme dans toutes les injustices historiques, «se taire revient à être complice». Marie-Françoise Lamperti, présidente de l’association Agir pour les Droits de l’Homme prend la parole pour rappeler que lorsque le régime chinois crie à l’ingérence dans ses affaires intérieures, «ça nous remémore Goebbels arrivant à la Société des Nations pour dire ‘nous faisons ce que nous voulons de nos juifs, de nos communistes, etc. À cette époque, René Cassin avait manifesté son indignation, lui qui a incarné la résistance».

«tout ce qui nuit à la liberté de la presse dans le monde porte atteinte à notre propre liberté»

Les droits de l’homme s’inscrivent dans cette résistance pour une France qui fête cette année le 60e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Mais la résistance à l’oppresseur est un chemin semé d’embûches. Françoise Hostalier en a fait l’expérience en tentant elle-même de manifester devant l’ambassade de Chine en compagnie d’autres parlementaires suite aux propos tenus par l’ambassadeur chinois contre le président français.

«Quelle est la nature de ce gouvernement qui peut faire taire les démocraties?» Avec pour seule arme leur écharpe tricolore, les élus ont été arrêtés par une quinzaine de cars de «policiers armés jusqu’aux dents».

«De quoi ont-ils peur pour bâillonner ainsi la démocratie?», s’est-elle exclamée. Devant l’arrogance et la violence du régime chinois, Françoise Honstalier et Lionnel Luca se demandent comment on peut aller applaudir le 8 août le spectacle de l’ouverture des Jeux alors que le gouvernement de Pékin «nous a menti sur toute la ligne et nous a roulés dans la farine?».

«ça nous remémore Goebbels arrivant à la Société des Nations pour dire ‘nous faisons ce que nous voulons de nos juifs, de nos communistes, etc. À cette époque, René Cassin avait manifesté son indignation, lui qui a incarné la résistance»

L’évènement de NTDTV et SOH est un nouveau moment pour les parlementaires de faire valoir leur dignité démocratique face à la violence dictatoriale. En dénonçant cette « monstrueuse soumission à l’oppression », ils interpellent Giulianno Berretta, PDG d’Eutelsat pour qu’il revienne sur sa décision en restituant au peuple chinois sa liberté d’informer et d’être informés. L’Asie s’est également élevée contre la coupure de NTDTV et SOH par Eutelsat en la personne de Jampal Chosang, représentant en France du Dalaï-Lama et Michel Lu, ambassadeur de Taiwan. Ce dernier a appris la nouvelle avec effroi, se souvenant de ses séjours à l’étranger où il pouvait capter la chaîne et s’informer objectivement. Regrettant déjà les programmes « très riches de NTDTV surtout dans le domaine de l’information et de la culture », Michel Lu et Jampal Chosang rappellent le rôle vital de la chaîne pour les minorités et les peuples asiatiques.

«De quoi ont-ils peur pour bâillonner ainsi la démocratie?»

Selon le représentant de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, si un journaliste ou même un touriste veut se rendre au Tibet, il lui faut un visa spécial ainsi qu’un «guide». Or ce guide n’est autre qu’un agent du Parti communiste chinois et son rôle est de s’assurer que le journaliste ou même le touriste n’iront pas à l’encontre des intérêts du Parti, en diffusant des informations non conformes à la propagande officielle, autant dire en rapportant la vérité des faits. D’où le rôle unique et essentiel de médias tels que NTDTV et SOH.

Conscients du rôle joué par ces deux médias, les dissidents chinois réfugiés en France font savoir l’impossibilité pour le peuple de connaître la vérité sur ce qui les concerne de très près en Chine et à l’étranger. En effet, en Chine il est très difficile de capter les radios étrangères parce qu’elles sont brouillées.

Non seulement les Chinois ne peuvent pas s’informer sur ce qui se passe dans le monde mais également sur ce qui se passe en Chine. Quant aux jeunes générations qui viennent à Paris suivre des études, elles sont conditionnées pour répéter la propagande du PCC.

Wu Jiang, président du Parti démocrate chinois en France, dénonce le règne trop long du communisme en Chine: «Depuis 58 ans le Parti communiste chinois coupe toutes les voix divergentes. Depuis plus d’un demi siècle il étouffe la liberté de presse.» Pour ce démocrate chinois qui vit en France depuis des dizaines d’années, Eutelsat doit sans délai rétablir les signaux de transmission de NTDTV et SOH vers la Chine.

Source :
http://www.lagrandeepoque.com/LGE/content/view/4667/105/

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