Entretien exclusif avec le transfuge diplomatique chinois Chen Yonglin

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Chen Yonglin se cache désormais en Australie en attendant que sa demande d'asile soit acceptée.
Photo de La Grande Époque.
SYDNEY - Chen Yonglin, un diplomate de l'ambassade chinoise à Sydney qui a récemment « déserté », a pour la première fois révélé publiquement l’existence d’un réseau étendu d'espionnage du Parti communiste chinois (PCC) outre-mer. Ses actions ont encouragé deux autres anciens fonctionnaires de PCC qui ont révélé plus de faits sur la persécution des dissidents et des pratiquants de Falun Gong hors de Chine. La Grande Époque a eu un entretien exclusif avec Chen sur sa situation actuelle et sa vision du PCC.

La Grande Époque : Vous avez assisté à une manifestation pour commémorer le massacre des étudiants à Tiananmen et avez dénoncé le réseau d'espions chinois en Australie. Vous et votre épouse vous êtes également retirés du PCC sur le site web de La Grande Époque. Le PCC a-t-il pris certaines mesures pour vous menacer, vous et votre famille?

Chen : Quand j'ai parlé au rassemblement, j'ai reçu un grand appui et beaucoup de sympathie de la part du public. Je ne me sens pas plus menacé qu'avant et fondamentalement en sécurité. L'obscurité disparaîtra quand elle sera exposée à la lumière du soleil. Une fois la vérité exposée, je me suis senti beaucoup plus serein. Mais l'influence néfaste du PCC est encore largement répandue, et la menace existe toujours. En outre, le gouvernement australien n'a pas décidé s'il acceptait ou non ma demande d'asile, ainsi je pourrais être envoyé de nouveau en Chine à n'importe quel moment et continuer à être persécuté par la dictature du PCC.

La Grande Époque: Les liens commerciaux unissant la Chine et l'Australie deviennent étroits. Le PCC bénéficie également d'une puissance étendue hors de ses frontières. Pourquoi avez-vous pris un si grand risque pour révéler les informations internes du PCC et prendre radicalement vos distances d’avec lui ?

Chen : Ma conscience m'a poussé à le faire. Pendant nombre d'années, j'ai été tourmenté par la culpabilité. Ma conscience s’est compromise et usée. Si je continuais ce que je fais, je me perdrais pour n’être plus qu’un rouage de cette machine. Ces six derniers mois, le consulat a conduit des « sessions d'éducation avancées pour les membres du PCC » qui étaient essentiellement des classes d'endoctrinement. Ces sessions me tourmentaient mentalement. Ce que je faisais était de persécuter des défenseurs de la démocratie et des pratiquants de Falun gong. C'était contre ma conscience et m'a fait souffrir de culpabilité. Dans ces circonstances, j'ai du faire un pas en avant et sortir de l'ombre.

La Grande Époque: Vous attendez maintenant une réponse à votre demande d'asile politique. De quel genre de soutien public avez-vous besoin ?

Chen : Maintenant je ne suis pas encore sûr de pouvoir rester en Australie. Il est toujours possible que le gouvernement australien m'envoie de nouveau en Chine. J'espère que le public pourra continuer à m'apporter encouragements et soutien, et publiera mon cas plus largement. Cela m'aidera à me sentir plus en sécurité et à faire ce pas hors de l'ombre.

La Grande Époque: J'ai entendu que les parents d'élèves de l'école de votre fille ont spécifiquement organisé un rassemblement pour vous soutenir. Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?

Chen : J'ai reçu plusieurs messages d'encouragements ces deux derniers jours. Les parents et les professeurs de l'école de ma fille ont tenu des activités « de soutien à la famille » pour nous soutenir. Ceci prouve que la société traditionnelle australienne prête attention aux problèmes des droits de l'homme en Chine et offre son soutien. Je suis ici pour les remercier de leur appui et leur aide.

La Grande Époque: Vous étiez à l'origine responsable des affaires concernant les pratiquants de Falun Gong, les démocrates, les groupes tibétains et les groupes de Taiwan, etc... Comment les avez-vous surveillés?

Chen : Notre surveillance consiste vraiment découvrir leurs activités ici, leurs nouvelles démarches et tout ce qu’ils fon. Alors nous rapportions cette information au PCC, et le PCC mettait en marche des actions spécifiques pour les contrer. C'est pareil que la prétendue lutte « un prêté pour un rendu », c’est-à-dire réprimer les mouvements pro démocratiques afin de protéger sa propre tyrannie. J'avais considérablement soutenu les mouvements pro démocratiques depuis le massacre de Tiananmen le 4 juin. Maintenant, je soutiens les mouvements démocratiques encore plus fermement. J'espère qu'un jour la Chine changera fondamentalement de système politique.

La Grande Époque: Certains disent que si un diplomate choisit déserte, il est considéré comme un traître pour son pays. Que pensez-vous de ce commentaire ?

Chen : En tant que diplomate, je suis censé servir mon pays. Mais ce que je faisais ici ne protégeait pas du tout l'intérêt de la nation, mais c'était plutôt persécuter mes propres concitoyens et moi-même. En fait, je suis devenu un outil employé par le PCC pour persécuter mes concitoyens. C'est contre ma conscience. Je n'ai pas trahi mon pays. Ce que j'ai trahi est un Parti dictatorial qui avait été longtemps détesté par le reste du monde.

La Grande Époque: Malgré les tactiques employées par le PCC « pour maintenir l'avancée de la nature des membres de parti », plus de 2 millions de personnes en Chine continentale ont déclaré leur retrait du Parti communiste chinois, de la ligue communiste de la jeunesse, et les pionniers de la jeunesses, rompant complètement avec la loi despotique de PCC, et ce nombre augmente rapidement chaque jour. Comment considérez-vous cette grande vague de retraits PCC?

Chen : La grande vague de retraits du PCC est historiquement inévitable. Un jour, il ne restera au PCC que très peu de gens. A la fin, les gens le repousseront et le détruiront. À ce moment-là viendra le temps de la démocratie. Le PCC prêche les trois représentations, « la nature avancée des membres du parti » et lance le mouvement « pour maintenir la nature avancée des membres de partie », mais en fait c’est pourri jusqu’à la moelle, plus rien ne fonctionne.

La Grande Époque: En tant que diplomate chinois, à quel niveau se situe votre « norme » pour vivre ?

Chen : En Chine, c'est la petite bourgeoisie, [qui] devrait être correcte. Mais tous les hauts fonctionnaires sont très riches, ils ont de grandes quantités de dépôts d'argent outre-mer. D'où cet argent vient-il ? Il a été obtenu par la corruption, les dessous de table et les affaires illégales. Les fonctionnaires ordinaires n'ont pas la puissance et ne peuvent pas devenir si riches ; les petits fonctionnaires ne peuvent que devenir les outils des fonctionnaires de niveau élevé qui oppriment le peuple et volent son argent.

La Grande Époque: L'Australie a des liens commerciaux très étroits avec la Chine ; l'Australie ignore même souvent le problème des Droits de l'homme en Chine à cause de l'importance de l'économie. Pensez-vous que l'économie chinoise soit aussi bonne que les pays à l'extérieur le pensent ?

CChen : Selon moi, on peut de l’extérieur juger que l'économie chinoise est en pleine croissance et très bonne. En fait, à l'intérieur il y a beaucoup de crises et de problèmes. La crise financière conduit la Chine au bord de l'effondrement. Maintenant, ces prétendues entreprises publiques sont toutes dans la difficulté, et bon nombre d'entre elles sont devenues des entreprises privées. Le regard extérieur sur l'économie est un mirage, et il est entièrement illusoire. Il y a un écart très grand entre les pauvres et les riches. Les ouvriers qui sont licenciés peuvent à peine survivre, mais les personnes riches ont un revenu d'argent énorme. Ils sont devenus riches grâce à la politique du PCC. Jiang Zemin a intégré les capitalistes dans le PCC, alors ce Parti représente-t-il le peuple ? Il a complètement changé et est devenu bien plus mauvais.

La Grande Époque : Comment avez-vous identifié la nature de PCC ?

Chen : Le PCC a tué mon père pendant la révolution culturelle et ma famille a été brisée pendant la persécution, mais en retour j'ai dû le remercier, et me sentir profondément reconnaissant. Comme il a été dit, j'ai étudié à l'université des affaires étrangères et plus tard je suis devenu diplomate, réussissant pleinement ma carrière diplomatique ; le PCC m'a donné tout ça. Mais en fait, je vois que la raison pour laquelle j'ai pu entrer à l'Université des affaires étrangères est que j'ai étudié très dur. Mais pendant la période où j'ai travaillé au ministère des affaires étrangères, graduellement je suis devenu une pièce de l'appareil d'état du PCC. Particulièrement quand je suis venu à Sydney, mon travail consistait à m'opposer au mouvement démocratique, m' opposer aux pratiquants de Falun Gong, cela va contre ma conscience, et contre mes souhaits. C’est de cette façon que le PCC fait vivre les gens avec des esprits extrêmement déformés. C'est contre ma conscience et contre mes désirs.


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