La lettre au monde de l’intrépide avocat Gao Zhisheng

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L'avocat Gao Zhisheng a été persécuté par le Parti communiste chinois pour sa défense des pratiquants de Falun Gong. Sa femme Geng He et leurs deux enfants ont fuit la Chine et résident à présent aux Etats-Unis

Gao Zhisheng, avocat chinois des droits humains, est toujours sous la surveillance des forces de sécurité chinoises. Il a récemment publié une lettre annonçant avoir fait sortir clandestinement de Chine deux manuscrits de livres destinés à être publiés l’an prochain.


Gao mentionne également, bien qu'à mots couverts, une possibilité de poursuite en justice du Parti communiste chinois (PCC) pour crimes contre l’humanité vers la fin 2017. Les détails de ce qu’il appelle le " tribunal spécial " ne sont pas clairs, et il renvoie dans la lettre les lecteurs aux deux livres qui seront publiés dans un an.


Un jour après que la lettre a été publiée dans le journal Epoch Times le 22 septembre, Les Presses Associées ont publié une longue interview de Gao datant du mois de mars, dans laquelle il décrivait la torture et abordait nombre des questions figurant dans la lettre. Le lendemain, le 24 septembre, il a de nouveau disparu entre les mâchoires de l'appareil de sécurité chinois, d'après sa famille aux États-Unis.


En 2001, Gao Zhisheng a été désigné lors d'un prix du Ministère de la Justice chinois comme un des avocats les plus prometteurs de la Chine. Mais lorsqu’il a commencé à prendre en charge des cas politiquement sensibles, en particulier ceux de pratiquants de Falun Gong persécutés et torturés par les forces de sécurité du PCC, Gao est devenu lui-même une cible. Sa carrière et plus tard sa santé en ont considérablement pâti.


Après avoir voyagé dans diverses parties de la Chine pour mener sa propre enquête sur la persécution du Falun Gong – une discipline traditionnelle de raffinement de soi comprenant des exercices méditatifs et des enseignements moraux – Gao a écrit trois lettres ouvertes au Parti communiste, condamnant la campagne contre le Falun Gong.


La pratique a été persécutée depuis 1999, sous les ordres du chef du Parti d'alors Jiang Zemin, ayant entrepris cette campagne comme une croisade personnelle.


Gao Zhisheng a alors ouvertement démissionné du Parti communiste, et participé à une grève de la faim à l’échelle nationale. Son cabinet d’avocat ayant été fermé et sa licence lui ayant été retirée, il n'a pas pour autant cessé de plaider en faveur des pratiquants de Falun Gong persécutés. Il a alors été directement visé par les forces de sécurité.


" Ne t’avise pas de mentionner de nouveau les tortures auxquelles t’a soumis le Parti communiste, sinon tu peux t'attendre cette fois-ci à une leçon complète ! " rapporte Gao citant un de ses bourreaux lors d’un séjour de deux mois en garde à vue. " Tu dis vrai, nous torturons ceux du Falun Gong. Tout cela est juste. À vrai dire, les 12 traitements que nous te réservons ont déjà été essayés sur le Falun Gong. "


Lors de cet épisode survenu en 2007, Gao Zhisheng a eu des cigarettes tenues contre ses yeux, des cure-dents insérés dans ses parties génitales et le visage battu avec des matraques électriques à haut voltage.


Après un bref moment de liberté, il s’est retrouvé de nouveau en détention jusqu’à l’an dernier. Il avait été détenu et torturé dans des bunkers militaires et des endroits cachés utilisés par le bureau secret de la sécurité intérieure, avant d’être officiellement envoyé en prison pendant trois ans. De nombreux experts ont considéré les chefs d’accusation - violant les termes de sa mise en liberté surveillée d’une précédente condamnation- comme montés de toute pièce.


Depuis sa libération en août 2014, Gao a été assigné à résidence dans la province du Xinjiang à l’ouest de la Chine. Son épouse Geng He et leurs deux enfants ont fui la Chine en 2009 et vivent actuellement en Californie. Sa récente lettre est le seul signe de vie qu'on ait de lui depuis sa libération.


Sa juste fureur et son talent littéraire, typiques de ses écrits précédents, démentent ce qui avait été présumé jusque-là de son état : un vieux dissident, brisé mentalement et physiquement, dépourvu de toute volonté de continuer à lutter contre le Parti communiste chinois ou, comme il préfère l’appeler, le "gang des bandits".


* * *

Hier, alors que je fouillais dans une vieille armoire de ma mère, je suis tombé sur le livre "Œuvres complètes de l’avocat Gao Zhisheng". Je me suis assis et j’ai lu d’une traite les trois lettres que j’avais écrites aux chefs bandits communistes chinois. Ce n’est que pour être moi-même passé par les mêmes expériences torturantes que je sais à quel point elles sont catastrophiques, profondément troublantes et choquantes.


Wei Xiuling, une pratiquante de Falun Gong de la province du Shandong, a été "tuée", ressuscitée, et finalement tuée à nouveau. En lisant son histoire, la violence est tout simplement suffocante. En lisant que la moitié inférieure de son corps était nue quand elle est morte, je commence de nouveau à trembler au fond de mon cœur. Ou encore l’histoire de Liu Boyang et de sa mère Wang Shouhui de Changchun qui ont été tous les deux torturés à mort, chacun d’eux pouvant entendre les cris de l’autre, est à figer les sangs.


Cela fait déjà une décennie que j’ai écrit ces notes d’enquête, cependant les meurtriers sont toujours des " camarades dirigeants " et se pavanent toujours avec leurs têtes hautes et leurs ventres bedonnants, après avoir oublié depuis longtemps la dette sanglante qui les suivra éternellement. C’est le produit des médias tels que la Télévision centrale de Chine (CCTV), Global Times, le Quotidien de l’Armée populaire de libération et les autres médias du parti pervers, qui effectuent leur travail honteux d’engourdissement du peuple chinois. Les mots que j’ai écrit à Hu Jintao et Wen Jiabao n’ont pas réussi en fin de compte à éveiller les âmes engourdies de ce monde, et le sinistre régime poursuit sa politique rusée et perverse, comme il l’a toujours fait.


Autour de moi continuent à rôder de jour comme de nuit les agents effrontés du régime, exécutant avec le plus grand sérieux les souhaits de leur maître de maintenir à jamais la Chine dans un rêve obscur et intoxicant. C’est ce que le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, qui a récemment assisté au défilé militaire du Parti, ne voit pas et ne veut pas voir.


Ban Ki-moon, le dirigeant russe Vladimir Poutine et la dirigeante coréenne Park Geun-hye sont comme des visiteurs venant d’autres planètes, faisant la sourde oreille au désastre des droits de l’homme qui se perpétue autour d’eux. Ils ne réagissent pas même lorsque les bandits qui les ont invités mènent une répression brutale contre l’expression, la pensée, la liberté de croyance, où lorsqu’ils menacent le développement constitutionnel, la réforme de l’éducation, de la santé, l’indépendance judiciaire, ou font dérailler toutes tentatives de propagation des valeurs universelles. Leur torpeur face à tout cela se doit d’être exposée.


Les éléments criminels et obscurs du Parti communiste sont apparus à nouveau dans toute la Chine, faisant disparaître, torturant et extorquant des aveux à des centaines d’avocats des droits de l’homme. Cette campagne est un autre crime ouvert contre l’humanité, un autre mal pour les registres de l’histoire. Tout comme le massacre du 4 juin à Tiananmen, ou la persécution du Falun Gong, ou la brutale et continuelle pratique de démolir les domiciles de gens ordinaires et de les expulser.


Tout cela est une honte pour le monde civilisé.


Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de Ban Ki-moon quand il fait des affaires avec ces gens qui commettent des crimes contre l’humanité de manière flagrante. Pendant le défilé militaire de ce gang de bandits, les pétitionnaires et les dissidents à travers le pays ont été réprimés et soumis à un contrôle très strict ; les restaurants à Pékin demandaient à leur clients de présenter leurs cartes d’identité ; 10 jours avant le défilé, la poste a arrêté toute livraison de colis. Tout cela pour donner l’image d’un " village Potemkine"aux semblables de Ban Ki-moon, et au gang de canailles à la conscience coupable une chance de se féliciter mutuellement.


Je peux maintenant rendre public le fait qu’à la mi-août, j’ai réussi à envoyer à l’étranger deux manuscrits. L’un est intitulé "La Chine se lève en 2017" ; l’autre n’a pas encore de titre – les deux seront disponibles d’ici un an. Il y a beaucoup de choses à lire dans ces livres, je n’en dirai pas davantage aujourd’hui.


Je veux vous assurer solennellement que tous les crimes contre l’humanité qui se passent actuellement en Chine seront jugés sans exception. À la fin 2017, un tribunal spécial sera mis en place pour cela – les détails seront décrits dans mes prochains livres.



Après avoir lu les trois lettres ouvertes, j’ai ressenti un besoin d’écrire les notes ci-dessus pour commémorer les nobles martyrs qui nous ont quittés. Ils sont la gloire et le dernier espoir de notre nation, la preuve que notre peuple a encore du potentiel et de la grandeur. La commémoration de leurs vies est la preuve que notre conscience n’est pas encore entièrement détruite.


Gao Zhisheng, le 12 septembre 2015.

Version anglaise :
Chinese Lawyer Under House Arrest Publishes Open Letter

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