Reuters : Les internautes chinois redirigés hors de Google

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Jonathan Ansfield
Le 10 septembre 2002




BEIJING (Reuters) - Les internautes chinois essayant d’utiliser le moteur de recherche Google sont redirigés vers des sites similaires en Chine, ce qui marque un étape de plus dans la répression médiatique avant le congrès du Parti Communiste en novembre.

Les échecs des tentatives de se brancher sur le très populaire utilitaire web, bloqué depuis déjà plus d’une semaine, ont déclenché une vague de critiques dans les espaces de discussion en Chine et des vives plaintes de la part des sites qui en bénéficiaient.

Certains analystes ont qualifié cette mesure de sans précédent et se sont demandés quelle pourrait être la prochaine étape de la répression de Beijing sur Internet.

"C’est une sérieuse aggravation", a dit Michael Robinson, ingénieur en chef de Clarity Data Systems, basé à Pékin.

"ils n’agissent pas comme des administrateurs. Ils agissent comme des pirates informatiques," a-t-il dit. "Ils se donnent une autorité, qu’en réalité, ils n’ont pas."

Les re-routages – vers une demi-douzaine d’outils de recherche au moins, beaucoup inconnus et quelques uns très célèbres – a commencé ce week-end, ont dit les analystes.

Les autorités de sécurité publique ont initié cette mesure et l’ont fait appliquer par des serveurs internet contrôlés par le géant téléphonique chinois China Telecom, ont dit ces analystes.

Ils ont ajouté que les utilisateurs du plus petit fournisseur China Netcom n’étaient pas encore affectés à Pékin et à Shanghai. Les tentatives de ces utilisateurs d’accéder à Google les mènent encore à une page blanche.

Certains utilisateurs à Pékin et Shanghai ont été re-routés vers le moteur de recherche Tianwang de l’Université de Pékin, le presque inconnu cj888.com et le site Baidu.com, sous partenariat américain, entre autres. Les utilisateurs à Guangzhou ont été re-routés vers le portail local 21cn.com.

"C’est comme d’aller acheter un Coca-Cola et ils disent 'ben, vous ne pouvez pas avoir de Coca mais voici du jus de pamplemousse'," a dit un autre analyste de Pékin.


DÉNÉGATIONS

Des responsables du secteur de l’information et de l’Internet n’ont pas commenté cette mesure. Les sites qui en bénéficient ont dénié être impliqués dans le re-routage. "Nous n’en sommes absolument pas responsables," a dit un responsable de Baidu. "Nous ne savons pas d’où cela vient”.

La page d’accueil de Tianwang nie ceci de façon plus acide encore : "Ce n’est pas ce que le moteur Tianwang espère voir," peut-on lire.

Les responsables de la censure chinoise font aller de pair de grandes proclamations avec des actions précises à l’arrivée du congrès du Parti, dont on attend des changements de dirigeants et de nouvelles lignes politiques.

Les analystes disent que Pékin a peut-être essayé de calmer les internautes à un moment où les groupes de défense des droits de l’homme hors de Chine et les utilisateurs en Chine condamnent le blocage de Google et d’un autre outil de recherche, Altavista.

"Au lieu du blocage absolu qu’ils avaient, ils essaient de donner de l’aide," a dit Duncan Clark, directeur de BDA China Ltd, entreprise-conseil basée à Pékin. "Mais en fait cela pourrait être pire."

Les re-routages se heurtent aux internautes. "Ils n’ont vraiment honte de rien," a dit un membre d’un groupe de discussion sur internet.

Clark a prévenu des risques légaux. "Finalement, cela s’oppose à la base de ce qu’est une URL," a-t-il dit, se référant au code des adresses web. "On dirait que certaines URLs sont créées plus égales que les autres."

Les analystes ont dit que le gouvernement pourrait préparer un blocage prolongé de Google pendant tout le congrès de novembre, car il permet l’accès à des sites déjà bloqués en Chine.

Les intérêts commerciaux sont mineurs, ont-ils dit.

"Les responsables des telecom locaux appliquent la mesure et ils ont des intérêts dans les sites qu’ils avantagent," a dit Clark. "Mais le bénéfice n’est qu’en terme de fréquentation."

Clark a dit que plus d’internautes allaient être conduits à chercher des sites proxy en Chine, qui a déjà bloqué les proxies anonymizer.com et safeweb.com.

Mais le gouvernement pourrait bien les rattraper, a-t-il dit.

"Pour que ces re-routages soient plus efficaces, il faudrait aussi bloquer les proxies."

Source:
http://sg.news.yahoo.com/reuters/asia-124380.html

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