Samedi 14 juin 2003, page 8
Au début de ce mois, le nombre d’infections par le SRAS et de morts diminuaient nettement en Chine, à Hong kong et à Taiwan. C’est une bonne nouvelle, mais les gens continuent à être stupéfaits par la façon dont la Chine a traité l’épidémie du SRAS.
A une conférence de presse convoquée par le bureau de presse du Conseil d’Etat en Chine le 30 mai, lorsque un journaliste de l’UPI a demandé au Vice Ministre de la Santé Gao Qiang si l’ancien ministre de la santé Zhang Wenkang et l’ancien maire de Beijing Meng Xuenong, tous les deux destitués pour avoir dissimulé l’étendue de l’épidémie de SRSA, recevraient un châtiment, sa réponse fut, « tout d’abord, je ne suis pas d’accord avec ce journaliste que le camarade Zhang a été destitué parce qu’il avait dissimulé l’épidémie de SRAS. Le gouvernement chinois n’a pas dissimulé l’épidémie. »
Et lorsqu’un journaliste du journal de Hong Kong Wenwei Po lui a demandé ce qu’il pensait de Jiang Yanyong, le docteur qui a révélé la dissimulation de l’épidémie au magazine Time, et s’est inquiété de la situation de Jiang, Gao a répondu, « je ne comprends pas pourquoi tout le monde s’intéresse tellement au Professeur Jiang Yanyong. Nous croyons que la Chine a paré au SRAS grâce à la mobilisation nationale et la confiance dans des méthodes scientifiques, la prévention de masse et le contrôle sous le leadership du Parti Communiste et du gouvernement chinois … Il y a 6 millions de professionnels médicaux et d’employés de la santé en Chine. Jiang Yanyong n’est que l’un d’eux. »
Si Zhang, Meng et le gouvernement chinois n’avaient pas dissimulé l’épidémie, alors je ne sais pas pourquoi ils ont été destitués de leurs postes. Meng a admis lui-même que la maladie a été découverte à Beijing le 1er mars, et qu’elle n’a pas été annoncée parce se déroulaient à ce moment le 16ème congrès du Peuple et la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois, alors il semble qu’il ait fabriqué les faits.
A ce moment, les médias du monde entier félicitaient le nouveau leadership chinois pour son « pragmatisme » et sa plus grande transparence. Ils ont même pensé que c’était le début des réformes chinoises et les médias de Hong Kong ont applaudi à s’en faire saigner les mains.
Mais tout cela était un malentendu. La Chine a dupé le monde entier, et pas seulement le grand public. Même le Président des EU George W. Bush a appelé le Président chinois Hu Jintao à déclarer son soutien, et il a aussi accumulé les louanges de Hu au récent sommet du G8. Il semble que Bush lui aussi ait été dupé.
Mais la Xinhua News Agency a annulé ces déclarations publiques par Gao, et la louange de Hu par Bush a été manipulée pour être entendue comme une louange du gouvernement chinois. Avec les médias officiels chinois osant ouvertement bloquer et manipuler l’information, je ne peux pas voir d’où vient la « transparence » ni comment cela pourrait être le début de la réforme.
Pour montrer que Jiang, respecté comme un héros par le public, n’était pas persécuté et jouissait encore de la liberté, les portes paroles de la Chine ont concocté une interview avec lui. Certaines personnes ont tout du long suspecté que cela était fait pour concilier les médias étrangers. Comme ils l’ont suspecté, c’était un faux, parce que, tout comme Gao l’a dit, il y a 6 millions de travailleurs médicaux en Chine, alors comment les médias pourraient elles s’intéresser autant à cette personne particulière ? Cela met aussi en lumière le manque de crédibilité publique des chinois.
La raison pour laquelle Jiang n’a pas été autorisé par les autorités chinoises à voyager aux EU était manifestement qu’il avait fait courir des bruits, puisque la Chine n’a jamais dissimulé l’épidémie.
Il semble que la destitution de Zhang et de Meng de leurs postes était un acte opportuniste destiné à apaiser la colère publique, en particulier dans les autres pays affectés. Maintenant qu’ils voient que l’épidémie recule, le PCC se fait de nouveau passer pour infaillible. Alors la délégation chinoise à l’Assemblée de la Santé Mondiale n’a pas présenté d’excuses à Taiwan, à laquelle la Chine a fait du tord,. Non seulement cela, mais elle s’est aussi arrangée pour que Taipei paraisse endetté vis à vis de Beijing.
La révolution culturelle a déchiré le pays en deux et paupérisé la population,
Mais il y a maintenant une légère amélioration dans la situation économique de la Chine, et immédiatement elle commence à se comporter comme si elle était riche et puissante, ne reconnaissant plus ces erreurs mais appliquant au contraire une cruelle pression sur les membres du mouvement des étudiants de 1989. La Campagne anti-droitiste, la Révolution Culturelle, la Grande Famine, les erreurs de Mao et ainsi de suite peuvent ne pas être étudiés ou discutés. En bref, ces événements n’ont rien à voir avec le PCC, qui a toujours été tout puissant, glorieux et correct.
Parce qu’elle a agi comme si elle s’ouvrait, les EU ont signé trois communiqués communs avec Beijing. La Chine a cependant, tout du long, considéré les Etats-Unis comme une « puissance ennemie , » utilisant encore et encore les communiqués pour faire pression sur les Etats-Unis.
Un petit peu plus de six mois ont passé depuis la déclaration et la propagation du SRAS. Le fait que la Chine veuille aller de l’avant et oublier le passé, avant même que les corps de ceux qui sont morts de la maladie ne soient devenus froids; devrait être une bonne leçon pour le monde et pour Taiwan. Il est regrettable que les mensonges continus de la Chine n’aient pas été attaqués. Il est certain qu’elle continue de mentir, nuisant au monde et empoisonnant l’humanité, tandis que nous ne pouvons que rester là à subir les conséquences de notre propre inaction.
Paul Lin est un commentateur politique basé à New York.
Traduit par Perry Svensson
Traduction non officielle de l’anglais
* * *
Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.