Un médecin chinois admet les prélèvements d'organes forcés sur le Falun Gong

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Wang Lijun(à droite) dans son laboratoire de la ville de Jinzhou. Wang fait l’objet d’une enquête par le Parti communiste pour avoir tenté de faire défection au consulat américain de Chengdu. (Gracieuseté de la WOIPFG)


Un médecin militaire chinois haut gradé à la retraite a fait un aveu au téléphone. Il a déclaré à une ONG de défense des droits de l'homme qu'il avait utilisé les organes de prisonniers politiques dans un projet de recherche commun avec Wang Lijun, l'ex-bras droit du dirigeant communiste disgracié Bo Xilai.


Chen Rongshan, ex-directeur du département d'urologie au 205e hôpital de l'Armée populaire de libération (APL) à Jinzhou, s'est vu demander au téléphone le 25 mai 2012 : "Wang nous a mentionné que certains de vos donneurs d'organes étaient des pratiquants de Falun Gong emprisonnés. Est-ce vrai ?"
Chen a répondu : "Cela avait été approuvé par le tribunal."


Le Falun Gong est une discipline spirituelle persécutée par le Parti communiste chinois (PCC) depuis 1999.


L'enquêteur de l'ONG a demandé de confirmer que ça avait été approuvé par un tribunal". M. Chen a confirmé.


L'individu ayant téléphoné, un chercheur pour la World Organization to Investigate the Persecution of Falun Gong (WOIPFG), s'est fait passer pour un membre d'une "équipe spéciale d'enquête interdépartementale" se penchant sur l'affaire Wang Lijun.


Wang Lijun fait actuellement l’objet d’une enquête par le PCC. Le 6 février, il s'est enfui au consulat américain de Chengdu et on estime qu'il a révélé aux États-Unis des informations concernant les crimes commis par Bo Xilai et son épouse, Gu Kailai, notamment les prélèvements d'organes forcés. Après s'être rendu aux autorités du Parti, Wang Lijun a fait l’objet d’une enquête, il a été expulsé du Parti communiste et devrait être traîné en justice pour trahison.


Lorsque l'enquêteur de la WOIPFG a enchaîné avec une autre question, demandant où les pratiquants victimes des prélèvements d'organes étaient détenus, Chen Rongshan a rechigné : "Laissez-moi vous dire, en fait, je veux dire, ne parlez pas, ne me posez pas de question à ce sujet maintenant, d'accord?"

Il a ajouté : "Si vous devez demander, passez par la division politique de l'hôpital, d'accord?"

"Nous, dans les forces armées, avons un code de discipline, il y a de ces choses, si nous en parlons il faut passer par notre division politique ..."


L'enquêteur a ensuite tenté de garder M. Chen en ligne, mais ce dernier a raccroché. L'aveu avait toutefois déjà été obtenu.


Recherche téléphonique

Cet aveu n'était pas le premier du genre. Des dizaines d'appels peuvent être écoutés sur Internet, où un enquêteur de la WOIPFG réussit à arracher des informations de la bouche de responsables du Parti communiste qui participent dans ces crimes.


Chen Rongshan a récemment été ciblé puisqu'il avait collaboré avec Wang Lijun sur un "projet de recherche" sur les transplantations d'organes. Dans la ville de Jinzhou, province du Liaoning, Wang Lijun – en tant que directeur du Bureau de la Sécurité publique (BSP) – avait dirigé le "Centre de recherche psychologique in situ", un laboratoire relié au BSP. À cet endroit, selon ses propos tenus dans un discours prononcé lors de la réception d'un prix en 2006, il avait supervisé des exécutions, des prélèvements d'organes, des transplantations d'organes et des recherches connexes.


Le prix, reconnaissant une "contribution spéciale", lui avait été attribué par la Fondation de science et de technologie Guanghua en septembre 2006. Selon son site web, Guanghua est un organisme caritatif qui fait la promotion de la science sous la direction de la Ligue des jeunesses communistes, une des organisations du PCC visant à recruter et endoctriner les jeunes.


Wang a déclaré dans son discours, qui est toujours accessible en ligne, qu'il avait participé à "des milliers" de transplantations d'organes in situ.


Wang Lijun était déjà proche de Bo Xilai lorsqu'il était le directeur du BSP à Jinzhou. Plus tard, lorsque Bo Xilai a été transféré à Chongqing, Wang l'a suivi et est devenu le chef de police de la ville. Des analystes estiment que Bo était au moins très au courant des activités de Wang.


Des experts interviewés au moment de la découverte de la remise de ce prix ont jugé que "in situ" signifiait que l'exécution et le prélèvement d'organe étaient effectués à un endroit proche ou au même endroit que la transplantation.


Les experts, notamment Ethan Gutmann – un journaliste qui se concentre sur les pratiques abusives de transplantations d'organes par le régime chinois – et David Matas – un avocat ayant rédigé l'ouvrage de référence sur les prélèvements d'organes effectués sur les pratiquants de Falun Gong – affirment avec confiance que, selon les propos de Wang, les prisonniers étaient vivants lorsque leurs organes ont été prélevés et qu'ils sont morts durant l'extraction.


Gutmann et Matas jugent aussi probable que plusieurs de ces milliers d'organes aient été prélevés sur des pratiquants de Falun Gong non consentants.


Wang Lijun, en tant que directeur du bureau de la Sécurité publique (BSP), avait géré le «Centre de recherche psychologique in situ», un laboratoire relié au BSP. À cet endroit, selon ses propos tenus dans un discours prononcé lors de la réception d’un prix en 2006, il avait supervisé des milliers d’exécutions, des prélèvements d’organes, des transplantations d’organes et des recherches connexes. (Gracieuseté de la WOIPFG)

Collaboration douteuse

Wang Lijun avait travaillé conjointement avec le département de Chen Rongshan au 205e hôpital sur le "Projet important d'anatomie sans traumatisme dans la région Asie-Pacifique", selon la WOIFPG.


Lors d’un appel téléphonique, on a demandé à M. Chen de confirmer cette collaboration, ce qu'il a fait, avant qu'on lui demande s'il avait utilisé les organes de pratiquants de Falun Gong.


Dr Torsten Trey, le coéditeur d'un livre récemment publié sur les abus en matière de transplantations d'organes en Chine – State Organs – est d'avis que l'appel téléphonique et l'aveu sont crédibles et s'inscrivent dans une tendance plus vaste.


"Lorsque Dr Chen se réfère au tribunal qui a approuvé les pratiquants de Falun Gong comme source d'organes, il dit en fait que les prélèvements d'organes sur les pratiquants de Falun Gong sont autorisés par l'État, car les institutions et les tribunaux sont impliqués dans le processus d'approbation", indique Dr Trey.


"Les gens vivant sous le communisme ont en général très peur de faire des erreurs, car cela pourrait avoir des conséquences fatales", estime Dr Trey. Alors en se référant directement à la décision du tribunal en ce qui a trait aux organes, "il confirme l'affaire de manière très claire", opine Dr Trey. "C'est une double confirmation."


Selon lui, l'implication de l'État indique que les prélèvements sur le Falun Gong n'ont pas été perpétrés par des syndicats clandestins ou une poignée de médecins, "mais avec la pleine connaissance et autorisation de l'État".


Il affirme que des organisations mondiales comme l'Organisation mondiale de la santé et l'Association médicale mondiale devraient enquêter pour obtenir les documents juridiques qui ont été produits pour fournir des pratiquants de Falun Gong vivants aux individus comme Wang Lijun et Chen Rongshan.


Dr Trey a aussi souligné que la collaboration entre Wang et Chen, qui comprenait l'utilisation d'une drogue de transplantation, a potentiellement eu recours à l'expérimentation sur des êtres humains dans laquelle des "pratiquants de Falun Gong ont été victimes “d'injections de drogues”, après quoi leurs organes étaient possiblement prélevés alors qu'ils étaient toujours en vie".


"C'est très probable parce que ça n’a pas de sens d'injecter des drogues dans un cadavre et ensuite de retirer les organes pour les transplanter", ajoute-t-il.


Conséquences pour l'obtention de visas

Le travail de Chen Rongshan avait été reconnu dans le passé. Le 23 mai 2006, le Liaoxi Economic Daily a publié un article dans sa page B4 intitulé Les objectifs nobles d'un médecin militaire.


L'article disait : "Chen Rongshan, directeur du département d'urologie du 205e hôpital de l'APL à Jinzhou, a pratiqué jusqu'à 568 transplantations de reins ces dernières années […] Sa réputation a attiré des patients de Taïwan, de Corée et de Malaisie."


Avec la publication de son récent aveu, M. Chen pourrait avoir des ennuis à visiter les États-Unis, où sa fille habite actuellement. Il lui a rendu visite pour la dernière fois au début 2012, selon la WOIPFG. Cette dernière compte passer les résultats de son enquête sur Chen aux "départements américains responsables".


Le formulaire américain de demande de visa DS-160 demande, depuis juin 2011, si le requérant a "participé au prélèvement forcé d'organes sur des êtres humains". Les requérants qui répondent "oui" à cette question se voient souvent refuser leur demande.


Le département d'État américain n'était pas disponible pour commenter.


Le 13 juin 2012, un autre enquêteur a contacté Chen Rongshan en se faisant passer pour un secrétaire de Wang Jia. Wang Jia était le directeur du 205e hôpital de l'APL et est actuellement un sous-ministre du ministère de la Santé au Département logistique interarmes de la base militaire de Shenyang.


"L'ex-directeur me demande de vous passer un message», a dit l'enquêteur. «Peu importe quel département vient enquêter sur les prélèvements d'organes sur les pratiquants de Falun Gong, vous ne devez divulguer aucun secret. Pouvez-vous faire cela?"


"Oui, oui, oui", a répondu Chen. "Il faut juste faire attention en parlant de ce genre de chose et tout va bien aller, n'est-ce pas?"


Version anglaise : Chinese Doctor Admits to Falun Gong Organ Harvest

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