Le 23 novembre 2011
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| Joel Chipkar (à gauche avec un sac à dos) filme le groupe d’étrangers venus faire appel pour la fin de la persécution du Falun Gong place Tiananmen à Pékin, le 20 novembre 2001. (Anonyme) |
Loin de chez moi après avoir traversé la moitié du monde, je regarde dans le miroir et vérifie si la caméra espionne est visible. Je suis à Pékin en Chine et j’ai cousu un sténopé dans la bandoulière de mon sac à dos. Après avoir capté mes propres yeux dans le miroir, un accès de panique me donne un coup de poignard au coeur. Être pris comme espion en Chine continentale n'est pas une mince accusation. Ils appliquent la peine de mort pour des crimes bien moindres.
Après une marche rapide mais tremblante de huit km à pied jusqu'à la place Tiananmen, je suis atterré par la taille. Il est vraiment difficile de l'imaginer pleine de chars et d’étudiants. La journée est ensoleillée et fraîche. Le vent du nord me caresse le visage tandis que j'aperçois le mât principal. J'arrive au point du rendez-vous seul et me demande s'ils vont réussir.
Avant que je ne le réalise, plus de 30 personnes de plus de 10 pays, portant leur drapeau national, se rassemblent pour en appeler à la fin de la persécution du Falun Gong. Au signal, la plupart s'asseyent en méditation tandis que quelques uns déploient une banderole jaune de 3,5 mètres avec trois caractères chinois géants : “Authenticité, Compassion, Tolérance." Les passants sont saisis de stupéfaction. Je me tiens immobile, capturant l'événement avec ma caméra vidéo cachée. En moins de 30 secondes des fourgons de police aux sirènes hurlantes arrivent de toutes les directions.
C’était il y a 10 ans, le 20 novembre 2001.
Dans les mois qui suivront d'autres étrangers de différents pays du monde se rendront eux aussi en Chine dans une tentative d'alerter le peuple chinois sur la persécution injuste et la diffamation du Falun Gong survenues dans leur pays.
Un appel à la conscience.
L'appel a fait les gros titres partout dans le monde et ainsi accompli une partie de ce que nous avions prévu d’atteindre. Les gens qui n'avaient jamais entendu parler de la persécution du Falun Gong en étaient à présent informés. Et cette prise de conscience a été la première étape pour que davantage de gens demandent au régime chinois de mettre fin à la persécution.
Toutefois, nos cœurs souhaitaient une évolution des choses en Chine. Notre appel entendait alerter la population chinoise, étouffée par un blocus médiatique, de la réalité sinistre des choses perpetrées dans leur propre arrière-cour sous censure, et éviter qu'elle ne suive aveuglément une persécution illégale.
Nous allions profondément comprendre au cours des dix années suivantes à quel point ce que nous demandions était difficile.
La Chine a une culture ancienne et riche source pour son peuple d'une profonde et inébranlable fierté . Elle s'est construite sur les enseignements de l'honneur, la loyauté, la compassion, la responsabilité et en particulier la quête de la vérité. Chaque dynastie a compris l'importance de la spiritualité et bien que chaque changement de dynastie ait été tumultueux, le peuple chinois vivait ensuite des centaines d'années dans une relative harmonie.
L'ère du règne du Parti communiste chinois (PCC), a toutefois été différente de toute autre période de l'histoire de la Chine.
Depuis sa prise de pouvoir en Chine en 1949, le PCC a fait des ennemis de ses propres citoyens en menant d'innombrables campagnes à leur encontre et en les montant les uns contre les autres afin de s’assurer que le pouvoir du Parti resterait incontesté. En conséquence, environ 80 millions de personnes sont mortes de mort non naturelle.
Le Parti a créé une crise après l'autre: la grande famine de 1950 durant le soi-disant "Grand Bond en avant", la terrifiante Révolution culturelle dans le milieu des années 60 qui a ciblé et détruit la religion et sa capacité à donner une indépendance spirituelle, le massacre de la place Tiananmen en 1989 qui a étouffé les espoirs de réforme démocratique, la persécution du Falun Gong qui continue à sévir et ainsi de suite.
En conséquence, chaque famille en Chine a au moins un parent qui a fait face à la persécution du PCC. Pourtant, en partie à cause de cette terreur incessante, de nombreux Chinois suivent aveuglément le PCC et sa propagande.
Le dilemme moral de la Chine
La Chine du PCC est devenue un endroit où les gens sont forcés de vivre sans liberté de croyance, où les gens ont peur de dire un mot de travers en public de peur d'être arrêtés et torturés, et où penser aux autres, se lever pour un principe et agir avec intégrité ont été remplacés par la peur, la jalousie, l'égoïsme et l'indifférence.
Le peuple chinois a été au quotidien témoin des arrestations injustes, des abus, de la discrimination et de la déshumanisation de groupes à travers la Chine: les attaques contre les Ouïgours et les Tibétains, la répression contre les chrétiens et les catholiques romains, la réduction au silence et l'incarcération des avocats des droits de l’homme, l'injustice faite à ceux dont les maisons sont démolies afin d'enrichir les responsables locaux, les parents menacés pour qu’ils cessent de protester de la mort de leurs enfants tués dans les écoles effondrées lors du tremblement de terre du Sichuan - la liste est interminable.
Ces 12 dernières années la société chinoise a également été témoin de l'arrestation, la torture et le meurtre de pratiquants de Falun Gong. Des dizaines de milliers de pratiquants emprisonnés ont été assassinés dans les hôpitaux de l'Etat afin d’alimenter le tourisme de transplantation d’organes de plusieurs milliards de dollars du régime.
L'impact de ces coups sur le tissus moral de la société devient de plus en plus visible au quotidien.
J'ai vu sur You Tube la vidéo montrant un bébé de 2 ans ayant échappé à l'attention de ses parents dans une rue en Chine, et heurté à deux reprises par des camionnettes puis laissé gisant sur la chaussée. 18 personnes sont passées à côté sans s'arrêter ni l’aider. Pour l'argent, les fabricants chinois vendent aux consommateurs du lait empoisonné, des aliments pour bébé empoisonnés, des médicaments dilués ou contaminés.
De l’acceptation à la persécution
Chaque dimanche matin, nous allons avec ma mère dans un parc voisin pour pratiquer les exercices du Falun Gong. Parfois, pendant la méditation assise j'ouvre les yeux et regarde son corps de 70 ans assis dans une posture parfaite, ses yeux légèrement fermés, et le léger sourire sur son visage. Elle semble si paisible. Je me rappelle les jours où les bagarres familiales et la violence ravageaient notre famille qui n’était pas heureuse. Ça a été pour ainsi dire magique pour moi qu’en moins d'un an cette discipline spirituelle apparemment simple ait ramené le calme dans notre vie familiale.
L'expression calme sur le visage de ma mère forme un contraste complet avec l'effroi sur les visages de ces Chinois sur la place Tiananmen ce jour-là.
Ils avaient oublié qu’au début le Falun Gong a été récompensé et félicité par le PCC pour les bénéfices qu'il apportait à la population chinoise. Il a même été félicité par le Bureau de la Sécurité publique pour avoir “ramené en Chine les vertus permettant de lutter contre le crime."
Mais quelques années après que cette récompense ait été décernée, la popularité du Falun Gong a fait que le PCC corrompu s'est senti menacé par la pratique spirituelle dont les adeptes suivent des principes indépendants de l'idéologie du Parti. La persécution a commencé en 1999.
Les pratiquants à travers la Chine ayant répondu pendant des années de la manière la plus pacifique et la plus tolérante en appelant le Parti à mettre fin à la persécution et à garantir le droit de pratiquer le Falun Gong, on aurait pu espérer que le PCC comprenne qu'il pouvait changer de cap ...
Source : Epoch Times
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