"Cultiver l’énergie, oublier les mots et la garder.
Vaincre l’esprit, agir sans agir.
Dans l’activité et dans la quiétude, connaître la source créatrice.
Il n’y a rien ; qui d’autre cherchez-vous?
Une véritable stabilité devrait répondre aux gens;
En répondant aux gens, il est essentiel de ne pas être confus.
Lorsque vous n’êtes pas confus, votre nature est naturellement stable;
Lorsque votre nature est stable, l’énergie revient naturellement.
Lorsque l’énergie revient, l'élixir se cristallise spontanément,
Dans le pot, se mêlent l’eau et le feu.
Le yin et le yang se lèvent, alternant encore et encore à nouveau,
Partout se produit le son du tonnerre.
Des nuages blancs s’assemblent au sommet,
Une douce rosée baigne la montagne polaire.
Ayant bu le vin de la longévité,
Vous errez libre; qui peut vous connaitre ?
Vous vous asseyez et écoutez le ton sans corde,
Vous comprenez clairement le mécanisme de la création.
La totalité de ces vingt vers
est une échelle qui conduit droit au ciel. »
(Attribué au maitre Taoïste Chang San-Feng, traduit et édité par Thomas Cleary)
[texte français Clearharmony ]
Zhang Sanfeng était un moine taoïste chinois dont on pense qu’il a atteint l’immortalité. |
Zhang Sanfeng était un moine taoïste chinois dont on pense qu’il a atteint l’immortalité, et dont on dit qu'il serait aussi bien de la fin de la dynastie Song, que de la dynastie Yuan ou de la dynastie Ming. Son nom aurait été Zhang Junbao avant qu’il ne devienne un taoïste. On lui doit l’art de la boxe Tai Chi Chuan qu'il créa aux alentours de 1270 après J.C, vers la fin de la dynastie Song.
Ce que nous savons de Zhang Sanfeng est qu’il vivait dans une simple hutte de paille dans la montagne sacrée Wu Tan dans la province du Hubei en Chine. Il était vêtu dans un style simple, ne portant qu’une veste légère même par temps très froid, et on le voyait souvent aller sans nourriture pendant des jours, des semaines ou même des mois.
La biographie de Zhang Sanfeng diffère selon les sources. Une tradition fait naître Maître Zhang Sanfeng à minuit le 9 avril 1247 après J.C, dans la région connue aujourd’hui comme Liaoning, près de la montagne Dragon tigre dans la province Kiang-Hsi dans le sud-est de la Chine. On dit qu’il était un fonctionnaire gouvernemental dans sa jeunesse, apprit les arts martiaux de Shaolin alors qu’il vivait dans les montagnes Pao-Gi près des Trois Pics (San Feng), puis vécut pendant des dizaines d’années en tant qu’ermite taoïste et sage dans les montagnes Wu-Tang (Wudang). Il aurait vécu pendant 200 ans (1247-1447 après J.C), mais la date de son décès est incertaine. Si ces dates sont correctes, il aurait vécu sous les dynasties Sung, Yuan et Ming, (Jou, 1980)
Une autre tradition affirme qu’il existait deux moines taoïstes appelés Zhang Sanfeng. L'un né sous la dynastie Sung (920-1279), vivait dans les montagnes Wudang, et combina les treize postures avec d’autres arts et pratiques taoïstes afin de créer un style d’arts martiaux internes. Le second, maître Chang San-Feng (1279-1368), était natif de I-Chou, dans la province du Liaotung. Son nom d’expert était Chuan Yee et Chun Shee. Il vivait dans la montagne Wudang, était hautement considéré comme adepte taoïste avec de nombreux pouvoirs magiques stupéfiants, et très populaire au sein de la population locale.
Maître Chang est connu sous une variété de noms : Chang San-Feng, Cheng San Feng, Chang Chun Pao, Chang Sam Bong, Zhang Sanfeng, Chang Tung, Chang Chun-pao, Grand-maître Chang, Chang l’immortel, Immortel Chang, Zhangsanfeng, Zhan Sa-Feng, Zhan Jun-Bao, Yu-Xu Zi, Chuan Yee et Chun Shee. Il pourrait y avoir un grand nombre de taoïstes ayant choisi d’utiliser le nom de Chang San-Feng.
Certains pensent qu’à l’âge de cinq ans, Zhang Jun Bao souffrait d’une maladie et perdit la vue. Son père apprenant que certains moines taoïstes dans un temple avaient des moyens incroyables pour soigner les maladies, y emmena Zhang Jun Bao. En moins d’une semaine, ce dernier fut guéri à la grande joie de toute sa famille. Le moine taoïste apprécia Zhang Jun Bao et le prit pour disciple, lui enseignant à la fois l’écriture et les arts martiaux. Comme tous les pères, le sien lui souhaitait de pleinement réussir. Il s’attendait à ce que Zhang Jun Bao passe l’examen d’état pour une carrière au sein du gouvernement. Cependant, Zhang Jun Bao n'était pas intéressé par la carrière de politicien ou de ministre. Il aimait les arts martiaux et visitait d’anciens temples. Lorsqu’il vint à Yan Jing, il prit un poste au gouvernement local grâce aux relations d’un bon ami. N'appréciant pas ce type de vie, Zhang Jun Bao s’en alla et retourna à Liao Dong, où il passa la plupart de son temps dans un temple déserté.
Zhang Jun Bao déménagea pour le temple Jin Tai à Bao Ji et fut accepté par le taoïste respecté Huo Long, en tant que disciple. Il devint très versé dans le taoïsme et se nomma lui-même San Feng (三丰), ce qui signifie le ciel et la terre. (Dans les 8 trigrammes, San (三) représente le ciel, ou qian (乾); Feng (丰) représente la terre, ou kun (坤).)
Une autre source veut que selon un ouvrage de la bibliothèque d’état de Chine nommé 'Lignage des maîtres de Taiji' : "M. Zhang Sanfeng, nom de famille Zhang, prénom Sanfeng, se rendit dans le mont Zhongnan, alors qu’il était âgé de 61 ans. Là, il rencontra un immortel nommé Dragon de feu, qui dans ses dernières années lui transmit sa connaissance concernant l’alchimie interne après avoir déterminé qu’il était un pratiquant compétent. "
Zhang était indifférent à la renommée et la richesse. Après avoir décliné son poste officiel et partagé ses biens à sa famille, il voyagea dans toute la Chine pour vivre une vie d’ascète. Zhang passa plusieurs années dans la montagne Hua avant de s’installer dans la montagne Wu Tang.
Plus tard, Zhang Sanfeng voyagea beaucoup dans des endroits célèbres dans le sud et finalement, s’installa sur le mont Wudang. Puis après avoir ordonné à son disciple, Qiu Yuanqing, de rester dans la Maison des Cinq Dragons, à son disciple Lu Qiutyn de demeurer dans la Grotte du sud et à Liu Guquan de rester dans le Palais du ciel pourpre, Zhang Sanfeng construisit une maison à l’endroit qui est aujourd'hui le Palais de la rencontre de l’Immortel. Après avoir cultivé son Vrai soi pendant neuf ans, Zhang Sanfeng parvint finalement à atteindre le Tao. Les gens l’appelaient l'immortel et on dit qu’il était capable d’exercer un pouvoir inimaginable pour restreindre le mal et promouvoir le bien, pouvait à sa convenance transformer les choses en différentes formes. Tout l’univers devint dans sa main une chose attendant qu’il la traite.
Plus tard, Zhang Sanfeng enseigna un ensemble de formes de boxe à Zhang Songxi et Zhang Cuisan, qui était la forme originale de la boxe du Taiji. Parce qu’il existe seulement treize formes, les gens l’ont appelé la boxe du Taiji à treize formes. Parmi ces treize formes, étirer, piétiner, bousculer, hacher en bas, ramasser, changer de place, utiliser le coude, et s’appuyer contre, symbolisent séparément les huit trigrammes, alors qu’avancer, reculer, regarder vers la gauche, tourner à droite et rester au centre indiquent séparément les cinq éléments. D'où le nom de boxe du Taiji à treize formes. En se basant sur la théorie du yin et du yang et dans le but de réguler le fonctionnement des organes internes selon la théorie des cinq éléments, le boxe du Tai chi incorpore de nombreux mouvements doux, imitant le chat, le serpent et le singe, obtenant ainsi les effets de calmer l’état mental intérieur, harmoniser le fonctionnement des viscères internes, renforcer le système immunitaire, etc.
Célèbre en tant que maître taoïste, l’empereur T’ai Tzu l'envoya chercher pour qu’il l'aide dans sa stratégie militaire et il l'aida à vaincre des bandes de bandits dans les montagnes Wu Tan. Il fut honoré par l’empereur de la dynastie Ming, et en reconnaissance de ses accomplissements, un temple fut érigé qui existe encore de nos jours. Au cours de ses dernières années, Chang San Feng fut canonisé en tant que saint par l’empereur Ying Tsung.
Le Maître était aussi célèbre pour ses capacités de guérison que pour sa profonde connaissance de la médecine taoïste.
Des histoires du 17eme siècle à aujourd'hui, le créditent des arts martiaux internes. Des histoires du 19eme siècle et plus tard le créditent du T’ai Chi Chuan. Zhang Sanfeng serait aussi versé dans le Kung Fu de Shaolin, expert dans les styles de la Grue Blanche et du Serpent dans les arts martiaux chinois, ainsi que dans l’utilisation de l’épée droite chinoise ou jian. Selon des documents relativement tardifs (19eme siécle), préservés dans les archives des familles Yang et Wu, le nom du maître de Zhang Sanfeng était Xu Xuanping, qui serait un poète ermite de la dynastie Tang et expert taoïste dans le Tao Yin.
Les familles de Tai Chi Chuan qui attribuent la fondation de leur art à Zhang célèbrent traditionnellement sa date de naissance au 9eme jour du 3eme mois lunaire chinois
Certaines sources rapportent que deux empereurs chinois envoyèrent des émissaires à Zhang Sanfeng pour lui demander son avis, bien qu’aucune mission ne rapporta l’avoir trouvé.
"En plus d’être un grand sage, Zhang Sanfeng est aussi connu comme le père du ‘Grand poing suprême’, Tai Chi Chuan. Chang a découvert que la plupart des Wu Kuen, formes martiales, étaient trop vigoureuses et dépendaient trop de la force physique. Il est dit que Maître Chang, en observant la Nature, fut une fois témoin d’un combat entre un serpent et un oiseau. Le bruit de ce combat gêna les dévotions du maître, et s’aventurant hors de sa modeste hutte, il vit un oiseau attaquant un serpent. À chaque attaque, l’oiseau piquait et griffait sauvagement le serpent, cependant, le reptile, par sa souplesse et l’enroulement de ses formes, put éviter les attaques et lancer des ripostes à son tour. L’oiseau en retour, tournait et utilisait ses ailes pour frapper le serpent de coté, lorsqu’il attaquait. Zhang Sanfeng contempla cette expérience. Cette nuit-là, lors de son sommeil, le ‘Glorieux empereur de jade’ rendit visite à Chang dans son rêve et l’instruisit, lui enseignant les secrets du Tao que l’oiseau et le serpent connaissaient de façon innée. Le lendemain, Chang se leva, éveillé et inspiré par Son Visiteur Céleste, se mit aussitôt à créer une nouvelle forme d'art martial dépendant à sa racine du Pouvoir interne, ou Chi. Cet art a pour fondement la Vérité selon laquelle"la souplesse dépasse l'agression"et "la douceur domine la dureté". En l’honneur de ses divines influences, Chang nomma son art Tai Chi Chuan, le ‘Grand poing suprême’. Pour cela, Zhang Sanfeng est connu comme étant le créateur des Wu Tang Ru (écoles), ainsi nommées parce qu’elles venaient de Wu Tang Shan (montagne). Ce sont des arts internes, qui sont juxtaposés avec les arts externes, tels que Shao Lin Chuan, qui dépend de la maîtrise physique du corps et du développement d’une grande force. " (John Hancock, La vie mythique de Chang San Feng)
le combat entre l’oiseau et le serpent. |
"Lorsque l’hiver était vraiment froid et que le sentier à l’extérieur du temple où il pratiquait était couvert de neige, Chang aimait sortir et profiter du paysage couvert de neige. Lorsqu’il marchait, il n’y avait pas de traces de pas—comme si personne n’avait marché là…Il est aussi dit, que lorsqu’il méditait la nuit, son énergie cultivée—la soi-disant Chi ou Jing—faisait battre son manteau, et les murs autour de lui tremblaient. Ce phénomène indique, que son énergie avait atteint son pic. Il avait atteint l’état où son Chi avait été transformé en Shen ou Esprit." (Bjørn Darboe Nissen, Tai Chi Chuan et l’Etre Humain)
Portrait de Zhang Sanfeng |
"La ‘Grotte de l’immortel Chang’ à la Passe ouest est traditionnellement considérée comme l’endroit où Chang San-feng atteignit l’immortalité. Les personnes de Fu-Kou pensent que Chang San-feng a abandonné son corps dans le temple T’ai-chi dans les montagnes Wu-tang. Un portrait de lui peut encore y être vue. Il portait une cymbale de cuivre en tant que chapeau de paille, ce qui permettait aux personnes de Fu-kou de le battre sans être en colère, parce qu’il était d'excellente nature. Les personnes de Wu-yang pensent aussi que Chang San-feng était natif de Wu-yang et qu’ils avaient le privilège exclusif de frapper son chapeau. " (Classiques perdus de T’ai-chi de la dernière dynastie Ch’ing, traduit par Douglas Wile, p 110)
Le Mont Wudang, aussi connu sous le nom de Montagne Can Shang ou Montagne Tai He, est situé dans la Chaine de montagne de Qin Ling dans la province nord-ouest du Hubei. Parce que le paysage autour du Mont Wudang est si majestueux et beau, il a reçu le nom de ‘Célèbre montagne sous le Ciel.’ Wudang est un centre majeur pour l’étude du taoïsme et la ‘cultivation’ de soi.
De nombreux documents historiques suggèrent que Zhang Sanfeng fut la personne responsable de synthétiser le wushu pour les personnes du commun avec la méthodologie interne et les principes philosophiques du taoïsme. Le wushu de Wudang est principalement connu pour ses styles internes.
Zhang Sanfeng a créé le wushu Wudang en recherchant la théorie de base du Yin et du Yang, les Cinq éléments, et les Huit diagrammes (Ba Gua). Le wushu Wudang a une relation très étroite avec les théories de Taiji, du Yin et du Yang, les Cinq éléments, et les Neuf palais. Zhang Sanfeng a pu incorporer la pratique taoïste de changer l’Essence en Énergie interne, l’Énergie interne en Esprit et l’Esprit en Vide pour former la théorie du wushu Wudang.
Par la suite, le monastère Wu Tang fut connu comme un important centre martial pendant de nombreuses années. Ses nombreux styles de Kung Fu internes ont été préservés et raffinés dans divers temples Taoïstes.
Anciens monastères taoistes des montagnes de Wudang |
" On pense aussi que Chang San-feng a atteint l’immortalité plus que dans un sens purement spirituel, et qu’il est réapparu dans le monde après sa supposée mort physique. Les œuvres qui lui sont attribuées sont aussi évidemment mêlées avec des ajouts ultérieurs et dans certains cas pourraient être considérées comme des produits génériques d’une école plutôt que les œuvres d’un auteur individuel. La littérature de Chang San-feng montre un amalgame des écoles du sud et du nord du taoïsme de la réalité complète, ainsi que des traces d’anciennes sectes taoïstes pratiquant les arts magiques. " (Thomas Cleary, Vitalité, énergie, esprit : un livre source Taoïste, 1991, p. 183)
" L’ancien livre chinois, Histoire des Ming, contient des annales disponibles dans le monastère de la montagne Wudang qui, en effet, le mentionnent. Des descriptions le montrent comme étant haut de plus de 2 mètres, ayant les os d’une grue et la posture d’un pin, portant des moustaches en forme de lance, le même chapeau de bambou en hiver comme en été, portant un plumeau en crin de cheval et pouvant parcourir 1000 Li en une journée, mangeant parfois 50 kg de nourriture en un seul repas, pouvant parfois jeûner pendant plusieurs mois, possédant une mémoire étonnante et étant capable de parfaitement réciter une écriture après l'avoir lu une seule fois. " (Mont Wudang et Kung Fu Wudang)
" Erigées sur la montagne Wudang, se trouvent deux énormes tablettes de pierre l’honorant comme un saint taoïste, une décrétée par l’empereur Ming, Seng Zu et l’autre par l’empereur Ming, Ying Zong. L’histoire impériale de la dynastie Ming rapporte que Zhang San Feng était né en 1247, il apprit le taoïsme auprès d’un maître taoïste appelé Dragon de feu dans la montagne Nanshan à Shenxi, cultiva son développement spirituel pendant neuf ans dans la montagne Wudang, fut connu pour son titre honorifique de ‘’Saint de l’Achèvement spirituel infini’ et fut le premier patriarche des arts martiaux internes. Les Annales du grand sommet de la montagne de la paix éternelle mentionnent qu’il avait étudié le yin-yang du cosmos, observé la source de la longévité des tortues et des grues, et atteint des résultats remarquables. Les Collections des Nuages et de d’Eau le décrivent comme portant son luth et son épée sur son dos, chantant des chants taoïstes, travaillant dans les montagnes et étudiant les secrets merveilleux du cosmos. » (Wong Kiew Kit, Le livre complet du Tai Chi Chuan, 1996, p. 21)
L’information a été compilée d’après:
http://www.egreenway.com/taichichuan/chang1.htm
et Initialement publiée en anglais sur Pure Insight
* * *
Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.