Le 17 décembre 2002, New Tang Dynasty a interviewé le Professeur Michael Yahuda, un expert renommé de la Chine de lÉcole des Sciences Économiques et Politiques de Londres, sur la proposition de législation sur lArticle 23 à Hong Kong. Le professeur Yahuda est lun des 44 universitaires qui ont écrit au gouvernement chinois en opposition à cette législation.
Ci-dessous la globalité de linterview.
Q. Professeur Yahuda, quel est larrière plan de la législation sur l Article 23 ?
Q. Pensez-vous quils visent certains groupes en particulier ?
A. Je ne pense pas que cela vise certains groupes spécifiques. Je pense que linitiative de cela vient en fait du continent. Leur préoccupation concernait lidée que Hong Kong pourrait être une base pour des groupes qui y opèrent qui auraient une influence sur la Chine que Beijing nappréciait pas. Ils étaient, par exemple, très ennuyés par le fait quil y avait des organisations à Hong Kong qui soutenaient les étudiants durant les démonstrations de Tiananmen. Aussi je pense quils voulaient que la législation stoppe cela. De plus, Beijing avait été très concernée par le fait que Hong Kong puisse être une base depuis laquelle des gouvernements étrangers et différentes organisations pourraient mener des activités despionnage et dautres activités en Chine. En conséquence, ils ont utilisé une approche de ratissage, très large, qui met finalement en danger les lois existantes sur la liberté de linformation, la liberté dassociation à Hong Kong.
Q. Jai relevé que vous avez signé une pétition adressée au Président de la Chine contre la législation de lArticle 23. Pourquoi vous opposez-vous à cette législation ?
A. Parce que je pense quelle portera tort à Hong Kong. Parce quavant tout, elle restreindra la libre circulation de linformation. Les gens feront aussi plus attention à ce quils disent, ce quils écrivent, et avec qui ils sassocient. Ce qui intensifiera par conséquent la question de la censure à Hong Kong. Cela accroîtra aussi linfluence du style des politiques continentales à lintérieur de Hong Kong, et érodera graduellement le système de Hong Kong. Et finalement cela diminuera la valeur de tout le concept du « un pays deux systèmes ».Non seulement cela portera tort à la population de Hong Kong et au standing économique de Hong Kong dans le monde, mais je pense que cela portera également tort à la Chine.
Q. Quels seront selon vous les effets négatifs sur la Chine ?
A. Parce que la Chine se révélera être incapable dhonorer ses promesses de maintenir un système séparé à Hong Kong permettant un haut degré dautonomie, le résultat en sera que, finalement, les compagnies internationales se rendront compte quil y a pour elles de meilleurs endroits pour établir leurs quartiers généraux nationaux que Hong Kong. Donc, si Hong Kong devait devenir simplement une autre ville chinoise, alors bien que dans le court terme cela puisse paraître avantageux à Beijing, je pense que cela portera réellement tort à la fois à la crédibilité de Beijing et à son économie.
Q. Pourquoi la communauté académique sinquiète-t-elle autant à propos cette législation ?
A. Parce que les communautés académiques dépendent du libre flux des idées, du libre flux de linformation. Et la législation proposée, bien que nous nen ayons pas vu les détails et que nous nayons vu que le document consultatif, lance certaines questions dune manière si large si imprécise quelle pourrait définir de nombreuses choses comme étant des secrets détat, elle permet à la police où à dautres organisations sécuritaires un accès sans entrave à toutes organisations ou toute personne quils jugeraient avoir enfreint, ou qui seraient soupçonnées davoir accès à une information que les autorités détat pensent quelles ne devraient pas avoir. Deuxièmement, elle cherche à utiliser le continent comme seule source pour définir qui est ou nest pas subversif. Les autorités continentales le font pour des convenances politiques. Ils parlent de lautorité de la loi, mais en fait sur le continent vous avez lautorité par la loi. Cest-à-dire que les dirigeants utilisent la loi à leurs propres fins politiques. Ils ne se sentent, eux-mêmes, pas restreints par la loi. Alors, en conséquence, la loi en Chine nest pas aussi respectée que la loi à Hong Kong. Finalement Hong Kong a un système de loi qui est une forme très différente de celle du continent. Elle se base sur la loi commune, en opposition au système continental auquel le continent a emprunté. Et il ne semble pas y avoir de prise en compte de la manière dont les deux systèmes légaux diffèrent. Cest pourquoi vous avez les principaux corps professionnels préoccupés par la loi à Hong Kong qui sy opposent. Cest pourquoi vous trouvez à Hong kong des banquiers, aussi bien des banquiers internationaux, qui y objectent. Cest pourquoi vous avez aussi des universitaires qui y objectent, et puis aussi lorganisation des journalistes. La réponse de ceux qui soutiennent cette proposition de législation est dappeler tout ces gens « non patriotiques », et davancer que cest une question de patriotisme. Et ce ne lest pas. Donc cest un élément inquiétant de plus.
Q. De la perspective des relations internationales, quel effet la législation proposée aurait elle pour les relations internationales dans cette région ?
A. Tout dabord, nous navons pas vu la législation. Nous nen avons pas vu le projet. Tout ce que nous avons cest ce quils appellent un document consultatif, qui est vague sous bien des aspects. Les autorités disent quils consulteront. Ils prendront en compte ce qui a été dit. Aussi il se pourrait aussi, que lorsque la législation sera officiellement présentée, elle pourrait ne pas être aussi mauvaise que les gens le craignent daprès le document consultatif qui a été publié. Mais si la pire crainte devait se réaliser, cela signifierait que le dernier endroit où la presse est libre, le dernier endroit où il y a une véritable liberté académique, le dernier endroit où linformation peut circuler librement en Asie disparaîtra. Ce sera manifestement au détriment de Hong Kong, mais aussi au détriment de la région dans son ensemble.
Q. Quels seront les perspectives de la relation du « détroit-croisé » (cross-strait) ?
A. Cela signifierait que les gens de Taiwan penseront quils ont eu raison de rejeter lidée du un pays deux systèmes, parce que Beijing nest pas vraiment prête à le respecter.
Q. Êtes-vous jusque là satisfait de la réponse du gouvernement britannique et des autres gouvernements occidentaux concernant la question ?
A. Eh bien, il est très intéressant que le Consul Général à Hong Kong ait soulevé des objections spécifiques qui ont été soutenues par le gouvernement ici. Et le gouvernement américain a aussi exprimé ses préoccupations. Ils nont pas élevé dobjections sévères, parce quà létape présente, tout ce quils ont est le document consultatif. Donc rien nest encore arrivé. Mais néanmoins, le fait que ces deux gouvernements majeurs avec des intérêts spéciaux à Hong Kong aient publiquement manifesté leur préoccupation, je pense, est en soi une indication que Hong Kong na rien à gagner et beaucoup à perdre en sengageant sur cette voie.
Q. Que pensez vous de la réponse du peuple de Hong Kong et de tous les autres chinois dans le monde?
A. Les chinois dans le monde ne sont pas tellement concernés par cela. Mais en ce qui concerne la population de Hong Kong, comme je lai mentionné précédemment, il y a eu des objections de groupes de juristes professionnels et dautres ; il y a eu des manifestations, et le nombre de gens qui sont sortis manifester a surpris même les organisateurs. Aussi, la population de Hong Kong est manifestement très concernée. Il existe un point de vue selon lequel notre population de Hong Kong ne se soucie que de questions matérielles, que de léconomie, et ne sinquiètent que de la quantité dargent quelles possèdent. Mais je pense que ceci montre quelles se soucient dautres choses que cela. Je pense que cela reflète aussi une profonde préoccupation de la direction générale dans laquelle ladministration Tung Cheehwa est en train de mener Hong Kong. Je pense que le sondage dopinions a montré que la popularité de Tung Cheehwa et de son administration a souffert. Lorsquil est arrivé pour la première fois en 1997, sont indice de popularité était très élevé. Mais graduellement il la perdu. Et aujourdhui il nen reste plus rien.
Q. Pensez-vous que le peuple de Hong Kong et les autres peuples qui sinquiètent de la situation seront capables dempêcher le gouvernement de Hong Kong de légiférer sur lArticle 23 ? Quest ce qui pourrait selon vous pourrait être fait pour cela ?
A. Je pense, dans létat des choses, il y a une majorité dans la législature qui soutiendra plus ou moins le Chef Exécutif dans tout ce quil veut faire, parce que la moitié ou plus de la moitié des législateurs sont de circonscriptions fonctionnelles, et reflètent ce quon appelle parfois le point de vue pro-chinois. Je pense que sils devaient continuer de cette façon, cela approfondirait les problèmes de Hong Kong. Hong Kong a vraiment besoin dun gouvernement qui sera capable dénergiser sa population, détablir pour eux une sorte de vision de lavenir dans laquelle ils reconnaîtront quils auront un haut degré dautonomie et quils peuvent être maîtres de leur propre destin. Cela ne nécessite pas une continuelle érosion dune telle démocratie qui existe ici, mais plutôt lélargissement de la portée de la démocratie. Jusque là, ladministration Tung Cheehwa a réduit la démocratie limitée qui existe ici, et ils ont basé leur autorité sur une assez petite élite. Il leur faudra élargir la base sociale sur laquelle repose le gouvernement de Hong Kong.
Traduit de langlais
http://www.clearharmony.net/articles/200212/9025.html
Published : Monday, 23 December 2002
* * *
Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.