24/11/2008, Volume 014, numéro 10
Bangkok
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Pour répondre à la demande, une nouvelle source d’approvisionnement était nécessaire. Fang Siyi est une réfugiée de 40 ans à Bangkok. Incarcérée de 2002 à 2005, Fang a été examinée à répétition, puis, en 2003, sélectionnée pour un examen spécial dans le centre de détention de Jilin dans le Nord-est de la Chine.
Fang n’avait jamais vu de médecin jusque là : " En arrivant ici, ils ont enfilé les uniformes du camp de travail. Mais ce qui m’a frappée est qu’ils semblaient être des médecins militaires ;" Douze prisonniers avaient été choisis. Fang estime que huit étaient du Falun Gong. Comment le savait elle ? "Pour ceux du Falun Gong, ils les appelaient Petits Faluns,” Qui étaient les quatre autres ? "[le personnel] disait, Voici encore un de ces éclairs d’orient. "
Les éclairs d’orient sont les Chrétiens – pour nous les chrétiens chinois, pour le parti des déviants incurables et non transformables. Jing, elle aussi, se souvient que les Eclairs d’orient ont eu des examens de sang en 2002, mais Fang se souvient de l’examen de Jilin comme beaucoup plus ciblé : « Les examens additionnels étaient juste des tests sanguins, des électrocardiogrammes, et des rayons-X, rien d’autre. C’était des pratiquants de Falun Gong et des Chrétiens.
La compassion se fatigue ? Ce ne sera plus très long.
L’ "agent de Masanjia " a de la famille en Chine, donc la prudence dicte de ne mentionner que son âge et qu’elle est à Bangkok. Son expérience nous emmène dans ce que j’appelle " la période de dernière moisson " de 2005, lorsque beaucoup de pratiquants semblent avoir été emmenés à toute vitesse aux examens d’organes et ont promptement disparus. Lorsque je lui ai demandé si quelqu’un au Camp de travail de Masanjia avait reçu des traitements médicaux, elle a répondu aussitôt : " Si les gens arrivaient sur une civière, on leur donnait un traitement rapide. En bonne santé, un examen approfondi … Ils avaient besoin de gens sains, de personnes jeunes. Si vous étiez une tatie de 60 ou 70 ans vous ne les intéressiez pas.
Y avait-il du personnel militaire présent aux examens physiques ? " Ils ne semblaient pas avoir besoin d’eux. Masanjia est très proche de Sujiatun [l’hôpital] – moins d’une demi heure en voiture. S’ils avaient besoin de quelqu’un, ils pouvaient juste les attacher et les envoyer … Habituellement ils étaient emmenés la nuit. "
En 2007, Yu Xinhui, libre après cinq ans dans la prison de Guandong, a signé lui-même, ainsi que son épouse et leur bébé pour un voyage à l’étranger avec un groupe de touristes chinois. En arrivant à Bangkok, ils se sont enfuis au YMCA et ont fait la demande d’un statut de réfugié des Nations Unies. Yu a la trentaine, l’image même d’une santé robuste. En prison, il a été examiné à répétition, pour finir admis à un examen " organes seulement " sous supervision militaire en 2005.
Yu se prête apparemment à mes questions, mais pour lui ça n’a jamais été un grand mystère : “On était largement au courant de la collecte d’organes en prison … Même avant que vous soyez morts, vos organes sont déjà réservés." Les prisonniers criminels raillaient les pratiquants : " Si vous ne faites pas ce que nous disons nous vous torturerons à mort et vendrons vos organes." Ça a l’air d’un jeu stupide, mais tout le monde sait qu’il y une vraie liste : les prisonniers comme les pratiquants étaient emmenés selon un plan annuel. Yu savait quels mois les bus arrivaient et où ils se garaient dans la cour. Il m’a fait faire un tour du site exact sur Google Earth.
Lorsque les allégations du Falun Gong à propos de collecte d’organes ont fait surface en mars 2006, Yu se languissait encore au secret en prison. C’est donc d’autant intéressant qu’il se rappelle très clairement une vaste déportation dans la panique, de prisonniers (peut-être 400 personnes parmi lesquels des pratiquants) en mai 2006. "C’était terrifiant," dit Yu. " Même moi j’étais terrifié. " Le timing correspond : Avec toute la mauvaise publicité, des médecins de Chine continentale ont fait allusion à une vente d’organes avant fermeture, juste à ce moment là.
En 2007, le consensus était que le gouvernement chinois avait arrêté la moisson des Falun Gong pour éviter toute révélation embarrassante avant les Jeux Olympiques. Donc mon dernier cas doit être considéré comme marginal, un examen médical approfondi suivi par … eh bien, jugez-en vous-même.
Liu Guifu est une femme de 48 ans récemment arrivée à Bangkok. Elle a eu une visite médicale, et même une série d’entre elles – dans le Camp de travail de Pékin en 2007. Elle a été diagnostiquée schizophrénique et on lui a probablement fait prendre des drogues.
Mais elle se rappelle très bien de ses examens. On lui a fait trois analyses d’urine en un mois. On lui a dit de boire des liquides et de se retenir d’uriner jusqu’à ce qu’elle arrive à l’hôpital. Était-ce un test pour le diabète ou des drogues ? Difficile de dire. Pareil pour l’évaluation de sa fonction rénale. Et trois importants échantillons de sang ont été tirés le même mois, pour un coût d’environ $1,000. Le camp de travail était il concerné par la santé de Liu ? Où la santé d’un organe particulier ? Peut-être un organe était-il tissulairement compatible avec un cadre ou un riche client étranger ?
Le fait critique est que Liu était à la fois membre d’une brigade de Falun Gong non transformés avec une histoire d’être utilisés pour leurs organes, et considérée comme mentalement malade. Elle était inutile, l’approximation la plus proche que nous ayons d’une pratiquante sans nom, une de ceux qui n’ont jamais donné leurs noms ou leurs provinces aux autorités et ont donc perdu leurs maigres protections sociales.
Il y avait certainement des centaines, peut-être des milliers de pratiquants seulement identifiés par des numéros. J’ai appris que le nombre deux cent et quelque était celui d’une jeune artiste talentueuse avec une jolie peau, mais je ne sais pas vraiment. Aucun d’entre eux n’a réussi à sortir de Chine vivant.
Aucun n’en sortira probablement. Des sources tibétaines estiment que 5.000 manifestants ont disparu pendant les années de répression. Beaucoup ont été envoyés à Qinghai, un centre potentiel de prélèvement d’organes. Mais c’est une spéculation. Et les médecins taiwanais qui enquêtent sur la collecte d’organes et ceux qui organisent les transplantations pour leurs patients taiwanais sont d’accord sur un point : La cérémonie de clôture des Jeux Olympiques a rouvert la saison pour la moisson.
Certains dans la communauté des droits de l’homme liront cette dernière assertion avec scepticisme. Jusqu’à ce qu’il y ait une preuve la confirmant, toutefois, je parierais sur des prix de bazar pour les organes en Chine. J’avoue ressentir moi-même à cette pensée quelque chose de l’ordre de la brûlure. C’est un risque du métier.
Voilà pourquoi j’ai raconté cette blague d’une nuit à Bangkok pour vous amener à lire au-delà du premier paragraphe. Mais ce qui est vraiment pitoyable est la réponse traînant des pieds, pour la forme et légèrement embarrassée de tant de gens, au meurtre de prisonniers de conscience dans le but de récolter leurs organes. C’est un crime ignoble.
Washington a ses propres impératifs : le courant de la puissance financière chinoise est puissant. Ceux au gouvernement ne veulent pas entendre parler du Falun Gong et de génocide en ces temps de crise financière, la Chine ayant un grand nombre d’engagements avec les États-Unis. Donc l’histoire continue à sombrer sous le poids de l’apathie politique et journalistique américaine. Au moins les Européens l’ont un peu exposée. Ils peuvent se le permettre. Ils ne sont pas les dirigeants du monde libre.
On arguera – en silence, naturellement – que l’Amérique n’a aucun levier facile, aucune capacité à défaire ce qui a été fait, aucune balle d’argent qui puisse changer le régime chinois. Peut-être pas, mais nous pourrions interdire aux américains de se rendre en Chine pour des greffes. Nous pourrions boycotter les conférences médicales chinoises. Couper les liens médicaux. Un embargo de l’équipement chirurgical. Et refuser de tenir des sommets diplomatiques jusqu’à ce que les Chinois mettent en place une base de données explicite et complète pour chaque donneur d’organe en Chine.
Il se peut que nous ayons à vivre avec le parti communiste chinois, pour l’instant. Pour cette raison, nous pouvons nous consoler nous-mêmes avec le fait que pour l’instant il n’y a pas d’os. Il n’y en aura pas jusqu’à ce que le parti s’effondre et que le peuple chinois commence à tamiser la terre des tombes et les cendres.
Nous sommes tous autorisés à un peu de fatigue de notre compassion – c’est compréhensible. Mais ne vous y trompez pas : il y a de terribles lézards. Et à présent que les Jeux Olympiques sont terminés, et que les caméras se sont détournées, ils sillonnent à nouveau la terre.
Traduit de l’anglais pour Clearharmony.net de :
http://www.weeklystandard.com/Content/Public/Articles/000/000/015/824qbcjr.asp
Autre article d’Ethan Gutmann publié sur ce site : Pourquoi Wang Wenyi a-t-elle crié ?
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