Retranscription d'une prise de parole dans le contexte d'un forum sur les droits de l'homme en Chine, à Nancy, le 17 mai.
Mesdames, Messieurs,
Vous savez tous qu’il y a en Chine communiste un problème de droits de l’homme. Oui, depuis plus d’un demi-siècle, le socialisme réel a déjà supprimé autant de Chinois qu’une population française. Vous savez aussi que c’était en temps de paix et au moyen des campagnes politiques. Pourtant, si je pose la question de savoir qui est-ce qui, parmi les victimes de la dictature communiste, en souffre le plus et actuellement ?
C’est à n’en pas douter cette communauté impliquant, pratiquants et leurs familles, parents et amis compris, plusieurs centaines de millions de personnes placées sous la dénomination du Falun gong. Falun gong ? Oui, ce mouvement d’inspiration bouddhiste, l’une des écoles du Qigong la plus appréciée, une pratique qui se répand en toute légalité à Hongkong, à Taiwan ainsi que dans plus de 80 pays du monde sauf en Chine communiste où il fait l’objet d’une persécution comparable à la Shoah. Bref, quelle est la vérité sur le mouvement du Falun Gong ? C’est que depuis presque 10 ans le régime force, par les moyens extrêmes dont la torture à mort, ses pratiquants à abandonner leur croyance et leur pratique. Et au nom des Jeux Olympiques, il intensifie arrestations et condamnations. Cette année, encore une centaine de pratiquants sont morts en détention. Le drame d’un jeune musicien du nom de Yuzhou est largement raconté dans les médias indépendants.
Arrêté en janvier dernier à Pékin à la suite d’un contrôle de sécurité à la veille des Jeux Olympiques, ce pratiquant du Falun Gong fut emprisonné et découvert mort quelques jours plus tard par sa famille. Force est de constater que ce genre de drame quotidien a perduré voilà bientôt 10 ans. Selon des statistiques incomplètes, plus de 3 000 pratiquants ont succombé sous la torture, 6 000 autres sont condamnés, 100 000 envoyés aux travaux forcés et plusieurs centaines de milliers arrêtés.
Pourquoi cette folie meurtrière ? Le Falun Gong a été fondé en 1992 dans la grande désillusion à la suite de la chute du mur de Berlin précédée du massacre de Tian An Men. Le Falun Gong est né à point nommé. Il propose un ensemble de méthode d’exercice physique pour améliorer la santé. Son efficacité est d’autant plus appréciée que quand on sait qu’en l’absence de la sécurité sociale, les hôpitaux sont inaccessibles sous la loi du marché. Le Falun Gong propose dans le même temps des valeurs morales à appliquer pour accompagner l’amélioration de la santé physique. Il s’agit de trois mots enterrés sous le régime du communisme, c’est-à-dire, Authenticité, Bienveillance et Tolérance. La redécouverte de ces valeurs anciennes a permis de combler le vide laissé par la faillite des préceptes idéologiques tels que lutte de classe, paradis communiste, obéissance absolue au parti etc. Ces pratiques physiques et morales sont basées sur une vision du monde proche du bouddhisme. Le Falun Gong est un service bénévole. L’initiation se fait en lieux publics. Il n’y a pas de cotisations ni contributions. On va et vient comme bon lui semble. Tout cela a beaucoup plu aux chinois qui ont trop souffert d’une société hermétiquement contrôlée. C’est ainsi que le Falun Gong était rapporté à la une dans la presse officielle et que c’était dans l’enceinte de l’ambassade de Pékin à Paris que son fondateur, M. LI Hongzhi, a fait en 1995 sa première conférence européenne d’initiation. Le Falun Gong est devenu en quelques années un espace de liberté avec l’adhésion massive des Chinois y compris des militants du parti, des hauts fonctionnaires et des officiers supérieurs. C’est là que le bât blesse.
Depuis l’éclatement du camp socialiste, le régime voit partout des ennemis. Face à l’essor du Falun Gong, les caciques du parti ont estimé que le Falun Gong pourrait bien être une Solidarnosc à la chinoise. L’interdiction et les arrestations ont commencé en avril 1999 à Tianjin, une ville portuaire à 200 Km de Pékin. Les pratiquants ont réagi par des manifestations pacifiques. Et le sit-in organisé le 25 avril au centre de Pékin a donné aux autorités le prétexte de lancer la campagne de répression à l’échelle nationale. Du jour au lendemain, une communauté qui cherche le bonheur et la paix fut ravalée, 10 ans après les étudiants, au rang des ennemis du peuple. Accusations mensongères et procès intentés allaient de pair avec rafle et arrestations. Tous les coups bas sont permis pour ceux qui refusent d’abandonner dans un délai fixe leur pratique et leur croyance. Pourtant, contre toute attente des autorités, la répression et la persécution ont donné lieu à une résistance jamais aussi récalcitrante.
En vue de faire connaître la vérité et sauver leurs condisciples, les pratiquants qui ont réussi à s’implanter aux Etats-Unis ont créé dans la foulée et par leurs propres moyens trois médias indépendants : le groupe de presse La Grande Epoque, la chaîne de télévision par satellite New Tang Dynasty et la radio des ondes courtes La Voix de l’Espoir. Par la publication en 2003 des célèbres Ces pratiquants du Falun Gong, Mesdames et Messieurs, je les ai rencontrés et observés depuis plusieurs années. Je suis surpris par le fait qu’il se trouve parmi eux de nombreux doctorats, des scientifiques, des informaticiens ou des hommes de lettre de haut vol. Ils sont guidés dans la vie individuelle comme dans les relations humaines par les valeurs en trois mots. Ils défendent sans en être conscients une cause au profit de l’humanité tout entière, c’est-à-dire, la fin du dernier bastion du communisme et l’avènement d’un monde où les droits de l’homme sont partout respectés, un monde de la paix. S’agissant de mon observation sur cet événement dont les aspects humains dépassent largement les implications politiques, je prends à témoin David Kilgour, ancien secrétaire d’Etat du gouvernement canadien, aussi David Matas, avocat international pour la défense des droits de l’homme. Ils ont rendu public en 2006 un premier rapport d’enquête sur le prélèvement d’organes des pratiquants du Falun Gong sous l’égide des autorités chinoises pour le trafic inhumain à l’heure de l’économie de marché. Je prends à témoin Edward H.C. McMillan-Scott, vice-président du Parlement européen. Il s’est déplacé l’année dernière jusqu’à Pékin pour recueillir des témoignages de deux pratiquants du Falun Gong disparus après l’entrevue. Je prends aussi à témoin Manfred Novak, rapporteur spécial de l’ONU, qui a confirmé non seulement que « la torture est monnaie courante » en Chine communiste, mais que dans la population carcérale, les pratiquants du Falun Gong sont les plus nombreux et soumis au pire des traitements. Je prends à témoin biens des autres femmes et hommes qui ont élevé leur voix pour réclamer la fin de la Shoah à la chinoise.
Ceci étant dit, qu’est-ce qu’on peut faire face un régime qui cherche toujours à rouler le monde extérieur ? Et bien, à toutes celles et tous ceux qui sont épris de justice, je suggère ce qui suit :
1 Ne répétez pas comme un perroquet les accusations mensongères contre le Falun Gong. C’est surtout important pour les médias qui ne sont pas à la solde de Pékin. En terminant mon intervention, Mesdames et Messieurs, je me permets de citer cette belle phrase tirée du film Merci de votre attention.
Le 17/05/2008 à Nancy
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2 profitez du peu de temps qu’il nous reste avant l’ouverture des Jeux de Pékin pour dénoncer les violations des droits de l’homme en Chine communiste.
3 Continuez à mobiliser les organisations non gouvernementales et nos élus pour que notre pouvoir public exige à son tour du régime de Pékin qu’il libère immédiatement les pratiquants du Falun Gong ainsi que les autres Chinois emprisonnés pour leur conviction ou leur croyance en honorant sa promesse de nous faire des Jeux Olympiques « humains, verts et technologiques ».