La Grande Époque : Wang Zhaojun, une voix dissidente dans les hautes sphères de la politique chinoise.

16-11-2007

Wang Zhaojun, une voix dissidente dans les hautes sphères de la politique chinoise.

Après la fin du 17e Congrès du Parti communiste chinois (PCC) qui a eu lieu à la mi-octobre, un membre de la Conférence politique consultative de la province de Anhui, Wang Zhaojun, a publié une lettre ouverte aux dirigeants chinois Hu Jintao et Wen Jiabao. Le geste était osé, considérant la faible tolérance des autorités envers les propos divergents. M. Wang demande un changement drastique dans les mesures répressives du gouvernement, tant sur les plans social, économique que politique. La lettre est doublement osée si l’on prend en considération son objet principal, soit un appel direct à mettre fin à la persécution du groupe spirituel Falun Gong.

Selon lui, la question la plus urgente à laquelle fait face le plus grande nation du monde, c’est de mettre fin à la persécution et de dédommager les victimes.

Cette prise de position audacieuse vaut à M. Wang d’être le plus haut fonctionnaire chinois à plaider publiquement en faveur du Falun Gong, pratique spirituelle réprimée avec virulence depuis 1999.

Dans sa lettre-traité de 40 000 caractères, Wang Zhaojun aborde différentes «bombes» qui existent dans la société chinoise. Il cite les persécutions religieuses, la destruction environnementale, l’économie qui surchauffe et la bulle immobilière prête à éclater. À la liste de problèmes s’ajoutent le manque de supervision des forces armées, la corruption judiciaire, la suppression des médias, la question de Taiwan, le besoin d’une profonde réforme politique, etc.

Depuis la publication de la lettre de M. Wang par l’édition chinoise de La Grande Époque (LGÉ) et plusieurs sites Internet, il a reçu une vague d’appuis tant en Chine qu’à l’étranger

Dans une entrevue exclusive avec LGÉ, il a commenté : «Tous les citoyens ordinaires m’appuient fermement, incluant plusieurs hauts fonctionnaires du Parti communiste chinois. En fait, ils comprennent très clairement dans leur cœur.»

«L’appui de tous les gens indique que nous avons des besoins communs. La seule différence, c’est que j’ai osé en parler.»

Le dernier fonctionnaire à avoir critiqué ouvertement le régime, Jia Jia, ex-secrétaire général de l’Association provinciale des scientifiques de Shanxi, a dû fuir la Chine pour éviter la persécution. D’autres, comme l’avocat Gao Zhisheng, sont restés sur place et ont subi la répression.

«Je m’en fiche totalement. Je n’ai pas peur non plus, parce que ce que j’ai dit représente la voix du citoyen moyen. Si le PCC me persécute, alors ce sera comme persécuter tous les citoyens du pays», dénonce M. Wang.

«À mon âge, si je ne peux pas encore exprimer les mots dans mon cœur, je me sentirais tellement faible. Plus le PCC voudra me supprimer, plus je mènerai le combat jusqu’à la fin. Si la situation est vraiment comme je la décris, alors le PCC s’exposera lui-même, car il ne s’agit que d’une mafia.»

Wang Zhaojun croit que la réforme politique est inévitable pour la Chine. Dans sa lettre, il demande à Hu Jintao et Wen Jiabao de commencer à appliquer de réelles réformes politiques permettant la liberté d’expression, la libération de tous les prisonniers politiques et une porte ouverte pour permettre aux militants démocrates exilés de revenir au pays.

«J’espère qu’il y aura un Gorbatchev ou un Yeltsin chinois», conclut Wang, demandant que plus de réformateurs se lèvent au sein du PCC.

En plus d’être politicien, M. Wang est un homme d’affaires réputé. En 2002, il a été choisi comme le meilleur entrepreneur privé dans le domaine technologique par la Fédération nationale de l’industrie et du commerce.

Son adhésion de longue date au Parti communiste et sa présence dans les cercles politiques et économiques sont un casse-tête pour les autorités qui n’ont jusqu’à maintenant pas réagi. Au moment de mettre sous presse, M. Wang n’était pas en danger.

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