“Notre investigation sur les prélèvements d’organes en Chine” par David Matas

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Est ce que la Chine prélève des organes sur des pratiquants du Falun Gong et les tue ensuite ? Un journaliste d’une Agence japonaise et l’ex femme d’un chirurgien ont déclaré en mars 2006 que cela avait lieu à Sujiatun, en Chine. Ces déclarations sont-elles véridiques ?

La Coalition pour Investiguer sur la Persécution du Falun Gong en Chine, une organisation basée à Washington D.C., a demandé en mai à l’ancien Ministre d’Etat pour l’Asie Pacifique David Kilgour et à moi-même d’enquêter sur ces allégations. Nous avons publié un rapport en juillet 2006 et un rapport révisé en janvier 2007 qui a pour conclusion, à notre grand regret et horreur, que les allégations sont effectivement vraies.

La nature répressive et impénétrable du gouvernement chinois nous a rendu la tâche difficile pour évaluer la véracité des allégations. Nous n’avons pas eu l’autorisation d’entrer en Chine bien que nous ayons essayé. Les prélèvements d’organes ne se font pas en public. Si les allégations sont vraies, les participants sont soit des victimes qui sont tuées et leur corps incinérés ou des criminels qui sont coupables de crimes contre l’humanité et qui ne sont pas prêts de les confesser.

Nous avons examiné chaque élément de preuve ou de réfutation qui nous soit disponible, il y en a trente trois en tout. Elles sont :

a) Considérations d’ordre général

1) La Chine est une violatrice systématique des droits de l’homme. La tendance globale des violations fait qu'il est plus difficile de rejeter une allégation de violation particulière.


2) Le gouvernement chinois a réduit considérablement le budget de la santé. Les transplantations sont la source de fonds principale du système de santé, compensant la perte de subventions du gouvernement.

3) Le gouvernement chinois a donné le feu vert à l'armée pour trouver de l'argent pour les armes en privé. L’armée est lourdement impliquée dans les transplantations d’organes qui lui servent à s'auto-financer .

4) La corruption en Chine est un problème majeur. Les transplantations permettent de gagner beaucoup d’argent et l’état n’a aucun contrôle sur la corruption.


b) Considérations spécifiques au prélèvement d’organes

5) La technologie est si avancée que le prélèvement d’organes sur des gens innocents est devenu possible. Les progrès de la chirurgie des greffes en Chine ont été la proie de la cruauté, la corruption et la répression qui prévalent dans toute la Chine.

6) La chine prélève les organes des prisonniers condamnés à mort sans leur consentement. Le Falun Gong constitue une population de prisonniers que les autorités chinoises salissent, déshumanisent, dépersonnalisent, marginalisent encore plus profondément que les criminels condamnés à mort.

7) Il n’existe pas de système organisé de don d’organes en Chine. Il y a une aversion culturelle chinoise pour le don d’organe.

8) Les temps d’attente pour les transplantations d’organes sont incroyablement courts, une affaire de jours alors que partout ailleurs dans le monde, le temps d’attente se calcule en mois et en années.

9) Les sites Web d’hôpitaux font une publicité qui les condamne, et vantent le court temps d’attente pour trouver tout type d’organes moyennant un paiement conséquent

10) Les receveurs que nous avons interrogés nous ont raconté que les transplantations étaient faites en secret et que l’armée était lourdement impliquée. Les informations fournies aux patients s'en tiennent au strict minimum. Les transplantations se font dans des hôpitaux militaires et même dans les hôpitaux civils et par un personnel militaire.

11) En Chine on peut se faire énormément d’argent grâce aux transplantations. Les prix facturés aux étrangers vont de $300 000 US pour des cornées à $180 000 00 US pour un foie et un rein.

12) Il n’y a pas d’éthique concernant la transplantation en Chine à part les lois régissant la transplantation. La Chine ne possède pas d’organisation disciplinaire pour les professionnels de transplantation.

13) Il y a d'énormes failles dans l’éthique de la transplantation à l’étranger. Il est rare que l’éthique de la transplantation à l’étranger traite spécifiquement soit le tourisme de la transplantation ou le contact avec les professionnels chinois de la transplantation ou les transplantations d’organes de prisonniers exécutés.

14) La pratique de vente d’organes en Chine était légale jusqu’en juillet 2006. Même aujourd’hui, la nouvelle loi qui interdit la vente d’organes n’est pas appliquée.
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15) La législation sur les transplantations à l’étranger est territoriale. Ce n’est pas illégal pour un étranger, quel que soit le pays, d’aller en Chine pour bénéficier d' une greffe qui aurait été illégale dans son pays puis retourner chez lui.

16) De nombreux états ont des conseils de voyage, qui mettent en gardent les citoyens du danger de voyager dans tel ou tel pays. Mais aucun gouvernement n’a mis à disposition un conseil à propos des transplantations d’organes en Chine.

17) Les transplantations d’organes sont tributaires des médicaments anti rejet. La Chine importe ces médicaments des plus grandes compagnies pharmaceutiques. Aucun état n’interdit l’exportation en Chine de médicaments anti rejet utilisés sur des patients qui se font greffer.

18) Certaines assurances de santé dépendant de l’état paient pour des traitements donnés à l’étranger le montant qu'ils paieraient si les soins étaient administrés dans le pays d'origine ou paient pour les post-soins de patients ayant obtenu des greffes à l'étranger. Là où cela se produit, il n’y a pas, dans aucun pays, d’interdiction de paiement quand le patient a été transplanté en Chine.


c) Considérations spécifiques au Falun Gong

19) Le Parti communiste chinois, sans raison apparente si ce n’est la paranoïa totalitaire, considère que le Falun Gong est une menace idéologique à son existence. Pourtant, objectivement, le Falun Gong n’est qu’une série d’exercices avec un composant spirituel.

20) La menace que Parti communiste chinois perçoit venant du Falun Gong a conduit à une politique de persécution. La persécution du Falun Gong en Chine a été officiellement décidée et décrétée..

21) Les pratiquants du Falun Gong sont les victimes d’une diffamation extrême. La position officielle de la Chine concernant le Falun Gong est que c’est « une secte pervers ». Pourtant le Falun Gong n’a aucune des caractéristiques d’une secte.

22) Les pratiquants du Falun Gong sont victimes de torture systématique et de mauvais traitement. Alors que les allégations de prélèvement d’organes sur les pratiquants du Falun Gong ont suscité le doute il n’y a aucun doute sur cette torture.

23) Les pratiquants du Falun Gong ont été arrêtés en grand nombre. Ils sont détenus sans procès ni charges jusqu’à ce qu’ils renoncent à leur croyance en Falun Gong.

24) Il y a des milliers de pratiquants de Falun Gong nommés et identifiés qui sont morts suite à la torture. Si le gouvernement chinois est prêt à tuer un grand nombre de pratiquants du Falun Gong par la torture, il n’est pas si difficile de croire qu’ils seraient prêts à faire la même chose par le prélèvement d’organes.

25) De nombreux pratiquants, afin de protéger leur famille et leur communauté ont refusé de donner leur nom quand ils étaient arrêtés. Ces personnes non indentifiées sont une population particulièremnt vulnérable.

26) Les pratiquants du Falun Gong qui sont en prison subissent systématiquement des examens de sang et physiques. Mais comme ils sont systématiquement torturés, ces examens ne sont pas motivés par une inquiétude pour leur santé.

27) Les sources traditionnelles de transplantation - prisonniers exécutés, donneurs, morts cérébrales – sont loin d'expliquer le nombre total de transplantations en Chine. La seule autre source identifiée qui pourrait expliquer la montée en flèche du nombre de transplantations ce sont les pratiquants du Falun Gong.

28) L’argent venant des transplantations d'organes a conduit à la création de structures sérieuses, spécialisées dans la transplantation d’organes. Les autorités chinoises doivent avoir l’assurance qu’il existe dans un avenir proche une source tout prête d’organes de personnes en vie en ce moment et qui seront mortes demain. Qui ont ces gens ? Une large population de pratiquants de Falun Gong dans les prisons fournit une réponse.

29) Dans quelques cas, entre le décès et la crémation, les membres de famille des pratiquants du Falun Gong ont pu voir le corps mutilé de leur être cher. Les organes avaient été prélevés.

30) Nous avions des gens passant des appels dans les hôpitaux dans toute la Chine prétendant avoir besoin de transplantation d’organes. Dans la plupart des cas ceux qui ont été appelés ont assuré que la source des organes était des pratiquants du Falun Gong (réputés en bonne santé grâce aux exercices qu’ils pratiquent). Nous avons des enregistrements et des factures de téléphone de ces appels.

31) Nous avons interviewé l’ex femme d’un chirurgien de Sujiatun qui a dit que son mari a personnellement prélevé des cornées sous anesthésie sur environ 2 000 prisonniers pratiquants du Falun Gong à l’hôpital de Sujiatun dans la ville de Shanyang dans le nord est de la Chine pendant les deux années qui précédent octobre 2003. Son témoignage nous a paru crédible.

32) Il y a eu deux autres investigations indépendantes de la notre, qui se sont posées les mêmes questions que nous à savoir y-a-t-il prélèvement d’organes sur des pratiquants du Falun Gong en Chine, une par Kirk Allison de l’Université de Minnesota et l’autre par le Vice Président du Parlement Européen Edward McMillan-Scott. Les deux sont arrivées à la même conclusion que nous. Ces deux enquêtes indépendantes corroborent notre propre conclusion.

33) Le gouvernement chinois a répondu à la première version de notre rapport d'une manière peu convaincante. La réponse a été pour une grande partie une attaque contre le Falun Gong. Le fait que le Gouvernement de la Chine, avec toutes les ressources et l'information à sa disposition, ressources et information que nous n'avons pas, n'a pas été capable de contredire notre rapport suggère que nos conclusions sont exactes.

Il est facile de prendre chaque élément à part et de dire que tel ou tel élément ne prouve pas l’allégation. Mais c’est la combinaison des éléments qui nous a conduits à la conclusion à laquelle nous sommes arrivés.

Notre rapport contient vingt cinq recommandations différentes. Quasiment chaque précaution qu'on peut imaginer pour empêcher le prélèvement d’organes sur des pratiquants du Falun Gong en Chine n’existe pas. Toutes ces précautions devraient être mises en place.

Mais il y a une recommandation fondamentale que nous avons faite et qui devrait être mise en place immédiatement. Le prélèvement d’organes sur des pratiquants du Falun Gong en Chine doit cesser.


David Matas est un avocat international des droits de l’homme qui travaille à Winnipeg, Manitoba, Canada.

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