Le film "Eternal Spring " présente des héros de la vie réelle à l'écran.

Les Chinois ont regardé médusés leurs chaines de télévision, pensant que le PCC avait abandonné sa persécution de la paisible pratique, qui, depuis peu, remplissait les parcs de milliers de personnes pratiquant ses exercices doux. Mais la réalité est bien différente.

Enragés par cet exploit audacieux, la police dirigée par le PCC a perquisitionné des milliers de foyers dans la ville. Au cours des 10 premiers jours, la police a tué au moins six personnes liées à l'événement.

Daxiong, originaire de Changchun et pratiquant de Falun Gong, a vécu cette tragédie il y a 20 ans.

" Nous avons un artiste qui a été personnellement et profondément affecté par ces événements ", selon Loftus. " Il a été détenu, torturé et séparé de sa patrie. Il porte le traumatisme avec lui, et cela se reflète dans ses œuvres. Ce film a été l'occasion de lever à nouveau le rideau et de voir le processus artistique se dérouler".

Espoir inextinguible

Après six ans de travail, le film harmonise deux styles cinématographiques - l'animation et le documentaire - pour recréer l'événement à travers l'objectif et le crayon de Daxiong, qui a été profondément affecté par l'événement.

"Une grande partie de l'histoire de Daxiong est liée à la manière dont il s'est mis en rapport avec les personnes qui étaient à l'origine de la diffusion", explique M. Loftus.

La caméra suit l'artiste alors qu'il fait face à son traumatisme en dessinant et en interrogeant des témoins et des survivants de l'exploit héroïque d'il y a vingt ans.

" Lorsque la persécution par le gouvernement commence, vous avez deux choix : soit vous défendez ce que vous pensez être juste, soit vous pouvez garder le silence. Ces personnes ont choisi de se lever ", dit Daxiong.

" Quand j’ai créé ces personnages, je ne pouvais pas simplement dessiner. Je n'étais pas une machine à dessiner. Je devais vivre leurs expériences. Je devais savoir ce qu'ils ressentaient. Grâce à cela, j'ai appris à connaître leur esprit. Leur esprit est devenu une partie de moi, me guérissant. "

Les entretiens que Daxiong a menés avec les survivants qui ont fui la Chine l'ont profondément marqué. C'est parce qu'il s'est rendu compte que la persécution, les moqueries et la torture physique qu'ils ont subis n'ont pas anéanti leur croyance et leur optimisme pour l'avenir. Au contraire, ces pratiquants de Falun Gong continuaient à faire ce qu'ils faisaient à Changchun – dire la vérité au monde.

" Ils sont couverts de cicatrices, mais ils gardent toujours l'espoir ", dit Daxiong.

Un jeune Daxiong remarque les fleurs de prunier nouvellement écloses, des fleurs qui symbolisent la force et la persévérance face à l'adversité.

Il représente cet espoir avec une image de la fleur de prunier, une fleur qui, dans la culture chinoise, symbolise la force dans l'adversité. Dans le film, on voit des images de bourgeons qui tombent pendant la dure persécution et de la neige enfouissant les branches. Mais une fois que les ondes des médias d'État sont interceptées pour répandre la vérité, les fleurs de prunier fleurissent à nouveau. »

"Même au milieu de la souffrance ou des difficultés, il y a de l'espoir. Il y a quelque chose d'universel dans les histoires qui montrent des gens qui se lèvent face à l'adversité ", dit Loftus.

Le parcours d'un artiste

Daxiong a commencé le projet en faisant des dessins de Changchun, sa ville natale. Les dessins se concentraient sur les détails de la vie quotidienne, tels que les chariots de restauration et les taxis, ainsi que sur les liens ludiques et chaleureux entre amis et famille.

" Je voulais que tout le monde ait l'impression de faire vraiment partie de la ville, que la ville était quelque chose de très proche et personnel pour eux ", explique Daxiong.

Un jeune Daxiong représenté dans un souvenir d'enfance dans le nord-est de la Chine à une époque plus heureuse.

Il présente ces souvenirs dans des images colorées, créant une atmosphère de conte de fées pour le spectateur. Mais les belles images se terminent en 1999 alors que la persécution du Falun Gong commence.

Le Falun Gong a été présenté au public en Chine en 1992, attirant entre 70 et 100 millions de pratiquants à la fin des années 90 (selon les propres estimations du gouvernement). En 1999, le PCC a lancé une vaste persécution de la pratique, craignant que le pouvoir du régime ne soit menacé par la grande popularité du Falun Gong. Depuis lors, des millions de personnes ont été détenues, faisant souvent face à la torture et à la mort.

" Quand j'étais jeune, je pensais que j'étais doué pour l'art. J'avais beaucoup d'ambitions et de rêves de jeunesse. Mais quand la persécution brutale du Falun Gong a commencé, cela m'a forcé à faire face à la cruauté de ce monde ", dit Daxiong.

L'artiste utilise une palette de gris terne pour refléter l'atmosphère sombre et lourde de la violente persécution et de la campagne médiatique dirigée par l'État qui allait de pair.

"La grisaille reflète cette couche de poussière sur le cœur des gens qui les étouffait ", dit Daxiong.

En 2002, après la diffusion pirate, la persécution s'est sévèrement intensifiée pour des dizaines de milliers de citoyens ordinaires innocents à Changchun. Daxiong était parmi eux.

Pour dépeindre le chaos et la terreur, le film l'anime en train de fuir ses propres coups de pinceau alors que des personnages imposants arrêtent et battent des pratiquants locaux.

" Daxiong voulait capturer le sentiment de ce que c'était que la police essayant de vous arrêter et de vous capturer à chaque tournant ", a déclaré Loftus.

En regardant en arrière à travers cette période traumatisante, Daxiong a trouvé une nouvelle compréhension et la guérison. En dessinant les personnages, il a appris à les connaître intimement ainsi que leurs motivations. D'une certaine manière, ces personnages sont devenus une partie de lui, lui donnant force et espoir.

Plus de vingt ans après cette diffusion, cependant, la persécution du Falun Gong continue en Chine, et Daxiong et les cinéastes de Eternal Spring n'en sont pas sortis indemnes.

Le lendemain du jour où le Canada a sélectionné le film dans la catégorie des films internationaux aux Oscars, le gouvernement chinois a interdit la vente de tous les livres et œuvres de Daxiong en Chine continentale. Les membres de sa famille restés au pays ont également été régulièrement harcelés.

"Ce sont des histoires difficiles à raconter", dit Loftus." Les personnes impliquées qui viennent de Chine méritent notre attention et notre soutien pour le courage dont elles ont fait preuve. "

Néanmoins, Daxiong pense que l'ensemble du processus de réalisation l'a fortifié à la fois personnellement et professionnellement.

" Je ne peux pas juste penser à moi. Je suis responsable de la prochaine génération, de l'avenir de la Chine et du monde. J'espère que mon art pourra montrer aux gens la beauté de l'humanité ", dit-il.

Cette histoire est tirée du numéro 117 de Magnifissance