Mis à jour le 5 Août 2019
"Ulysse (Odysseus) et les sirènes ", 1891, de John William Waterhouse, montre le guerrier-roi grec lié au mât de son navire alors que l’appellent le chant des sirènes. (Domaine public) |
Avez-vous jamais souhaité obtenir quelque chose dont vous saviez que ce n’était pas bon pour vous ? Je pense que la majorité d’entre nous répondra oui. Le gout de l’interdit peu sembler pimenter une situation autrement ennuyeuse, mais l’ interdit peut aussi conduire à des consequences dévastatrices.
Le livre 12 de “L’Odysée” d’Homère pourrait fournir une certaine sagesse pour faire face à l’interdit. L’histoire peut être résumée ainsi : Circé, une déesse de la magie et de la nature, informe notre protagoniste, Odysée (aussi connu sous le nom d’ Ulysse), que lui et son équipage vont devoir passer devant un groupe de sirènes.
Les sirènes sont des creatures dangereuses qui utilisent leur superbe chant pour attirer les navigateurs à leur perte : au naufrage. Circé informe Ulysse qu’il doit préparer de la cire pour boucher les oreilles de ses hommes, mais elle encourage Ulysse à écouter les chants des sirènes, aussi longtemps qu’il est tenu attaché au mât du navire.
Ulysse fait ce qu’on lui dit : il se fait solidement attacher au mât par son équipage, il leur enjoint de ne surtout pas le détacher peu importe combien il les supplie et leur demande de se boucher les oreilles avec de la cire.
Ils voient les os et la chair pourrie des marins morts sur les rives en voguant devant les sirènes. Les sirènes commencent à chanter pour Ulysse. Elles lui disent combien il est formidable et offrent de lui révéler les mystères de la vie. Il supplie son équipage de le détacher, mais ils refusent. Ils réussissent à dépasser les sirènes, et Ulysse fait l'expérience de la beauté du chant des sirènes sans que personne ne soit blessé
Les sirènes de John William Waterhouse
John William Waterhouse (1849-1917), un peintre pré-raphaélite, a créé une magnifique representation de cette scène intitulée “Ulysse et les Sirènes”. Waterhouse dépeint les membres de l’équipage avec des foulards enroulés autour de leur tête pour ne pas entendre les chants des sirènes. Il dépeint les sirènes avec des corps d’oiseaux et des têtes de femmes.
Les sirènes déferlent sur l’équipage et chantent leurs chansons. L’une d’elles est même perchée sur le navire, essayant de charmer par son chant un des membres de l’équipage. Ulysse, cependant, se détache le plus. Il est attaché au mât du bateau, et la blancheur de sa chemise tranchant sur le fond sombre, en fait le point central de la peinture. Il se penche en avant comme en demande du chants des sirènes, mais il est attaché fermement au mat.
Cette peinture a reçu un accueil contrasté. Certains pensant que Waterhouse avait utilisé la représentation des sirènes d’un vase Grec datant du 5e siècle comme référence pour dépeindre ses propres sirènes. D’autres qu’il avait créé une image des sirènes complètement différente de la description dans "L’Odyssée"
Quoi qu'il en soit, l'interprétation de l'histoire aux XIXe et XXe siècles portait sur les dangers que l'attrait du féminin pouvait avoir sur son homologue masculin.
" Le vase des sirènes ", 5e siècle avant JC, par le peintre des sirènes : Vulci, Grèce. Poterie, 13 pouces ¾. British Museum, Londres. (CC BY-NC-SA 4.0) |
Résister à la tentation
Est-il possible de creuser plus profondément et tirer du contenu une interprétation plus riche ? Comment pouvons-nous interpréter cet épisode d’une façon qui puisse s’avérer bénéfique pour notre époque ? Examinons pour cela la peinture de Waterhouse. Ulysse en est l’élément le plus important, mais pour quelles raisons ?
Il est attaché au mât – au bois, à la terre. Seule sa tête est séparée du mât dans sa tentative de rejoindre le chant des sirènes. Nous êtres humains, tout du moins durant notre court passage sur Terre, sommes aussi liés à la Terre et à ce qu’elle nous offre. Nos esprits, cependant, peuvent transcender nos soucis terrestres pour expérimenter quelque chose de plus profond et de plus pur.
Nos esprits sont très importants ici. Nous pouvons même considérer Ulysse comme l’esprit du bateau et son équipage comme son corps. L’esprit doit instruire le corps à se préparer à des choses dangereuses qui peuvent sembler magnifiques, pour éviter d’avoir à faire face l’un et l’autre à la destruction. Cela ne signifie pas que nos corps ne sont pas importants. Ce qui est intéressant ici est l’incapacité de l’esprit à résister aux chants des sirènes sans l’aide du corps. Le corps aide à preparer l’esprit à résister à la tentation et aux dangers qui en résultent.
Laissez moi vous expliquer : Si nous expérimentons un désir insatiable pour quelque chose qui pourrait éventuellement nous nuire, comme la cigarette, l’alcool, les jeux vidéos au lieu d’étudier, il serait peut-être bénéfique de faire de l’exercice, de marcher, de méditer jusqu’à ce que ces désirs cessent. Le corps est un participant réactif qui aide l’esprit dans ses efforts pour résister à la tentation.
Si le corps et l’esprit ne font pas chacun leur part, l’esprit peut souhaiter résister à la tentation mais sans succès. À la place, nous nous retrouvons dans cette situation familière où notre esprit répète « Je ne ferai pas ça », mais où nos corps cèdent à la tentation par habitude, ou que nos corps sont épuisés de céder à la tentation et en ont assez, mais où nos esprits continuent de céder " juste une dernière fois ".
Donc, l’esprit et le corps doivent travailler ensemble pour résister à la tentation et éviter des dangers potentiels. L’esprit doit briser les habitudes qui déconnectent le corps de l’esprit, et le corps peut informer l’esprit lorsqu’il s’engage dans des activités spécifiques ayant un effet négatif.
Mais qu’est ce qui influence l’esprit et le corps ? Circé, une déesse. C’est une déesse qui informe Ulysse, qui informe à son tour son équipage. L’esprit – L’âme – informe le mental, qui informe le corps. Ces trois éléments fonctionnent ensemble pour résister à la tentation et éviter le danger.
Waterhouse, à travers l’histoire d’Homère, nous suggère de regarder à l’intérieur, de méditer sur la sagesse de notre propre esprit, de consulter nos cœurs et nos mentalités, et de préparer nos corps à résister aux dangers des désirs et de la tentation. Peut-être que si nous sommes diligents, nous expérimenterons l’intensité des magnifiques secrets de la vie sans nous faire de mal à nous-même ou aux autres.
L’art a une incroyable faculté d'indiquer ce qui ne peut être vu afin que nous puissions nous demander "Qu’est-ce que cela signifie pour moi et pour tout le monde qui le voit ? " " Comment cela a-t-il influencé le passé et comment cela pourrait-il influencer le futur ? " " Qu’est-ce que cela suggère à propos de l’expérience humaine ? " Ce sont quelques-unes des questions que nous allons explorer dans notre série intitulée Atteindre l’Intérieur : Ce que l’art traditionnel offre au cœur.
Eric Bess est un artiste figuratif pratiquant. Il est actuellement doctorant à l'Institut d'études doctorales en arts visuels (IDSVA).
Version originale
https://www.theepochtimes.com/the-sirens-and-how-we-can-keep-on-course_3021193.html
* * *
Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.