La percée bienveillante de Gulliver

" Gulliver et les Liliputiens ", autour de 1886 par Jehan-Georges Vibert. Huile sur toile, Hauteur : 56,5 cm ; Largeur : 109,8 cm. Collection Privée. (Domaine Public)

Tout au long de notre vie, nous entrons tous en contact avec certains qui nous soutiennent et nous poussent à donner le meilleur de nous-mêmes, mais aussi avec d’autres qui sont hostiles et veulent que nous échouions. Que devrions-nous faire dans un environnement hostile.

" Les Voyages de Gulliver "

Gulliver, tiré de " Gulliver’s travels ", un livre écrit par Jonathan Swift en 1726, se retrouve au cours de ses voyages aux prises avec toutes sortes de personnes ayant différentes attitudes. Le livre est divisé en quatre parties, mais seule la première fera l’objet de notre discussion.

La première partie traite spécifiquement du voyage de Gulliver à Lilliput – une nation de gens de six pouces de haut et, pertinemment, à l’esprit étroit.

Gulliver, après le naufrage de son bateau lors d’une violente tempête, nage vers la rive la plus proche et dors sur l’herbe. Il se réveille ligoté au sol avec des Lilliputiens qui lui grimpent dessus.

Comparé aux Lilliputiens, Gulliver est énorme. Cependant, malgré leurs différences de taille et de langue maternelle, Gulliver convainc les Lilliputiens, à travers son langage corporel et son comportement conciliant, qu’il est une personne bonne et aimable. Les Lilliputiens l’acceptent dans leur pays.

Les Lilliputiens accordent sa liberté à Gulliver en raison de sa bienveillance.

Mais la population indigène a également des projets pour leur nouvel ami géant : Ils veulent qu’il les aide à vaincre le voisin Blefuscu. Les Lilliputiens et les Blefuscudiens sont en guerre depuis plusieurs lunes parce qu’ils cassent les œufs différemment. Le roi de Lilliput veut que Gulliver amène la flotte Blefuscudienne, qui se prépare actuellement pour la bataille, sur ses rivages. Gulliver accepte et attache des câbles à la flotte Blefuscudienne et les tire jusqu’au rivage lilliputien sans causer aucun dommage.

L’empereur des Lilliputiens est rempli de joie ; il veut ensuite que Gulliver amène toute la flotte Blefuscudienne sur ses rivages afin qu’il puisse les gouverner et les contraindre à casser les œufs à sa manière.

Gulliver répond : "Je ne serai jamais un instrument pour réduire un peuple libre et courageux en esclavage."

Finalement, les Blefucudiens envoient des ambassadeurs à Lilliput pour négocier la paix et conviennent de conditions qui profitent aux Lilliputiens. Cependant, le Lilliputien Skyresh Bolgolam, a détesté Gulliver dès l’arrivée du géant. Il essaye de convaincre tout le monde que Gulliver est un traître, et réussit finalement à l’accuser de crimes après que Gulliver " ait fait de l’eau " pour éteindre un feu de palais. Skyresh Bolgolam utilise toutes les bonnes actions de Gulliver contre lui, suggérant que Gulliver a malicieusement " fait de l’eau " pour éteindre le feu, qu’il n’a pas détruit les Blefucudiens lorsqu’il en a eu l’occasion, et qu’il a planifié un voyage dans l’empire Blefuscu.

Il est décidé que Gulliver devrait être aveuglé comme châtiment pour sa trahison. Gulliver a une décision à prendre. Il envisage de détruire l’empire Lilliputien, ce qui serait facile étant donné sa taille, mais il décide plutôt que mieux vaudrait simplement s’échapper et rejoindre l’empire Blefuscu en laissant les Lilliputiens vivre leurs vies paisiblement.

L’artiste Jehan-Georges Vibert peint une scène de cette histoire dans son oeuvre intitulée "Gulliver et les Lilliputiens. " Nous voyons Gulliver après sa nage vers le rivage, qui dort maintenant. Les travailleurs l’attachent avec une corde, l’armée se tient debout tout autour de lui prête à attaquer, et le roi parle à son conseil.

Vibert utilise le raccourcissement pour mettre le corps de Gulliver en perspective alors qu’il est étendu sur son dos, ce qui aide à montrer la différence de taille entre les Lilliputiens et Gulliver.

La percée bienveillante de Gulliver

Swift a écrit " Les Voyages de Gulliver " comme une satire du gouvernement anglais du 18e siècle. Mais comment cela peut-il être pertinent pour notre culture contemporaine ?

Revoyons ensemble quelques points clés : Premièrement, les Lilliputiens attachent Gulliver au sol mais le libèrent une fois qu’ils apprennent qu’il est gentil ; deuxièmement, Gulliver tire la flotte Blefuscudienne vers le rivage Lilliputien sans nuire à personne, ce qui aboutit à la paix après une longue guerre ; et troisièmement, bien qu’ayant été accusé et arrêté pour des crimes qu’il n’a pas commis, Gulliver décide de s’échapper sans nuire aux Lilliputiens.

Quand il apparaît comme une menace, Gulliver est attaché au sol par les Lilliputiens mais il est relâché lorsqu'il est manifeste qu’il est gentil. Bien sûr, nous trouvons que les gens sont davantage susceptibles de s’engager, de partager des idées et des histoires, et de créer de nouvelles expériences avec nous quand nous sommes gentils.

La pratique de la bienveillance permet littéralement à Gulliver de se libérer des cordes utilisées pour le garder ancré à la terre. Nous pouvons transcender notre situation quand nous recherchons notre nature bienveillante même face à ceux qui nous veulent du mal.

Et, notre nature bienveillante peut nous mener vers la paix. Gulliver tire une flotte entière prête pour la guerre vers les rivages de l’ennemi sans blesser une seule âme, et ses actions aboutissent à la paix entre des nations en guerre.

Son allégation selon laquelle " Il ne sera jamais un instrument pour réduire un peuple libre et courageux en esclavage " démontre sa bienveillance, en dépit d'un roi qui exige autrement. C’est à dire que la décision de Gulliver est basée sur des principes trouvés en lui-même et nom sur des règles édictées par une autorité de ce monde.

Enfin, les actes de gentillesse de Gulliver sont utilisés contre lui. La jalousie amène Skyresh Bolgolam à tourner les actes de Gulliver en actes de trahison. Gulliver a le potentiel de détruire facilement la totalité de l’empire Lilliput, mais se souvenant de la gentillesse du roi, il décide de s’échapper et de laisser Lilliput intact.

Est-il possible dans nos moments conflictuels de rechercher en nous-mêmes notre propre bienveillance envers ceux qui nous voudraient du mal ? Est-il possible pour nous de surmonter les idéologies qui nous divisent et de rechercher des vérités qui peuvent nous élever au-delà de notre égoïsme ? Pouvons-nous être gentils, aider les autres, et lorsque nous sommes attaqués, décliner respectueusement la confrontation ?

J’espère que, comme Gulliver, nous pourrons opérer une percée vers notre propre bienveillance et répondre à ces questions par un oui retentissant.

L’art a une incroyable faculté d' indiquer ce qui ne peut être vu afin que nous puissions nous demander "Qu’est-ce que cela signifie pour moi et pour tout le monde qui le voit ? " " Comment cela a-t-il influencé le passé et comment cela pourrait-il influencer le futur ? " " Qu’est-ce que cela suggère à propos de l’expérience humaine ? " Ce sont quelques-unes des questions que nous allons explorer dans notre série intitulée Atteindre l’Intérieur : Ce que l’art traditionnel offre au cœur.

Eric Bess est un artiste figuratif pratiquant. Il est actuellement doctorant à l'Institut d'études doctorales en arts visuels (IDSVA).

Version en anglais :
https://www.theepochtimes.com/gullivers-benevolent-breakthrough_3042741.html