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En pleines célébrations du Nouvel An dans le monde entier, l'administration spatiale chinoise (CNSA) a franchi une étape historique le 3 janvier 2019, en posant une sonde sur la face cachée de la lune, c'est-à-dire la face de la lune que nous les habitants de la terre ne pouvons pas voir.Peu d'Occidentaux, auront sans doute accordé d' attention au nom de la navette spatiale de cette mission, Chang'e-4, et à celui du véhicule terrestre, Yutu-2. Tous deux sont pourtant des noms légendaires et familiers en Chine.
Alors que les sociétés occidentales du monde entier semblent prendre plaisir à s’inspirer de la mythologie grecque antique en choisissant des noms tels que Nike, Oracle, Amazon, Pandora et Alphabet, le régime communiste chinois, malgré ses fondements athées, s’appuie sur les racines spirituelles et la mythologie chinoise pour nommer ses sondes spatiales.
Utiliser les noms du passé glorieux de la Chine n'est pas une quelconque lubie ou de la nostalgie; si le Parti les utilise, c'est qu’ils suggèrent subtilement que la Chine a commencé son exploration spatiale beaucoup plus tôt que ses concurrents occidentaux.
Dans la mythologie chinoise, Chang'e, la déesse de la Lune, est mariée à Houyi, un archer légendaire qui a abattu neuf de 10 soleils flamboyants dans le ciel pour éviter aux humains sur la terre de mourir de chaleur. Yutu (le lapin de jade) est un animal de compagnie immortel qui accompagne la belle Chang'e, la déesse de la lune.
De plus, les autres projets et sondes d'exploration spatiale de La CNSA ont, jusqu'à présent, tous reçu des noms d'autres mondes, tels que Tianzhou (Heavenly Ship 1-11), Shenzhou (Divine Ship), et Tiangong 1 & 2 (Heavenly Palace Skylab 1 & 2), pour n'en citer que quelques-uns.
Malheureusement, c’est sans doute le plus loin qu'ira jamais le Parti communiste chinois (PCC), en termes de référence au passé déiste de la Chine.
Le "Royaume du milieu" divinement inspiré
La civilisation chinoise de 5 000 ans, a beaucoup en commun avec la civilisation grecque. Les mythologies chinoise et grecque affirment que l'univers a été créé à partir du grand chaos, chaque civilisation commençant par des mythes intemporels d'immortels, de demi-dieux et d'humains dotés de pouvoirs surnaturels, qui deviendront plus tard les êtres mortels que nous sommes devenus.
L'empereur jaune (2698-2598 avJ-C), largement considéré comme le premier souverain chinois, était capable d'utiliser des pouvoirs surnaturels pour combattre ses ennemis. Inspiré par les cieux, l’empereur jaune a créé le premier calendrier et le livre " Le Canon intérieur de l’empereur jaune ", qui a révélé les fondements théoriques de la médecine chinoise.
L'empereur jaune était connu pour "régner par la vertu". Selon le texte du Zhuangzi (ancien texte chinois datant de la fin de la période des Royaumes combattants) (446-221 av. J.-C.), l'empereur jaune est devenu ultérieurement une divinité taoïste.
En tant que dénomination spirituelle autochtone, le taoïsme est pratiquement aussi ancien que la civilisation chinoise. Ce n'est pas avant Lao Tzu (601 av. J.-C.?), qui a écrit le texte du "Tao Te Ching", que le taoïsme est devenu un système de croyance corps-esprit établi.
Lao Tzu (" Ancien maître" en chinois) est largement considéré comme le fondateur du taoïsme et l'une des " Trois divinités pures " de l'école taoïste. Les enseignements de Lao Tzu incluent les idées de Yin et de Yang, de vivre en harmonie avec la Voie (la nature), le néant, la culture de l'esprit et du corps pour trouver la vérité, et le fait de retourner finalement à sa " véritable âme " originelle.
Cette cosmogonie chinoise intemporelle a, au fil des siècles, contribué à façonner et à influencer la culture et le mode de vie chinois. Pendant la dynastie Ming (1368-1644), le taoïsme est officiellement devenu l'orthodoxie impériale de l'État.
En dépit de son énorme influence, le bouddhisme est arrivé en Chine sous la dynastie des Han de l'Est en tant que religion étrangère importée. Selon la légende, un jour de l'an 67 après JC, l'empereur Ming a rêvé d'une personne en or volant dans son palais et a donc demandé des explications à ses ministres.
Un ministre du nom de Fu Yi a répondu: "Votre Majesté, vous avez peut-être rêvé du grand sage occidental appelé Bouddha ". En conséquence, l'empereur Ming a pris Cai Yin, un responsable militaire, pour émissaire et l'a envoyé à l'Ouest à la recherche du bouddhisme.
Cai Yin et son entourage ont rencontré en chemin deux bouddhistes, Dharmaratna et Kāśyapa Mātaṇga, et les ont ramenés, ainsi que les écritures bouddhistes sur le dos d'un cheval blanc, à Luo Yang, capitale de la dynastie des Han de l'Est.
Le Temple du cheval blanc à Luo Yuang, là où deux moines indiens ont pour la première fois introduit le bouddhisme en Chine [Youtube] |
L'empereur Ming était ravi et a construit le célèbre temple du cheval blanc pour ces deux visiteurs, dans lequel ils ont traduit "42 Écritures" en langue chinoise, les toutes premières écritures bouddhistes en chinois.
Au cours des siècles, le bouddhisme a été tenu en haute estime en Chine et considéré comme la religion impériale officielle par les empereurs de nombreuses dynasties.
Les idées de rétribution karmique, de réincarnation, de compassion et de salut pour tous les êtres prédestinés ont non seulement été appliquées à de nombreux aspects de la société, mais ont également été profondément reflétées dans les beaux-arts, la musique et la littérature.
Le célèbre roman chinois "Pérégrination vers l’ouest" (1592) est basé sur un pèlerinage légendaire du moine Xuanzang en Asie centrale, assisté par le Roi singe, à la recherche des sutras bouddhistes.
" Un dictionnaire de termes bouddhistes chinois " a rassemblé à lui seul près de trente mille entrées de vocabulaire bouddhiste créées par des moines bouddhistes au cours de quelques huit cents ans séparant les dynasties Han et Tang. Ces termes incluent des mots couramment utilisés à ce jour, tels que " maintenant " . , " Passé ", " monde" , "avenir", etc.
Confucius en tant qu'enseignant spirituel
Confucius (551–479 av. J.-C.) est peut-être l'un des sages les plus mal compris dans la Chine d'aujourd'hui et à l'étranger. Largement considéré comme l'un des plus grands philosophes chinois, Confucius a été largement ignoré pour son rôle en enseignant à ses disciples à obéir à la volonté ou au mandat du Ciel.
Après l’arrivée au pouvoir du PCC en 1949, Confucius a été dénoncé, en particulier pendant la révolution culturelle (1966-1976). Malgré le retour en force du confucianisme dans la société actuelle, Confucius est généralement considéré comme un humaniste et un philosophe, et non comme l’enseignant spirituel qu'il était en réalité.
Le Dr Fasheng Zhao, chercheur à l'Académie des sciences sociales de Chine, a pris note de cette omission manifeste dans son article intitulé " À propos de la croyance de Confucius ". Le Dr Zhao a souligné que pendant la plus grande partie du XXe siècle, les croyances religieuses étaient considérées comme " arriérées" et " ignorantes" dans la Chine athée.
Les révolutionnaires radicaux considèrent Confucius comme celui qui a voulu faire revenir la roue de l'histoire au système esclavagiste, tandis que les savants conservateurs, par désir de protéger le confucianisme, se sont empressés de souligner le côté humaniste de Confucius afin de prouver que le confucianisme est progressiste et pertinent dans la Chine actuelle.
Selon le Dr. Zhao " l’aspect religieux joue un rôle important dans le confucianisme, sans lequel nous ne pourrions comprendre le véritable esprit du confucianisme ni cerner les sources et les caractéristiques de l’humanisme de Confucius. Nous aurions alors une image imparfaite et incomplète de Confucius. "
Le Dr Zhao ajoute : "Le confucianisme est connu comme l'érudition des êtres célestes." Ne serait-ce que dans les "Analectes", observe Dr Zhao, Confucius mentionne 19 fois le Ciel ou la Volonté du Ciel.
Dr Zhao soutient que le Ciel dont parlait Confucius fait référence à une autorité divine surnaturelle, et non à un concept abstrait.
Confucius est également connu pour préconiser le juste milieu dans la vie, équilibrant l'excès et la carence. Une telle idée fait écho à celles tenues par les philosophes grecs anciens tels que Socrate, Platon, et Aristote en particulier.
La culture chinoise est divinement inspirée
Confucius a dit un jour : " Étudiez le passé si vous voulez connaître l'avenir." Cependant, la culture chinoise actuelle sous la domination communiste omet l'âme divine et les traditions spirituelles.
Les fonctionnaires et les employés du gouvernement, membres des forces armées, y compris les associations taoïstes et bouddhistes approuvées par l'État, doivent prêter serment d'allégeance au Parti communiste chinois (PCC) athée.
Comme la presse internationale et les groupes de défense des droits de l'homme l'ont largement rapporté, les chrétiens clandestins, les bouddhistes tibétains et les adeptes du Falun Gong subissent de nombreuses formes de mauvais traitements, certains sont même devenus victimes du prélèvement d'organes soutenu par l'État.
Étant donné que l'idéologie communiste est une importation occidentale, le PCC considère la renaissance des pratiques religieuses traditionnelles ainsi que le véritable héritage culturel de la Chine comme une menace pour son fondement idéologique et sa légitimité.
Aujourd'hui, non seulement les pratiques religieuses sont étroitement réglementées par le PCC, mais même les formes d'art traditionnelles et les productions mettant en scène l'histoire de la Chine sont fortement censurées.
Le 25 janvier 2019, le Beijing Daily est revenu sur son précédent éloge de cinq séries dramatiques télévisées populaires : Empresses in the Palace, The Legend of Miyue, Scarlet Heart, Story of Yanxi Palace, and Ruyi's Royal Love in the Palace, les condamnant pour se focaliser sur les luttes de pouvoir internes dans le palais impérial, impliquant que des situations similaires se produisent actuellement au sein de la haute administration du PCC. Ces cinq dramatiques télévisées ne sont plus diffusées aujourd'hui, bien que quatre d'entre elles soient basées sur des histoires dans le contexte de la dynastie Qing, datant de plus d'une centaine d'années et une de la période des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.).
Lorsque le célèbre Shen Yun Performing Arts, basé à New York, produit un programme de danse qui comprend de la danse, de la musique et des costumes traditionnels chinois, Beijing se sent à nouveau menacé.
Les diplomates du PCC à l'étranger sont à présent chargés d'une mission diplomatique inhabituelle: contraindre les théâtres hôtes à rejeter ou à annuler les représentations de Shen Yun. Tandis que la plupart des théâtres accueillent les représentations de Shen Yun, quelques-uns ont cédé aux exigences malhonnêtes de Pékin. Le Teatro Real de Madrid, par exemple, a cédé et a annulé des représentations programmés entre le 31 janvier et le 2 février 2019, malgré des centaines de billets déjà vendus.
Comme l'observait Socrate, "Toutes les âmes des hommes sont immortelles, mais les âmes des justes sont immortelles et divines." En cette ère numérique, les gens du monde entier peuvent encore trouver leur inspiration dans une forme de spiritualité ou dans leur héritage culturel divin.
Dans une Chine de plus en plus matérialiste, le vide spirituel érode rapidement les fondements de la société chinoise et de sa culture intemporelle divinement inspirée. Il est toutefois encourageant de noter qu'il reste encore des dizaines de millions de Chinois en quête de traditions spirituelles chinoises ou adhérant à des religions et pratiques souterraines.
Le péché le plus grave que le PCC ait commis est, peut-être, les décennies d'efforts inlassables pour déconnecter 1,3 milliard de personnes de leurs traditions spirituelles et de leur héritage culturel.
L'effondrement de la confiance entre les gens et entre les citoyens et l'État, qui est souvent mentionné par les observateurs extérieurs, est une conséquence directe des politiques athées et anti-traditionnelles du Parti.
Une fillette de deux ans, Wang Yue (surnommée "Yue Yue"), à Foshan, dans le Guangdong, a été renversée coup sur coup par deux véhicules le 13 octobre 2011 et, pendant sept minutes, 18 passants n'ont pas fait le moindre mouvement pour aider la victime en sang qui est décédée. Les bons Samaritains ne se manifestent pas souvent en Chine par apathie ou par crainte d'être poursuivis. Cette affaire, n'est malheureusement pas rare dans la Chine communiste d'aujourd'hui. Dans une société normale, une indifférence aussi impitoyable pourrait difficilement se produire.
" Que t’est-il donc arrivé, Chine? Toi qui étais si cool. " |
Lorsqu'elle n’a plus de boussole morale, une nation sans âme spirituelle ni passé divin s'opposera fatalement à l'humanité. Même Bart Simpson le personnage de dessin animé, s'interroge perplexe dans un des épisodes : " Que t’est-il donc arrivé, Chine? Toi qui étais si cool. ".
Peter Zhang concentre ses recherches sur l'économie politique en Chine et en Asie de l'Est. Il est diplômé de l'Université d'études internationales de Beijing, de la faculté de droit et de diplomatie Fletcher, et de la Harvard Kennedy School en tant que Mason Fellow.
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