Sun Qian, une pratiquante du Falun Dafa qui a été illégalement détenue en Chine, sur une photo non datée. |
Sun Qian pourrait maintenant se voir assigner un avocat par l'État, ce qui n'est pas de bon augure pour elle
Sun Qian, une pratiquante du Falun Dafa qui a été illégalement détenue en Chine, sur une photo non datée.
OTTAWA – Deux avocats représentant Sun Qian, une citoyenne canadienne détenue en Chine, se sont retirés de l’affaire en raison des pressions exercées par les autorités chinoises, laissant Sun non représentée depuis la semaine dernière.
Femme d’affaires sino-canadienne de Vancouver qui est devenue citoyenne en 2007, Sun a été arrêtée par les autorités chinoises en février 2017 pour avoir pratiqué la discipline spirituelle traditionnelle Falun Gong, aussi appelée Falun Dafa.
En tant que fondatrice et vice-présidente du Beijing Leadman Biochemistry, Sun voyageait régulièrement entre son domicile à Vancouver et Pékin pour le travail. Le 19 février 2017, alors qu’elle se trouvait dans sa résidence de Pékin, plus de 20 agents de sécurité en civil ont fait irruption, ont saccagé ses biens et l’ont emmenée.
Depuis, elle est détenue dans la cellule 414 du Premier Centre de détention de Beijing , un établissement réputé pour ses gardes particulièrement brutaux, alors qu’elle ne bénéficie actuellement pas des services d’un avocat.
La famille de Sun s’est fait dire de lui trouver un autre avocat, sinon le Bureau de la justice en assignerait un à son dossier. Mais trouver un avocat pour défendre un pratiquant de Falun Gong est plus facile à dire qu’à faire, étant donné la persécution de ses adhérents par le régime.
" L’une des choses les plus dangereuses qu’un avocat puisse faire est de prendre en charge une affaire au nom d’un pratiquant du Falun Gong", a déclaré Me Clive Ansley, spécialiste de la Chine et avocat en Colombie-Britannique ayant vécu et pratiqué le droit en Chine pendant 14 ans. Me Ansley soutient que, généralement, les poursuites judiciaires ne sont pas intentées contre les pratiquants de Falun Gong.
" Dans la grande majorité des cas, ils ne portent pas plainte contre les pratiquants de Falun Gong, ces derniers sont directement envoyés dans des camps de travaux forcés. Bien que, théoriquement, les camps de travaux forcés aient été éliminés, ils sont toujours là, mais sous un nouveau nom. "
Pressions de tous côtés
Selon la sœur de Sun Qian, Sun Zan, les avocats Huang Hanzhong et Xiong Dongmei ont abandonné l’affaire Sun après avoir subi de la pression de la part de leurs supérieurs respectifs – les bureaux de justice aux niveaux municipal et provincial ainsi que du ministère de la Sécurité nationale.
En août 2017, la famille de Sun Qian a appris que des fonctionnaires de différents niveaux du Bureau de la justice ont eu un entretien avec Huang et lui ont demandé de ne pas créer d’« incidents » ou de troubles avant le 19e Congrès national du Parti communiste chinois, qui s’est tenu en octobre 2017. Ils lui ont spécifiquement demandé de leur soumettre des rapports concernant le cas de Sun Qian et un autre cas « sensible », ce que Huang a refusé de faire.
En février dernier, Huang a de nouveau subi de la pression à l’approche du Nouvel An chinois, lorsque les responsables se sont entretenus de nombreuses fois avec lui, lui demandant de ne pas accepter d’être interviewé par les médias étrangers. Ils lui ont finalement ordonné de se retirer de la représentation de Sun Qian et d’autres affaires sensibles. C’est à ce moment que Huang s’est retiré du dossier.
La famille de Sun affirme que la deuxième avocate, Xiong, a subi une pression similaire.
En août dernier, le cabinet d’avocats où travaillait Xiong a été inspecté à plusieurs reprises par le Bureau provincial de la justice. Cela a rendu les autres avocats du cabinet très nerveux. Par peur, le directeur du cabinet s’est opposé à ce que Xiong dépose une plainte criminelle pour Sun Qian.
Vers le début de cette année, les fonctionnaires ont demandé au frère, à la belle-sœur et à la nièce de Xiong, vivant dans d’autres villes, de se rendre à Jinan, où vit Xiong, pour la convaincre d’abandonner l’affaire Sun. À ce moment-là, Xiong craignait que le Bureau de la justice ne révoque son permis d’exercer le droit.
Puis, plus tôt ce mois-ci, la sœur de Sun a relaté qu’un juge de la Cour du district de Chaoyang à Pékin, dont le nom de famille est Li, l’a appelée pour l’informer que Xiong ne représentera plus Sun Qian. Li a demandé à la famille de trouver un autre avocat pour Sun, faute de quoi le Bureau de la justice lui en assignerait un.
Le juge a affirmé qu’une fois un avocat trouvé, l’affaire pourra être portée devant les tribunaux dans un délai d’un mois.
Huang et Xiong avaient pris en charge le dossier de Sun vers juin 2017, après que son avocat précédent, Glen Gao, avait été également contraint de se retirer de son dossier après avoir porté verbalement plainte auprès du procureur du centre de détention au sujet de Sun Qian, qui avait été torturée par les gardes.
Peu après, sous la pression de son bureau de justice local, Gao a abandonné l’affaire.
Epoch Times a appris que Gao s’était fait dire qu’il ne pouvait représenter Sun que s’il devenait un « informateur » de son cas pour les autorités, ce que Gao a refusé.
Derrière la pression
Outre la campagne de persécution des pratiquants de Falun Gong menée par le régime communiste chinois, la famille de Sun pense que d’autres motifs se cachent derrière la volonté du Bureau de la justice de départir Sun de ses avocats : la plainte pénale qu’ils ont déposée prouve de façon retentissante le caractère illégal de la persécution.
En décembre 2017, avant la visite du premier ministre canadien Justin Trudeau à Pékin, les avocats de Sun ont écrit une lettre ouverte à M. Trudeau. La lettre soulignait que l’arrestation et la détention de Sun Qian ainsi que de dizaines de milliers d’autres pratiquants de Falun Gong violent la loi chinoise, et demandait au gouvernement Trudeau d’aider à libérer Sun.
En outre, plus tôt cette année, les avocats ont déposé une plainte pénale contre le directeur du Bureau de la sécurité publique de Pékin et le procureur responsable de l’affaire Sun, pour avoir utilisé à tort la loi chinoise pour son arrestation et sa détention.
Me Ansley a indiqué que, lorsque la campagne de persécution a été lancée en 1999, le Parti communiste chinois a créé une agence extrajudiciaire de type gestapo, nommée «bureau 610», pour s’occuper de toutes les questions liées au Falun Gong.
" Le Bureau 610 a complètement remplacé le tribunal et l’ensemble du processus judiciaire, et les tribunaux eux-mêmes ont reçu l’ordre de ne pas accepter de poursuites de la part de pratiquants de Falun Gong ", a-t-il dit.
" Aucun avocat en Chine n’avait le droit de prendre la défense du Falun Gong. "
Selon Yiyang Xia, directeur principal des politiques et de la recherche à la Human Rights Law Foundation, il est courant que des avocats en Chine soient radiés, menacés et même torturés pour avoir tenté de défendre des pratiquants de Falun Gong.
Xia a ajouté que la plupart des avocats désignés par le Bureau de la justice suggéreront à leurs clients pratiquants de Falun Gong de plaider coupable.
" Ils doivent suivre la ligne du Parti communiste sur la question du Falun Gong. Par conséquent, ils n’argumenteront pas la question fondamentale – à savoir que la persécution du Falun Gong est illégale et inconstitutionnelle."
Yiyang Xia note également que les audiences des tribunaux pour condamner les pratiquants de Falun Gong sont en fin de compte que des parodies de procès, le verdict et la sentence ayant été décidés avant même que l’audience n’ait lieu.
Version originale :
Lawyers Representing Canadian Citizen Detained in China Pressured to Drop Her Case
* * *
Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.