Les fondations légendaires de la civilisation chinoise : l’Empereur Shun

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À travers une série d’articles, Epoch Times revient sur les fondations de la civilisation chinoise, exposant la vision du monde dans la Chine traditionnelle. Cette série suivra le déroulement de l’histoire chinoise, en montrant comment des figures clés ont aidé à la création de la culture chinoise, de ces arts et coutumes inspirés par le divin. Cet épisode couvrira la vie et le règne de Shun, successeur du glorieux empereur Yao.


En voyant que son propre fils, Dan Zhu, n’était pas moralement apte à lui succéder, l’empereur Yao se mit en quête d’hommes dignes auxquels il pourrait transmettre les lourdes responsabilités de la gouvernance.


Yao rencontra quatre candidats différents, mais qui déclinèrent tous l’offre. Par bonheur, Si Yue, le dernier sage, recommanda un cinquième et ultime héritier. Il s’agissait de Yu Chonghua, un homme de classe modeste mais doté d’un caractère supérieur, et dont on se souviendrait après sa mort comme de l’empereur Shun.


Le respect filial d’un enfant dans une famille ingrate

Shun passa presque toute son enfance dans l’ombre d’une épouvantable belle-famille. Lorsque sa mère fut décédée et son père remarié, la nouvelle femme maltraita Shun et son frère aîné. Ils étaient fréquemment roués de coups, recevaient des bordées d’injures et étaient parfois privés de manger.


Le frère de Shun ne survécut pas à la torture, mais pour le futur empereur, cette souffrance lui permit de tremper son caractère moral. Alors qu’il était âgé d’environ dix ans, un maître taoïste appelé Wu Cheng Zi fit une promesse au garçon et voulut lui apprendre à lire et à écrire.

Une ancienne représentation de l’Empereur Shun. (PD-Art)


Ce futur fut dévié par l’interférence de la belle-mère de Shun et au lieu d’étudier il se retrouva à s’occuper du bétail.


Des proches de Shun, les annales traditionnelles disent que son père était un homme têtu et sourd aux principes du bien et du mal. Sa belle-mère était dotée d’un faible intellect et d’une nature fourbe et trompeuse. Son demi-frère Xiang était dominé par l’arrogance, la brutalité et l’égoïsme.


Shun endura sa famille abusive avec le respect filial attendu d’un fils. Quand son père le battait avec une baguette, il endurait la punition. Lorsqu’il était confronté à un plus gros bâton, il fuyait pour éviter que son père ne lui cause de sérieuses blessures et commette ainsi un crime envers sa propre famille. À chaque fois que sa famille était dans le besoin, Shun les aidait loyalement.


L’empereur Yao convoque Shun

La famille abusive et peu affectueuse de Shun l’ayant finalement chassé de la maison, il voyagea alors dans un autre État pour pouvoir gagner sa vie. Il devint un artisan doué qui perfectionna l’art de la poterie dans une communauté située dans la province actuelle du Shanxi.


Les citoyens en vinrent bientôt à considérer Shun comme un jeune homme poli et respectueux. Il est dit que même les bêtes lui portaient assistance. Un jour, alors que Shun travaillait sur des terres en friche autour du mont Li afin de les rendre exploitables, un éléphant sauvage vint l’aider à sarcler le champ et des oiseaux arrachèrent les mauvaises herbes.


Les habitants des alentours virent ces phénomènes comme des présages de la grandeur à venir de Shun. Avec le temps, le dur labeur et les mérites de Shun payèrent. Dans les régions autour du mont Li, Shun aida à régler les disputes de terrains en offrant des champs fertiles et débroussaillés à ceux dans le besoin, tout en continuant de travailler la terre non réclamée. Sa générosité a stimulé un sens du sacrifice de soi qui s’est répandu à travers la communauté. De nombreux étrangers sont venus vivre et travailler près de Shun.


Le sage Si Yue recommanda à l’empereur Yao le jeune Shun, alors âgé de 30 ans.


Shun était réticent à cette idée. " Je ne suis qu’un homme inférieur et n’oserais avoir des rêves de grandeur, " dit-il à Si Yue.


L’empereur Yao convoqua néanmoins Shun pour un entretien. Selon un texte compilé par l’érudit confucéen Xun Zi, Yao questionna Shun : " Si je désire gouverner le monde, quelles méthodes serais-je avisé d’employer ? "


Shun répondit en ces termes :" Si vous maintenez votre résolution sans vous en écarter, prêtez indéfectiblement attention aux détails, et restez résolu dans votre foi et votre loyauté, le monde suivra naturellement. Avec une résolution égale à celle du ciel et de la terre, ainsi qu’une attention aux détails comparable à l’éclat du soleil et de la lune, votre honnêteté et votre loyauté l’emporteront dans leurs manifestations internes et externes. C’est une chose qui prend forme au-dessus des quatre mers et peut être observée de tous les horizons. Que reste-t-il alors à gouverner ? "


Grandement impressionné, Yao donna ses deux filles en mariage à Shun et lui accorda de nombreux présents. Shun installa sa nouvelle résidence près du fleuve Xi et continua à servir sa belle-famille comme avant. Ses épouses remplissaient leurs tâches féminines sans arrogance.


Sa famille ne ressentit aucun bonheur en voyant les honneurs conférés à Shun, mais de la rage et de la jalousie. Son demi-frère Xiang conçut de nombreuses intrigues pour assassiner Shun en essayant de le noyer et de l’immoler. Toutes échouèrent. Les proches malveillants de Shun, finalement touchés par sa vertu inébranlable et son absence de ressentiment, arrêtèrent de comploter contre lui.


Les œuvres de Shun

Pour préparer Shun au trône, l’empereur Yao lui confia l’administration de l’éducation et du gouvernement, et lui demanda de recevoir les ducs et princes régionaux. En rencontrant la noblesse, Shun prit soin d’observer l’étiquette convenue afin de maintenir une atmosphère solennelle.


L’éducation selon Shun était basée sur l’apprentissage par les aînés. Dans le Livres des Rites, il est rapporté qu’il fit construire des résidences pour les ministres et les roturiers âgés près des greniers, où les enfants se réunissaient pour acquérir connaissance et sagesse. Ce système a posé les bases de l’école durant la période des Zhou de l’Ouest au Xe siècle av. J.-C.


À cette époque, le Grand Déluge (introduit dans l’épisode précédent) continuait de ravager la Chine. Dans une affectation périlleuse, Yao envoya Shun parcourir le pays et étudier la crue. Voyager à travers les montagnes, les forêts, les fleuves et les marais était une tâche difficile, d’autant plus avec les violents orages et les pluies torrentielles. Il était facile de se perdre ou bien d’être attaqué par des serpents venimeux ou des bêtes mangeuses d’hommes.


Shun conduisait bravement ses hommes. Au cours d’une randonnée en dehors des sentiers battus d’une forêt, ils rencontrèrent trois tigres. Les fauves rugirent à la vue de tant de personnes, mais Shun s’avança et s’adressa à eux : " Nous sommes là sur le commandement de l’empereur pour étudier le Grand Déluge et aider à secourir le peuple. Nous ne nous attendions pas à vous trouver ici. Je vous prie de retourner dans votre grotte et de ne pas bloquer notre chemin. "


Les tigres acquiescèrent et partirent. Yao dit de la rencontre de Shun : " Soit les dieux l’ont béni, soit sa sincérité a le pouvoir de toucher toutes les créatures. "

(Brocken Inaglory/CC BY-SA 2.5)


Le règne de Shun

Au moment où l’empereur Yao proposa à Shun de monter sur le trône, ce dernier refusa modestement. Mais Yao prenait de l’âge et il amena Shun à agir en régent avec l’aide du ministre de l’Agriculture.


Divers signes de bon augure convainquirent bientôt Shun d’accepter de prendre la tête de l’empire.


Yao céda son autorité impériale à Shun à travers une procédure protocolaire et complexe, comme décrite dans les textes de la dynastie Han. L’empereur se baigna, s’abstint de viande et de vin et fit construire de nouveaux autels. Il amena Shun et d’autres seigneurs à prier les cieux et choisit un jour favorable pour commencer les événements.


Le jour de la cérémonie, Yao et ses subordonnés offrirent les offrandes sacrificielles aux dieux. Il plongea un morceau de jade dans un fleuve, provoquant une explosion de lumières colorées à la surface de l’eau. Des nuages et des vapeurs propices se rassemblèrent dans les montagnes. Un grand vent se leva et le fleuve se mit à déferler.


Un dragon surgit des rapides portant quelque chose entre ses dents. Il s’approcha de l’autel et y déposa l’objet avant de retourner dans les profondeurs. Le présent était une carte, rapportant les positions du soleil, de la lune, des étoiles ainsi que les fleuves et les zones montagneuses de la région. Il s’agissait du He Tu, habituellement traduit par Carte du fleuve Jaune.


Deux années passèrent, et Yao tint une seconde cérémonie rituelle. Cette fois-ci, une tortue géante apparut, portant un imposant volume sur son dos. Le volume était fait de carapace de tortue et gravé de caractères chinois rouges prévoyant la montée de Shun sur le trône. C’était le Luo Shu, l’Inscription de Luo.


Diagrammes modernisés du He Tu (Carte du fleuve Jaune) et du Luo Shu (Inscription de Luo). (Philolo/PD-Art)


Ayant assisté à ces miracles, Yao abdiqua du trône et Shun fut sacré empereur.


Le règne de l’empereur Shun fut bienveillant. Les châtiments corporels et les tortures cruelles furent abolis, à l’exception des cas les plus graves. Les crimes qui auraient autrefois été punis par l’amputation du nez ou de la jambe, la décapitation ou le marquage au fer, étaient désormais punis par l’exil, des amendes, ou le fouet C’était en ligne avec la propension de Shun pour l’éducation morale – il pensait qu’une société où les gens auraient honte de commettre des crimes serait supérieure à une société qui les ferait battre pour les faire obéir.


Version anglaise :
Legendary Foundations of Chinese Civilization : Emperor Shun

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