Je suis de Shanghai, la ville la plus grande et la plus prospère de Chine. J'aimerais personnellement témoigner des tortures subies à la prison pour femmes de Shanghai où je suis restée trois ans et demi pour avoir distribué des documents d'information concernant le Falun Gong.
Plusieurs agents de police, dont Qian Weiing et Jin Hua du sous-poste de police de Songjiang, m'ont arrêtée à mon domicile le 16 juillet 2008 et ont ensuite saccagé mon domicile. La Cour de Songjiang m'a condamné à trois ans et demi de prison, bien qu'ils n'aient pas pu fournir de preuve que j'aie commis un crime. J'ai plus tard été transférée à la prison pour femmes de Shanghai le 5 mai 2009 après avoir été incarcérée pendant environ 10 mois au Centre de détention de Songjiang.
Prison pour femmes de Shanghai |
Arrivée à la prison
Quand je suis arrivée à la prison, j'ai remarqué que quelques détenues m'attendaient. Suivant les instructions d'une garde de prison, d'autres détenues m'ont escortée vers une cellule de la 5ème brigade. La 5ème brigade est la partie de la prison réservée en général aux pratiquantes de Falun Gong détenues et est désignée comme la brigade " d'éducation politique " (comprendre lavage de cerveau).
Il y a deux bâtiments au complexe de la prison et la cinquième brigade est située au quatrième étage du plus ancien. Chaque cellule est surveillée jour et nuit par des caméras vidéo et un système audio. Elles mesurent environ 18 m2 avec 12 lits par cellule.
Les gardes de la prison ordonnent à des détenues désignées de garder la porte des cellules de la cinquième brigade en deux équipes. Ces « gardiennes de porte » surveillent les pratiquantes de Falun Gong jour et nuit, certaines notent même la position dans laquelle les pratiquantes se couchent afin de les empêcher de faire les mouvements des exercices de Falun Gong.
Le lavage de cerveau systématique
Les détenues de la prison étaient divisées en cinq catégories. Les pratiquantes de Falun Gong qui refusaient de renoncer à leur croyance étaient assignées à la catégorie E. Les gardes de prison ordonnent à plusieurs détenues de surveiller ces pratiquantes jour et nuit pour qu'elles renoncent à leur croyance en Falun Gong.
J'ai été assignée à la Catégorie E et isolée dans une cellule. Je n'avais pas le droit d'aller aux toilettes comme les autres détenues, mais je devais utiliser un petit récipient placé au sol. Une jeune détenue avait été chargée de vider le récipient chaque jour et chaque fois, elle m'injuriait à plusieurs reprises. De nombreuses fois, elle ne l'a pas vidé à temps et suite à cela, j'ai été forcée de manger et boire moins afin d'éviter de devoir faire mes besoins.
Je n'étais pas autorisée à prendre de douche, ni d'aller à la salle de bain. Une fois par semaine, on me donnait un petit seau d'eau chaude pour me laver les cheveux et le corps dans la cellule. Mon cuir chevelu souffrait de démangeaisons à cause des mauvaises conditions sanitaires de la cellule. J'ai dû demander à une autre détenue de m'apporter de l'eau fraîche pour laver mes vêtements et ensuite de sortir l'eau. Elle m'a injuriée plusieurs fois pour cela.
Je n'avais pas non plus l'autorisation de marcher à proximité de la fenêtre ou de la porte de la cellule, ni de parler avec les autres détenues. En plus de manger et dormir, j'étais forcée à lire des documents et regarder des programmes de télévision qui diffamaient ou calomniaient le Falun Gong. Des détenues étaient chargées de me surveiller afin d'assurer que mes yeux restent collés à l'écran de télévision. Quand je fermais les yeux ou quand je détournais la tête de l'écran, elles criaient toutes et me lançaient des injures.
Au début, je refusais de regarder les programmes qui calomniaient le Falun Gong, mais ensuite, j'ai écouté certains enregistrements d'anciens pratiquants qui avaient subi le lavage de cerveau jusqu'à dénoncer la pratique. Suite à cela, j'ai malgré moi commencé à accepter leur point de vue.
Forcée à renoncer à ma croyance
La prison pour femmes de Shanghai a instauré une « politique d'implication » qui se résume ainsi : si une pratiquante refuse d'abandonner sa croyance en Falun Gong, toutes les détenues de la même cellule seront punies. Par exemple, aucune personne de la cellule n'aurait le droit à une récréation, ni de regarder la télévision. Toutes les détenues de ma cellule exprimaient leur colère contre moi parce que je ne voulais pas trahir ma conscience et renoncer au Falun Gong. Elles ont coopéré avec les gardiennes pour me torturer afin que je renonce à ma croyance. Elles m'ont surveillée jour et nuit et ont enregistré chaque mot et chaque mouvement. Les prisonnières présentaient un rapport quotidien aux gardes de la prison qui était ensuite analysé afin de découvrir mes faiblesses. Les gardiennes ont alors établi un plan pour me forcer à abandonner le Falun Gong.
Les gardes ont également poussé les prisonnières à me torturer. Je n'étais pas autorisée à dormir avant minuit, mais j'étais la première à être réveillée le matin. La privation de sommeil à long terme et les tortures m'ont donné le sentiment de vivre en enfer. Je pensais que j'étais au bord de la crise de nerfs et j'ai même songé au suicide à plusieurs reprises.
Après plus de deux mois d'un tel traitement, les gardes ont compris que rien ne pouvait affecter ma croyance en Falun Gong. C'est alors qu'elles ont demandé à une ex-pratiquante d'essayer de me persuader d'abandonner la pratique. La fille m'a dit qu'elle était allée à Pékin pour lancer un appel pour la pratique, cependant, plus tard, j'ai appris qu'elle avait aidé les gardes pour exercer des pressions sur les autres pratiquantes pour les faire renoncer au Falun Gong. J'étais confuse par sa gentillesse superficielle et ses compréhensions incorrectes. Elle disait qu'une bonne personne devrait prendre en considération les autres, y compris les autres détenues.
Un jour, suite à mon refus d'abandonner la pratique du Falun Gong, les gardes de prison ont puni tous les détenues de ma cellule et les ont forcées à s'asseoir ensemble pendant longtemps. Soudain, l'ex-pratiquante et une autre détenue ont semblé s'évanouir. Toutes les détenues m'ont injuriée et accusée de leur souffrance. J'étais confuse et je pensais vraiment que leur souffrance était due à moi et qu'une fois que j'aurais signé la déclaration de renoncer à ma croyance, elles seraient toutes délivrées de leur agonie. Avec les larmes aux yeux, j'ai signé la déclaration, renonçant au Falun Gong. J'ai beaucoup pleuré après cela.
La prison a un plan systématique de lavage de cerveau. On m'a demandé plus tard d'écrire d'autres choses, comme une « déclaration de garantie » promettant de ne plus pratiquer le Falun Gong, une confession d'actes répréhensibles et une déclaration critiquant le Falun Gong. Les gardes m'ont également forcée à regarder des vidéos encensant le Parti communiste chinois (PCC) et à chanter des chansons glorifiant le régime.
Les travaux forcés
Après avoir signé différentes déclarations, j'ai été forcé à effectuer des travaux pour la prison. J'ai principalement fabriqué des étiquettes de produits, mais j'ai aussi assemblé des boîtes à biscuits et des chewing gum. Une représentante des détenues marchait autour de nous pour contrôler la qualité du travail de chacun. Quand le travail de quelqu'un n'était pas conforme aux normes de qualité, il devait être refait et cela était pénalisé. Je devais finir 5 000 étiquettes par jour, sans quoi j'étais punie.
Les détenues devaient travailler extrêmement dur pendant plus de dix heures d'affilée pour satisfaire les quotas. Mes doigts ont gonflé, étaient coupés et saignaient fréquemment. Aussi difficile que ce soit, je devais satisfaire au quota chaque jour.
Les gardes de prison récompensaient celles qui réalisaient plus que leurs quotas en diminuant leur peine de prison. Suite à cela, de nombreuses détenues ont travaillé très dur, même pendant les pauses.
Dans la cinquième brigade, on exigeait également que les prisonnières fabriquent des produits dans leur cellule. Parfois, nous devions travailler avec des produits toxiques, comme la colle utilisée pour faire les boîtes de biscuits. Plus de dix personnes travaillaient dans un petit espace rempli de piles de produits entassés partout et sans ventilation. Bien que de nombreuses personnes parmi nous ressentaient des vertiges et souffraient de lésions cutanées, les gardes n'y prêtaient pas attention. Elles ne portaient leur attention que sur les profits qu'elles généraient.
Être témoin de la persécution
Plusieurs mois avant d'être libérée, j'ai été sélectionnée comme une des quatre représentantes des détenues pour assister les gardes de prison. Ainsi, j'ai pu marcher plus librement dans l'enceinte de la prison.
Un jour, j'ai marché jusqu'au bout du groupe est de la cinquième brigade et j'ai vu une porte en fer qui menait vers trois escaliers. J'ai vu une chambre d'environ 10 m2 sans aucune fenêtre ni lit. Les portes en fer des trois premiers étages étaient fermées à clé. Plus tard, j'ai appris que ces chambres servaient à la torture des pratiquantes du Falun Gong.
Pour forcer les pratiquantes à abandonner leur croyance, les gardiennes les mettent dans ces petites chambres et les empêchent de dormir avant minuit. Tous les activités comme aller aux toilettes étaient confinées dans ces petites chambres. Les gardes poussent les autres détenues à battre les pratiquantes. Quatre détenues étaient chargées de surveiller une pratiquante.
Les gardes m'ont aussi demandé de coopérer avec elles pour forcer Qu Yanyan, une pratiquante assidue, à abandonner sa croyance. J'ai été forcée à parler avec elle et j'ai dû écrire des lettres pour essayer de la persuader à renoncer à sa croyance.
Libérée, mais pas libre
Finalement, j'ai été libérée le 15 novembre 2011, après avoir purgé l'entièreté de ma peine de prison. Les membres de ma famille et les responsables du quartier sont venus me chercher à la prison. J'étais sans cesse menacée de ne pas pratiquer le Falun Gong et de ne pas prendre contact avec les autres pratiquants après être rentrée chez moi.
Je n'avais que 44 ans, mais la moitié de mes cheveux était devenue gris, en raison du stress que j'avais subi en prison. J'étais en mauvaise santé, je souffrais de pertes de mémoire et d'audition, je faisais fréquemment des cauchemars d'être torturée en prison et je ne pouvais plus m'endormir après ces épisodes effrayants. J'ai consulté de nombreux médecins et j'ai pris toutes sortes de médicaments mais ma santé ne s'est pas améliorée.
Les responsables du quartier ont demandé à ma belle-mère qui vivait avec nous, de me surveiller et de m'empêcher de pratiquer les exercices de Falun Gong. La gardienne de prison, Shi Lei et l'agent de police, Qian Weiping du poste de police de Songjiang sont venus chez moi à plusieurs reprises pour m'intimider et m'empêcher de reprendre la cultivation et pratique du Falun Gong.
Reprendre la pratique, rétablir ma santé
Je n'avais pas pratiqué le Falun Gong pendant plus de trois ans, et mon coeur était impatient de reprendre la cultivation et pratique.
Quand plus tard, j'ai visité Hong Kong, j'ai vu un groupe de pratiquants de Falun Gong qui encourageaient les touristes provenant de Chine à démissionner du PCC. Cela a touché mon cœur et je suis rentrée à l'hôtel pour télécharger tous les livres du Falun Gong. J'ai également contacté un pratiquant vivant hors de Chine que je connaissais depuis longtemps.
Après mon retour en Chine, j'ai commencé à lire les livres du Falun Gong et à pratiquer les exercices. J'ai retrouvé ma bonne santé après avoir recommencé à cultiver et pratiquer. Ma belle-mère a ensuite déménagé dans sa propre maison. J'ai écrit une déclaration solennelle sur Minghui.org pour annuler toutes les déclarations que j'avais signées en prison.
J'ai émigré aux États-Unis en 2012. Maintenant, je peux cultiver et pratiquer le Falun Gong en toute liberté. En pensant aux souffrances horribles que j'ai subies en prison, je me dois de dénoncer les tortures perpétrées quotidiennement sur les pratiquants qui sont toujours emprisonnés.
J'espère que les personnes bienveillantes coopèreront pour mettre fin à cette persécution brutale du Falun Gong par le PCC !
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