Lors d'une rencontre au sommet à Prague, des dissidents chinois répondent entre autres à des questions sur les démissions du Parti communiste et les prélèvements d'organes

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Rencontre au sommet de dissidents chinois


21-12-2008
Le 5 décembre dernier, de célèbres dissidents chinois se sont retrouvés à Prague, capitale historique de la Tchécoslovaquie. Sur invitation de l’université Charles, la plus ancienne d‘Europe, ces invités spéciaux ont participé au symposium du Mouvement du Mur de la Démocratie et à quelques activités pour la démocratie, qui ont eu lieu aussi à Pékin dans les années 80.


LE SYMPOSIUM « Du mur de la démocratie à Internet » était organisé par le centre international de sinologie Chiang Ching-kuo à l’université Charles de Prague.


En marge du symposium qui était plus lié à l’histoire, The Epoch Times en a profité pour approcher quelques-uns de ces grands dissidents chinois et recueillir leurs réactions sur les sujets brûlants de la Chine d’aujourd’hui.


Notre première question a été pour Wei Jingsheng, activiste du mouvement de la démocratie en Chine, très célèbre pour avoir signé à Pékin en 1978 le document Cinquième Modernisation sur le Mur de la Démocratie en 1978. Wei Jingsheng a été arrêté le 29 mars 1979 pour avoir « divulgué des secrets militaires ». Il a été condamné à 15 ans de prison. Plus tard, il a publié une lettre dans laquelle il décrivait les conditions de vie inhumaines qui règnent dans la prison chinoise de Qincheng où était également emprisonné le Xe Penchen Lama. Il a été enfermé jusqu’au 14 septembre 1993, date à laquelle il a été relâché parce que la République populaire de Chine voulait montrer son ouverture aux yeux du Comité olympique. La Chine n’ayant pas été choisie pour accueillir les JO à l’époque, Wei a de nouveau été jeté en prison. Accusé de comploter contre l’Etat, il est resté en prison jusqu’au 16 novembre 1997, moment où il a été relâché pour raisons médicales et déporté aux Etats-Unis sous la pression internationale. En 1996, il a reçu le Prix Sakharov et il dirige maintenant la Fondation Wei Jingsheng basée aux Etats-Unis.


The Epoch Times: Reconnaissez-vous la vague de démissions du Parti communiste en Chine ? Y a-t-il des points communs avec les activités du Mouvement du Mur de la Démocratie en 1978 ?
Wei Jingsheng : Ce phénomène (le fait que les gens quittent le PCC) existe vraiment. […] la pratique du Falun Gong et la vague de démissions du PCC – au regard de la longue histoire de la démocratisation de la Chine sont une nouvelle forme de mouvement vers la démocratie. Sur le Mur de la Démocratie à Pékin quelqu’un a écrit une déclaration demandant aux gens de renoncer à leur adhésion au PCC. Cela n’a pas eu un grand effet sur le public. En fait, la note n’est restée qu’une seule journée. Le mouvement actuel n’a aucun lien direct avec le mouvement de la démocratie du « Printemps de Pékin » des années 80.


Un autre participant du symposium qui a accepté d’être interviewé par The Epoch Times est Ren Wanding, l’un des plus connus sur les questions des droits de l’homme. Il est connu non seulement pour avoir pris part au mouvement du Mur de la Démocratie, mais aussi pour avoir écrit la « Déclaration des droits de l’homme en Chine ». Il a également participé au mouvement de 1989 et a établi le Parti démocrate chinois en 1998. Il a passé 11 ans en prison. En 1994, alors qu’il était emprisonné, on lui a décerné le Trophée des droits de l’homme Robert Kennedy.


The Epoch Times: Est-ce que les citoyens chinois savent qu’il y a des gens torturés derrière les murs des camps de travaux forcés ?
Ren Wanding : Oui, ils le savent.


The Epoch Times : Est-ce la raison pour laquelle ils ont peur… d’agir ?
Ren Wanding : Oui, c’est dans la nature humaine d’avoir peur de la torture.

The Epoch Times : Croyez-vous qu’il puisse vraiment y avoir des prélèvements d’organes sur des pratiquants de Falun Gong dans les prisons chinoises ?
Ren Wanding : Oui, je le crois. Dans mon concept personnel de la démocratie future [en Chine], je défends les droits du mouvement de libération tibétain, le mouvement des droits de l’homme, les églises indépendantes, les pratiquants de Falun Gong et les éléments pro-démocratie au sein du PCC.

Le troisième que nous avons interviewé était Chen Maiping, écrivain chinois connu sous le nom de plume Wan Zhi. Il a écrit principalement des nouvelles. Il a également traduit des classiques anglais et suédois. A la fin des années 70 et au début des années 80, Chen a beaucoup contribué au magazine littéraire clandestin mais non sanctionné, Jintian (Aujourd’hui). C’est ainsi qu’il a commencé à être surveillé par les autorités chinoises, et depuis 1986 il vit en exil en Suède. Après le massacre de la Place Tiananmen en 1989, il a lancé le magazine Jintian pour les Chinois en exil et les dissidents en Chine. En Suède, Chen a notamment enseigné le chinois à l’université de Stockholm. Et il est vice-président et secrétaire général du centre chinois indépendant PEN.

Les communautés chinoises à l’étranger sont-elles influencées par la propagande de la Chine continentale?
Chen Maiping : La communauté chinoise en Occident semble homogène aux yeux des Occidentaux. En réalité elle est divisée en de très nombreux groupes, les Chinois de Hongkong, les Chinois de Taiwan et beaucoup d’autres. Bien sûr, parmi les Chinois à l’étranger, il y en a beaucoup qui sont lourdement influencés par le nationalisme, les « porte-drapeaux » qui ont cru que les Jeux Olympiques étaient un succès, etc. Le régime communiste essaie d’influencer les Chinois à l’étranger mais il n’arrive pas à tous les influencer.


Y a-t-il des médias chinois indépendants en Occident et jouent-ils un rôle important ?
Chen Maiping : Il y a beaucoup de sources indépendantes d’information très importantes pour les Chinois qui vivent à l’étranger. Par exemple The Epoch Times, New Tang Dynasty TV et plusieurs autres massmedia indépendants basés à New York et Paris qui sont principalement financés par Taiwan ou Hong Kong. Le problème est que la Chine a récemment acheté certains d’entre eux.


Le combat pour la démocratie ne se fait pas que sur le terrain politique, mais aussi social, écologique et culturel. Par exemple, un bon poème peut avoir un effet libérateur très puissant sur les gens. Aujourd’hui, les Chinois utilisent Internet pour atteindre les pages du centre chinois indépendant PEN, celles du mouvement d’opposition ou encore les pages de la Fondation Wei Jingsheng.


The Epoch Times : En parlant de Wei Jingsheng, s’il devenait par exemple le Premier ministre en Chine après la chute du régime actuel, accepteriez-vous de faire partie de son gouvernement ?
Chen Maiping : (rires.) Non, jamais. Un journaliste doit rester indépendant.


Vous avez mentionné l’effet que peut avoir un bon poème sur l’esprit des Chinois. La question est : leur esprit n’est-il pas en quelque sorte empoisonné après avoir passé près de 60 ans sous le règne communiste ?
Chen Maiping : La situation de la langue chinoise est très complexe. Après la révolution communiste en 1949, les caractères chinois ont été imposés à notre nation… Donc combattre l’idéologie est une affaire d’esthétique linguistique aussi. Le discours communiste utilise trois formes primaires : les fausses déclarations (mensonges), les phrases grandiloquentes (exagération) et le vide (vider les mots de leur sens). Quand le régime tombera, la langue chinoise devra revenir à sa forme véritable, concrète et claire. Elle doit revenir à sa belle origine. Peut-être devons-nous retourner à notre tradition. Le chinois traditionnel était en réalité plus concret et merveilleux.


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