Taipei Times (Taiwan): venir compléter le cercle

Dans le grenier d’une petite clinique de dentiste, route Hoping.E à Taipei, environ une vingtaine d’étudiants étaient assis en cercle pour leur rencontre d’étude de groupe hebdomadaire. Avec le genre d’énergie qu’on voit rarement dans la plupart des salles de cours du collège le plus souvent apathiques, ils lisaient leurs livres à voix haute et claire. Personne ne murmurait même. D’un seul trait ils ont terminé la 32ème page du chapitre. Sous le regard de plusieurs portraits de Li Hongzhi, fondateur du Falun Gong.
Beaucoup d’entre eux lisent Zhuan Falun, le traité du mouvement spirituel pour la douzième fois.

Le Falun Gong a organisé des événements spectaculaires en Chine avant la répression (photo Chian Yun-Hsiang)

Quand l’horloge a sonné 9 heures, leur échange mutuel sur comment chacun d’entre eux avait pratiqué les enseignements du livre cette dernière semaine a soudain cessé. Un par un, ils se sont mis en position de méditation. C’est l’heure d’émettre de bonnes pensées … pour aider les pratiquants de Falun Gong du continent et d’ailleurs à surmonter les ennuis que leur a récemment causé le gouvernement chinois dans le récent incident d’interception du satellite, » a annoncé un des étudiants du groupe.

Tandis que la courte mélodie sortait du magnétophone au milieu, tous les participants ont fermé les yeux et ont pris une profonde respiration. Leur tranquillité formait un contraste criant avec le bruit de la circulation et le beuglement des slogans politiques des camions en campagne électorale.

Des pratiquants de Falun Gong de l’Université Shih Hsin, ci-dessus, méditent sur le campus (photo de Chian Yun-Hsiang)

"Nous utilisons notre volonté pour clarifier le champ matériel de l’univers des mauvais éléments. Nous faisons cela pour dire au gouvernement Chinois d’arrêter de réprimer les pratiquants de Falun Gong parce que réprimer une bonne chose est mauvais, » m’a dit un étudiant après les 10 minutes de méditation.

Ce groupe est constitué d’étudiants de différentes universités. Beaucoup d’entres eux sont membres de clubs de Falun Gong dans leurs collèges. A part l’exercice quotidien, soutenir les pratiquants en Chine en « révélant la vérité » à propos de leur pratique est une partie essentielle des activités du club.

Depuis la création du premier club de Falun Gong à l’Université Nationale de Taiwan au début des années 2000, une dizaine de tels clubs sont apparus dans d’autres collèges, dont l’Université Chung Cheng, l’Université Cheng Chi, et l’Université Nationale de Taiwan de Science et de Technologie. Le nombre des membres va de deux à la vingtaine, pas beaucoup pour des clubs de collège. Mais le nombre de clubs grossit vite, avec plus de la moitié de ceux existant qui se sont établis seulement le dernier semestre.

Ce groupe d’étude est un des nombreux rassemblement de ce genre, dans lequel la volonté, les mystères irrésolus du monde et les dernières découvertes scientifiques sont des sujets de discussions populaires.

Il y a un passage du Zhuan Falun Qu’ils aiment à citer : « l’idéologie qui guide la science actuelle se limite à ce monde matériel dans sa recherche et son développement….quant aux phénomènes intangibles et invisibles dans notre dimension, les gens n’osent pas les approcher et les repoussent comme des phénomènes non identifiés … Si les êtres humains étaient capables de porter sur eux-mêmes et sur l’univers un regard neuf et changer leur mentalité rigide, l’humanité ferait un bond en avant.. »

« Je pense qu’il y a parmi les pratiquants de Falun Gong toutes sortes de gens … Certains espèrent améliorer leur santé, surtout les personnes âgées. Certains aiment ses explications de l’univers et de la vie. De nombreux intellectuels et étudiants viennent pour cette raison, » dit Chang Chin-hua doyen des étudiants diplômés d’une école de journalisme et instructeur au club de Falun Dafa de l’université.

Une attitude ouverte envers ce qui n’est pas expliqué par la science pourrait être le plus grand attrait du mouvement spirituel pour les jeunes intellectuels.
"La science se contredit quelque fois elle est par conséquent inadéquate pour expliquer le monde. Ce que les gens avaient l’habitude de considérer comme surnaturel pourrait devenir scientifique dans le futur. Les passages dans Zhuan Falun correspondent au besoin spirituel naissant des jeunes étudiants des dernières années, » dit Chang Ching-hsih, directeur de l’Institut de Falun Dafa à Taiwan et aussi instructeur au club NTU de Falun Dafa.
"J’ai lu de nombreux écrits religieux et philosophiques avant mais aucun ne donne de signification au présent ni ne fournit une réponse à une mort inévitable. Les mots succincts dans le petit Zhuan Falun sont suffisamment clairs pour éliminer tous mes doutes, » dit Wu Cheng-han, Fondateur d’un groupe de Falun Dafa et étudiant dans un Institut Universitaire de Sciences atmosphériques.

Encouragé par sa mère, un professeur de collège qui étudiait le chigong pour améliorer sa santé, Wu a par la suite trouvé les doctrines du mouvement plus attractives que les exercices. Au début de 1999 les mesures à grande échelle prises en Chine contre le Falun Gong l’ont incité à fonder le club alors qu’il était étudiant de 4ème année à l’université.

Attirer l’attention sur la répression du Falun Gong en Chine est un des principaux buts de l’organisation à Taiwan. C’est parce que les pratiquants de Falun Gong à Taiwan pensent que leur nation est un endroit unique pour le développement du Falun Gong.

"Le Falun Gong, comme toutes les écoles de chigong, est une chose chinoise. Les pratiquants aux Etats-Unis et dans les autres pays sont assez dispersés. C’est à nous à Taiwan de faire le plus d’efforts pour faire connaître la vérité à propos du Falun Gong, » dit Wu.

Certains clubs font des efforts pour “dire la vérité” à propos du Falun Gong grâce à des activités comme les expositions photos.

Le club de Falun Dafa de l’Université Shih Hsin a présenté en mars des photos montrant comment au début des années 90 le gouvernement chinois encourageait le Falun Gong, comment la pratique attirait des nouveaux-venus en occident et dans les communautés chinoises autour du monde, ainsi que des documentaires sur les arrestations et le traitement brutal des pratiquants en Chine.

Une des choses qu’ils veulent montrer clairement dans ces activités consistant à "dire la vérité" est que le Falun Gong n’est pas une religion.
"L’Institut de Faluln Dafa de Taiwan n’a pas un fondateur décédé, comme Sakyamuni. L’assimilation et d’autres rituels religieux sont aussi absents du Falun Gong. Le ministre de l’intérieur l’a par conséquent classifié comme un « groupe civil athlétique et récréatif » comme les autres écoles de chigong, » dit Chang Ching-hsih.

L’absence d’une liste de membres rend difficile d'évaluer le nombre des pratiquants, donnant au mouvement une aura de mystère. Mais l’absence d’une organisation centrale signifie qu’ils mènent leur mission en tant qu’individus.
"Puisqu’il n’y a pas d’organisation pour prélever des fonds, les pratiquants doivent se débrouiller seuls. Par exemple, ma mère vient de faire imprimer des brochures à distribuer, » dit Ho Bing-chen, fondateur du club de Falun Dafa de l’Université et actuellement assistant de recherche à l’université.

"Notre but est de clarifier l’atmosphère et nous l’espérons d’arrêter la répression par les leaders chinois ; nous devons donc communiquer avec les citoyens chinois. Les étudiants font ça en donnant des coups de téléphone dans les foyers du continent ou en écrivant des lettres à des individus. Certains appellent des officiers de la sécurité publique pour leur dire d’arrêter, » a dit Chang Ching-hsih.
"Le club des étudiants a beaucoup fait en utilisant Internet pour communiquer la vérité à propos du Falun Gong au monde," a –t-il ajouté.

A propos du récent incident d’interception, dans lequel Beijing a dit que des programmateurs satellite illégaux à Taiwan avaient intercepté les programmes habituels de la télévision chinoise et transmis de la propagande du Falun Gong, les pratiquants étudiants ont manifesté leur indignation.
"Dans la confusion que l’incident a provoqué dans les médias, on s’est focalisé sur l’illégalité de l’interception. Peu de gens se demandent pourquoi quelqu’un a fait une telle chose. Lorsque des centaines de gens sont tués sans raison valable et qu’il n’y a aucune façon de faire connaître l’injustice, qui est la vraie victime ? » a dit Wu.

"Non seulement la Chine n’a pas pu fournir de preuves du contenu de l’interception, mais il est douteux qu’un pratiquant puisse s’offrir l’équipement nécessaire pour intercepter le code du signal, soit environ 5 millions de dollars NT, a dit Ho. « Dire que c’est erroné parce que cela viole la loi internationale est simpliste. Même si les pratiquants à Taiwan l’avaient fait, dans ces circonstances, de quel côté la loi a-t-elle été violée, c’est un acte de justice. »

Ce que Chang Chin-hua a demandé lors de la conférence de presse convoquée après l’interception de la télévision faisait écho à ces sentiments : “Si vous regardez la télé chez vous et qu’un incendiaire mette le feu à la maison des voisins, qui hurlent fort et appellent à l’aide, les blâmeriez vous pour avoir empiété sur votre droit à regarder la télé ? »