Le combat pour le Falun Gong, un testament de l’Holocauste, selon Matas

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12-10-2007

L’avocat David Matas lors d’une conférence de presse à Hong Kong. (Woody Wu/AFP/Getty Images)


Dans un monde où la torture, les camps de travaux forcés, l’esclavage des enfants et l’épuration ethnique sont aussi courants qu’au siècle dernier, notre combat pour la survie peut ne dépendre que de quelques personnes au «pouvoir».

Mais l’avocat canadien et expert de l’Holocauste, David Matas, n’est pas d’accord. Selon lui, les droits de l’homme ne relèvent pas du domaine des spécialistes, mais appartiennent à tout le monde.

Juif et défenseur dévoué des opprimés de la société, M. Matas tire inspiration de ses racines.

«Quand j'étais petit, j’étais profondément bouleversé par l’Holocauste. Je voulais faire quelque chose à ce sujet. Mon contact avec les droits de l’homme m’a donné un moyen de le faire», raconte le diplômé de l’Université d’Oxford, âgé de 64 ans, qui depuis les 40 dernières années a travaillé pour les droits des Colombiens, des Kurdes turcs, des Nigérians et d'autres nationalités. Durant la dernière année, il a fait pression pour que cesse la persécution des pratiquants de Falun Gong en Chine.

«Ce que j’essaie de faire, c’est de tirer des leçons de l’Holocauste et de les appliquer comme un testament dédié aux victimes de l’Holocauste», a-t-il poursuivi.

Alors pourquoi est-ce qu’un Juif entreprendrait la mission de défendre les droits de millions de gens en Chine? La réponse, dit-il, est simple : «Parce que nous sommes tous des êtres humains.»

«Le Falun Gong, selon moi, est accusé de bigoterie. Si vous portez attention à ce qui se dit, vous voyez qu’il s’agit d’un préjugé contre le groupe. Si ce genre de choses était dit contre les groupes de victimes plus traditionnelles – les Juifs, les Noirs – les gens s’insurgeraient immédiatement.

«Mais je suis stupéfait de la façon dont les gens sont insensibles lorsqu’il y a un préjugé contre un groupe auquel ils ne sont pas familiers», commente M. Matas, se référant à la discipline spirituelle qui provient d’anciennes traditions bouddhistes et taoïstes, mais qui subit une sévère répression depuis 1999.

Traverser les frontières
Nommé «personnalité de l’année» en 2006 par la Brotherhood Interfaith Society au Canada, M. Matas sait comment aller au-delà des frontières, qu’elles soient religieuses, ethniques ou même géographiques.

Durant la dernière année, il a voyagé dans plus de 40 pays. Il a parlé à plus de politiciens que le ferait un diplomate et il a donné des centaines d’entrevues à des médias à travers l'Europe, l’Amérique du Nord et l’Australie. Son but est simple : mettre fin aux prélèvements d’organes des pratiquants de Falun Gong en Chine. Il a qualifié ce crime de «nouvelle forme du mal» après avoir compilé un rapport indépendant sur les allégations avec l’aide d’un ami de longue date qui est le politicien canadien ayant siégé le plus longtemps à la Chambre des communes, David Kilgour.

Le rapport révisé de 61 pages, intitulé Prélèvements meurtriers, a été publié en janvier de cette année. Après des mois d’enquêtes, incluant des appels clandestins aux hôpitaux chinois et des conversations avec de nombreux témoins, l’équipe canadienne a conclu que des milliers de pratiquants de Falun Gong ont été et sont tués pour des parties de leur corps afin de servir le marché lucratif des organes en Chine.

M. Matas a clairement exprimé qu’il n’est pas un pratiquant de Falun Gong, qu’il n’a jamais étudié les enseignements du Falun Gong et qu’il est fier de son héritage juif. Cependant, il est scandalisé du manque fondamental de liberté de croyance en Chine.

«Pour moi, cela ne m’importe peu qui ils sont. Ils sont des gens qui ont une croyance et ils devraient être libres de faire et de croire ce qu’ils veulent ainsi que de pratiquer cette croyance.»

Boucs émissaires de la société
Alors pourquoi le gouvernement chinois s’en prendrait, plus qu’à n’importe quel autre groupe, à des personnes innocentes qui ne font rien de plus que de pratiquer des exercices et de méditer, demande M. Matas. La réponse, dit M. Matas, ne se trouve pas chez les victimes, mais chez les persécuteurs.

Pour comprendre l’antisémitisme, on doit regarder les antisémites, pas les Juifs, explique-t-il. «Comprendre la persécution du Falun Gong ne requiert pas la connaissance du Falun Gong; mais cela nécessite une analyse du Parti communiste chinois.» Le régime, ajoute-t-il, doit avoir un bouc émissaire qu’il peut blâmer de tous ses malheurs.

Tout comme les Juifs ont été les boucs émissaires sous la dictature nazie, les pratiquants de Falun Gong sont diabolisés par le régime communiste chinois.

Selon M. Matas, c’est assez pour qu’il se lève et dise que le régime chinois n’est pas apte à tenir les Jeux olympiques de 2008.

«Les pratiquants de Falun Gong, ainsi que plusieurs autres, ne peuvent pas participer aux compétitions de sports olympiques, ne peuvent entraîner les athlètes olympiques, ne peuvent même pas s’asseoir sur les gradins et regarder les Jeux. Cette détérioration [de la situation] avant l'approche à grands pas des Jeux laisse la place à un appel compréhensible pour leur boycott.»

Cependant, la lutte pour le Falun Gong ne se termine pas avec les enquêtes sur les prélèvements d’organes, affirme M. Matas.

«Au-delà [des prélèvements d’organes], je voudrais voir la fin de la persécution du Falun Gong. Au-delà de cela, je voudrais voir la fin du règne du Parti communiste en Chine. Au-delà de cela, je voudrais voir la fin de toutes les violations de droits de l’homme dans le monde…»


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