La vie après la torture -Une famille essaie de reprendre une vie normale après une décennie de terrifiante persécution en Chine(2)

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La persécution est lancée

Wang et son mari, Li, ont passé quasiment dix ans à entrer et sortir de camps de travaux forcés, prisons et centres de lavage de cerveau, pour leur simple refus de renoncer à leur croyance en Falun Gong.


En 1998, lorsque le couple a commencé à pratiquer, le régime chinois soutenait le Falun Gong, dont la pratique repose sur les principes d’authenticité de compassion et de tolérance. D’après les propres estimations du régime, plus de 70 millions de citoyens le pratiquaient, et le département d’Etat des sports rendait compte d’améliorations largement répandues de la santé et de la moralité. Tous les matins, les parcs étaient plein de personnes faisant les exercices et la méditation.


Mais le communisme prône l’athéisme, et le simple nombre des adhérents du Falun Gong a effrayé le chef du Parti communiste, à l’époque Jiang Zemin.


D'après Falun Dafa Information Center, une ONG basée à New York et qui suit la persécution, Jiang a initié le 20 juillet 1999, une campagne de persécution à l’échelle nationale avec pour mission de " détruire complètement la réputation du Falun Gong, acculer les pratiquants de Falun Gong financièrement, et éradiquer le Falun Gong en trois mois. "

Jiang a créé une force de police extra-judiciaire appelée le Bureau 610, lui donnant pour mandat d’exécuter son plan. Et il y avait déjà dans chaque usine, école, ou entreprise d’État un cadre intégré ayant pour tâche d assurer que la population suive la ligne du Parti.


D’après une déclaration d’Amnesty International de Mars 2000, la persécution était politiquement motivée. " Et la vaste majorité de ses victimes sont des personnes ordinaires ne faisant qu’exercer pacifiquement leurs droits fondamentaux de liberté, d’association et d’expression. "


Une enfance volée

Fuyao n’avait que 6 ans la première fois que ses parents ont disparu dans le système de camp de travail de la Chine .


“J’étais confuse, je ne comprenais pas ce qui arrivait,” s’est rappelée Fuyao, qui a aujourd’hui 24 ans et vit à New York. “Mais je savais que mes parents avaient raison, parce qu’ils défendaient ce en quoi ils croyaient.”


La résolution de la fillette a été testée à chaque niveau. À l’école ses camarades de classe l’évitaient et crachaient dans ses livres sous les yeux même des professeurs, ses parents étaient rarement là, il n’y avait à la maison que sa grand-mère, malade à force d’inquiétudes pour son fils et sa belle fille.

 
(G–D) Wang Huijuan, Li Fuyao, et Li Zhenjun dans la ville deTianjin, Chine, in 1995, trois ans avant qu’ils ne commencent à pratiquer le Falun Gong. (Courtoisie de Li Zhenjun)

Mais ni colère ni ressentiment n’est perceptible dans son comportement. Elle a dit avoir su tout du long que ses parents n’avaient commis aucuns crimes.


“J’ai un immense respect pour ce qu’ils ont fait et enduré,” a dit Fuyao.


Wang dit que son cœur est encore douloureux lorsqu’elle pense à la séparation avec sa fille. " Après avoir été emmenée, je m’inquiétais surtout pour ma fille—elle est si jeune, comment va-t-elle faire face à tout cela ? "


Une fois où Fuyao lui a rendu visite, Wang lui a demandé " préférerais tu que j’accepte d’être 'réformée' et revienne à la maison, ou que je défende ma foi sans trahir ma conscience ? Si je dis la vérité, ils me garderont ici. "


" Je pleurais et elle a essuyé mes larmes ", " Maman, tu dois être droite. Tu ne peux pas dire que le Falun Dafa est mauvais. "


Forcé à choisir

La première fois qu’il a fait le voyage à Pékin depuis Tianjin, sa ville natale, pour protester contre la persécution, Li était déchiré. C’était le mois d’octobre 1999, et la Place Tiananmen était devenue le principal endroit où manifester du fait de la proximité de l’enceinte gouvernementale- et en raison des souvenirs indélébiles liés au massacre des étudiants de 1989.


“Le matin J’ai pris ma fille dans mes bras en pleurant, conscient que ce pourrait être la dernière fois que je la voyais,” s’est rappelé Li, qui était un célèbre présentateur de télévision.


Il connaissait les risques d’une manifestation pacifique – depuis juillet 1999, des dizaines de milliers d’adhérents du Falun Gong avaient été arrêtés et jetés dans des camps de travaux forcés et des centres de lavage de cerveau. Il avait entendu de terrifiantes histoires de torture et de mort.


Mais il avait aussi lui-même expérimenté le miracle de la pratique. Il avait une hépatite B chronique et avait appris en juillet 1998 qu’elle était incurable. Il a commencé à pratiquer les exercices du Falun Gong et à étudier les enseignements, et en quelques semaines, Li a dit que son corps était devenu sain et fort. C’était il y a presque 18 ans.


C’est ce qui a été déterminant dans sa décision d’aller place Tiananmen. " Falun Dafa m’avait donné une seconde chance, et devait pouvoir être pratiqué librement en Chine, " a dit Li. " Si moi je ne parle pas [en faveur du Falun Gong], qui le fera ? Mais je suis allé Place Tiananmen en pensant que je serais probablement tué. "


Il a été arrêté presque sitôt mis le pied sur la place, et quelque jours plus tard, Li a écopé de trois ans dans un camp de travaux forcés. Il n’y avait ni juges ni jury, juste un policier lisant la condamnation sur un morceau de papier. Li n’était passible d’aucuns crimes, aucune accusation n’était justifiée, il n’y avait aucun moyen de faire appel. Il allait être illégalement détenu pendant des années juste parce qu’il pratiquait le Falun Gong.


“J’étais un bon citoyen. C’était complètement absurde,” a-t-il dit.

 
Li Zhenjun partage son histoire de persécution en Chine à Manhattan, New York, le 2 janvier 2017. (Samira Bouaou/Epoch Times)

On lui a rasé la tête, lui a fait enfiler une tenue de prison bleu marine, et lui a assigné une couchette supérieure dans une pièce minuscule comptant six lits superposés. Il n’y avait pas de matelas, les prisonniers dormaient à même des planches de bois et n’avaient une couverture que si leur famille en envoyait une.


“Comme il faisait sombre et humide, la plupart des prisonniers attrapaient la gale et développaient des plaies,” a dit Li. “La nuit, en essuyant négligemment les lattes de bois de la main vous pouviez tuer plusieurs punaises.”


Chaque matin, ils devaient enlever leurs couvertures et faire impeccablement leurs lits avec des draps d’un blanc de neige et des couvertures vertes fournies par les gardes. Il était interdit de s’asseoir ou s’étendre sur ces couvertures- ça n’était qu’une mise en scène en cas d’inspection d’un fonctionnaire du gouvernement.


La nourriture était dégoûtante.


“Les légumes étaient moisis. Ils se contentaient de les jeter sans les laver dans une marmite et de les faire bouillir," a-t-il dit. “Le gruau de riz était mélangé à de l’eau du robinet et la proportion de riz était quasi inexistante.” Encore aujourd’hui, Li ne peut pas manger d’aubergines ni de carottes.


Il avait droit à cinq petits pains à la vapeur par jour, qui contenaient souvent des excréments de rats. " Ceux du matin et du soir étaient noircis. Ceux de midi légèrement plus blancs " s’est-il rappelé.


Li a passé 16 heures par jour, sept jours par semaine pendant plus de deux ans, à assembler des ballons de football commémoratifs pour la Coupe du monde de la FIFA 2002 – tout en étant emprisonné dans un endroit sordide, non rémunéré, souffrant d’inanition et torturé.


Il devait achever trois ballons par jour, quoiqu’il arrive. Les ballons nécessitaient chacun quelques1800 points, et ils avaient 32 panneaux composés de 20 pièces hexagonales et 12 pentagonales. Ses doigts étaient souvent infectés et suintaient du sang et du pus en raison des toxines dans le faux cuir, en particulier s’il se piquait accidentellement lui-même avec l’aiguille.


" Nous travaillions de 6h du matin à au moins 22 h," a dit Li. " J’étais considéré comme quelqu’un travaillant relativement vite, ceux qui n’arrivaient pas à finir étaient battus.”

 
La première fois qu’il a été arrêté et détenu, Li Zhenjun a été soumis à une technique de torture baptisée " L'avion " durant l’interrogatoire. Après avoir été dans cette position pendant une demi-heure, un policier a envoyé Li à terre d’un coup de pied et a continué à le battre (minghui.org)

Les coups étaient souvent le fait des autres détenus (habituellement les pires, selon Li) toujours prêts à se faire bien voir des gardes. Dans le cas de Li, c’était un prisonnier condamné à mort pour avoir réduit une personne à l’esclavage dans sa propre maison pendant des années.


Chaque soir après le travail, Li et les autres pratiquants de Falun Gong devaient rester assis deux heures durant sur de petits tabourets, le dos courbé à regarder le plancher. Au moindre regard entre eux, les coups pleuvaient.


On lui a dit qu’il serait exempté de ces sessions d’ "étude", s’il écrivait une déclaration disant qu’il cesserait de pratiquer le Falun Gong. Epuisé par plusieurs mois de mauvais traitements et sans plus d’espoir, il l’a fait.


“Mais je me suis senti affreusement mal,” a dit Li. “Avant que je ne l’écrive, c’était la torture physique, mais après j’ai connu la torture morale, la torture psychologique."


Il s’est rétracté peu après et a demandé à un policier de lui donner une feuille de papier blanc. Ce dernier a refusé et lui a administré encore un châtiment. Mais il était soulagé du fardeau psychologique.


Fuyao n’a vu son père que deux fois en un an. Séparée par une vitre et lui parlant au téléphone, elle l’a encouragé à tenir bon.


“Fuyao m’a souvent écrit des lettres, disant : ‘Tu dois tenir à tes valeurs,'” a dit Li.


Li a été relâché au-delà de sa peine initiale, mais il a été arrêté de nouveau 18 mois plus tard et emprisonné pendant quatre ans.


[à suivre]
Lire la première partie

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