[25 avril 2003]
Le virus de la pneumonie atypique va-t-il déclencher la révolution à Pékin ? Le syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) aurait alors pour la Chine le même impact politique que l'accident de Tchernobyl eut, il y a dix-sept ans, pour l'ex-URSS.
[
]le parallèle est fascinant. Dans un cas comme dans l'autre, le premier réflexe fut de mentir. En avril 1986, les autorités soviétiques commencèrent par nier la gravité de l'explosion qui avait détruit la centrale ukrainienne et libéré dans l'atmosphère des vapeurs mortelles. De même que le gouvernement chinois chercha d'abord à camoufler le nombre de ses citoyens contaminés par le Sras.
A chaque fois aussi, ce sont les conséquences pour l'étranger qui imposèrent la vérité. [
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En 1986, Mikhaïl Gorbatchev, qui, depuis son arrivée au Kremlin un an plus tôt, se contentait de promettre la réforme, fut soudain obligé de passer à l'acte et de parler vrai. Mais, cette «glasnost», la transparence, le contraignit à la «perestroïka», une restructuration qui aboutit en 1989 à la chute du mur de Berlin et en 1991 à la disparition de l'Union soviétique. Les Chinois se glorifiaient d'avoir agi plus sagement : en se concentrant sur la réforme économique, ils avaient échappé à la réforme politique. Et, à l'inverse de Gorbatchev refusant d'envoyer l'Armée rouge mater les Berlinois, la répression sanglante du mouvement de Tiananmen avait empêché le changement.
Voici que les mêmes causes pourraient avoir les mêmes effets. A propos du Sras, les dirigeants chinois ne se sont résignés à avouer que pour mieux protéger leur système. Une fois le mouvement lancé, ils risquent d'avoir beaucoup de mal à l'arrêter. Dans un régime fondé sur le mensonge, la vérité est révolutionnaire.
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