15-08-2011
Le séisme majeur de 2008 en Chine avait fait tomber en ruines les écoles primaires, construites avec une économie de matériaux et d'efforts. Les parents des enfants décédés dans les décombres s'étaient regroupés pour demander des comptes au gouvernement. Plutôt que d'ouvrir une enquête ou de recenser le nombre de victimes chez les écoliers, des agents du Parti communiste chinois (PCC) ont infiltré le groupe de parents, l'ont désagrégé, ont arrêté les récalcitrants et ont emprisonné un individu qui cherchait à les aider.
Un scénario semblable est survenu également en 2008 après la découverte du lait en poudre pour enfants délibérément contaminé à la mélamine. Un homme qui a milité au nom des parents, et dont l'enfant était également une victime, s'est retrouvé en prison.
Entre-temps, des millions de citoyens chinois pacifiques sont surveillés, arrêtés et torturés à mort parce que le PCC considère que leurs croyances religieuses sont une menace à son pouvoir.
Le régime chinois écrase aussi toute tentative d'organisation politique indépendante de son contrôle. Les chances de voir émerger une nouvelle Chine libre de ces tourments sont donc minces.
C'est là que Tuidang, qui veut dire «démissionner du parti», gagne en importance.
Yan Zhijun est le portrait type d'une militante Tuidang. Cette dame chinoise de 62 ans avec un grand sourire désarmant a commencé à promouvoir Tuidang au début de 2005, lors d'un voyage des États-Unis vers la Chine.
Son travail a débuté auprès d'un petit cercle de membres de sa famille. Elle leur rappelait les horreurs du communisme, passées et présentes, et leur demandait simplement : «Voulez-vous faire partie de cela?»
Après son retour de Chine, ses activités Tuidang ont pris de l'ampleur. Des membres de sa famille à ses amis, elle a étendu son cercle aux amis des amis, à ses anciens camarades de classe et professeurs et ensuite aux étrangers (elle dit maintenant que chaque personne qu'elle rencontre est comme un «frère ou une sœur» et, si elle est chinoise, elle lui parle de Tuidang).
Les gens qui n'avaient pas eu de ses nouvelles depuis quatre décennies ont été surpris de recevoir son coup de fil depuis les États-Unis, leur expliquant pourquoi ils devaient rompre leurs liens avec le Parti communiste chinois. Elle dit avoir aidé 1800 personnes à démissionner.
Couper les liens
L'idée de couper les liens avec une organisation dont on n’est pas nécessairement un membre officiel peut paraître étrange, mais le PCC n'est pas une organisation normale. Depuis sa prise de pouvoir en 1949, il a forcé la population à lui jurer allégeance, il a dominé ou tenté de contrôler toutes les facettes de la vie en Chine et a impliqué une grande partie de la population dans ses méfaits.
Dans les mots des Neuf commentaires sur le Parti communiste, une série éditoriale publiée par Époque Times à l'automne 2004 qui a donné vie à Tuidang, sous le règne du PCC : «Les croyances et les valeurs traditionnelles ont été violemment détruites. Les concepts éthiques et les structures sociales originels ont été désagrégés de force. L’empathie, l’amour et l'harmonie entre les gens ont été transformés en lutte et en haine.»
Le résultat était prévisible : «... un effondrement total des systèmes social, moral et écologique de la société et une crise profonde pour le peuple chinois [...] suite aux manœuvres, à l'organisation et au contrôle délibérés du PCC.»
Les Chinois comprennent. L'expérience de vivre sous le PCC est le dénominateur commun pour chaque personne ayant grandi en Chine continentale et, selon les militants Tuidang, il est temps pour les Chinois de choisir leur propre destinée.
L'essentiel n'est pas nécessairement de couper les liens physiques ou professionnels avec le PCC. On peut utiliser un pseudonyme pour démissionner du Parti et même continuer à être un fonctionnaire, aussi longtemps que la rupture s'est effectuée au niveau psychologique. «Les divinités regardent le cœur de l'homme», répètent souvent les militants Tuidang.
Ceux qui prennent part à Tuidang affirment que le mouvement dissout le PCC, une démission à la fois. Tuidang offre également la chance aux participants de se séparer des crimes et de la corruption du PCC. Caylan Ford, diplômée de l'Université George Washington, écrit dans son mémoire de maîtrise sur Tuidang que le mouvement offre aux Chinois un chemin vers «la consolation, la rédemption morale et la liberté brisant leurs liens psychiques et symboliques avec le Parti communiste».
Tranquillité d'esprit
Étant donné la violence extrême du Parti envers le peuple chinois au fil des décennies, certaines des déclarations de démission du Parti sont aussi extrêmes. L’une d'elles provient d'un ex-soldat s'appelant «Chen Xiaoyu». Il décrit avoir été forcé, avec sa compagnie, à ouvrir le feu sur un village de l'ethnie Hui en Chine. «Je n'oublierai jamais cette cruauté extrême et cette scène tragique, qui ne peut être exprimée par des mots», écrit-il.
Les prochaines lignes vont au cœur de l'expérience Tuidang pour les Chinois : «J'ai été élevé comme une personne honnête et gentille et j'aurais pu vivre une vie heureuse, paisible et normale, mais le démon m'a dérobé ce bonheur que j'aurais dû avoir […] Si les dieux entendent mon repentir, s'il vous plaît accordez-moi la tranquillité d'esprit afin que je ne sois plus terrifié par ce cauchemar récurrent. Aujourd'hui, je déclare solennellement que je démissionne du PCC et de toutes ses organisations affiliées.»
Un policier, utilisant un pseudonyme (puisque s'il se faisait prendre il pourrait être congédié et/ou être torturé), a écrit qu’il était rempli de remords après des années de «répression du peuple».
«Puisque j'ai perdu espoir dans tout ce que le PCC a accompli et que j'ai été un accessoire de ses crimes durant les 30 dernières années, ma conscience n'est plus en mesure de tenir sous cette immense pression. Avec l'aide des pratiquants de Falun Gong, je publie ma démission du PCC et de ses organisations affiliées», écrit-il.
Des références aux dieux ou aux forces supérieures qui veillent sur l'humanité sont courantes dans les déclarations plus longues. De telles croyances étaient une partie fondamentale de la culture chinoise jusqu'en 1949, moment où le Parti communiste a réprimé avec force toutes les religions, qualifiées de «superstitions». Et la référence au Falun Gong est à propos, puisque la plupart des gens qui diffusent Tuidang sont des pratiquants de la discipline spirituelle, persécutée depuis 1999 en Chine.
Une nouvelle Chine
Tuidang n'incite pas seulement les Chinois à faire face aux dilemmes moraux amenés par la dictature du PCC, mais il présente aussi une vision d'une autre Chine qui est ancrée dans les traditions chinoises authentiques, plutôt que dans les théories de Marx et Lénine.
«Lorsque je rencontre les gens, je leur demande s'ils ont déjà entendu parler de santui», raconte Yan Zhijun. Santui signifie les «trois démissions», se référant aux Jeunes pionniers communistes, à la Ligue des jeunesses communistes et au Parti comme tel.
«Je leur parle en termes simples : “Pourquoi voulez-vous lutter contre le ciel et la terre?”», comme le veut la théorie communiste du PCC. «Ce n'est pas ce que l'Empereur jaune nous a enseigné», poursuit-elle, se référant au fondateur mythique de la civilisation chinoise.
Écrit par Matthew Robertson, La Grande Époque
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