Suisse : LA GRUYERE 7 JANVIER 2003

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FALUN GONG

LA RESISTANCE PACIFIQUE


Issue de traditions bouddhiste et taoïste, la méthode du Falun Gong fait des dizaines de millions d’adeptes dans le monde. En Chine, elle est cependant interdite depuis 1999. Malgré leur répression, les pratiquants ne perdent pas l’espoir de voir la situation changer un jour.


« Je suis devenue plus calme, plus souriante, plus tolérante aussi. J’ai davantage de joie de vivre, d’énergie et j’ai trouvé une paix intérieure ». Les mots sont de Marianne Grangier, une Gruérienne d’origine qui pratique le Falun Gong depuis plusieurs années. Le Falun Gong ? Une pratique ancestrale (le qigong) consistant en cinq séries d’exercices. Sorte de Taï-Chi ou de yoga, la méthode est composée de mouvements lents et souples, simples à apprendre et adéquats à toute les conditions physiques, permettant de faire circuler l’énergie dans le corps.

Il s’agit surtout du plus grand phénomène populaire de l’histoire de la Chine. Issu de traditions bouddhiste et taoïste, le Falun Gong a été rendu public en 1992 par son fondateur Li Hongzhi. Il est basé sur trois principes universels : vérité, bienveillance, tolérance (Zhen, Shan Ren). Et ce mouvement paisible, qui n’a ni église, ni prêtre, ni gourou et pas d’agenda politique, ne répond pas aux critères qui feraient de lui une secte.

D’ailleurs, dans un premier temps, le Gouvernement chinois a soutenu et développé cette pratique, lui reconnaissant des effets bénéfiques sur la santé et la moralité des citoyens. Mais sa popularité grandissante a bientôt inquiété les autorités. En effet, en 1999, une enquête officielle évaluait à plus de 70 millions le nombre de personnes le pratiquant, soit plus d’un Chinois sur douze. Qu’ils soient politiciens, militaires, mères au foyer ou scientifiques. « Le mouvement dépassait surtout de quelques 20 millions le nombre de membres du Parti communiste et devenait incontrôlable. Ce que le président Jiang Zemin ne pouvait supporter », explique Marianne Grangier.


LE BUREAU 610

Quelques semaines après les résultats de l’enquête, la pratique du Falun Gong a alors été interdite en Chine. Depuis, le mouvement estime que plusieurs dizaines de milliers de pratiquants ont été arrêtés, torturés, envoyés dans des camps de travail forcé ou des asiles psychiatriques, ou encore tués. Ces faits sont confirmés par, entre autres, des organisations non gouvernementales (ONG), les Nations Unies, Amnesty International.

Pour mener campagne contre le Falun Gong, un bureau spécial appelé « 610 » a été mis sur pied à Pékin. Selon des sources du mouvement en Chine, ce bureau a émis des instructions orales permettant à la police et aux officiels d’outrepasser les contraintes légales, les déchargeant de toute responsabilité si un pratiquant décède en détention à la suite de coups. Des centaines de témoignages révèlent que depuis ces dernières années, « le régime de Jiang Zemin donne des ordres secrets contre le Falun Gong par l’entremise du bureau 610 pour détruire physiquement ses pratiquants ».


A L’ETRANGER AUSSI

« Mais la répression s’est également étendue à l’étranger, déclare Marianne Grangier. Les ambassades et les consulats chinois tentent de faire taire les soutiens au Falun Gong, de perturber ses activités, voire de les faire interdire » Et cette résidente genevoise d’ajouter qu’elle ne peut pas, par exemple, obtenir de visa pour la Chine et qu’elle est surveillée lors d’actions du Falun Gong. « A l’occasion d’une session de la Commission des Nations Unies sur les droits de l’homme à Genève cette année, le mouvement a loué une salle. Mais l’ambassadeur de Chine avait tenté auparavant de nous en empêcher en proposant 10 000 francs au propriétaire des locaux », raconte-t-elle encore.

Cependant, devant l’accumulation des violations des droits de l’homme par la Chine, l’Occident commence à se mobiliser. Ainsi, le Grand Conseil genevois a adopté en octobre 2002 une résolution déplorant ces pratiques. Les ministres des affaires étrangères de plusieurs pays européens (dont la Suisse) ont exprimé leur inquiétude. Les Nations Unies, par l’intermédiaire de sa sous-commission pour la promotion et la protection de droits de l’homme, tire aussi la sonnette d’alarme. Sans oublier les dénonciations faites, à la suite d’enquêtes, par Amnesty International, ainsi que par diverses ONG.

De ce fait, les pratiquants du Falun Gong gardent l’espoir que la situation s’améliore à l’avenir. Marianne Grangier : « Même les Chinois non pratiquants sont en train de se rendre compte que le Falun Gong n’est pas la chose diabolique que l’on a voulu leur faire croire avec la propagande ».

Florence Luy


UNE PRATIQUE TRES SIMPLE

La Suisse compterait quelque 500 pratiquants du Falun Gong. « Mais nous n’avons pas de chiffres précis, puisqu’il n’y a pas d’inscription requise, pas de contrôle », déclare Marianne Grangier, un membre domicilié à Genève. Le mouvement a commencé à se développer dans notre pays en 1996, soit quatre ans après qu’il est devenu un enseignement public en Chine. En Suisse romande, on peut pratiquer les exercices dans plusieurs localités. Un cours (gratuit) vient notamment de commencer à Fribourg, auquel « plus d’une vingtaine de personnes participent régulièrement ».

Les cinq séries d’exercices (voir illustrations) sont les suivantes :

- « Bouddha étend ses mille bras » : des mouvements d’étirements dégageant la circulation d’énergie dans les méridiens ;

- « Porter le Falun » : un exercice méditatif pratiqué debout ;

- « Relier les deux pôles » : basé sur des mouvements souples de bras le long du corps ;

- « Le circuit céleste de Falun » : une circulation répétée des mains de la face Yin à la face Yang du corps ;

- « Le renforcement des Shentong » : un exercice de méditation en position assise.

La méthode du Falun Gong ne fait pas de distinction entre techniques pour débutants et pour confirmés. Elle se pratique seul ou en groupe, à n’importe quel moment de la journée et pendant la durée de son choix. « L’expérience amène seulement une plus grande harmonie des mouvements, explique Marianne Grangier. On y consacre aussi davantage de temps, puisqu’il en ressort un profond bien-être ».

Si des études ont révélé les bienfaits de cette méthode sur la santé, « il ne faut pas la pratique avec l’objectif de guérir d’une maladie », prévient Marianne Grangier. Qui souligne cependant que le Falun Gong peut prévenir l’apparition de divers maux . « Par exemple, les femmes qui le pratiquent depuis un certain temps ne connaissent pas la ménopause ».

Enfin, les principes du Falun Gong sont exposés dans les deux livres écrits par Li Hongzhi, le maître qui l’a rendu public. Le premier est une introduction à la méthode, le deuxième une compilation des conférences données en Chine par l’auteur entre 1992 et 1994. FL

LA CRAINTE DE L’ARTICLE 23

Actuellement, le Gouvernement chinois veut introduire à Hong Kong une loi « antisubversion », par le biais d’une modification de l’article 23 de la loi fondamentale. Cette dernière garantissait jusqu’à maintenant sur le territoire de Hong Kong le respect et la garantie des droits fondamentaux et libertés individuelles existant dans tout état démocratique.

Cette nouvelle législation donnerait le plein pouvoir aux autorités de Hong Kong de déclarer illégal ou de condamner tout individu considéré comme dangereux pour la sécurité de l’Etat. Ce qui pourrait donc entraîner une répression du Falun Gong semblable à celle existant en Chine. A noter que la mise en œuvre de l’article 23 pourrait également remettre en question les droits des journalistes à Hong Kong ainsi que ceux de toute personne jugée dissidente du régime.

FL

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