L'honorable David Kilgour, J.D.
Sous-comité sur les droits humains, Parlement européen, Bruxelles
1er décembre 2009
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Merci de l’opportunité de parler du prélèvement sauvage d’organes sur les pratiquants de Falun Gong en Chine comme d’un nouveau crime contre l’humanité.
Le premier et très respecté témoin Gao Wenqian de Human Rights in China (HRIC) à New-York, nous a dit en partie que la situation générale des droits de l’homme en Chine est en train d’empirer. Les expériences d’un autre Gao (homonyme) Gao Zhisheng, illustre bien ce phénomène.
En 2004, Gao Zhisheng, alors parmi les plus éminents avocats en Chine et nominé depuis pour le Prix Nobel de la paix, a défendu un pratiquant de Falun Gong, qui avait été envoyé en camp de travail sans la moindre procédure judicaire. Gao, apprenant que la cour avait refusé d’entendre le cas en raison des « ordres d’en haut », a écrit au Congrès national du peuple et envoyé par la suite trois lettres au plus haut leadership de Pékin. Dans l'une, il parlait de l'enquête qu'il avait faite sur la persécution du parti à l’encontre du Falun Gong, de l’ « indescriptible violence endurée par notre bon peuple « entre les mains de ses agents, et combien la dizaine de jours passés à interviewer les pratiquants de Falun Gong était une « expérience bouleversante».
La licence de Gao lui a été retirée et son cabinet a été fermé. Sa femme et sa fille ont été harcelées par la police. Il a été emprisonné et torturé au cours d'une terrible période de cinq semaines et il est à présent « tenu au secret dans un endroit inconnu », selon Amnesty International.
La famille de Gao |
En travaillant à notre rapport final sur le prélèvement sauvage d’organes du Falun Gong, David Matas et moi-même avons visité une douzaine de pays pour interviewer des pratiquants de Falun Gong envoyés dans les camps de travaux forcés depuis 1999, et ayant ultérieurement réussi à quitter ces camps et le pays lui-même. Ils nous ont dit avoir travaillé dans de terrifiantes conditions, plus de seize heures par jour sans la moindre rémunération, sous alimentés, entassés à même le sol pour dormir et torturés. Ils fabriquaient des produits d’exportation, - des vêtements aux baguettes et aux décorations de Noël- pour des entreprises multinationales en tant que sous-traitants.
Les camps, qui ont été créés pendant l’ère Mao et imitaient de près ceux de la Russie sous Staline, et du Troisième Reich d’Hitler, permettent au parti d’y envoyer n’importe qui, pour une période allant jusqu’à quatre ans sans aucune forme de procédure judiciaire ni possibilité d’appel. Une estimation de 2005 répertoriait 340 camps à travers toute la Chine ayant une capacité d’environ 300, 000 détenus. En 2007, un rapport du gouvernement des EU estimait qu’au moins la moitié des détenus dans les camps étaient du Falun Gong. C’est une combinaison de gouvernance totalitaire et d’économie ou « tout est permis »qui permet à de telles pratiques d’exister.
Crystal Chen |
Prenons l’exemple de la pratiquante de Falun Gong Crystal Chen, ancienne assistante du Président d’un groupe d’import-export à Guangzhou, et actrice amateur, qui a passé trois ans dans un camp. Elle a fait l’expérience des passages à tabac, d’être menottée et étirée et de la privation prolongée de sommeil Dans un centre de détention, elle a été jetée sur le plancher de sa cellule et quatre grands costauds l’ont immobilisée. Une bouteille d’eau a été coupée en deux pour l’utiliser comme entonnoir. Ils ont versé un demi-kilo de sel dans la bouteille avec une petite quantité d’eau. Les gardes ont poussé l’ouverture de la bouteille contre les dents de Chen et essayé de lui ouvrir grand la bouche avec une brosse à dents sale.
Elle a résisté, sachant que le sel pouvait la tuer. Chen a dit : « Le sel allait partout dans ma bouche et mon nez…j’ai vomi du sel et du sang pendant des jours sans pouvoir manger. Mes gencives étaient pleines de sang, je pouvais à peine parler. Ils m’ont quand même menottée. « Un pratiquant masculin, Gao Xianmin, est décédé après avoir subi la même torture.
Chen, aujourd’hui réfugiée en dehors de Chine souligne que les pratiquants de Falun Gong, s’ils sympathisent peu - on le comprend - avec le parti, ne cherchent pas à s’impliquer dans la politique chinoise mais « seulement mettre fin à la persécution qui dure déjà depuis plus de dix ans… J’aime la Chine, je suis fière des milliers d’années de civilisation chinoise et fière d’être chinoise…j’espère voir la renaissance des authentiques valeurs chinoise et de la dignité, incluant l’authenticité, la compassion et la tolérance ».
David Matas et moi sommes arrivés à la conclusion consternante que les pratiquants de Falun Gong ont été et sont tués pour leurs organes. Nous avons écrit un rapport qui en est arrivé à cette conclusion, sorti en juillet 2006. Il y a eu une seconde version en 2007. Un troisième sous forme de livre a été publié ce mois-ci sous titre de Bloody Harvest.
Lancement du livre, 17 Nov, accueilli par les Canadian Parliamentary Friends of Falun Gong |
Falun Gong est une discipline spirituelle traditionnelle chinoise, avec des principes de vie, une méditation et des exercices qui a commencé en 1992. Le gouvernement l’a encouragée pour ses effets bénéfiques sur la santé. En 1999, elle était devenue si populaire que le Parti a eu peur qu’elle ne soit une menace pour sa suprématie idéologique et de nombre. Le nombre de gens pratiquant Falun Gong dans toute la Chine était passé de virtuellement aucun en 1992, selon une estimation du gouvernement, à de 70 à 100 millions de personnes. La pratique a été interdite en conséquence et continuellement diabolisée dans les médias depuis 1999.
Les pratiquants ont été invités à se rétracter. Ceux qui ont refusé et continué à pratiquer et ceux qui ont protesté contre l’interdiction ont été arrêtés. S’ils se rétractaient après leur arrestation, ils étaient libérés. S’ils ne le faisaient pas, ils étaient torturés. S’ils se rétractaient après avoir été torturés, ils étaient alors libérés. S’ils ne se s’étaient pas rétractés après avoir été torturés, ils disparaissaient dans le système de détention chinois ou du travail forcé.
Qu’est il arrivé aux disparus ? Notre conclusion est que beaucoup d’entre eux ont été tués pour leurs organes, qui ont été vendus aux touristes en demande de greffes. Il faudrait trop de temps pour définir comment nous en sommes arrivés à cette conclusion. Nous vous invitons à lire notre rapport, qui se trouve sur Internet (accessible à www.david-kilgour.com ) ou notre livre. En résumé, voici trois de pistes de preuves qui nous ont amenés à une telle conclusion :
1) Seuls les pratiquants du Falun Gong dans les camps de travail et les prisons sont systématiquement soumis à des examens physiques et du sang. Ces tests ne sauraient être motivés par des préoccupations pour la santé des pratiquants, qui sont également systématiquement torturés. Les tests sont nécessaires pour les transplantations d’organes en raison du besoin de compatibilité de groupe sanguin entre la source des organes et le destinataire. Par exemple, Crystal Chen, mentionnée ci-dessus, pendant trois ans dans son camp a subi des tests médicaux à plusieurs reprises, dont deux analyses de sang.
2) Les sources traditionnelles de greffons de prisonniers condamnés à mort puis exécutés, les donneurs volontaires, les cas de mort cérébrale/cœur vivant, sont loin d’expliquer le nombre de transplantations en Chine. Il n’existe pas un système organisé de don d’organes. Il n’existe aucune loi permettant le prélèvement d’organes à partir de morts cérébrales-cœur vivant. Il y a une aversion culturelle pour le don d’organes et le prélèvement d’organes de morts cérébrales. Il n’y a pas de compatibilité nationale d’organes ou un système national de distribution en Chine, ce qui signifie qu’il y a un énorme gaspillage d’organes.
La seule source importante pour les greffes d’organes en Chine, avant la persécution des pratiquants du Falun Gong, a commencé par les prisonniers condamnés à mort et exécutés. Le nombre de transplantations d’organes en Chine a connu une augmentation fulgurante, peu après l’interdiction de la pratique du Falun Gong. Par contre le nombre de personnes condamnées à mort et exécutées n’a pas augmenté.
Nous estimons que 41,500 organes transplantés pendant la période de la persécution jusqu’en 2005 venaient de pratiquants de Falun Gong. Comment nous sommes parvenus à cette conclusion, c’est expliqué à la page 96 du livre.
3) Nous avions des personnes appelant les hôpitaux à travers toute la Chine, se faisant passer pour des proches de personnes nécessitant des transplantations d’organes. Dans une grande variété d’endroits, ceux qui étaient appelés ont affirmé que les pratiquants de Falun Gong (connus pour être en bonne santé à cause de leur régime d’exercice) étaient la source des organes.
Depuis que notre rapport est sorti, les lois et pratiques en Chine ont changé : depuis mai 2007 une loi chinoise sur les greffes exige que les transplantations soient réalisées uniquement dans les hôpitaux inscrits. Le Ministère de la santé a annoncé qu’à partir du 26 juin 2007, les patients chinois auront un accès prioritaire à la transplantation d’organes sur les étrangers. L’annonce interdisait aussi à toutes les institutions médicales de transplanter des organes pour des touristes étrangers. Le gouvernement a annoncé en août 2009, que la Croix Rouge de Chine avait mis en place un système de don d’organes comme projet pilote dans dix endroits.
Avec ces changements, toutefois, l’abus se poursuit. Les destinataires ont changé, de l’étranger au développement local, mais les sources restent sensiblement les mêmes. Le gouvernement nie que les organes pour les transplantations proviennent de prisonniers qui sont des pratiquants de Falun Gong. Pourtant, le gouvernement admet s’approvisionner en organes presque entièrement sur des prisonniers exécutés. La seule discussion que nous ayons avec le gouvernement est quel groupe de prisonniers est la source des organes.
L’approvisionnement en organes de prisonniers se fait sans consentement. Le Vice-ministre de la Santé, Huang Jiefu, s’exprimant lors d’une conférence de chirurgiens dans la ville méridionale de Guangzhou en Novembre 2006, a déclaré dans son discours : « trop souvent les organes proviennent de parties non consentantes ». Le gouvernement de la Chine admet que l’approvisionnement en organes sur des prisonniers est erroné. Huang au moment de l’annonce d’un projet de don d’organes pilote a déclaré que l’exécution de prisonniers « n’est certainement pas une source adéquate pour les transplantations d’organes ». Ce principe, que les prisonniers ne sont pas une source appropriée d’organes est accepté par la Société de transplantation et l’Association médicale mondiale.
Alors que va faire le monde de l’autorité de la Loi quant à la violation de l’éthique de la transplantation mondiale par le gouvernement chinois ? Notre rapport et le livre ont une longue liste de recommandations. Compte tenu du manque du temps, je n’en citerai ici que deux :
Une possibilité est une loi extra territoriale. La politique du gouvernement de Juin 2007 donne la priorité aux patients chinois, cela a réduit le tourisme de transplantation en Chine, mais une telle législation serait néanmoins une utile déclaration des principes universels. Le genre de greffes auquel le système médical chinois se livre est illégal partout dans le monde. Mais il n’est pas illégal pour un étranger d’aller en Chine et de bénéficier d’une greffe qui serait illégale chez-lui puis de revenir. La législation de transplantation étrangère est partout territoriale. Elle n’a pas de portée extra territoriale. Des nombreuses autres lois sont mondiales. Par exemple. Les touristes sexuels impliquant des enfants peuvent être poursuivis non seulement dans les pays où ils ont eu des rapports sexuels avec des enfants, mais également chez eux. Une telle législation n’existe pas pour les touristes qui paient pour la transplantation d’organes sans se soucier de savoir si le donneur d’organes était consentant.
Une deuxième recommandation est que toute personne connue pour être impliquée dans le trafic des organes de prisonniers en Chine, devrait se voir interdire l’entrée par tous les pays étrangers.
La tentative d'écraser les mouvements démocratiques, les journalistes honnêtes, les bouddhistes, le Falun Gong, les chrétiens, musulmans et autres groupes religieux indépendants, les défenseurs des droits humains et les autres communautés de la société civile ces dernières années, montrent qu’on doit s’engager avec beaucoup de prudence avec l’état-parti chinois en dépit des graves problèmes économiques du monde. Si le gouvernement cesse ses violations des droits humains et prend des mesures indiquant qu’il souhaite traiter ses partenaires d’affaire de façon mutuellement bénéfique, le nouveau siècle apportera l'harmonie à la Chine, à ses partenaires commerciaux et à ses voisins. Son peuple a le nombre, la persévérance, l'autodiscipline, l'esprit d'entreprise, l'intelligence, la culture et la fierté pour aider à rendre meilleur et plus pacifique ce nouveau siècle pour la famille humaine tout entière.
Merci
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