Des amis formels au Parlement pour un groupe persécuté en Chine

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05-11-2009


Le député néo-démocrate Bill Siksay est le premier président du groupe Parliamentary Friends of Falun Gong, dédié à faire avancer les droits de l'homme en Chine. (Samira Bouaou/La Grande Époque)

OTTAWA – Sénateurs et députés de différents partis canadiens préoccupés par la détresse des adeptes de la pratique spirituelle Falun Gong en Chine ont fondé une organisation parlementaire afin de se pencher sur le sujet. De telles associations existent déjà pour défendre la cause du Tibet ou des droits de l'homme en Birmanie.

Parliamentary Friends of Falun Gong (PFOFG) est le premier groupe du genre au monde, constitué de parlementaires, qui a pour mission d'offrir un soutien spécifique à la pratique de méditation et d’enseignements moraux, aussi appelée le Falun Dafa, victime d'une décennie de persécution en Chine.

«Notre premier objectif est de s’assurer que les parlementaires soient mieux informés sur les questions relatives au Falun Gong», a déclaré le président de PFOFG, le néo-démocrate Bill Siksay. «Une des principales raisons d’être de l’organisation est d’encourager le respect des droits de l'homme fondamentaux en Chine.»

Des rapports des Nations Unies, d'organismes gouvernementaux, d'organisations des droits de la personne et d'enquêteurs indépendants mettent en relief la brutalité de la persécution. La question des prélèvements d'organes forcés est aussi toujours d'actualité.

Introduite en Chine en 1992, la pratique du Falun Gong – basée sur les principes d'«authenticité, compassion et tolérance» – est devenue rapidement populaire. Avant le début de la persécution en 1999, elle comptait, selon les estimations du gouvernement, entre 70 et 100 millions d’adeptes.

M. Siksay a fait savoir que le premier mandat du groupe était de rencontrer l’Association du Falun Dafa du Canada (AFDC).

Les activités futures pourraient inclure le parrainage d'évènements avec l’AFDC sur la Colline parlementaire, tel que le forum du 27 mai sur les droits de l’homme en Chine, organisé par le député conservateur Scott Reid, un directeur de PFOFG.

«Nous sommes extrêmement ravis d’apprendre que ce groupe a été mis sur pied», a affirmé le président de l’AFDC, Xun Li. «L’intérêt des parlementaires indique que cette affaire est importante. Ça enverra un message d’encouragement aux pratiquants en Chine.»

Le Canada, premier à condamner la persécution
Il y a dix ans, le Canada a aussi pris les devants en tant que premier pays à condamner publiquement la persécution. Le Canada a déposé une plainte officielle auprès du ministre des Affaires étrangères chinois peu de temps après le début des arrestations et des détentions massives de pratiquants le 20 juillet 1999, tel que rapporté par le Globe and Mail.

Dans une rencontre Canada-Chine sur les droits de l’homme en novembre 1999, le secrétaire d’État pour l'Asie-Pacifique, Raymond Chan, avait annoncé que sa délégation soulèverait «les questions spécifiques en regard des libertés de religion et des droits fondamentaux ainsi que des rapports de mauvais traitements infligés aux adeptes du Falun Gong».

La Presse Canadienne a rapporté que le Falun Gong était le troisième sujet le plus souvent abordé dans les correspondances avec le Bureau du premier ministre en 2005.

Un rapport du Département d’État américain de 2008 indique que, selon des observateurs étrangers, au moins la moitié des 250 000 prisonniers des camps de travail en Chine sont des pratiquants de Falun Gong.

Les efforts des parlementaires ainsi que l’inquiétude des Canadiens au cours des dernières années ont mené à la libération de pratiquants en Chine, et ont poussé les anciens premiers ministres, Jean Chrétien et Paul Martin, à soulever la question de la persécution auprès des dirigeants chinois.

Le soutien a continué malgré les tentatives toujours en cours par l’ambassade et les consulats chinois de calomnier le Falun Gong, y compris la distribution de propagande haineuse dans leurs bureaux de visa, le contrôle des médias de langue chinoise et la pression exercée sur des dirigeants canadiens.

Néanmoins, la portée de telles actions ne peut être ignorée.

«Il m'a toujours été clair qu’il y a une incompréhension de taille au sujet de la pratique du Falun Gong», a commenté M. Siksay.
Il croit que si ses collègues sont bien informés et sont conscients des questions importantes en lien avec la pratique, «je ne vois pas comment cela ne pourrait pas influencer la politique gouvernementale».

Groupe multipartis
Les membres fondateurs du PFOFG incluent deux sénateurs et 18 députés provenant de tous les partis représentés au Parlement.
Le libéral Borys Wrzesnewskyj et le conservateur Stephen Woodworth sont les vice-présidents. L'exécutif comprend également les néo-démocrates Peter Julian et Don Davies; les conservateurs Scott Reid, Rob Anders et le sénateur Consiglio Di Nino; ainsi que Diane Bourgeois du Bloc Québécois.

M. Di Nino est à l'origine de la fondation du groupe parlementaire, ayant amené l'idée il y a six mois.

M. Wrzesnewskyj a de son côté présenté un projet de loi pour combattre le trafic d'organes international. Il l'a rédigé en s'inspirant en partie d'un rapport canadien publié en 2006-2007 qui documente les prélèvements d'organes forcés sur les pratiquants de Falun Gong.

Prélèvements meurtriers a été coécrit par David Matas, avocat spécialiste des droits de l'homme basé à Winnipeg, et l'ex-parlementaire David Kilgour.

Scott Reid, adjoint au leader du gouvernement à la Chambre des communes, a présenté une motion à la Chambre en 2002 (adoptée à l'unanimité) qui exhortait Jean Chrétien à demander au dirigeant chinois Jiang Zemin de libérer 13 pratiquants de Falun Gong ayant de la famille au Canada.

La motion M-236, coparrainée par l'actuel ministre du Commerce international Stockwell Day, a mené à la libération de huit pratiquants en l'espace d'un an.

Irwin Cotler, un autre membre de PFOFG, est le conseiller spécial libéral chargé des droits de la personne et de la justice internationale. Il a aidé à obtenir la libération de prisonniers de conscience partout dans le monde, y compris des pratiquants de Falun Gong.

Xun Li espère que PFOFG «jouera un rôle important au sein du Parlement».

«Les Canadiens qui pratiquent le Falun Gong ont demandé notre aide», indique Stephen Woodworth dans un communiqué. «Le moins que les parlementaires puissent faire c'est de défendre les droits de l'homme lorsqu'on leur demande de le faire.»

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