Le Parti communiste chinois célèbre le 60e anniversaire de sa prise du pouvoir cette semaine et ses dirigeants ont promis de faire étalage de leur puissance militaire. Une quantité de nouveaux armements, dont la plupart n’ont jamais été exposés en public, défileront dans les rues de Pékin le 1er octobre dans le cadre de la «Journée nationale», selon un porte-parole du parti. Tandis que les médias officiels relayeront sans aucun doute cette démonstration de force, le parti montre des signes de surmenage alors qu'il est aux prises en coulisse avec une augmentation du mécontentement et de l'agitation.
Un article récemment paru dans le magazine du parti Outlook Weekly, publié par l'agence officielle du régime Xinhua, laisse filtrer, pour une rare fois, certaines des tensions.
«Ces temps-ci, des incidents de masse dans certaines régions ont exposé l'indifférence et les faibles capacités de gouverner de quelques responsables», indique un commentaire portant sur la dernière session plénière du Comité central.
«Si les membres du parti aux commandes ne peuvent gérer adéquatement le pouvoir qu'ils détiennent et qu'ils deviennent despotiques et séparés des masses, ce parti sera ultimement rejeté par le peuple», poursuit le Outlook Weekly.
Pour un parti qui s'est toujours déclaré «grand, glorieux et juste», une telle admission de vulnérabilité par un de ses propres magazines devrait sonner l'alarme chez les fidèles du régime.
Même si le régime a cessé de compiler des statistiques sur le nombre d'«incidents de masse» ayant lieu en Chine, après que le nombre annuel a septuplé en dix ans pour atteindre 74 000 en 2004, plusieurs croient que les troubles n'ont fait que se multiplier. On continue d'entendre parler d'émeutes, qu'elles impliquent quelques individus s'attaquant à la police ou des milliers de personnes se soulevant comme au Xinjiang cet été. Les incidents de masse incluent les manifestations, les émeutes et les confrontations entre citoyens et forces de l'ordre.
Des pistes de solution ont été amenées pour faire face à ce problème. Le régime a parlé de «démocratie au sein du parti», ce qui signifie essentiellement le maintien d'un seul parti au pouvoir, et il a fait la promotion d'une campagne «d'aide au public». Selon celle-ci, tous les chefs de parti locaux doivent être à l'affut des principaux griefs de la population jusqu'à ce qu'ils soient résolus.
Mais, à ce jour, ces campagnes n'ont pas dépassé le cadre des relations publiques et il semble qu'un nombre croissant de Chinois opprimés souhaite du changement.
Démissionner du parti
Actuellement en Chine, le mouvement tuidang (démissionner du parti) est une des plus grandes expressions d'insatisfaction vis-à-vis le régime. En date du 26 septembre, le Centre de service international pour démissionner du Parti communiste chinois (PCC) avait enregistré plus de 61 005 345 démissions du PCC et de ses organisations affiliées, soit la Ligue des jeunesses communistes et les Jeunes pionniers communistes. Ces derniers mois, un site Internet spécial mis en ligne pour enregistrer les démissions en a recensé de 50 000 à 70 000 par jour.
Le mouvement des démissions du parti a été déclenché par une série éditoriale publiée dans les pages de ce journal il y a quatre ans, intitulée Neuf commentaires sur le Parti communiste. D'abord publié en chinois, ce texte décrit en détail l'histoire du régime chinois – fortement censurée en Chine – en révélant des faits bouleversants. On y explique comment le parti a utilisé violence, meurtres, tromperie et ultranationalisme pour manipuler les Chinois.
Des études de fond menées par plusieurs universités, incluant le Harvard Law School, ont découvert que les Neuf commentaires sont un des sujets les plus censurés par l'appareil de contrôle du web du régime.
La pierre angulaire de ce mouvement d'opposition est composée de Chinois de la diaspora qui font partie de groupes persécutés par le régime et dont certains possèdent des connaissances avancées en informatique. Plusieurs d'entre eux sont des pratiquants de la méditation Falun Gong, comme Huang Yuzhen, une grand-mère de 68 ans de Toronto qui n'a pas fourni son vrai nom de peur que sa famille soit victime de représailles en Chine.
Quelques mois après son arrivée au Canada en 2004, le mouvement des démissions du parti a vu le jour et elle a décidé d'y prendre part. Elle est assez âgée pour se rappeler du temps où le PCC a conquis le pouvoir. Ses parents étaient des propriétaires terriens faisant partie des «classes noires» qualifiées de «contre-révolutionnaires» par le Parti communiste et qui ont été pratiquement anéantis.
Dans les campagnes politiques qui ont suivi, faisant s'affronter les paysans contre les propriétaires terriens et les ouvriers contre les patrons, la famille de Mme Huang a tout perdu.
Avec l'aide de son gendre pour traduire, Mme Huang explique que, depuis 2004, elle a effectué environ 10 à 20 appels téléphoniques en Chine quotidiennement. Elle a commencé par appeler sa famille et ses amis, leur parlant de la nature perverse du PCC et les encourageant à s'en détacher afin de ne pas être associés à ses crimes, explique-t-elle.
Bien que techniquement parlant ceux qui étaient seulement des membres des Jeunes pionniers ou de la Ligue des jeunesses communistes perdent leur adhésion en vieillissant, Huang Yuzhen estime qu'il est encore pertinent de renoncer explicitement à de telles affiliations.
Les Chinois qui adhèrent au parti doivent, quant à eux, prêter serment de lui consacrer leur vie.
Mme Huang, comme de nombreux autres dans le mouvement des démissions, croit que les gens sont libérés du contrôle du parti lorsqu'ils annulent leur adhésion.
Elle explique que, chaque jour, de trois à cinq personnes lui demandent d'enregistrer leurs démissions du parti. Selon la dame, ils seraient des centaines, sinon des milliers, à l'extérieur de la Chine à effectuer des appels du genre en Chine. Une femme aux États-Unis, ayant fait l'objet d'un reportage sur une chaîne de télévision sinophone, affirme avoir convaincu 10 000 Chinois de démissionner du parti depuis 2004.
En Chine, on peut voir des slogans du mouvement des démissions sur les murs et même sur des billets de banque.
Blocus d'Internet
Des pratiquants de Falun Gong impliqués dans les efforts visant à contourner le blocus d'Internet en Chine ont développé DynaWeb, un ensemble de services anti-censure offert par Dynamic Internet Technology Inc. Leurs solutions informatiques anti-censure sont devenues les plus populaires au monde. En plus de permettre aux Chinois de contourner le blocus pour accéder librement à l'information, les logiciels ont permis aux Iraniens de joindre le monde extérieur par le web lors de la répression qui a suivi les élections contestées du 12 juin dernier.
Bill Xia, le fondateur de DynaWeb, explique qu'au moment où les Chinois ont commencé à trouver des moyens d'éviter la censure, le régime a augmenté ses efforts pour reprendre le contrôle.
«Seulement cette année, il se passe tellement de choses, beaucoup de soi-disant manifestations, incidents de masse, des gens qui revendiquent leurs droits de la personne – le gouvernement essaie constamment de cacher ce genre d'information», mentionne-t-il.
Mais malgré ces efforts qui ont culminé cette année lorsque le régime a essayé de forcer tous les fabricants d'ordinateurs à préinstaller un logiciel qui surveille toutes les activités de l'usager, M. Xia affirme qu'un nombre grandissant de gens réussissent à obtenir des informations non censurées sur ce qui se déroule en Chine.
«Lorsque les gens ont accès à cette information, ça change leur compréhension de ce qu'ils voient dans leur vie quotidienne. Alors on voit de plus en plus de gens qui renoncent à leur adhésion au PCC. Les gens voient maintenant la propagande du gouvernement différemment. Ils disent : “Vous ne pouvez simplement pas croire ce que dit le gouvernement”. C'est de plus en plus courant.»
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