Des pratiquants de Falun Gong de Londres commémorent dix ans de résistance pacifique en tenant des portraits de victimes de la persécution. (Edward Stephen/La Grande Époque) |
Il y a maintenant dix ans, Sun Changzhen s'était rendue à Pékin pour défendre la pratique de méditation qui lui avait fait retrouver la santé et la paix intérieure.
Mme Sun habite maintenant à Toronto, mais elle se rappelle, comme si c'était hier, le jour du 25 avril 1999. Environ 10 000 pratiquants de Falun Gong s'étaient rendus au Bureau national des plaintes pour demander aux autorités que leur droit constitutionnel de liberté de croyance soit respecté.
Les autorités communistes serraient la vis depuis trois ans et les témoignages d'harcèlement ne cessaient de s'accumuler. C'est à ce moment que des pratiquants de Falun Gong ont jugé que le temps était venu de s'adresser aux autorités pour leur expliquer que leur discipline est bénéfique à la société chinoise.
Mme Sun était arrivée à Pékin un mois plus tôt pour visiter sa fille. «La première chose que j'ai faite c'est de demander à ma fille de m'aider à trouver le site de pratique dans un parc adjacent», raconte-t-elle.
À cette époque, à peu près tous les parcs en Chine avaient des sites de pratique où des milliers de gens se rassemblaient chaque matin pour pratiquer les exercices de méditation. Ils étudiaient également les enseignements du Falun Gong, aussi appelé Falun Dafa, dont les principes sont «Authenticité-Compassion-Tolérance».
Selon les estimations du gouvernement, après les sept années suivant son introduction au public en 1992, entre 70 et 100 millions de gens pratiquaient le Falun Gong en Chine, attirés par ses bienfaits pour la santé physique et mentale.
L’État au parti unique n’était pas indifférent à cette popularité, même si les agences gouvernementales avaient au début appuyé et récompensé la discipline et son fondateur, Li Hongzhi.
En 1996, le Parti communiste chinois (PCC) a commencé à utiliser les médias officiels pour vilipender la discipline. Il a aussi interdit la publication des livres du Falun Gong.
L'année suivante, la police a débuté une enquête sur les sites de pratique, sous les ordres de Luo Gan, un haut responsable du Parti qui allait par la suite orchestrer la persécution qui a officiellement été lancée en juillet 1999.
En peu de temps, la police a entrepris d'harceler les pratiquants, faisant des raids dans les lieux de pratique et les domiciles. Cependant, il était encore permis de pratiquer le Falun Gong assez librement dans tout le pays.
Pratique matinale dans un parc de Chengdu, en Chine, avant le début de la persécution. (Clearwisdom) |
À cette époque, de nombreux cadres et membres du PCC à tous les niveaux pratiquaient le Falun Gong et même les épouses de plusieurs membres de l'organe le plus puissant du Parti – le Politburo – avaient appris la discipline.
Le premier ministre Zhu Rongji avait même émis des commentaires positifs sur la pratique et avait réprimandé Luo Gan pour ses enquêtes injustifiées n'ayant produit aucun résultat, sinon de trouver que le Falun Gong était bénéfique pour la société.
En février 1999, un article de U.S. News and World Reports indiquait que, selon la Commission des Sports de la Chine, chaque pratiquant de Falun Gong faisait épargner au pays 1000 yuans par année en soins de santé, soit au total des milliards de yuans.
«Je ne pouvais pas rester là sans rien faire»
Le 24 avril 1999, Mme Sun a entendu dire que la police dans la ville voisine de Tianjin avait arrêté des pratiquants.
Après la publication dans un journal universitaire d'un article écrit par le beau-frère de Luo Gan qui s'en prenait au Falun Gong, les pratiquants se sont rendus au bureau du journal pour demander une rétractation. La police de Tianjin a frappé et arrêté plus de 40 pratiquants et a dirigé toutes les plaintes à Pékin.
«Je me suis dit que je ne pouvais pas rester là sans rien faire... Je n'étais pas familière avec Pékin et je ne savais pas comment monter à bicyclette ou prendre l'autobus, mais même si je devais me rendre à pied, j'ai décidé que je devais aller sur la rue Fuyou pour faire appel», explique Mme Sun.
La rue Fuyou est l'endroit où se trouve le Bureau national des plaintes. Les citoyens chinois, selon la Constitution, ont le droit d'y aller s'ils croient avoir été traités injustement par les autorités. Le Bureau est adjacent à Zhongnanhai, l'enceinte hautement sécurisée où sont situés les résidences et bureaux des plus hauts dirigeants chinois.
Le matin suivant quand Mme Sun est arrivée sur la rue Fuyou, plusieurs pratiquants y étaient déjà, debout en silence le long du trottoir d'une manière très disciplinée.
«Au début, nous étions de l'autre côté du Bureau des plaintes, mais plus tard la police nous a ordonnés de nous rendre tout autour de la muraille entourant Zhongnanhai», se rappelle Mme Sun.
Le régime chinois a plus tard qualifié cet encerclement de Zhongnanhai, bien qu'ordonné par la police, comme un «prise d’assaut du gouvernement central» et il en a fait la raison principale pour justifier sa répression du Falun Gong.
En fait, l'action était complètement silencieuse, ordonnée et il n'y avait même pas de bannière ni de slogan. Des scènes filmées et des témoignages montrent qu'il y avait parmi les pratiquants un sentiment général de confiance que les autorités seraient attentives à leurs requêtes.
«Nos demandes étaient bien simples», affirme Mme Sun. Ils ont demandé la libération des pratiquants arrêtés, un environnement légal et stable pour pratiquer et la permission d'imprimer des livres du Falun Gong.
Le premier ministre Zhu a rencontré plusieurs représentants des pratiquants et, vers 22 h, Mme Sun a entendu dire que les pratiquants arrêtés avaient été libérés. Tous sont retournés chez eux, mais pas avant d'avoir ramassé tous les déchets qui se trouvaient au sol, explique-t-elle.
L'évènement qui a captivé l'attention du monde entier s'est apparemment résolu pacifiquement ce jour-là.
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Des pratiquants de Falun Gong de Londres commémorent dix ans de résistance pacifique en tenant des portraits de victimes de la persécution. (Edward Stephen/La Grande Époque) |
Il y a maintenant dix ans, Sun Changzhen s'était rendue à Pékin pour défendre la pratique de méditation qui lui avait fait retrouver la santé et la paix intérieure.
Mme Sun habite maintenant à Toronto, mais elle se rappelle, comme si c'était hier, le jour du 25 avril 1999. Environ 10 000 pratiquants de Falun Gong s'étaient rendus au Bureau national des plaintes pour demander aux autorités que leur droit constitutionnel de liberté de croyance soit respecté.
Les autorités communistes serraient la vis depuis trois ans et les témoignages d'harcèlement ne cessaient de s'accumuler. C'est à ce moment que des pratiquants de Falun Gong ont jugé que le temps était venu de s'adresser aux autorités pour leur expliquer que leur discipline est bénéfique à la société chinoise.
Mme Sun était arrivée à Pékin un mois plus tôt pour visiter sa fille. «La première chose que j'ai faite c'est de demander à ma fille de m'aider à trouver le site de pratique dans un parc adjacent», raconte-t-elle.
À cette époque, à peu près tous les parcs en Chine avaient des sites de pratique où des milliers de gens se rassemblaient chaque matin pour pratiquer les exercices de méditation. Ils étudiaient également les enseignements du Falun Gong, aussi appelé Falun Dafa, dont les principes sont «Authenticité-Compassion-Tolérance».
Selon les estimations du gouvernement, après les sept années suivant son introduction au public en 1992, entre 70 et 100 millions de gens pratiquaient le Falun Gong en Chine, attirés par ses bienfaits pour la santé physique et mentale.
L’État au parti unique n’était pas indifférent à cette popularité, même si les agences gouvernementales avaient au début appuyé et récompensé la discipline et son fondateur, Li Hongzhi.
En 1996, le Parti communiste chinois (PCC) a commencé à utiliser les médias officiels pour vilipender la discipline. Il a aussi interdit la publication des livres du Falun Gong.
L'année suivante, la police a débuté une enquête sur les sites de pratique, sous les ordres de Luo Gan, un haut responsable du Parti qui allait par la suite orchestrer la persécution qui a officiellement été lancée en juillet 1999.
En peu de temps, la police a entrepris d'harceler les pratiquants, faisant des raids dans les lieux de pratique et les domiciles. Cependant, il était encore permis de pratiquer le Falun Gong assez librement dans tout le pays.
Pratique matinale dans un parc de Chengdu, en Chine, avant le début de la persécution. (Clearwisdom)
À cette époque, de nombreux cadres et membres du PCC à tous les niveaux pratiquaient le Falun Gong et même les épouses de plusieurs membres de l'organe le plus puissant du Parti – le Politburo – avaient appris la discipline.
Le premier ministre Zhu Rongji avait même émis des commentaires positifs sur la pratique et avait réprimandé Luo Gan pour ses enquêtes injustifiées n'ayant produit aucun résultat, sinon de trouver que le Falun Gong était bénéfique pour la société.
En février 1999, un article de U.S. News and World Reports indiquait que, selon la Commission des Sports de la Chine, chaque pratiquant de Falun Gong faisait épargner au pays 1000 yuans par année en soins de santé, soit au total des milliards de yuans.
«Je ne pouvais pas rester là sans rien faire»
Le 24 avril 1999, Mme Sun a entendu dire que la police dans la ville voisine de Tianjin avait arrêté des pratiquants.
Après la publication dans un journal universitaire d'un article écrit par le beau-frère de Luo Gan qui s'en prenait au Falun Gong, les pratiquants se sont rendus au bureau du journal pour demander une rétractation. La police de Tianjin a frappé et arrêté plus de 40 pratiquants et a dirigé toutes les plaintes à Pékin.
«Je me suis dit que je ne pouvais pas rester là sans rien faire... Je n'étais pas familière avec Pékin et je ne savais pas comment monter à bicyclette ou prendre l'autobus, mais même si je devais me rendre à pied, j'ai décidé que je devais aller sur la rue Fuyou pour faire appel», explique Mme Sun.
La rue Fuyou est l'endroit où se trouve le Bureau national des plaintes. Les citoyens chinois, selon la Constitution, ont le droit d'y aller s'ils croient avoir été traités injustement par les autorités. Le Bureau est adjacent à Zhongnanhai, l'enceinte hautement sécurisée où sont situés les résidences et bureaux des plus hauts dirigeants chinois.
Le matin suivant quand Mme Sun est arrivée sur la rue Fuyou, plusieurs pratiquants y étaient déjà, debout en silence le long du trottoir d'une manière très disciplinée.
«Au début, nous étions de l'autre côté du Bureau des plaintes, mais plus tard la police nous a ordonnés de nous rendre tout autour de la muraille entourant Zhongnanhai», se rappelle Mme Sun.
Le régime chinois a plus tard qualifié cet encerclement de Zhongnanhai, bien qu'ordonné par la police, comme un «prise d’assaut du gouvernement central» et il en a fait la raison principale pour justifier sa répression du Falun Gong.
En fait, l'action était complètement silencieuse, ordonnée et il n'y avait même pas de bannière ni de slogan. Des scènes filmées et des témoignages montrent qu'il y avait parmi les pratiquants un sentiment général de confiance que les autorités seraient attentives à leurs requêtes.
«Nos demandes étaient bien simples», affirme Mme Sun. Ils ont demandé la libération des pratiquants arrêtés, un environnement légal et stable pour pratiquer et la permission d'imprimer des livres du Falun Gong.
Le premier ministre Zhu a rencontré plusieurs représentants des pratiquants et, vers 22 h, Mme Sun a entendu dire que les pratiquants arrêtés avaient été libérés. Tous sont retournés chez eux, mais pas avant d'avoir ramassé tous les déchets qui se trouvaient au sol, explique-t-elle.
L'évènement qui a captivé l'attention du monde entier s'est apparemment résolu pacifiquement ce jour-là.
Il s'agissait du rassemblement spontané le plus important depuis les manifestations étudiantes sur la place Tiananmen du printemps 1989. Cette fois, par contre, il ne s'était pas conclu par un massacre.
Prélude à la persécution
Mais encore, sur le chemin du retour, Mme Sun «se sentait un peu mal à l'aise. Durant toute ma vie, j'avais souffert sous le PCC. Avec ce genre de résultat, il est possible que le PCC cherche à se venger».
Elle avait raison. Ce qui s'était passé ce jour-là était le prélude à une persécution brutale déclenchée trois mois plus tard par Jiang Zemin, le plus haut dirigeant chinois à cette époque.
Le soir du 25 avril, Jiang Zemin avait écrit aux hauts responsables du PCC : «Comment est-il possible que la théorie marxiste que nous épousons ainsi que le matérialisme et l'athéisme dans lesquels nous croyons ne puissent vaincre ce que le Falun Gong transmet?»
Malgré l'opposition des six autres membres du Politburo à la répression du Falun Gong, cela n'a pas été suffisant pour freiner Jiang qui, selon des observateurs, aurait lancé la persécution parce qu'il était jaloux de la popularité du Falun Gong.
Un article du Washington Post en novembre 1999 indiquait que des «sources au sein du Parti communiste affirment que le Politburo n'était pas unanimement d'accord avec la répression et que le président Jiang Zemin a décidé de son propre gré que le Falun Gong devait être éliminé... “Il est évident que ceci est très personnel pour Jiang”, a déclaré un responsable du Parti. “Il veut que cette organisation soit écrasée.”»
Jiang Zemin a mis sur pied le Bureau 6-10, nommé selon sa date de création du 10 juin 1999, ayant comme seul mandat «d'éradiquer» le Falun Gong. La persécution du Falun Gong a officiellement débuté le 20 juillet lorsque la police a effectué des raids dans les domiciles tôt le matin, arrêtant des coordonnateurs à l'échelle du pays.
Selon le Falun Dafa Information Center de New York, à ce jour, la persécution a causé la mort de 3200 personnes tuées pour leur croyance, plus de 87 000 torturés et des centaines de milliers de pratiquants incarcérés illégalement dans des camps de travail forcé et des prisons à travers la Chine.
En même temps, la persécution a engendré un mouvement de résistance dont la nature est demeurée pacifique depuis ses débuts le 25 avril 1999.
Espoir que la justice triomphera
«Jiang s'est vraiment créé un ennemi sorti de nulle part. On parle de citoyens ordinaires venant de tous les horizons. Il s'agissait d'une force très positive dans la société. Le premier ministre a bien géré la situation ce jour-là, mais c'est encore un pays où il n'y a pas la primauté du droit», estime Lucy Zhou, porte-parole de l'Association du Falun Dafa du Canada.
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Des pratiquants de Falun Gong de Montréal participent à une activité dans le Chinatown pour souligner le 25 avril. (La Grande Époque)
Le pratiquant d'Ottawa, Anthony Lu, était seulement âgé de douze ans à l'époque et il habitait à Pékin. Il se rappelle qu'après le 25 avril, la surveillance des sites de pratique près de chez lui avait augmenté. Les pratiquants n'avaient plus le droit d'accrocher des bannières, et la police fouillait les sacs des gens.
«Peu à peu nous pouvions sentir la tension», se rappelle M. Lu. «Finalement [la police] ne nous a plus permis de pratiquer... Nous avons également entendu des pratiquants de longue date dire que le gouvernement allait agir et nous interdirait de pratiquer.»
La persécution se poursuit depuis dix longues années, mais les pratiquants de Falun Gong n'ont jamais répondu par la violence, même devant la brutalité, et ils ont seulement utilisé des méthodes pacifiques pour faire connaître leur pratique et la persécution, explique Mme Zhou.
«Le PCC utilise l'argent et la violence pour détruire la vertu et persécuter les bonnes personnes. Nous avons confiance, car nous avons la vérité et nos principes. Nous avons espoir qu'au bout du compte la droiture et la justice vont triompher et que le mal sera vaincu.»
Source :
http://www.lagrandeepoque.com/LGE/content/view/6278/105/1/1/
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