Prélèvements d’organes en Chine : Kilgour et Matas font le point

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David Kilgour, ex-parlementaire canadien et coauteur d’un rapport sur les prélèvements d’organes forcés en Chine.

Depuis plus de deux ans, David Matas et David Kilgour parcourent le monde afin de récolter des appuis pour mettre fin aux prélèvements d’organes forcés sur les prisonniers de conscience du Falun Gong en Chine.

L’avocat international spécialiste des droits de la personne et l’ex-parlementaire canadien ont visité plus de 40 pays après avoir publié, en 2006, un rapport concluant que les pratiquants de Falun Gong sont victimes de prélèvements d’organes forcés à grande échelle depuis 1999, année du début de la répression de la discipline spirituelle par le régime communiste chinois.

Depuis 2001, le régime a tué des milliers de pratiquants emprisonnés et a vendu leurs organes à gros profit, souvent à des touristes de pays développés venus spécialement pour subir des opérations de greffes d’organes, estime M. Kilgour.

En janvier 2007, M. Kilgour et M. Matas ont publié Prélèvements meurtriers, un rapport actualisé apportant de nouvelles preuves.

Ils ont reçu l’appui non seulement de parlementaires et d’institutions gouvernementales, mais aussi de communautés médicales à travers le monde. Plus tôt ce mois-ci, les deux hommes étaient à Kingston (Ontario) pour inciter un plus grand nombre de médecins à appuyer leur démarche.

Invités pour une deuxième année consécutive à la conférence sur la santé et les droits de l’homme de l’Université Queen’s, ils ont souligné certains succès obtenus jusqu’à maintenant.

L’appui des médecins au Canada et dans le monde

Le soutien le plus récent est venu de l’American Society of Nephrology (ASN) qui a publié un article dans l’édition de septembre dernier de sa revue, indiquant que «tous les pays devraient adopter des mesures pour régir les dons et les transplantations d’organes, assurant ainsi la sécurité des patients et empêchant les pratiques contraires à l’éthique médicale».

Cela représente le consensus de plus de 150 représentants de groupes scientifiques et médicaux de 78 pays, responsables gouvernementaux, scientifiques sociaux et éthiciens qui se sont rencontrés à Istanbul, Turquie, au printemps 2008.

Au sommet d’Istanbul, les participants ont finalisé une déclaration s’opposant au trafic d’organes (vente illicite d’organes humains), aux transplantations commerciales (traiter les organes comme de la marchandise) et au tourisme axé sur la transplantation (lorsque des organes fournis à des patients étrangers diminuent la capacité d’un pays à fournir des organes à sa propre population).

M. Kilgour s’est également référé à un article de nouvelles publié au mois d’août dernier en Australie, constatant une «pression utile». L’article rapportait que Jeremy Chapman, président australien de The Transplantation Society (TTS), a promis que ses membres demanderaient des explications aux autorités chinoises lorsqu’une personne, qui n’est pas d’origine chinoise, irait en Chine pour se procurer un organe.

La TTS avait organisé le sommet d’Istanbul avec l’International Society of Nephrology.

Un commentaire publié en juillet 2008 dans The Lancet, la revue médicale britannique, avançait que la Déclaration d’Istanbul «va renforcer la détermination des gouvernements et des organisations internationales à développer des lois et des lignes directrices pour mettre fin à de mauvaises pratiques».

Toutefois, «on doit attendre davantage des associations médicales et de transplantations», est-il écrit, incluant des sociétés professionnelles, des publications, des compagnies pharmaceutiques et des agences de financement.

Avant Istanbul, le Parlement israélien a adopté une nouvelle loi sur les dons d’organes en mars 2008, stipulant qu’effectuer le commerce d’organes en Israël ou à l’étranger est un crime.

Pour empêcher les médecins chinois et taiwanais d’effectuer des transplantations d’organes sur des patients taiwanais en Chine, Taipei a annoncé en octobre 2007 qu’elle refuserait l’entrée, à Taiwan, des médecins chinois impliqués dans cette entreprise.

La U.S. National Kidney Foundation a pour sa part émis une déclaration contre le tourisme axé sur la transplantation d’organes en janvier 2007.

Les médecins et les parlementaires canadiens ont également pris position.

En décembre dernier, à la Chambre des communes, Steven Fletcher, député du Manitoba, a présenté une pétition de médecins à travers le Canada exhortant le gouvernement fédéral à émettre un avertissement aux voyageurs disant «qu’en Chine, les organes servant aux transplantations proviennent presque tous de personnes non consentantes, que ce soit des prisonniers condamnés à mort ou des pratiquants de Falun Gong».

Plus récemment, le député ontarien Borys Wrzesnewskyj a introduit le projet de loi C-500 qui rendrait illégal que les Canadiens obtiennent une transplantation à l’étranger si l’organe est acheté ou s’il provient d’une victime non consentante.

M. Wrzesnewskyj a été motivé à concevoir ce projet de loi après avoir lu le rapport Kilgour-Matas, qui indique que les Canadiens sont parmi les touristes qui vont subir des transplantations en Chine.

Preuves grandissantes

«David Matas et moi avons rassemblé, durant les deux dernières années, plus de 50 preuves qui démontrent que nos conclusions, à propos du pillage d’organes qui a toujours lieu en Chine, sont valides», affirme M. Kilgour.

Au cours de leurs déplacements, les deux coauteurs ont continué à recevoir de nouvelles preuves, incluant de «nouveaux exemples de pratiquants de Falun Gong qui étaient systématiquement soumis à des tests sanguins dans les centres de détention, alors que les autres détenus qui n’étaient pas des pratiquants n’étaient pas testés», explique David Matas.

Le pratiquant de Falun Gong He Lizhi a également pris la parole à la conférence de l’Université Queen’s. He Lizhi a été emprisonné durant trois ans et demi en Chine et il a raconté ce qu’il a vécu : les «lourds travaux forcés, les chocs électriques [et] les fréquentes privations de sommeil et d’utilisation des toilettes».

La plupart des pratiquants détenus ne révélaient pas leur identité aux autorités pour protéger leurs proches de la politique de persécution «culpabilité par association» lancée par le régime, a poursuivi M. He. Ils étaient rapidement «envoyés dans des endroits inconnus», officiellement «délocalisés».

Leur sort était pour lui un mystère, jusqu’à ce que les informations sur les prélèvements d’organes soient révélées.

«Ils ont pu être tués par le crime des prélèvements d’organes – la pire monstruosité jamais rencontrée sur la planète», a-t-il ajouté.

Le rapport Kilgour-Matas cite 41 500 transplantations effectuées entre 2000 et 2005, dont la source des organes est inexpliquée. Cette période coïncide avec le début de la persécution du Falun Gong (1999), et les organes ne proviennent pas de prisonniers exécutés, de morts cérébrales ni de donneurs familiaux.

Malgré la négation persistante du régime chinois, d’autres individus appuient les conclusions du rapport Kilgour-Matas.

Kirk Allison, directeur associé du programme des droits de l’homme et médecine de l’Université du Minnesota; Tom Treasure, un chirurgien britannique qui pratique des transplantations; et Hao Wang, étudiant en doctorat de l’Université Yale, «ont tous, indépendamment de nous et chacun de leur côté, confirmé les conclusions du rapport et soutenu sa justesse», affirme M. Matas.

En 2008, Manfred Nowak et Asma Jahangir, rapporteurs spéciaux des Nations Unies, ont réitéré leur demande de l’année précédente que la Chine réponde dans le respect des règles aux accusations de prélèvements d’organes forcés.

Source : http://www.lagrandeepoque.com/LGE/content/view/5206/105/

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