Aujourdhui le cabinet du Chef Exécutif de Hong Kong, Tung Chee Hwa, mettra la touche finale à la législation qui pose la plus sérieuse menace à la liberté dexpression dans lancienne colonie britannique depuis son retour à la souveraineté chinoise voilà cinq ans. Alors que la portée des nouvelles lois contre la trahison, la sédition, la sécession et la subversion nest pas encore très claire avant que les propositions ne soient publiquement dévoilées, beaucoup de gens dans la ville craignent que ces mesures ne soient utilisées pour réprimer les libertés civiles.
La législation est requise sous lArticle 23 de la Loi de Référence, lébauche de constitution de Beijing qui est appliquée à Hong Kong depuis 1997. Mais M. Tung savait que toute tentative de restreindre la liberté dexpression aurait provoqué un scandale dans les répercussions de la passation, alors que les yeux du monde étaient encore fixés sur Hong Kong et les médias locaux moins susceptibles dauto-censure que ceux daujourdhui. Aussi a-t-il attendu que lattention se porte ailleurs.
A présent, d importants éléments des médias locaux ayant été muselés par leurs propriétaires, son gouvernement peut être confiant davoir à faire face à des critiques plus muettes quelles ne lauraient été voici quelques années. Et la récente réquisition de deux chefs de partis politiques majeurs dans le cabinet de M. Tung signifie quon pourra compter sur la législature jadis hostile pour passer tout ce que ladministration proposera.
La législation proposée prendra nominalement la forme dun article de consultation du gouvernement, le projet final non exigible avant que la population de Honk Kong nait eu plusieurs mois pour exprimer son point de vue. Mais cest un exercice de relations publiques. Puisque Beijing a été consultée sur le contenu de la loi bien avant le grand public, on ne sattend pas à ce que quoique que ce soit de substantiel y soit changé.
Mais cela ne signifie pas quon doive laisser ladministration Tung sen sortir en déformant la vérité dans les mois qui viennent. Par exemple, les porte paroles du gouvernement ne manqueront pas de prétendre quil sagit simplement de reprendre des lois déjà existantes dans certains pays démocratiques. Cet argument ne passera pas, pour plusieurs raisons.
Cest vrai, en cherchant bien on peut toujours trouver un précédent qui convienne à ses propres intentions. Le gouvernement de Hong Kong a parcouru le monde avec ce but à lesprit pendant plusieurs années. En dernier ressort, il y a toujours la France, comme il a été démontré lan dernier, lorsque M. Tung a considéré la répression des adeptes locaux du Falun Gong en copiant la loi anti-culte de ce pays.
Cest une fausse comparaison, comme notre collègue de l Apple Daily un des rares journaux de Hong Kong préparé à sexprimer sur de telles questions la indiqué dans un éditorial de vendredi dernier. Après tout, ceux des pays démocratiques ayant des lois comparables ont une sauvegarde cruciale déniée au peuple de Hong Kong : le droit de voter contre tout gouvernement qui abuse de son autorité.
Ils ont aussi des cadres constitutionnels protégeant les libertés civiles, et une système judiciaire qui les protége. On ne peut pas en dire autant de Hong Kong, où la Chine a le dernier mot sur comment interpréter les promesses des droits de lhomme dans la Loi de Référence. On ne peut pas non plus compter sur les cours de justice du territoire pour défendre les libertés fondamentales, après que leur tentative initiale de le faire ait été réduite à néant par Beijing il y a trois ans. Dans un jugement décisif subséquent défendant une loi permettant lemprisonnement de quiconque profanerait le drapeau chinois, la Cour dAppel Final du territoire a établi les principes qui permettraient une large éventail de restrictions sur les libertés civiles.
Cela vaut la peine de se souvenir que le but, derrière ces propositions, nest pas de protéger un gouvernement démocratique contre un renversement par une minorité violente, comme avec les lois dautres pays avec lesquelles ladministration Tung chercher à établir une comparaison trompeuse. Mais bien plutôt de protéger un régime communiste des menaces à son pouvoir, et dinterdire les expressions de soutien à ces gens, particulièrement à Taiwan et au Tibet, qui feraient plutôt parti dun pays indépendant.
Même si la nouvelle législation est moins draconienne quon a pu le craindre par exemple, parce quelle est calquée sur des lois étrangères et non sur celles qui sont appliquées partout ailleurs en Chine on ne peut pas contourner le fait quelle est encore désignée pour renforcer le pouvoir dun gouvernement dictatorial. En fait la seule raison pour laquelle la subversion est mentionnée dans lArticle 23 est que la Chine a ajouté cela à lébauche finale de la Loi de Référence en punition du soutien de Hong Kong aux protestataires pro-démocratie qui ont été fusillés à Tiananmen en 1989.
On ne devrait pas non plus laisser passer sous silence une autre comparaison trompeuse de ladministration Tung que les nouvelles lois sont moins restrictives que la législation Britannique dépassée quils ont ostensiblement remplacé. La réalité est que ces anciennes lois (qui ne couvrent que la trahison et la sédition) sont depuis longtemps tombées en désuétude, et ne sont probablement plus capables de servir une poursuite en justice efficace.
Aucune tentative na même été faite depuis un demi-siècle, et il est douteux que le citoyen moyen de Hong Kong soit même au courant de leur existence.
Par contraste, les nouvelles lois sont clairement désignées pour être dissuasives. Cela apparaît évident aux demandes de plus en plus stridentes ces récents mois du pouvoir de Beijing, et de quelques uns de ses alliés locaux, dune législation qui protège la sécurité nationale de la Chine même si Hong Kong est loin dêtre un terreau pour le sentiment pro-indépendance.
Même sans les nouvelles lois, les années depuis 1997 ont connu une interdiction des drapeaux Taiwanais dans le territoire, des tentatives croissantes de restreindre les démonstrations qui pourraient embarrasser les dirigeants chinois et une campagne de harcèlement officiel contre les adeptes locaux de Falun Gong. Les nouvelles lois ne peuvent que faire empirer la situation et amener Hong Kong encore un peu plus près dêtre simplement une autre ville de Chine, plutôt quune métropole internationale quelle aspire encore à devenir.
* * *
Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.