Manifestation à New York pour appuyer les démissions du Parti communiste chinois en avril 2007. (Shaoshao Chen/La Grande Époque) |
Le 17e Congrès du Parti communiste chinois (PCC) qui a eu lieu en octobre dernier s’est apparemment conclu sans accroc. Toutefois, sous le vernis d’une Chine moderne, une vague de résistance continue de croître dans toute la société.
Au premier coup d’œil, le PCC – qui clame avoir environ 73 millions de membres – semble engagé à régner sur la Chine indéfiniment en conservant une main de fer sur le pouvoir. Le chef du Parti, Hu Jintao, a rassuré les délégués que leur organisation allait continuer dans son rôle à fournir «le cœur du leadership dans la direction de la situation générale» de la Chine.
À l’extérieur du congrès, il n’y avait aucune contestation en vue, donnant l’impression au millier de journalistes présents, que le PCC demeurait parfaitement en contrôle.
C’est l’image que les médias étrangers ont l’autorisation de voir : celle d’une Chine montante, stable et «harmonieuse», comme le dirigeant Hu Jintao aime la décrire. Mais, sous les radars de la plupart des observateurs, existe une Chine qui avance dans l’autre direction, vers la démocratie et la libération du joug communiste.
À l’appui de cette affirmation, le nombre de Chinois à avoir publiquement rejeté le PCC et ses organisations affiliées a atteint 29 millions de personnes ce mois-ci.
Les démissions du PCC ont débuté après la publication d’une série d’éditoriaux publiés dans l’édition chinoise de La Grande Époque (Dajiyuan) il y a trois ans, au mois de novembre 2004. Les Neuf commentaires sur le Parti communiste, dont des extraits sont publiés chaque semaine, raconte l’histoire du PCC et ses violations des droits de l’Homme qui ont causé la mort de plus de 70 millions de personnes en temps de paix.
Il en a résulté un mouvement massif populaire, en grande partie clandestin, pour un changement politique pacifique dans la dernière superpuissance communiste de la planète.
Recueillir les déclarations
Certains individus réussissent à contourner la censure d’Internet du gouvernement chinois et affichent leur déclaration de démission sur le site web de Dajiyuan. Toutefois, cela nécessite un logiciel spécial et la majorité de la population chinoise n’a jamais utilisé un ordinateur.
Plusieurs personnes téléphonent à des centres d’appels opérés par des dissidents habitant à l’étranger qui enregistrent la déclaration de démission pour eux. Ils obtiennent le numéro de téléphone par courriel, par appel téléphonique automatisé, par télécopieur ou encore par des Chinois qui distribuent des dépliants, des livrets et des exemplaires proscrits des Neuf commentaires.
Pour ceux qui voyagent à Hong Kong, des stations ambulantes établies dans la rue recueillent les démissions du PCC. L’une d’elle en aurait recueilli plus de 10 000 par année provenant de touristes chinois.
Mais beaucoup d’autres n’ont pas accès à ces méthodes. Ils s’en remettent donc à publier leur déclaration de démission dans des endroits publics en Chine, comme sur des lampadaires, des viaducs et des panneaux d’affichage sur des rues passantes.
Craignant pour leur sécurité, la majorité d’entre eux décide d’utiliser un pseudonyme pour ces déclarations. Ceci a créé une faille dans la crédibilité de ce mouvement. Mais dans une société répressive comme la Chine, il ne semble pas y avoir d’autres options.
C’est un phénomène qui devrait faire réfléchir les observateurs de la Chine et les décideurs. Si le mouvement de démissions du PCC peut servir d’indication sur ce qui se passe sur le terrain, la Chine pourrait bien être en train de vivre une révolution silencieuse.
Des fermiers aux fonctionnaires
Yi Ping, un fermier de la Mongolie intérieure, est un cas typique parmi les paysans chinois.
Comme la plupart des 900 millions de ruraux qui ne profitent pas du boum économique des villes, Yi Ping a appris à ses dépens que le PCC a tourné le dos aux paysans qui l’ont porté au pouvoir en 1949, les reléguant au statut de citoyens de deuxième classe.
En Chine, le mécontentement au sujet de la corruption des fonctionnaires, de la dégradation environnementale et des confiscations de terres ont mené à des augmentations annuelles draconiennes des contestations. Selon les chiffres du ministère de la Sécurité publique, il y a eu 84 000 protestations de grande envergure en 2005 comparativement à 8700 en 1993.
Mais au lieu de s’en remettre à des contestations ouvertes comme plusieurs de ses compatriotes, Yi Ping a choisi d’ajouter sa voix à celle des millions de personnes qui ont démissionné du PCC.
«Être capable d’envoyer quelques satellites dans l’espace ne prouve pas que le peuple chinois moyen peut mettre de la nourriture sur la table ou des vêtements sur son dos», écrit Yi Ping dans une déclaration publiée sur le site Internet de Dajiyuan. «Les fermiers chinois souffrent de pauvreté extrême à l’heure actuelle. Je me retire donc de la Ligue communiste jeunesse.»
Il n’y a pas que les victimes qui démissionnent du PCC. Certaines élites du Parti sont également du mouvement.
Des athlètes, des universitaires, des avocats renommés, comme Gao Zhisheng, ont renoncé à leurs liens avec le PCC. Gao a récemment écrit une lettre au Congrès américain appelant au boycott des Olympiques en raison des énormes violations des droits de l’Homme en Chine. Il a été promptement arrêté, et on ignore actuellement où il se trouve.
Source :
http ://www.lagrandeepoque.com/LGE/content/view/3003/105/
Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.
* * *
Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.