BERLIN – Le 14 mai dernier, à Berlin, des militants des droits de l'homme et des victimes de la persécution en République populaire de Chine (RPC) se sont rassemblés afin de dénoncer les négociations à huis clos entre l'Union européenne (UE) et les officiels chinois.
Selon les critiques, y compris le vice-président du Parlement européen, Edward McMillan-Scott, qui participait à l'évènement, le Dialogue bilatéral sur les droits de l'homme UE-Chine a très peu avancé les choses, et en réalité la cause des droits de l'homme en Chine a souffert du dialogue depuis onze ans.
«Le processus de répression en Chine a en fait augmenté au lieu de diminuer, et c'est ce que les gens devraient comprendre», a dit M. McMillan-Scott.
Le Dialogue bilatéral sur les droits de l'homme UE-Chine a été initié en 1996 et n'a été suspendu qu'une seule fois (en 1996) par les officiels de la RPC lorsque l'Union européenne a déposé une résolution critique à l’égard du régime communiste chinois devant la maintenant défunte Commission des droits de l'homme des Nations Unies.
«Je sais que les Chinois regardent tout ce processus avec un cynisme absolu. Ils font ainsi pour tous les pays avec lesquels ils ont un dialogue», estime le vice-président, ajoutant que beaucoup de représentants européens ont un point de vue similaire.
Ulrich Delius, expert de l'Asie pour l’ONG allemande Society for Threatened Peoples (Société des personnes menacées), partage ce sentiment. D’après lui, la cause des droits de l'homme en Chine n'a pas évolué durant les onze dernières années.
La torture dans les prisons et les camps de travaux forcés et le fait de forcer les prisonniers à écrire contre leur volonté de prétendues «déclarations de repentance» sont parmi les pires exemples d'abus de pouvoir de la RPC, abus qui devraient être «interdits sans limite, si la Chine veut sérieusement montrer sa volonté de réforme», a ajouté M. Delius.
La persécution des groupes religieux et ethniques, en particulier de la pratique de méditation Falun Gong, ainsi que le système de camps de travaux forcés, Laogai, ont été les principaux sujets abordés au cours de cet événement qui s’est déroulé devant la porte de Brandebourg de Berlin.
«D’après moi, et selon la convention sur le génocide, le Falun Gong en Chine est très clairement l’objet d’un génocide», a dit McMillan-Scott.
Il a rapporté que trois personnes qu'il avait rencontrées en mai dernier, alors qu'il était en mission d'enquête à Pékin, ont subi des mauvais traitements après être entrées en contact avec lui.
«Je pense que mettre quelqu'un en prison et le torturer parce qu’il a rencontré un représentant de la seule assemblée internationale démocratiquement élue, le Parlement européen, était une très très grosse erreur», a déploré le vice-président.
Une des trois personnes, Cao Dong, âgé de 36 ans, était interprète dans une agence de voyage à Pékin et pratiquant de Falun Gong. Il a personnellement rencontré M. McMillan-Scott afin de dénoncer les persécutions que le régime chinois lui avait fait subir. Il a été arrêté peu après leur rencontre et plus tard condamné à cinq ans de prison.
Le président de la International Society for Human Rights, Karl Hafen, a également écrit une lettre à l’occasion du rassemblement, demandant aux officiels de la RPC de s’excuser publiquement d’avoir permis la situation actuelle de violations des droits de l’homme.
Zhong Weiguang, représentant de la Campagne pour la Culture chinoise libre, organisation chinoise interdite se réclamant de 800 écrivains en Chine continentale et de 200 auteurs chinois à l’étranger, a appelé à un dialogue ouvert et transparent.
Le très éloquent député suisse, Oskar Freysinger, a également prêté sa voix à la cause. «Il est inutile de continuer à tenir un dialogue avec un régime criminel dont la seule réaction, face aux prières de ses citoyens d'arrêter les persécutions, est le silence», a-t-il affirmé.
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