Publié le 9 mai 2005
Du Bin pour le New York Times |
[Depuis que le régime communiste chinois est au pouvoir, le système de rééducation par le travail en Chine est devenu un outil pour persécuter des gens innocents lors de chaque mouvement politique. Un journaliste du New York Times a interviewé quelques pratiquants de Falun Gong qui ont été emprisonnés dans les camps de rééducation par le travail en Chine. Ce qui suit est un extrait du reportage intitulé , "Un problème en Chine : Beaucoup sont emprisonnés sans avoir été jugés " pubié le 9 mai 2005.-Ed.]
ZIBO, Chine – Pour un gouvernement chinois qui promet régulièrement à ses citoyens une société gouvernée par l’autorité de la loi, le cas d’un homme bien habillé du nom de Li est un rappel de ce qui reste encore en dehors de la loi.
Ici, dans une morne partie de la Chine orientale, M. Li 40 ans, a passé deux ans dans une prison appelée Camp de rééducation Shandong N°2. M. Li, qui a parlé à condition que seul son surnom soit mentionné, et d’autres adeptes du groupe spirituel interdit Falun Gong ont été emprisonnés en dépit de n’avoir jamais eu ni procès ni avocat – droits garantis sous la loi pénale chinoise.
C’est parce que Shandong N°2 fait partie d’un vaste système pénal en Chine qui est séparé du système judiciaire. Les membres du Falun Gong sont loin d’être les seuls détenus. Enfermés à l’intérieur de plus de 300 prisons spéciales on estime à 300.000 les prostituées, toxicomanes, petits criminels et autres prisonniers politiques qui ont été privés de tout droits légaux.
Dans un pays non démocratique comme la Chine, un tel abus des droits légaux pourrait ne pas sembler surprenant. Mais ce système, une relique de l’ère Mao, présente un dilemme pour un Parti communiste moderne qui fait face aux pressions domestiques et étrangères pour changer le système mais demeure obsédé par la sécurité et le contrôle politique.
Cette année on attend du gouvernement qu’il commence à considérer en privé si et comment changer le système.
En même temps, l’Union européenne a déclaré que pour que la Chine accomplisse un de ses buts diplomatiques le plus prisé – la levée de l’embargo de l’Europe sur les armes – elle doit faire un geste significatif sur les droits de l’homme.
Les défenseurs des droits de l’homme sont d’accord que quelques gestes seraient plus significatifs que d’abolir ou de changer ce système, qui est connu comme réforme à travers la rééducation par le travail. Mais à la différence de relâcher un prisonnier politique, geste courant de bonne volonté chinoise, changer la rééducation par le travail pourrait forcer le Parti communiste à renoncer à un outil majeur qu’il a utilisé pour maintenir sa mainmise sur le pouvoir.
"il est important pour les détenteurs du pouvoir qu’un système comme la rééducation par le travail reste en place," a dit Gao Zhisheng, un avocat à Pékin et un partisan du changement du système légal.
La répression des adeptes du Falun Gong comme M. Li en est un parfait exemple [...]
L’existence de la rééducation par le travail signifiait que la police pouvait se débarrasser de masses de gens sans la contrainte de temps et les complications des actions en justice. « S’ils voulaient emprisonner ces dizaines de milliers d’adeptes à travers des processus judiciaires normaux, cela aurait été impossible parce que ce que ces personnes faisaient n’était pas un crime, » a dit M. Gao. En fait le gouvernement n’a approuvé une loi anti-secte visant le groupe que des mois après que la persécution ait commencé.
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Le débat domestique arrive alors que des membres clés de l’Union européenne ont exprimé ce mois-ci leur réticence à lever l’embargo sur les armes en juin, comme ils l’avaient déjà fortement suggéré. Les fonctionnaires européens ont souligné qu’ils voulaient que la Chine fasse des avancées « concrètes » sur les droits de l’homme. Une idée qui a été suggérée est de ratifier le Traité International des Nations Unies sur les Droits Civils et Politiques.
"On verra les cochons voler avant qu’ils ne puissent ratifier avec en place la réforme à travers la rééducation par le travail,” a dit John Kamm, directeur exécutif de la Fondation Dui Hua, un groupe qui négocie la libération des prisonniers politiques de la Chine. "C’est une violation de chaque processus juste dans chaque loi des droits de l’homme.”
Les camps de rééducation par le travail ont ouvert en 1957. Le système est vite devenu un moyen rapide et facile pour la police d’emprisonner des gens dans des infractions qui violent l’ordre social. Les critiques disent que le système laisse une telle latitude à la police qu’ils peuvent arbitrairement choisir de déposer des accusations criminelles contre quelqu’un ou simplement de placer cette personne en rééducation par le travail.
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On dit que les conditions et le traitement varient dans les plus de 300 prisons dans le système. Tous les détenus doivent faire un certain type de travail industriel ou manuel. Certains intellectuels emprisonnés ont décrit des conditions plutôt bénignes, tandis que d’autres gens ont rendu compte de traitements plus brutaux.
En dehors de Chine, le Falun Gong a lancé une campagne accrocheuse pour publier ses allégations de mauvais traitements, que le gouvernement chinois a niées. [...]
Mais il n’est pas question que le Falun Gong demeure interdit en Chine.
Dans des interviews en Chine, cinq adeptes du Falun Gong ont parcouru des centaines de kilomètres pour éviter les agents de sécurité du gouvernement et ont décrit leurs expériences dans les camps de rééducation par le travail.
M. Li est arrivé en 2000 après avoir passé dix jours dans une cellule de détention policière. Sa famille n’a pas été prévenue avant qu’il n’ait commencé à purger une condamnation de deux ans. Il a dit que les gardes secouent souvent les détenus avec des aiguillons électriques pour le bétail afin de les faire renoncer au Falun Gong. « La douleur est indescriptible », a dit-dit. « mon corps a sauté en l’air. »
Deux détenues ont décrit des humiliations répétées. Des femmes en périodes de menstruation ont été enchaînées debout contre une planche et privées de sommeil ou d’aller aux toilettes pendant plusieurs jours.
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M. Gao, l’avocat de Pékin, a dit que des adeptes du Falun Gong étaient encore emprisonnés et que des camps de rééducation par le travail étaient aussi aujourd’hui utilisés pour emprisonner certains pétitionnaires se plaignant aux bureaux du gouvernement à propos de la corruption ou des saisies de terre illégales.
"A moins qu’il n’y ait des changements structurels massifs dans la façon dont le pouvoir est organisé et réparti en Chine, il n’y aura aucun changement, » a-t-il dit.
Source:http://www.nytimes.com/2005/05/09/international/asia/09china.html
Traduction non officielle de l'anglais
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