Xiong Wei est née en 1970. Son père était médecin et ingénieur avant qu’il ne prenne sa retraite et il a commencé à travailler en Allemagne au début des années 80. Sa mère est Pédiatre. En 1993 Xiong Wei a commencé des études d’économie et d’ingénierie à l’Université Technique de Berlin et elle a commencé a pratiquer le Falun Gong en 1996. En 2000 elle travaillait à Buderus dans leur siège de Wetzlar et dans leur bureau de Beijing. Le 5 janvier 2002 elle a été arrêtée pendant qu’elle distribuait des dépliants révélant la persécution du Falun Gong. Elle a été condamnée à deux ans dans un camp de travaux forcés pour femme jusqu’au 4 janvier 2004. Après deux ans de souffrance dans un camp et neuf mois de résidence surveillée, Xiong Wei est arrivée à l’aéroport de Frankfurt le 28 septembre 2004. Ce qui suit est son témoignage personnel sur ce qu’elle a subi pendant deux ans.
I - Obtenir Dafa
J’ai cherché pendant longtemps un moyen d’améliorer ma santé car étant petite j’avais une mauvaise santé et je tombais toujours malade. J’étais si fragile que je ne pouvais participer à aucune activité sportive. Je me suis alors beaucoup intéressée au Qigong. Dès que j’ai commencé à pratiquer le Falun Gong les symptômes d’insomnies ont disparus ainsi que ma migraine et mes maux de ventre. En lisant Zhuan Falun [le texte principal de Falun Dafa] j’ai compris que je devais tout faire en fonction des principes de Vérité, Compassion et Tolérance et je voulais être aussi une bonne personne. C’est avec cela en tête que j’ai commencé à pratiquer le Falun Gong.
En Chine le Falun Gong a été interdit en juillet 1999 alors que je vivais toujours à Berlin. Juste à cette époque mes parents m’ont envoyé une grande chemise d’articles de médias chinois contrôlés par l’état rempli de propagande et de calomnie contre le Falun Gong. Comme ils croyaient dans cette propagandes ils étaient inquiets pour moi. Afin d’être responsable pour moi-même j’ai pensé que je devais penser au Falun Gong sérieusement et indépendamment. J’ai fermé toutes les fenêtres et portes, débranché le téléphone et je me suis remémoré du plus profond de mon cœur tout ce que j’ai fait depuis que je pratique le Falun Gong. J’ai lu le livre un certain nombre de fois. Je le lis à la maison et parfois avec d’autres pratiquants. Je pratique les exercices, je pratique à la maison et parfois à Tiergarten à Berlin avec d’autres pratiquants les week-ends. J’ai aussi parlé de ce que j’ai appris en lisant le livre, parfois au téléphone et parfois dans des réunions. Aussi j’ai jugé que la propagande faite par les médias contrôlés par l’état ne concordait pas avec les faits et j’ai été déterminée à continuer de pratiquer le Falun Gong.
II – Retour en Chine
En août 2000 je suis retournée en Chine pour travailler chez Buderus. Un collègue, jeune ingénieur, m’a dit que la répression du Falun Gong sur le continent chinois est une affaire tellement sérieuse que la police peut à volonté fouiller le sac des piétons dans les rues. La police arrête illégalement ceux qui ont des livres ou d’autres documents reliés au Falun Gong et les entassent dans un wagon qui attend à côté. Cela a effrayé beaucoup les gens qui n’osent même plus sortir pour faire les magasins. C’était comme s’il y avait une deuxième révolution culturelle. Depuis le début de la persécution du Falun Gong en Juillet 1999, des rumeurs et des mensonges calomniant le Falun Gong se succédaient à la TV pendant les heures de grandes écoutes.
Afin d’apprendre les véritables faits sur le Falun Gong au gouvernement, beaucoup de pratiquants ont fait appel aux autorités pour chercher de l’aide. Mais devant le Bureau des Appels sans un mot nous avons été arrêtés par la police et jetés dans des wagons de police et les pratiquants d’autres régions ont été renvoyés de là où ils étaient venus, détenus dans des camps de travail et condamnés à des peines de prison. Comme je n’avais nul part où aller j’ai commencé à distribuer des dépliants en espérant que ça permettra à la population chinoise d’avoir une chance de connaître ce qu’est le Falun Gong et la vérité sur la persécution.
III - Kidnappée dans la rue
Le 5 janvier 2002, j’ai été suivie par trois policiers en civil alors que je distribuais des dépliants dans le district de Haidan à Beijing. Sur un pont où il y avait un flot continuel de personnes qui passait, la police a fait usage de violence pour me forcer à entrer dans un taxi sans me présenter aucun papier officiel. Au commissariat j’ai vu les trois policiers enregistrer et signer ce qui était un signe qu’ils m’avaient arrêtée.
Au commissariat j’ai été détenue dans une petite cage et j’étais obligée de me cramponner à la cage pour rester en position debout. Ils m’ont gardé debout comme ça pendant six heures sans me donner à manger et à boire et sans me permettre d’aller aux toilettes. On m’a transféré dans l’annexe de Haidian aux environs de minuit.
IV – Le centre de détention
J’ai été détenue pendant deux mois à l’annexe de Haidian. Ci-dessous le récit de ce que j’ai subie.
J’ai été enfermée dans une cellule avec 23 autres détenues. La cellule faisait à peu près 15 mètres carrés et nous devions tous les 24 manger, boire, déféquer, uriner et dormir là. Il y avait un très grand bloc de bois qui servait à s’asseoir pendant la journée et à dormir pendant la nuit. A cause du grand manque d’espace nous devions nous diviser en trois rangées pour dormir la nuit. La première et la troisième rangée dormaient tête vers le haut et la deuxième rangée tête en bas. Comme il y avait trop de personnes pour cette petite cellule la deuxième et la troisième rangée devaient dormir les jambes recroquevillées.
On nous donnait à manger deux fois par jour seulement: du pain et des choux cuis à la vapeur. La soupe de choux avait parfois des matières fécales de souris ou toutes sortes d’asticots et d’autres insectes. Deux fois par semaine on nous servait du céleri très salé et parfois on trouvait dedans de l’herbe.
Nous n’avions pas de brosses à dents ni de papier toilette. Il y avait seulement une brosse à dents commune pour les nouvelles arrivées. La brosse à dents a été utilisée par d’innombrables personnes. On devait empruntait du papier toilette à d’autres. Il n’y avait pas de shampoing et nous devions utiliser du détergent pour laver nos cheveux. Les toilettes étaient dans une espaces ouvertes. Si nous voulons prendre un bain nous devions récupérer de l’eau dans une bassine et nous laver dans l’urinoir, au dessus duquel il y avait une caméra de surveillance
Selon la loi le centre de détention pouvait me garder seulement trente jours mais ils m’ont gardée plus de deux mois. Pendant la période de deux mois j’ai été emmenée à l’extérieur pour être « transformée » (lavage de cerveau) pour 14 jours. Quand on m’a ramenée au centre de détention, Zhu Feng du Département de la défense du Pays de l’annexe de Haidan n’a pas remis à l’accueil comme le prévois la réglementation ma montre, mon écharpe et mon porte monnaie et il a déclaré qu’ils les conserverait pour moi. Plus tard quand les membres de ma famille lui ont demandé mes affaires ils ont remarqué qu’il portait ma montre.
J’ai été arrêtée le 5 janvier 2002 et la maison de mes parents a été fouillée et confisquée le 8 janvier 2002. Toutes les propriétés appartenant à mes parents ont été fouillées sept fois dont un sac de monnaies étrangères économisés par mon frères il y a plusieurs années alors qu’il était à l’étranger.. Quand ma mère a vu la police prendre le sac de monnaies elle a demandé « Est-ce que ces monnaies ont quelque chose à voir avec le Falun Gong ? ». Juste à ce moment un policier qui se trouvait à côté a donné un coup de coude au fonctionnaire qui avait en main le sac qui l’a lourdement jeté sur la table. Il ont fouillé aussi une paire de plastique et ont trouvé des gants avec lesquelles mon pair se teint les cheveux et ils les ont pris comme pièces à conviction pour mes crimes. Quand mes parents leur ont dit que je n’avais jamais utilisé les gants ils n’ont pas voulu les écouter.
Dans la classe de transformation il y avait douze personnes qui m’observaient. Cinq d’entre est étaient des instructeurs, deux faisaient partis du personnel de la sécurité et les autres étaient des fonctionnaires de police et ils travaillaient en trois groupes. J’étais privée de sommeil, je ne pouvais ni m’asseoir ni restée debout, je devais restée accroupie, baissant la tête et le tenant dans mes bras. A ce moment j’ai eu mes règles. Ils ne m’ont pas permis d’utiliser des serviettes, d’aller aux toilettes ou de boire de l’eau. Mon pantalon était trempé de sang et ils m’ont engueulée parce que je salissais l’endroit. Cinq instructeurs me racontaient continuellement des mensonges. Quand je refusais d’écouter, de les croire ou d’accepter les punitions corporelles ils se précipitaient tous sur moi et me battaient. Le policier Zhu Feng (Chef de l’Equipe du Département de la Défense du Pays de l’annexe de Haidan) et d’autres policiers sont venus. Zhu a dit que je « conteste la loi et que je continue à commettre des crimes. »
Plus tard la police m’a amenée dans une autre cellule où il y avait déjà au moins quatre policiers dont une policière. J’ai de nouveau refusée d’être transformée et j’ai écrit quelques phrases sur le papier : « Falun Dafa est la bonne voie ! Je préfère mourir que d’être transformée!» Immédiatement un jeune policier nommé Du Cong m’a plaquée contre un coin du mur a comprimé mon cou et m’a obligée à rester dans la position de la « torture en vol » (position avec le front près du genou, les fesses contres le mur et les bras levés très haut jusqu’à ce que les mains touchent le mur.) Quand je me suis relâchée et ai refusé les punitions corporelles, Du Cong a commencé à me battre. Entre temps Zhu Feng grognait contre moi et répétait deux phrases « Si tu ne l’écris pas, je casserai tes doigts un à un ! » « Je te brûlerais en versant sur toi une bouilloire d’eau bouillante ! Quand ils m’ont ramenée au centre de détention j’ai été très malade pendant neuf jours : j’avais une très grande fièvre, des maux de tête, la diarrhée et je toussais sans arrêt.
V – La porte de l’enfer
Le Département de Manoeuvre est appelé “la porte de l’enfer”. Le premier jour où nous sommes arrivées nous avons été obligées de nous accroupir pratiquement toute la journée, plus tard mes jambes étaient engourdies et j’ai perdu connaissance.
Généralement nous devions abattre un travail physique: emballer des baguettes. Chaque personne devait emballer 6000 paires de baguettes par jour. Nous commencions à travailler tous les jours immédiatement après le petit déjeuner et nous avions le droit de boire de l’eau qu’une fois par jour. Comme il y avait peu d’eau pour toutes ces personnes chaque fois je n’avais droit qu’à deux gorgées d’eau. Nous devions recommencer à travailler tout de suite après le déjeuner sans repos et sans aller aux toilettes. Chaque après midi vers quatre heures nous nous sentions épuisées et nous devions quand même continuer à travailler en oubliant la soif. Le soir quand nous avions fini de travailler la police fouillait complètement la prison et nous-mêmes. Ils retournaient les matelas chaque jour et soulever les bords des lits.
Quand j’étais détenue au Département des Manœuvres, au début j’ai trouvé que la police me traitait différemment des autres. Ils semblaient « gentils » en me parlant. Dès qu’ils se retournaient vers d’autres pratiquants ils commençaient à brailler furieusement sur eux, grognant contre eux et les punissant. J’ai pensé qu’il devait y avoir des activités de secours et des appels en ma faveur à l’étranger. C’était la raison de leur changement d’attitude envers moi.
Au fait la persécution en elle-même que je subissais était pareil que celle des autres pratiquantes seul les moyens étaient plus couverts et rusés. Par exemple on me faisait transporté des charges plus lourdes de baguettes et je devais faire cela plus fréquemment pendant les travaux forcés. Cela même quand j’avais mes règles. Ils utilisaient ce genre de moyens pour casser ma volonté et me faire renoncer au Falun Gong.
J’avais entendu parler de la souffrance des pratiquants qui avaient été souffert par la torture “être attaché sur une planche » avec les mains et les jambes étirées aux quatre coins du lit et cela pendant plus de vingt jours. Dans le Département de Manœuvres il y avait une pratiquante de Falun Gong qui s’appelait Li Yuanzheng et qui avait environ vingt ans. Parce qu’elle a crié « Falun Dafa est bon ! » le premier jour de son arrivée elle a été emprisonnée dans une cellule séparée sous la direction de Wang Chao et avec huit personnes détenues pour toxicomanie. Incitées et ordonnées par Wang les huit criminelles ont complètement déshabillée Li Yuanzheng ont fourré dans sa bouche ses chaussettes et son short. Puis elles l’ont battue et lui ont donné des coups de pieds. Ils lui particulièrement donné des coups de pieds sur la partie inférieure de son corps avec des chaussures à semelles en plastiques très dures. Deux des détenues qui avaient commis d’autres crimes ont eu terriblement peur en voyant cela. Après ce tabassage, Li Yuanzheng a du restée au lit pendant plus de vingt jours. Quand je l’ai vu elle marchait doucement, n’avait aucune réaction à quoi que ce soit et ne répondait à aucune question. Elle et moi avons été détenues au camp de travaux forcés pour femme le même jour – le 18 avril 2002 ;
Il y avait une pratiquante de Falun Gong âgée qui s’appelait Xue Baoling du district de Fangsan à Beijing. Parce qu’elle a refusé d’être transformée elle a été battue par trois policiers. Debout de chaque côté deux d’entres eux l’ont tenue par l’épaule et lui ont tordu les bras en arrière tout en se mettant debout sur ses pieds. Un autre policier a ôté ses chaussures en cuir et l’a tapé sur le cou et les épaules ce qui l’a empêché de se redresser, lever la tête et de bouger le cou pendant deux mois.
Dans le Département des Manoeuvres la police utilisait surtout des criminels ou des toxicomanes pour surveiller les pratiquants de Falun Gong. Ils ne nous permettaient pas du tout de nous parler même pour une demande simple liée à notre travail forcé. Chaque jour les cris et les abus contre les pratiquants du Falun Gong par les policiers et les criminels pouvaient s’entendre à travers le camp.
(à suivre)
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