L’article qui suit constitue le quatrième chapitre du livre Une persécution sans précédent, publié dans son intégralité sous forme de chapitres par le journal Epoch Times
David Kilgour, ex-parlementaire canadien et coauteur d’un rapport sur les prélèvements d’organes forcés en Chine. |
David Kilgour, J.D., ancien secrétaire d’État pour l’Asie-Pacifique, membre senior du Parlement canadien et nominé pour le Prix Nobel de la Paix pour son enquête sur les crimes des prélèvements forcés d’organes sur les pratiquants de Falun Gong en Chine. Il était aussi Procureur de la Cour et critique expert sur la persécution du Falun Gong par le PCC et sur les abus des droits humains en Afrique. Il a écrit « La Mission au Rwanda » et avec l’avocat David Matas « Prélèvements Meurtriers : Tués pour leurs organes ».
Il y a huit ans, David Matas et moi-même, nous nous sommes bénévolement associés à la campagne internationale pour une prise de conscience concernant le prélèvement ou le trafic d’organes sur les pratiquants de Falun Gong en Chine. Leur persécution a commencé en 1999, mais en tant qu’enquêteurs indépendants nous n’avons pu trouver aucune preuve de commerce d’organes prélevés sur des membres du Falun Gong avant 2001. Notre rapport actualisé est disponible dans 20 langues environ sur Internet (Voir www.david-kilgour.com ou www.organharvestingvestigation.net).
Notre délégation est arrivée un jour dans un Parlement national en Europe centrale pensant rencontrer un groupe multipartite de députés ; nous avons alors constaté que le député local chargé d’inviter les autres avait décidé au dernier moment de ne rien faire. Selon sa logique, ses actions devaient être fondées sur sa foi ; le Falun Gong était une croyance différente de la sienne.
Dans aucun des quelques 50 pays que David Matas et moi-même avons jusqu’à présent visités sur cette question, que ce soit séparément ou ensemble depuis la parution de notre rapport en 2006, nous n’avons jamais entendu un pratiquant de Falun Gong parler négativement d’autres groupes de croyants. Quelle religion, de plus, ne s’identifierait pas fondamentalement avec les principes d’« authenticité, compassion et tolérance » qui sont le fondement du Falun Gong ? La sérénité et la non-violence dont font preuve les pratiquants face aux innombrables coups portés, aux emprisonnements, à la torture et au meurtre à travers la Chine depuis la mi-juillet 1999, impressionnent toutes les personnes au courant des détails.
Le XXe siècle a été sans aucun doute le pire à travers l’histoire dans le domaine des violences d’État contre des communautés de croyants. Le nombre d’individus de toutes nationalités qui sont morts prématurément pendant ce siècle en raison de leur foi est énorme : 169 millions, dont 70 millions de musulmans, 35 millions de Chrétiens, 11 millions d’Hindous, 9 millions de Juifs, 4 millions de Bouddhistes, 2 millions de Sikhs et 1 million de Bahaïs.
Beaucoup sont morts de violences confessionnelles et la plupart ont péri aux mains de régimes totalitaires qui détestaient toutes les religions, en grande partie à cause de la profonde loyauté de leurs adeptes. Mao, Staline, Hitler, Pol Pot et d’autres ont commis ce que nous appelons maintenant des crimes contre l’humanité, et tué des dizaines de millions de concitoyens parce qu’ils étaient croyants.
L’attitude hostile à l’égard de toute religion de la Chine totalitaire est la première raison de la persécution des pratiquants de Falun Gong, persécution qui dure encore aujourd’hui.
Clive Ansley, de Colombie-Britannique, qui a pratiqué le droit à Shanghai pendant treize ans et qui est aujourd’hui le président nord-américain de la Coalition pour enquêter sur la persécution du Falun Gong, l’a récemment noté :
« 100 000 à 200 000 pratiquants de Falun Gong ont été assassinés sur les tables d’opération en Chine. Leurs organes ont été volés et vendus pour du profit sans que cela trouve le moindre écho. Nous avons vu beaucoup d’articles dans les journaux, dans tous les médias, au sujet du Darfour, de la Birmanie et du Tibet. Mia Farrow a manifesté contre ce qu’elle a appelé les « Jeux olympiques du génocide » à cause du génocide indirect que la Chine a mené au Darfour ; et pourtant, elle a omis de mentionner le génocide direct du Parti ommuniste chinois depuis 1999. Je ne vois jamais une référence au génocide contre le Falun Gong dans aucune de ces discussions sur les atrocités chinoises au Darfour ou au Tibet.
Les médias ignorent systématiquement ce qui est selon nous l’atrocité la plus bestiale que le monde ait vue depuis l’Holocauste. Au cours des quinze dernières années, la criminalité la plus barbare contre l’humanité dans l’histoire moderne a eu lieu au quotidien en Chine et n’a provoqué qu’un silence absolu de la part de nos médias et de la plupart des politiciens nord-américains. C’est un nouvel Holocauste, dans une nouvelle dimension tout aussi terrifiante. »
La deuxième raison est l’immense popularité que le Falun Gong a rencontrée en Chine après avoir été présenté au grand public en Chine rurale en 1992. Cette croissance phénoménale est en partie due aux racines profondes de cette pratique dans le taoïsme, le confucianisme, le bouddhisme et d’autres aspects importants de la culture chinoise, à savoir les exercices physiques et la spiritualité. Ces caractéristiques traditionnelles importantes ont été réprimées par Mao à partir de 1949 et jusqu’à sa mort en 1976. En 1999, il y avait, selon les estimations de l’État-parti, plus de 70 millions de pratiquants de Falun Gong à travers la Chine, plus que les membres du Parti communiste chinois.
Un facteur d’inquiétude pour Jiang Zemin et d’autres responsables du Parti était le manque de hiérarchie et de structure du Falun Gong, qui rendait impossible de contrôler ses membres et leurs activités.
Ces facteurs expliquent pourquoi Jiang Zemin, en tant que chef de l’État-parti en 1999 – et probablement plus tôt – a développé une sorte de haine irrationnelle contre le Falun Gong.
Une secte ?
« Le plus gros mensonge » de Jiang Zemin, à savoir, que le Falun Gong serait une « secte perverse », rappelle les messages médiatiques du gouvernement rwandais contre la minorité Tutsie avant le génocide commis dans ce pays entre avril et juin 1994. Les bolcheviques en Russie avaient pris un chemin similaire avec leur propre liste d’« ennemis du parti » après la révolution communiste de 1917. Les Nazis d’Hitler ont utilisé une approche comparable contre diverses communautés minoritaires, en particulier les Juifs allemands, après 1933.
Il y a eu un tel flux toxique continu de propagande contre le Falun Gong dans les médias contrôlés par l’État à travers la Chine après 1999, que de nombreux ressortissants chinois et des personnes en dehors du pays ont naïvement intégré ces mensonges du régime chinois.
Ian Johnson, ancien chef du bureau de Pékin pour le Wall Street Journal, qui a remporté un prix Pulitzer pour ses reportages sur le Falun Gong, a levé le voile sur la persécution de l’État-parti du Falun Gong dans son livre de 2005 Wild Grass :
– Déclarer que le Falun Gong est une secte a été l’un des « arguments les plus percutants » du régime parce qu’il a mis le Falun Gong en situation de se défendre, pour prouver son innocence et « masquer la répression du gouvernement en s’alliant à la légitimité du mouvement antisectes de l’Occident. Le gouvernement s’est rapidement approprié le vocabulaire du mouvement antisectes. Il a lancé des sites Internet et produit, du jour au lendemain, des experts pour répéter que le Maître Li Hongzhi n’était pas différent de Jim Jones, le chef du Temple des Peuples qui en 1978 a été responsable de la mort de 912 de ses membres. Comme dans l’Église de Scientologie, où les membres subiraient des lavages de cerveau dans le but de leur soutirer d’énormes quantités d’argent ».
– « Afin de le prouver, le gouvernement a présenté une série d’histoires sordides sur des personnes qui s’étaient ouvert le ventre pour trouver la ‘roue du Dharma’ supposée tourner à l’intérieur. D’autres ont été cités parce que leurs parents seraient morts après avoir fait les exercices de Falun Gong au lieu de se soigner avec des médicaments… »
– Le problème est que certains de ces arguments se sont maintenus. Le gouvernement n’a jamais permis aux pratiquants de Falun Gong (les victimes) d’être interrogées indépendamment, ce qui rend pratiquement impossible de vérifier leurs revendications. Et même si l’on considérait comme vraies toutes les affirmations du gouvernement, cela ne représenterait qu’un infime pourcentage du nombre total d’adhérents du Falun Gong… »
– « Plus profondément, le groupe ne satisfait pas à la définition d’une secte : ses membres se marient en dehors du groupe, ont des amis à l’extérieur, occupent des emplois normaux, ne vivent pas isolés de la société, ne croient pas que la fin du monde est imminente et ne donnent pas de grosses sommes d’argent à l’organisation. Et, plus important encore, le suicide n’est pas accepté pas plus que la violence physique… »
Comme ancien Procureur de la Couronne, j’ai parlé des dangers des sectes et des nouveaux mouvements religieux lors d’une conférence internationale à l’université de l’Alberta le 11 juin 2004 dont le texte est disponible sur mon site (david kilgour.com/mp/cultsandnewreligions.htm).
À la même conférence tenue à Lister Hall, une étudiante chinoise de l’université de l’Alberta à Edmonton et deux membres du personnel du consulat de Chine à Calgary distribuaient des tracts attaquant le Falun Gong, en transgression du code pénal canadien contre les « incitations à la haine » contre un groupe religieux ou culturel communautaire identifiable. Deux officiers de police de la ville d’Edmonton ont conclu sur la base du contenu de la brochure que les « diplomates » devraient être accusés, mais le procureur général provincial a refusé de donner le consentement exigé pour aller au-delà des accusations. Il y avait évidemment des questions d’immunité diplomatique, mais à mon avis, à l’époque, il aurait dû consentir aux poursuites judiciaires. Plus de détails sur cet incident sont disponibles dans l’article 21 de notre rapport (« incitation à la haine ») et dans le rapport de police30.
Le professeur David Ownby de l’université de Montréal, qui a fait une recherche spécifique sur le Falun Gong et qui est cité dans notre rapport, a conclu que :
– Les pratiquants de Falun Gong en Amérique du Nord sont des personnes instruites et ont tendance à vivre dans des familles nucléaires. Nombreux sont ceux qui travaillent dans l’informatique ou la finance ; d’autres sont ingénieurs.
– Les pratiquants de Falun Gong n’ont pas d’obligations financières vis-à-vis de leur communauté de foi ; de même ils ne vivent pas dans l’isolement et sont respectueux de la loi.
– Le Falun Gong n’est pas une secte
La conclusion de M. Ownby est conforme à celle de beaucoup d’observateurs indépendants, comme David Matas et moi-même. Dans les 115 pays où le Falun Gong existe à l’heure actuelle, il n’y a qu’un seul pays, la Chine (et peut-être la Russie de Vladimir Poutine), où les pratiquants semblent ne pas être considérés comme de bons citoyens et des membres exemplaires dans leurs sociétés civiles respectives.
Liberté indivisible
Un chercheur spécialiste de la persécution des religions en Chine a indiqué il y a plusieurs années, qu’il y avait probablement en Chine autant de chrétiens allant secrètement à l’église chaque semaine, que chez nous en Europe. En défendant les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU pour une jeune communauté spirituelle comme le Falun Gong, le député sans vision à long terme mentionné ci-dessus défendrait finalement la liberté de religion en général en Chine. La Constitution chinoise affirme que ses citoyens « jouissent de la liberté de croyance religieuse » (art. 36), bien que ceux qui sont au-delà de la soi-disant « église patriotique » se voient souvent refuser le droit de pratiquer leur foi.
Le Parti-État de la Chine considère toutes les communautés spirituelles comme des déviances, en accord avec le matérialisme dialectique de Karl Marx. Tapez par exemple, « persécution des chrétiens par le gouvernement chinois » sur Google.ca et 1 970 000 données sont aujourd’hui répertoriées, dont beaucoup sont terrifiantes. Remplacez « chrétiens » par d’autres groupes et vous obtenez:
– Les étrangers – 14 800 000 résultats
– Les musulmans – 3 180 000
– Les démocrates – 43 400 000
– Les femmes – 6 440 000
– Le Falun Gong – 290 000
– Les tibétains – 441 000
– Les gais et lesbiennes – 1 660 000
– Les Ouighours – 4 210 000
– Les journalistes – env. 37 000 000
– Les avocats – 2 820 000
– Les investisseurs – 32 600 000
– Les investisseurs étrangers – 39 200 000
– Les entrepreneurs – 61 000 000
La plupart des prisonniers de conscience du Falun Gong sont placés dans des camps de travaux forcés, dans des conditions effroyables, fabriquant une large gamme de produits destinés à l’exportation, comme les décorations de Noël, en violation des règles de l’Organisation mondiale du commerce.
Si l’on saisit sur le moteur de recherche Google « corruption du gouvernement chinois » on accède à 36 900 000 articles et avec « exécutions secrètes du gouvernement chinois » à 8 460 000 articles. Un autre élément qui a attiré mon attention est « le gouvernement chinois dément », pour lequel il y a 4 140 000 entrées. L’État-parti de Pékin se spécialise dans les faux démentis, y compris sur des questions telles que l’épidémie de SRAS en Chine en 2003, les morts à Tiananmen en Juin 1989, et le pillage / trafic d’organes du Falun Gong.
Conclusion
La dignité humaine est inséparable de la vie. Toutes les communautés de croyants et autres membres de la société civile à travers le monde devraient être pleinement unis sur des questions comme celles des pratiquants de Falun Gong, eux qui ont lutté quotidiennement pendant trop longtemps dans toute la Chine. Si les peuples des sociétés libres ne se retrouvent pas sur ces questions, les dernières dictatures ne feront que répéter les terribles ravages du siècle dernier.
Comme indiqué ci-dessus, une question est claire sans que demeure le moindre doute : le Falun Gong, que les pratiquants préfèrent appeler un groupe d’exercices méditatifs plutôt que religion, est tout sauf une secte.
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