Un avocat accuse l’ancien dirigeant du Parti communiste chinois lors d’un procès dans le sud de la Chine

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Zhang Zaning, avocat chinois et maître de conférence à l’université de Nanjing. (courtoisie de Zhang Zanning)

Peu de citoyens chinois peuvent sans crainte accuser ouvertement l’ancien dirigeant du Parti communiste chinois (PCC) d’avoir commis des crimes en échappant à la punition officielle. Un tour de force qu’a réalisé un avocat chinois, qui a pu dénoncer l’ancien chef du Parti lors d’un procès dans une province de Chine méridionale ? Tout en obtenant la liberté de son client, il a pu préserver la sienne.


Cet exploit de l’avocat Zhang Zanning, qui enseigne également à la faculté de droit à l’Université du sud-est à Nanjing, ainsi que l’absence de toute sanction punitive suite au procès, est un signe d’assouplissement, au moins par rapport aux années précédentes, du climat politique entourant la persécution du Falun Gong – traditionnellement l’un des sujets les plus politiquement sensibles en Chine.


Le 27 novembre dernier, Zhang Zanning a annoncé au juge du tribunal de district de la ville de Heyuan, dans la province du Guangdong, que son client, Wu Hongwei, n’avait violé aucune loi chinoise en installant 158 bannières de Falun Gong dans cette ville. Selon New Tang Dynasty Television, une chaîne de télévision de langue chinoise basée à New York, Zhang Zanning a déclaré que « celui qui porte effectivement attente à la loi est Jiang Zemin ».


« Jiang Zemin est le vrai coupable … et le Bureau 610, créé par Jiang pour persécuter le Falun Gong, est une organisation extrajudiciaire qui doit, selon la loi, être dissoute », a continué Zhang Zanning en s’adressant au tribunal. Ses déclarations ont provoqué une vague d’applaudissements dans la salle d’audience.


Quinze jours plus tard, Wu Hongwei a été libéré sous caution après avoir passé plus que 100 jours en détention. Selon l’émission du 2 janvier de Voice of America en langue chinoise, Zhang Zanning a confié que lui-même « n’a pas été sujet d’une persécution ouverte » pour ses déclarations.


Ce qui s’est passé dans salle d’audience et le résultat du procès dans le Guangdong aurait été inimaginable il y a deux ou trois ans. Les avocats qui acceptaient de prendre la défense dans les cas de Falun Gong étaient généralement harcelés par la police avant le procès, sommés de se taire et menacés par les juges avant qu’ils ne puissent prendre la parole devant le tribunal. Ils n’ont presque jamais réussi à obtenir la libération de leurs clients. Au pire, ils étaient, eux aussi, illégalement mis en détention, où ils étaient soumis aux mêmes tortures violentes que les pratiquants de Falun Gong.


Les commentateurs notent que malgré l’apparition de ce cas et d’autres exemples similaires de la tolérance du régime chinois envers le Falun Gong, il n’y a eu aucun changement officiel dans la politique de la persécution. On constate aussi des tendances inverses comme, par exemple, dans le nord de la Chine, où la persécution a été renforcée au niveau local.


Le Falun Gong, une discipline traditionnelle chinoise de développement physique et spirituel comprenant des exercices et des enseignements basés sur les principes de vérité, compassion et tolérance, est depuis le 20 juillet 1999 soumise à une persécution violente par le régime communiste chinois sur les ordres de l’ancien dirigeant du PCC Jiang Zemin.


Minghui.org, site d’information sur la persécution, a enregistré plus de 3 900 cas de décès suite à la persécution et des centaines de milliers de pratiquants mis en détention. Les chercheurs estiment que des dizaines de milliers de pratiquants ont été tués pour leurs organes, vendus par la suite dans le cadre d’un lucratif programme de prélèvement d’organes effectué par le régime chinois.


Les avocats qui avaient défendu les pratiquants de Falun Gong dans les premières années de la persécution, ont presque immédiatement constaté que leur carrière juridique et leur sécurité personnelle étaient mises à risque. Le cas le plus frappant est celui de Gao Zhisheng, un avocat renommé des droits de l’homme, qui a passé la plus grande partie de la dernière décennie sous différentes formes de détention. Il a été brutalement torturé pour avoir offert une aide juridique aux pratiquants de Falun Gong et avoir dénoncé le régime chinois.


Toutefois, la 16e année de la campagne de persécution a vu quelques indications d’un léger changement dans l’attitude des organes du PCC envers le Falun Gong.


Dans certaines régions de la Chine, les avocats des droits de l’homme ont constaté que les juges avaient cessé de leur couper la parole quand ils défendaient les pratiquants de Falun Gong. Le mois dernier, environ 300 pratiquants de Falun Gong de la ville de Daqing ont réussi à assister, sans être agressés, à un procès impliquant deux de leurs compagnons de pratique au tribunal du district. Aussi, à la fin de 2015, plus de 200 000 pratiquants de Falun Gong ont déposé des plaintes pénales contre Jiang Zemin aux plus hautes instances juridiques du régime, qui ont dûment délivré des accusés de réception pour la plupart des plaintes.


On ne peut pas dire si ces cas font partie d’une tendance générale, ou ne sont que des exceptions au milieu du renforcement de la répression ailleurs.


Quoi qu’il en soit, le cas du Guangdong « témoigne de plusieurs faits importants de la situation réelle sur le terrain en Chine » dans le domaine du Falun Gong, souligne Levi Browde, directeur exécutif du Centre d’information du Falun Dafa.


« Toute personne soupçonnée de pratiquer le Falun Gong ou de soutenir ceux qui le font, court le risque d’être détenu, torturé, ou de mourir en Chine », a-t-il écrit dans un courriel.


Bien que les démarches des avocats et même des citoyens chinois qui soumettent aux autorités des pétitions en faveur des pratiquants de Falun Gong manifestent l’accroissement du soutien de la pratique au niveau local, il n’est pas facile de prédire la future ligne officielle.


« On ne peut pas dire que le Parti communiste chinois est en train de changer sa politique envers le Falun Gong », averti Yiyang Xia, responsable principal de la recherche et politique de Human Rights Law Foundation. « Sans une décision formelle du Politburo ou de son Comité permanent, la persécution continue toujours en Chine, avec le même degré de violence dans certaines régions comme Heilongjiang, Liaoning, Hebei, Shandong et Jilin », continue t-il.


Selon le rapport de Minghui du 3 janvier, en 2015 les autorités locales du Jilin ont jugé et envoyé en prison plus de 30 pratiquants, dont 11 avaient déposé des plaintes pénales contre Jiang Zemin. Les autorités de la région de Jiansanjiang, en Chine orientale, continuent d’ignorer un groupe d’avocats des droits de l’homme appelant à fermer un centre de lavage de cerveau illégal tristement connu pour la persécution des pratiquants de Falun Gong.


Même si la « machine de persécution fonctionne toujours », les hauts dirigeants du régime ne semblent plus protéger ceux qui participent dans la persécution.


« Lors de la campagne anti-corruption, la récente chute des fonctionnaires de différents niveaux qui avaient participé dans la persécution montre que la persécution du Falun Gong ne sert plus d’écran protecteur », confie Yiyang Xia dans une note à Epoch Times.


Yiyang Xia souligne que les cadres du régime ont commencé à devenir plus tolérant envers le Falun Gong après que l’ancien patron de sécurité Zhou Yongkang et l’ancien chef du Bureau 610, Li Dongsheng, aient été soumis à la purge effectuée par Xi Jinping.


« Beaucoup parmi eux se sont rendus compte du changement de la direction et essayent de se distancer de la persécution », indique-t-il.


Version anglaise :
In Southern China Trial, Lawyer Accuses Former Communist Party Leader of Breaking the Law

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